Conclusion
Les recherches conduites à Ngaoundéré sur
la biodiversité s'appuient, pour une large part, sur des recherches
sociologiques, confrontées aux données de terrains relevant pour
la plus parts des démarches géographiques (analyse cartograhique,
étude des évolutions des territoires) L'ensemble est
adossé à des bases de données de référence
couvrant une grande diversité d'écosystèmes, rurales comme
urbains, tempérés. Ces bases de données couvrent
également des interactions entre « dynamique de la
biodiversité » et « activités humaines et
sociétés ». La prise en compte de la métdode
basée sur la dynamique spatiale (du couvert végétale) est
un axe qui nous a permis d'évaluer l'évolution du couvert
végétal de Ngaoundéré. Cette approche spatiale
concerne des recherches sur l'influence de la fragmentation et de la dispersion
des individus sur la dynamique de la biodiversité. La prédiction
des aires de distribution des espèces sur la base de l'environnement et
de leurs traits d'histoire de vie, après intégration des
données socio-environnementales ainsi que la recherche d'indicateurs
paysagers des états et des dynamiques des peuplement d'arbres, d'animaux
et oiseaux, sont des thématiques importantes développée
dans le cadre du présent travail pour comprendre les impacts possibles
du changement global et les risques d'extinction de certaines espèces
mais aussi pour aider à une meilleure gestion globale des espaces,
soumis de plus en plus aux préssions anthropiques.
CHAPITRE 3. IMPACTS DE DEUX TYPES DE
CONSOMMATION DE LA
BIODIVERSITÉ SUR LA DYNAMIQUE DES
ESPECES: LE BOIS ÉNERGIE ET LA
VIANDE
DE BROUSSE
Dynamique et perception de la biodiversité dans la
ville de Ngaoundéré 66
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 67
CHAPITRE 3. IMPACTS DE DEUX TYPES DE CONSOMMATION DE
LA BIODIVERSITÉ SUR LA DYNAMIQUE DES ESPECES: LE BOIS ÉNERGIE
ET LA VIANDE DE BROUSSE
INTRODUCTION
Les activités humaines sont intimement liées
à la biodiversité. D'une part parce elles en dépendent,
d'autre part parce qu'elles l'affectent. Bien que la disparition des
espèces soit un phénomène normal (les espèces
apparaissent, puis disparaissent), il nous faut nous inquiéter d'un taux
d'extinction qui aujourd'hui ne cesse de s'accroitre. La disparition d'une
espèce peut paraitre insignifiante, il y en a tellement néanmoins
dans la biodiversité tout est lié : la disparition d'une seule
espèce peut modifier le reste de la chaine et avoir de réels
impacts sur nos modes de vie. Ce sont comme les mailles d'un pull : plus on
coupe de mailles, plus le pull se détricote. L'érosion de la
biodiversité menace aujourd'hui le fonctionnement et la bonne
santé des écosystèmes. Les principales causes de cette
érosion sont la perte et la dégradation des milieux naturels
ainsi que la fragmentation des habitats par les excès des
aménagements, de l'urbanisation, de l'industrie ou de l'agriculture.
Ainsi, les facteurs anthropiques influant l'évolution de la
biodiversité peuvent être regroupée en grandes
catégories.
3.1. Exploitation du bois énergie
Les ressources génétiques forestières
(RGF) fournissent du bois d'oeuvre, de feu et de service. Elles sont aussi
utilisées comme sources d'aliments soit directement sous forme de
graines, et de noix, de fruits, de pousses et de feuilles qui peuvent
être mangés crus ou cuits, soit indirectement sous forme de
fourrage pour le bétail ou encore comme médicament dans la
pharmacopée traditionnelle et comme matière première pour
l'artisanat, la fabrication de produits cosmétiques contribuent
largement à l'amélioration du revenu des populations
3.1.1. Les acteurs de consommation de bois dans la ville de
Ngaoundéré
Pour l'économiste, le consommateur est une unité
de décision qui choisit parmi les paniers de biens qui lui sont
proposés (Ali Madi et al 2007). Dans cette logique, le
bois-énergie, biens de consommation de plus en plus rares, mérite
une attention particulière dans le cadre de la gestion des ressources
naturelles, en particulier, dans une zone en pleine
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 68
croissance comme la ville de Ngaoundéré. Pour
mieux caractériser la consommation de ce bien, la présente
étude a été conduite dans la ville de
Ngaoundéré, cette ville est sur le plateau de l'Adamaoua, dont la
population ne cesse de croitre. La projection sur l'évolution de la
population de l'Adamaoua à plus de 55 ans (de 1964 à 2010),
montre que la population croit très vite, en 2001, la population de
Ngaoundéré à elle seule s'élève à
230000 habitants soit 217000 citadins avec un taux d'accroissement de 2,81.
Avec un intervalle de onze ans (1976 à 1987), la population de
Ngaoundéré a doublé respectivement 36 273 et 696 682
habitants (Tchotsoua, 2006). Cette croissance démographique s'accompagne
des conditions socio-économiques assez précaires de populations
principales acteurs de consommation du bois d'énergie.
? La consommation des ménages :
partant du constat selon lequel la taille et le revenu du
ménage, joue un important rôle dans la consommation du bois pour
la préparation, nous avons fait des estimations du niveau de
consommation du bois de feu en fonction du revenu ou du niveau de vie des
ménages. L'enquête menée auprès des ménages
ressort des niveaux de classification soit trois types de ménages en
fonction du niveau de vie réparti de la manière suivante :
? Ménages à niveau de vie de vie faible ;
pour un revenu = 5 000 FCFA de salaire mensuel.
? Ménage à niveau de vie moyen ;
pour un revenu compris entre 5 000 et 150 000 FCFA de salaire
mensuel.
? Ménages à niveau de vie
élevé pour un revenu > 150 000FCFA de salire mensuel
Cette typologie de classification nous permet ainsi de juger des consommations
des sourcces d'énergies en fonction du niveau de vie (Tableau 10).
Tableau 12. Consommations familiales des
différentes formes d'énergie
Utilisation familiale des différentes formes
d'énergies domestiques
|
Consommation en % en fonction du niveau de vie de des
ménages
|
% de
consommation
|
Ménages utilisant le bois ou autres sources
d'énergie
|
55 % ménages à niveau de vie faible
|
99%
|
28 % ménages à niveau de vie moyen
|
16 % ménages à niveau de vie élevé
|
Ménages utilisant le charbon ou autres sources
d'énergie
|
38 % ménages à niveau de vie faible
|
85%
|
27 % % ménages à niveau de vie moyen
|
20 % ménages à niveau de vie élevé
|
Ménages utilisant le gaz domestique ou autres sources
|
3 % ménages à niveau de vie faible
|
67%
|
17 % ménages à niveau de vie moyen
|
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 69
d'énergie
|
47 % ménages à niveau de vie élevé
|
|
Ménages qui utilisent uniquement le bois
|
99% ménages à niveau de vie faible
|
75% ménages à niveau de vie moyen
|
05% ménages à niveau de vie élevé
|
Ménages qui utilisent uniquement le gaz
|
1% ménages à niveau de vie faible
|
15 ménages à niveau de vie moyen
|
99% ménages à niveau de vie élevé
|
Source : enquêtes de terrain
La consommation familiale des sources d'énergie
dépend ainsi du niveau de vie des populations, le taux de consommation
du bois de chauffe est plus élevé dans les familles à
niveau de vie faible et moyen, contrairement aux ménages à haut
niveau de vie qui utilise le gaz domestique, mais le bois et le charbon restent
les principales sources d'énergie (Fig 20).
Ménages utilisant le charbon ou autres
sources d'énergie 34%
Ménages utilisant le gaz domestique ou autres sources
d'énergie
27%
Ménages utilisant le bois
ou autres sources d'énergie 39%
Source : enquêtes de terrain 2015
Figure 20. Consommations familiales des
différentes sources d'énergie
Le bois et le charbon d'une manière
générale, sont les plus utilisés comme principale source
d'énergie dans les familles à faible niveau de vie, ou
complémentaire dans les familles à haut niveau de vie, pour la
cuisson des aliments qui mettent long au feu. Cet aspect permet de comprendre
pourquoi le bois et le charbon restent les sources d'énergie les plus
sollicitées. Ils sont plus utilisés dans les ménages
pauvres, mais beaucoup plus le bois qui est également sollicité
pour d'autres activités telles la forgerie, la cuisson de
bière
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 70
locale, les grillages (viande et poisson).
? Autres consommateurs du bois : un second
groupe de consommateurs de bois dans la ville de Ngaoundéré est
constitué, des bouchers (vendeurs de Soya), les brasseurs de
bière locale (Bil-bil)18, les
forgerons, les vendeurs de beignets, et de poisson braisé. Le
recensement sur un échantillon de 150 acteurs a donné, dans la
ville de Ngaoundéré, 40 vendeurs de soya, 35 vendeurs de
beignets, 30 vendeuses de poissons braisés, 25 brasseurs de bière
locale, 20 forgerons. Le bois de feu reste la principale source
d'énergie pour les différents types d'utilisateurs, sauf pour les
forgerons et les braiseuses de poissons qui utilisent davantage le charbon que
le bois. Le charbon de bois reste une source d'énergie d'appoint
employé occasionnellement, soit quand le bois fait défaut, soit
pour des usagers spécifiques comme chauffage du thé, repassage.
Selon Timberlake (1985), il faut 5 à 6 tonnes du bois pour faire une
tonne de charbon. Le meilleur charbon est obtenu à partir des
espèces dont le bois résiste à la chaleur de carbonisation
artisanale. La fabrication du charbon est aussi une cause de la destruction du
couvert végétal. L'impact de cette pratique se ressent non
seulement au niveau de la perte de la diversité végétale
mais aussi au niveau de l'atmosphère. Les bouchers vendeurs de
« soya » et les forgerons sollicitent en grande
majorité le bois en bille (Lophira lanceolata et Daniellia
oliveri), alors que les brasseurs de bière et les vendeurs de
beignets préfèrent les branches d'arbres et arbustes ou du bois
fendu (en majorité Hymenocardia acida).
23%
13% Vendeurs de soya
20%
27%
17%
Brasseurs de bière locale
Braiseurs de poissons
Vendeurses de beigneits
Forgerons
Source : enquêtes de terrain 2015
Figure 21. Répartition des
consommateurs de bois de chauffe à Ngaoundéré
18 Vin traditionnelle des ethnies du grand
Nord-Cameroun, fabriqué à base du maîs et cuit au feu de
bois pendant plusieurs heures.
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 71
Les résultats des enquêtes effectuer dans la
ville de Ngaoundéré, nous ont permis d'identifier cinq principaux
consommateurs de bois pour le chauffage ; ce sont : les vendeurs de soya,
principaux consommateurs avec 27% , les vendeurs de beignets avec 23%, les
Braisseurs de poisson qui consomme du charbon de bois avec 20%, les brasseurs
de bière locale avec 17% et 13% pour la consommation des forgerons.
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