CONSLUSION GÉNÉRALE
Tout au long de ce travail, la biodiversité, ou plus
exactement la perception de son évolution, et les facteurs responsables
de cette évolution, sont e restés le fil conducteur de notre
travail. Elle était présente dans la description du cadre de
l'étude, dans les enjeux de la transformation du milieu de vie des
populations, dans l'entretien sur les questions de changements
environnementaux, ainsi que dans les stratéges d'adaptation et dans les
politiques de gestion des espèces biologiques. La biodiversité
étudiée ici est une construction sociale, et les interactions
entre systèmes naturels et sociaux.
La surexploitation des ressources naturelles, la croissance
démographique et l'étallement de la ville, modifie l'occupation
des sols et la physionomie du paysage, constituent des préssions
énormes sur ces ressources de la nature, et entraîne des
conséquences sur le plan environnemental. Ils provoquent des
perturbations des écosystèmes et constituent une menace
sérieuse pour la biodiversité (Rahim 2010). Ainsi, l'homme et ses
activités en milieu urbain détruit la nature soit directement,
par la destruction des habitats naturels, soit indirectement, par la
fragmentation et l'isolement des sites naturels. L'étude de la dynamique
de la biodiversité représente un enjeu important pour comprendre
les effets des usages excessifs des ressources naturelles et de l'urbanisation
sur les processus écologiques, non seulement au sein du milieu urbain de
Ngaoundéré, mais aussi dans les zones périurbaines et
rurales qui participent largement une source d'approvisionnement en produits
issus des ressources biologique, notamment, les produits forestiers ligneux,
non ligneux et les produits forestiers fauniques, de plus en plus
sollicités dans la ville pour satisfaire les besoins de premières
nécessités des habitants de la ville. Dans le contexte actuel
d'une dynamique regressive de la biodiversité avec notamment,
l'artificialisation accélérée et
quasi-généralisée des terres, l'évaluation et
l'anticipation des impacts de la perte des ressources biologiques,
présentent un intérêt tant pour les scientifiques que les
gestionnaires du territoire.
Toutefois, la mesure, le suivi dans le temps et dans l'espace
de l'évolution de la biodiversité (faune et flore), pose encore
de nombreux problèmes méthodologiques. Ils relèvent, en
premier lieu, de la forte hétérogénéité qui
caractérise les tissus urbain et périurbain, et en second lieu de
la complexicité de la biodiversité dans ces milieux.
Dans un contexte
d'hétérogénéité de
l'écosystème du milieu urbain, ainsi que la rapidité des
changements, l'usage de la télédétection satellitaire pour
évaluer l'évolution du
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dans la ville de Ngaoundéré 125
couvert végétale, présente un
intérêt certain. Par ailleurs, les images de
télédétection à très haute résolution
spatiale avec un faible taux de nuage sont couramment utilisées pour
étudier avec précision les milieux urbains et périurbains
(Puissant, 2003). C'est ce qui justifie l'utilisation de l'image de 2014 dans
le cadre du présent travail. Toutefois, l'image n'étant pas
précise, pourrait constituer un facteur très limitant pour
déterminer l'occupation des sols dans un milieu soumis à des
changements très rapides et ne permettent pas de retracer
l'évolution des types d'occupation du sol. Il est dont important de
prendre en compte l'aspect social de la biodiversité pour évaluer
les changements dans l'espace et dans le temps, ceci à travers les
perceptions des populations.
Pour appréhender les perceptions des acteurs par
rapport aux évolutions de la biodiversité, l'analyse de discours
a été utilisée. En effet, l'analyse de discours est une
approche méthodologique des sciences sociales et humaines. Elle est
multidisciplinaire, qualitative et quantitative et étudie le contexte
historique d'évolution de la biodiversité. Les contraintes
majeures de cette démarche basée sur les savoirs locaux se
résument par les points suivants :
La nature des données collectées : la plupart de
ces données sont qualitatives et font appel à la mémoire
des populations. En effet, seuls les événements majeurs
retiennent beaucoup plus l'attention des populations et restent gravés
dans leurs mémoires ; c'est le cas par exemple de la disparition des
espèces emblématiques le plus souvent mentionnée dans le
discours des populations comme changement perçu en ce qui concerne la
dynamique des espèces faunique. Le désintéressement
remarqué des citadins lors des enquêtes a été un
grand blocage à la collecte de données, à cause des
multiples occupations. Ce faisant, bien que les interviews aient
été conduites pour avoir les points de vus des populations
locales sur les tendances d'évolution d'espèces biologiques, ces
données collectées comportent certainement des insuffisances vue
l'énorme potentiel que recouvre la biodiversité.
Il est humainement et techniquement impossible
d'appréhender et suivre la biodiversité dans son ensemble ; pour
le seul domaine des espèces, seule 1,4 million d'espèce ont
été identifiées sur un potentiel de 15 à 100
millions, et parmi celles qui sont décrites, seules quelques milliers
sont relativement bien suivies (UINC 2010). On cherche donc à avoir une
idée réaliste de la situation via quelques indicateurs pertinents
(les usages des produits biologiques et les perceptions des populations
locales).
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Ces indicateurs permettent de faire l'état de la
dynamique de la biodiversité, des pressions qu'elle subit, et de la
pertinence des réponses apportées par les actions de protection
de la Nature. Il s'agit aussi de mesurer les tendances prospectives, pour
éventuellement pouvoir les comparer à des situations que la
planète a connues dans le passé. Il s'agit enfin d'aider les
décideurs et les citoyens à hiérarchiser les
priorités.
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