La société camerounaise est aujourd'hui
marquée par une situation de crise de l'emploi. Fohapa (2006 :116)
estime que « la pression à l'embauche dans les entreprises du
secteur privé qui est le rapport entre la demande d'embauche en
provenance majoritaire des universités d'Etat et le recrutement effectif
est élevée, traduisant une hyper sélectivité au
niveau des entreprises ». Les jeunes éprouvent ainsi
d'énormes difficultés à intégrer le monde
professionnel. L'Etat camerounais dans l'impossibilité d'absorber la
main d'oeuvre massive en provenance de ses universités laisse les jeunes
en général et les étudiants en particulier perplexes quant
à la direction à prendre. La plupart de ces derniers aspirent
à un emploi public, qu'ils jugent stable et plus rassurant. Pour
Gottfredson (1996), « à l'école, un adolescent apprend
à déterminer la limite supérieure des positions sociales
qu'il peut espérer atteindre ».
On note au sein des institutions universitaires en
général la présence d'étudiants qui malgré
leur âge et leur niveau d'études ne sont pas libres dans leur
choix professionnel futur ; beaucoup d'étudiants attestent subir des
influences en provenance majoritaire de leur famille, des plans qu'ils se
forgent eux mêmes concernant leur avenir. Les étudiants de
sociologie qui semblent avoir peu d'opportunités sur le marché de
l'emploi camerounais, étant donné que les entreprises pour la
plupart ne préfèrent que des personnes ayant reçues des
compétences pratiques dans leur domaine d'activités, sont
victimes de nombreuses influences dans
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leur représentation du futur en provenance des
familles, principaux acteurs du financement de l'éducation, du milieu
social d'appartenance, et de l'étudiant lui même à travers
son âge, son niveau d'études, et de la rémunération
future souhaitée. Or l'individu en tant que être libre et
raisonnable, devrait se sentir libre dans ses choix professionnels, dans le
choix du niveau de profession à atteindre dans sa vie professionnelle
future. Dès lors la question centrale autour de laquelle tourne cette
étude est la suivante : les facteurs socioéconomiques
influencent-ils significativement l'aspiration professionnelle d'un jeune en
général et d'un étudiant en particulier ?
L'étudiant, selon que son âge est relativement
avancé subit une pression non seulement de la part de ses parents qui
souhaitent à tout prix le voir intégrer un corps de
métier, mais aussi de lui même qui éprouve le besoin de se
réaliser et mener une vie agréable. Son âge peut
également l'amener à opter pour un niveau professionnel
relativement élevé ou bas. Ainsi, on se demande :
l'étudiant de faculté dans sa représentation du
futur est-il influencé par son âge ?
Le jeune étudiant, quand il passe d'un niveau
d'étude à l'autre a tendance à se faire des
représentations supérieures à celles du niveau
précédent ; son degré d'aspiration professionnelle semble
augmenter. Ainsi, on se pose la question de savoir : le niveau
d'étude de l'étudiant influence-t-il son aspiration
professionnelle ?
Pour Boltanski cité par Mariet (1981 :41), aux enfants
des classes moyennes, « les pressions s'exercent le plus fortement et le
plus précocement sur l'enfant pour faire de lui un être
consciencieux, ordonné, et responsable ». Le milieu social
d'un individu et même son origine sociale révèle un style
de vie particulier que l'enfant aimerait sauvegarder, de même qu'il
cherchera à s'identifier à ses parents. Dès lors on se
demande : la catégorie socioprofessionnelle des parents
influence-t-elle l'aspiration professionnelle de l'étudiant
?
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Les familles consacrent la majeure partie de leur revenu pour
financer les études de leurs enfants. Ces dépenses sont
réparties en dépenses nutritionnelles, académiques,
logement de l'étudiant, sanitaires, déplacements etc.... On
comprend alors pourquoi les parents à un moment donné attendent
d'être substitués par leurs enfants dans ces charges une fois que
ces derniers arrivent à la fin de leurs études et ceci surtout
parce que les parents pour la plupart se forgent l'idée selon laquelle
les études supérieures réussies donnent accès
automatiquement à un emploi considérable. L'étudiant dans
l'ambition de satisfaire les exigences de sa famille et surtout les
dépenses d'éducation des générations futures
discrimine dans ses choix professionnels. Ainsi on se demande : les
dépenses consacrées à la formation de l'étudiant
influencent-elles son aspiration professionnelle ?
L'étudiant en quelques sortes se doit de
réussir dans sa vie professionnelle future pour ne pas décevoir
les espérances de sa famille, afin que la participation
financière de la famille à ses études ne soit pas sans
résultat. Il aspire de ce fait à une rémunération,
voire à des conditions de travail et de prestige, à un salaire
suffisamment élevé. Dans cette perspective, les étudiants
ont tendance à se représenter un emploi futur
élevé. Dès lors on se demande : le salaire
recherché par l'étudiant dans son emploi futur influence-t-il son
aspiration professionnelle ?