1.10 Bio-écologie des anophèles
1.10.1 Phase aquatique et stades pré-imaginaux
1.10.1.1 OEufs : Long de 0,6 à
0,8 mm, ils sont incurvés et munis de flotteurs latéraux remplis
d'air.
Ils sont isolés à la surface de l'eau.
L'éclosion a lieu en moyenne au bout de 36 à 48 heures.
Cette durée est réduite pour les espèces qui
pondent dans les eaux temporaires. Les oeufs de la
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plupart des espèces ne résistent pas à la
dessiccation.
1.10.1.2 Larves : Au stade I, la
larve mesure 1 à 2 mm à l'éclosion. La larve atteint le
stade IV après 3 mues successives et mesure environ 12 à 15 mm.
Les larves d'anophèles vivent dans les eaux calmes et sont
détritiphages. Elles se nourrissent près de la surface de l'eau.
Les larves sont exclusivement aquatiques (Figure 4). Cependant, elles doivent
remonter à la surface de l'eau pour respirer l'air atmosphérique
par leurs spirales dorsales. Ainsi, pour permettre une meilleure respiration,
la surface de l'eau ne doit pas être recouverte par un film de
végétation ou par des produits chimiques. La durée de
développement larvaire est très variable suivant les
espèces. A. gambiae accomplit son cycle pré-imaginal en
20-30 jours et se développe dans des collections d'eau ombragées
où la végétation aquatique dressée pourrait
être un abri contre les prédateurs. Quant à A. funestus
le développement se fait dans des retenues d'eaux profondes,
ombragées, à caractère plus ou moins permanent avec une
végétation émergente ou flottante, à faible
salinité et riche en matières organiques (Hamon et al.,
2007).
1.10.1.3 Nymphes : La nymphose se
produit à la fin du stade larvaire. La cuticule de la larve se fend
dorsalement et laisse échapper la nymphe. Elle est très mobile,
ne se nourrit pas mais respire l'air atmosphérique par des trompettes
situées sur le céphalothorax. Le stade nymphal dure souvent moins
de 48 heures et abouti à la libération de l'imago.
1.10.2 Phase aérienne ou imaginale
Emergence et accouplement : La biologie de l'adulte est
orientée vers la fonction de reproduction qui requiert à la fois
des comportements et une nutrition appropriée.
Après l'émergence, l'exosquelette se durcit et
les organes reproducteurs deviennent progressivement fonctionnels, après
un repos de 12 à 24 heures pour les femelles et de 3 jours pour les
mâles (Mochet & carnaval, 1991). Les besoins
énergétiques des mâles et des femelles sont satisfaits par
la prise de repas de jus sucré. Après le 3ème
jour de vie imaginale, les mâles forment un essaim au crépuscule,
puis s'accouplent avec des femelles âgées de 1 à 2 jours.
La femelle n'est fécondée qu'une fois car plusieurs accouplements
auraient une influence négative sur sa longévité (Dao
et al., 2010). Il a été montré que la proportion
de deux hydrocarbones (n-heneicosane et n-tricosane) composante de la cuticule
des moustiques baisse en fonction de l'âge et après un
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accouplement chez les femelles d'A. gambiae mais
demeure inchangée chez le mâle après l'accouplement
(Polerstock et al., 2002). Après l'accouplement, les
spermatozoïdes sont stockés dans la spermathèque puis
fécondent les ovocytes lors de leur passage dans l'oviducte.
1.10.2.1 Cycle gonotrophique : Le
cycle gonotrophique ou trophogonique est la succession des
phénomènes physiologiques qui se produisent chez le moustique
entre deux repas de sang successifs (Robert, 2001). Selon le même auteur,
on distingue trois phases (recherche de l'hôte et sa piqûre par la
femelle à jeun, digestion du sang concomitante à la maturation
ovarienne et recherche du lieu de ponte de la femelle
gravide).
1.10.2.2 Recherche de l'hôte :
La femelle à jeun se met de nuit à la recherche
d'un hôte pour la prise de sang. Il existe des composantes de l'odeur
humaine stimulant les récepteurs d'A. gambiae et pourraient
être impliquées dans le processus de reconnaissance de l'homme
(Pages et al., 2010). Entre autre, les stimuli olfactifs tels que
l'indole qui est la composante principale des émanations humaines
retrouvées à la fois dans la sueur (30 % des substances
volatiles) et le souffle (Kostelc et al., 2000). Elles interviennent
à longue et moyenne distance tandis qu'à courte distance, la
chaleur de l'hôte humain, l'humidité corporelle et divers facteurs
visuels interviendraient (Mochet & Carnavale, 1991). La tendance
à piquer l'homme est l'anthropophilie et la tendance à piquer les
animaux est la zoophilie.
1.10.2.3 Maturation ovarienne : La
digestion du sang est immédiate à la fin du repas sanguin et dure
une quarantaine d'heure. L'un des éléments importants de cette
digestion est la formation d'une membrane péritrophique. C'est une
enveloppe chitineuse qui est secrétée immédiatement
après le repas sanguin et va progressivement envelopper et comprimer le
sang. Les cellules entourant cette membrane péritrophique jouent un
rôle essentiel dans la sécrétion d'enzymes digestifs
(Terra, 2001). Cette digestion est synchronisée avec le
développement des ovaires dont le volume augmente significativement. Ce
développement peut être suivi en examinant la morphologie externe
de l'abdomen de la femelle. Le volume des résidus sanguins (de couleur
rouge/brune) décroît tandis que celui des oeufs en cour de
développement (de couleur blanche) croît. Les femelles pares
nécessitent un seul repas de sang pour élaborer
complètement une ponte. Les femelles nullipares ont parfois besoin de
deux repas de sang pour achever le développement ovarien (Molez et
al., 1998). Alors, elles présentent un stade prégravide.
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1.10.2.4 Recherche du lieu de ponte et la ponte :
Une fois les oeufs matures, la femelle se met en quête de
gîtes favorables à la ponte (Figure 4). Comme pour la recherche de
l'hôte, des stimuli olfactifs sont perçus à distance par la
femelle et lui permettent de localiser les gîtes (Ogbunugafor &
Sumba, 2008). Le 3-methylindole (Syed & Leal, 2009) et l'indole (Lindh
et al., 2008) sont des substances volatiles des sites d'oviposition
entrainant la pose des oeufs. A courte distance, les caractéristiques
physicochimiques de l'eau sont analysées. La ponte a
généralement lieu peu après le crépuscule. Un
nouveau cycle débute après la ponte. La durée du cycle
trophogonique est bien connue pour les vecteurs d'Afrique tropicale. Elle varie
entre 2 et 3 jours pour les femelles pares, suivant les espèces et les
saisons. Pour les nullipares, il est plus long, jusqu'à 5 jours, du fait
de la phase prégravide.
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![](Determinants-de-l-utilisation-de-la-moustiquaire-impregnee-d-insecticide--longue-duree-d-actio5.png)
Stade I, Stade II, Stade III, Stade : IV =
Différents stades larvaires.
Figure 4 : Cycle de développement du
vecteur de la malaria. (Allasanne, 2012)
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