4.2. DISCUSSION FINALE :
Le travail au cours des sèances a rendu la patiente
attentive à ses schémas de fonctionnement. Le temps entre les
séances lui a permis de voir quel est le travail qu'elle peut faire
seule en s'aidant des outils de la thérapie et quel est le travail pour
lequel elle aura besoin encore d'aide.
Quand j'avais demandé à ma patiente ce qu'elle
attendauit de la thérapie, elle m'avait répondu :
« redevenir comme avant ». Et c'est justement ce qu'il
ne faut pas, puisque c'était son ancienne façon d'être, de
ressentir, de penser, de se comporter qui a permis au trouble émotionnel
de
-48-
s'installer. Au cours de la thérapie elle s'est rendu
compte qu'elle peut changer, évoluer dans son développement
personnel, devenir de plus en plus la personne qu'elle voudrait être.
L'évaluation les séances constate une
amélioration nette de la symptomatologie de type attaque de panique. En
effet, les relevés du dernier mois retrouvent un seul épisode de
panique, il y a trois semaines. Cette crise a duré 1-2 minute et la
patiente a réussi à le contrôler, à l'aide des
techniques de contrôle respiratoire, et les autres techniques comme le
technique de 6 points et l'auto-hypnose.
Le questionnaire des peurs de Marks et Mathews avec un score
à 20, a nettement chuté, l'évitement a chuté
à 2, la gêne occasionné a chuté également
à 2.
Ainsi, ses pensées automatiques et ses cognitions
agoraphobiques montrent une baisse significative. C'est la même pour les
résultats de son état dépression.
Le fonctionnement psychosocial de la patiente s'est nettement
amélioré ainsi que sa qualité de vie. Elle commence
à se construire, petit à petit, une indépendance. Elle a
retrouvé du contrôle sur ses crises d'angoisse et ses cognitions
paniquantes se sont nettement modifiées.
A présent les attaques de panique ne
représentent plus une cible prioritaire de la thérapie. La
dernière crise est arrivée il y a trois semaines, ce
n'était plus une panique mais une montée modérée
d'anxiété qu'elle abien su gérer sur le moment. Les
objectifs fixés en ce moment de la thérapie concernent le
comportement d'évitement, qui reste important dans certains domaines
(comme rester seule dans un appartement, prendre seule la voiture pour
sortir).
Le fonctionnement du couple mère-enfant avait
intégré l'agoraphobie de Mlle S, comme un élément
d'équilibre. Pour notre patiente, la guérison doit passer donc
par la renégociation des relations avec sa mère. Comment sa
mère va réagir à son autonomisation et sa prise
d'indépendance. Elle a prévu de faire les choses très
progressivement, cela suffira - t - il à rassurer sa mère ? Car
une réaction négative voir une dépression
réactionnelle de sa mère pourrait très fortement menacer
ses progrès.
Tout comme j'ai commencé la thérapie par une
métaphore, je propose de la terminer par ce même moyen
thérapeutique qui intervient à la fois sur le plan des
émotions et des cognitions. Au début de la thérapie, on
était en face d'une multitude d'émotions
entremêlées, nouées. Après un certain temps, il
devient en général évident, que la patiente met toute son
artillerie émotionnelle de défense et d'attaque au service de
deux émotions contradictoires comme l'anxiété et le
courage, l'amour et la haine, le doute et la confiance, pour n'en citer que
quelques-unes. Différents auteurs ont illustré cela par cette
ancienne fable de deux animaux puissants, tantôt des loups ; tantôt
des ours ou des dragons... se combattant au fond du coeur, de l'âme ou du
cerveau humain. Leur bataille est intense et acharnée. Et lequel va
gagner ? Tout simplement celui qui sera le mieux nourri.
-49-
|