QUESTIONS DE RECHERCHE
Dans un contexte d'accompagnement de communautés visant
à mettre en place des stratégies d'atténuation et
d'adaptation aux changements environnementaux, nous soulevons les questions
suivantes :
Question principale
Quel regard les populations citadines portent-elles sur
l'état et l'évolution de la biodiversité ?
Questions spécifiques
? Quels sont les facteurs responsables de la dynamique de la
biodiversité dans la ville de
Ngaoundéré ?
? Comment les populations perçoivent les changements
environnementaux à travers la l'évolution du couvert
végétal et la faune (mamifère et oiseaux) ?
? Dans quelle mesure les connaissances qu'ont les citoyens sur
les changements
environnementaux locaux pouraient servir à la prise de
décision en matière de gestion de la flore et de la faune?
6 État d'épuisement qui en
résulte
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 6
CONTEXTE SCIENTIFIQUE
Plusieurs travaux ont été faits sur la
biodiversité. C'est dans ce cadre que plusieurs ouvrages ont
été publiés sur les problématiques relatives
à la biodiversité. Pour ce qui est du milieu urbain,
considérée comme un ensemble morphologique, physionomique, social
et culturel différencié (Cosinschi et Racine, 1998), la ville est
un milieu complexe, dynamique, et aux caractéristiques
spécifiques où s'articulent diverses interactions hommes/milieux
mettant en jeu l'espace. Cet espace géographique en constante mutation
infrastructurelle, s'accompagne également de nombreuses mutation ou
dynamisme du milieu naturel.
De nombreux travaux ont été effectués
dans le but d'apporter les solutions au phènomène d'extention des
villes au détriment des espaces naturels, afin de permettre
l'émergence d'une biodiversité propre au milieu urbaine (la
biodiversité urbaine). Compte tenu des multiples orientations que les
chercheurs donnent à leurs travaux, nous avons ceux qui ont
effectué des travaux sur les sites naturels, d'autre qui se sont
concentrés les facteurs d'évolution régressive ou
progressive de la biodiversité en milieu urbain, comme
l'étalement urbain pour en tirer les avantages économiques qui
participent au développement local des régions, d'autres encore
qui se sont focalisés sur les enjeux de la biodiversité en milieu
pour les populations locales, et ceux qui, dans la même lancée ont
abordé l'aspect social de la biodiversité.
S'agissant des pressions sur la biodiversité, Tchotsoua
M. (2001)7, estime que la croissance démographique et
l'étalement des villes sont des facteurs considérables de la
transformation des paysages, pour lui, en même temps que de la superficie
du bâtie augmente, les formations végétales reculent sur
les normes de Ngaoundéré. Dans le même ordre d'idée,
Dorier-Apprill E. (2006) dans : Ville et environnement, estime
que l'urbanisation de la planète est le fait géographique majeur
d'aujourd'hui : mégalopoles, conurbations, étalement
périurbain, poussée des villes petites et moyennes, entrainent
des pressions sur l'environnement et participe ainsi à la
diversification des paysages et à la dynamique de la
biodiversité. Leadley et al. (2010) identifient les facteurs
suivants : la modification des habitats, le changement climatique, la
surexploitation, les espèces envahissantes et la pollution. De
même, Rahim Aguejdad (2011) dans sa Thèse portant sur
l'étalement urbain et évaluation de son impact sur la
biodiversité, présente d'une manière général
les caractéristiques du milieu urbain en termes d'infrastructures et de
paysage écologiques. Il
7 Pressions urbaines et la dynamique des paysages
sur les mornes de Ngaoundéré, 2001.
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 7
démontre alors comment l'évolution de la ville
constitue un puissant facteur de dégradation de la biodiversité
en milieu urbain.
. Par ailleurs, dans un contexte de développement des
pays du Sud, Raimond C. (2015), estime que parmi les facteurs de changements
globaux habituellement évoqués comme responsables de
l'érosion de la biodiversité, la croissance démographique
et les changements d'occupation des sols sont assurément les plus
certains en Afrique Subsaharienne, et les plus rapides.
Parlant de la dynamique de la biodiversité, Rameau JC.
(1999), estime que : la diversité d'un paysage s'explique
déjà par une logique spatiale liée aux variations des
conditions naturelles et anthropiques. Un paysage est une mosaïque de
compartiments naturels qui possèdent chacun des caractères
écologiques propres ; ils sont caractérisés par des
communautés végétales et animales dotées d'un
fonctionnement spécifique (écosystèmes). Mais tout paysage
répond aussi et surtout à une logique dynamique d'ordre temporel.
Le tapis végétal est en mouvance générale et
permanente. Plusieurs phénomènes sont à l'origine de cette
mouvance : la croissance et la disparition des espèces, la concurrence
intra et surtout interspécifique (pour l'espace, la lumière, la
nourriture). D'une manière générale, ces
phénomènes dynamiques induisent des modifications des populations
(dynamique démographique des populations d'espèces
végétales, par exemple), des communautés
végétales (transformation progressive d'une communauté en
une autre), de certaines conditions écologiques (sols, conditions micro
climatiques), des peuplements animaux.
Par ailleurs, les transformations sur la biodiversité,
seraient également tributaires de la combinaison des facteurs
liées aux pressions anthropiques, mais également des facteurs
naturels. C'est dans ce sens que Hady Diallo (2011), estime que la physionomie
des formations végétales est influencée par deux facteurs
: les changements climatiques et les activités humaines. Les premiers
sont considérés comme inéluctables à
l'échelle du siècle, et leurs effets sur la disparition
d'espèces sont généralement limités. En revanche,
l'impact des activités humaines est susceptible d'être à
l'origine de modifications de la succession végétale et de la
dégradation de l'environnement.
C'est dans ce contexte, marqué par les effets d'une
urbanisation croissante sur les habitats naturels et les peuplements de faune
et de flore, que la demande sociale pour une biodiversité urbaine et une
nature de proximité en ville, les problèmes posés par
la
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 8
cohabitation homme-nature et les exigences imposées par
le développement durable expliquent l'intérêt grandissant
et les enjeux que représente l'étude du fonctionnement des
écosystèmes écologiques en ville. La ville est donc un
écosystème ou plutôt un «
macro-écosystème » original qui, abordé très
récemment par l'écologie du paysage sous le vocable «
nouvelle écologie urbaine » (Rahim Aguejdad 2011),
représente actuellement un véritable champ d'études
intégrant de nombreuses approches à cet effet, notamment
l'approche sociale.
Plusieurs travaux récents, s'intéressant
à l'étude de la conservation de la biodiversité en milieu
urbain, apportent des réponses à la compréhension des
facteurs et mécanismes qui régissent les processus de
colonisation, d'adaptation et d'organisation des espèces animales et
végétales face au processus d'urbanisation.
S'agissant de l'approche sociale de la biodiversité,
cela ressort déjà depuis le sommet mondial du
développement durable à Johannesburg en 2002, les acteurs de la
conservation à l'échelle internationale reconnaissent la
nécessité de prendre en compte les dimensions sociales de la
biodiversité, les savoirs des acteurs locaux et d'impliquer ces acteurs
dans les programmes de conservation et de préservation de la
biodiversité tout en répondant aux attentes des
communautés et en assurant le maintien des services assuré par la
biodiversité.
Au regard de ces travaux scientifiques, il ressort que la
biodiversité est un domaine convoité par plusieurs disciplines.
C'est ainsi que géographes, anthropologues, historiens et
spécialistes en aménagement du territoire ont mené des
recherches associant le plus souvent la biodiversité au monde rural.
Mais s'agissant de la biodiversité dans la ville, il s'avère que
cet aspect est encor peut explorer (Rahim 2010). Cependant, cette faille dans
la quelle s'inscrit le présent travail, se présente comme une
perspective de recherche qu'il convient d'exploiter. Autrement dit, c'est la
prise en compte de cet aspect qui marque la particularité de notre
travail. Dans ce travail, nous entendons mener une étude sur les
facteurs causals de l'évolution de la biodiversité, et des
perspectives d'une société locale soucieuse du dévenir des
ressources de leur territoir, et promouvoir ainsi à une gestion durable
de ces ressources biologiques.
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dans la ville de Ngaoundéré 9
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