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Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré

( Télécharger le fichier original )
par Félix Bouyo Ndolédjé
Université de Ngaoundéré - Master II 2015
  

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Conclusion

Les recherches conduites à Ngaoundéré sur la biodiversité s'appuient, pour une large part, sur des recherches sociologiques, confrontées aux données de terrains relevant pour la plus parts des démarches géographiques (analyse cartograhique, étude des évolutions des territoires) L'ensemble est adossé à des bases de données de référence couvrant une grande diversité d'écosystèmes, rurales comme urbains, tempérés. Ces bases de données couvrent également des interactions entre « dynamique de la biodiversité » et « activités humaines et sociétés ». La prise en compte de la métdode basée sur la dynamique spatiale (du couvert végétale) est un axe qui nous a permis d'évaluer l'évolution du couvert végétal de Ngaoundéré. Cette approche spatiale concerne des recherches sur l'influence de la fragmentation et de la dispersion des individus sur la dynamique de la biodiversité. La prédiction des aires de distribution des espèces sur la base de l'environnement et de leurs traits d'histoire de vie, après intégration des données socio-environnementales ainsi que la recherche d'indicateurs paysagers des états et des dynamiques des peuplement d'arbres, d'animaux et oiseaux, sont des thématiques importantes développée dans le cadre du présent travail pour comprendre les impacts possibles du changement global et les risques d'extinction de certaines espèces mais aussi pour aider à une meilleure gestion globale des espaces, soumis de plus en plus aux préssions anthropiques.

CHAPITRE 3. IMPACTS DE DEUX TYPES DE

CONSOMMATION DE LA

BIODIVERSITÉ SUR LA DYNAMIQUE DES

ESPECES: LE BOIS ÉNERGIE ET LA VIANDE

DE BROUSSE

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 66

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 67

CHAPITRE 3. IMPACTS DE DEUX TYPES DE CONSOMMATION DE LA
BIODIVERSITÉ SUR LA DYNAMIQUE DES ESPECES: LE BOIS ÉNERGIE ET LA
VIANDE DE BROUSSE

INTRODUCTION

Les activités humaines sont intimement liées à la biodiversité. D'une part parce elles en dépendent, d'autre part parce qu'elles l'affectent. Bien que la disparition des espèces soit un phénomène normal (les espèces apparaissent, puis disparaissent), il nous faut nous inquiéter d'un taux d'extinction qui aujourd'hui ne cesse de s'accroitre. La disparition d'une espèce peut paraitre insignifiante, il y en a tellement néanmoins dans la biodiversité tout est lié : la disparition d'une seule espèce peut modifier le reste de la chaine et avoir de réels impacts sur nos modes de vie. Ce sont comme les mailles d'un pull : plus on coupe de mailles, plus le pull se détricote. L'érosion de la biodiversité menace aujourd'hui le fonctionnement et la bonne santé des écosystèmes. Les principales causes de cette érosion sont la perte et la dégradation des milieux naturels ainsi que la fragmentation des habitats par les excès des aménagements, de l'urbanisation, de l'industrie ou de l'agriculture. Ainsi, les facteurs anthropiques influant l'évolution de la biodiversité peuvent être regroupée en grandes catégories.

3.1. Exploitation du bois énergie

Les ressources génétiques forestières (RGF) fournissent du bois d'oeuvre, de feu et de service. Elles sont aussi utilisées comme sources d'aliments soit directement sous forme de graines, et de noix, de fruits, de pousses et de feuilles qui peuvent être mangés crus ou cuits, soit indirectement sous forme de fourrage pour le bétail ou encore comme médicament dans la pharmacopée traditionnelle et comme matière première pour l'artisanat, la fabrication de produits cosmétiques contribuent largement à l'amélioration du revenu des populations

3.1.1. Les acteurs de consommation de bois dans la ville de Ngaoundéré

Pour l'économiste, le consommateur est une unité de décision qui choisit parmi les paniers de biens qui lui sont proposés (Ali Madi et al 2007). Dans cette logique, le bois-énergie, biens de consommation de plus en plus rares, mérite une attention particulière dans le cadre de la gestion des ressources naturelles, en particulier, dans une zone en pleine

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croissance comme la ville de Ngaoundéré. Pour mieux caractériser la consommation de ce bien, la présente étude a été conduite dans la ville de Ngaoundéré, cette ville est sur le plateau de l'Adamaoua, dont la population ne cesse de croitre. La projection sur l'évolution de la population de l'Adamaoua à plus de 55 ans (de 1964 à 2010), montre que la population croit très vite, en 2001, la population de Ngaoundéré à elle seule s'élève à 230000 habitants soit 217000 citadins avec un taux d'accroissement de 2,81. Avec un intervalle de onze ans (1976 à 1987), la population de Ngaoundéré a doublé respectivement 36 273 et 696 682 habitants (Tchotsoua, 2006). Cette croissance démographique s'accompagne des conditions socio-économiques assez précaires de populations principales acteurs de consommation du bois d'énergie.

? La consommation des ménages : partant du constat selon lequel la taille et le revenu du ménage, joue un important rôle dans la consommation du bois pour la préparation, nous avons fait des estimations du niveau de consommation du bois de feu en fonction du revenu ou du niveau de vie des ménages. L'enquête menée auprès des ménages ressort des niveaux de classification soit trois types de ménages en fonction du niveau de vie réparti de la manière suivante :

? Ménages à niveau de vie de vie faible ; pour un revenu = 5 000 FCFA de salaire mensuel.

? Ménage à niveau de vie moyen ; pour un revenu compris entre 5 000 et 150 000 FCFA de salaire mensuel.

? Ménages à niveau de vie élevé pour un revenu > 150 000FCFA de salire mensuel Cette typologie de classification nous permet ainsi de juger des consommations des sourcces d'énergies en fonction du niveau de vie (Tableau 10).

Tableau 12. Consommations familiales des différentes formes d'énergie

Utilisation familiale des différentes formes d'énergies domestiques

Consommation en % en fonction du niveau de vie de des ménages

% de

consommation

Ménages utilisant le bois ou autres sources d'énergie

55 % ménages à niveau de vie faible

99%

28 % ménages à niveau de vie moyen

16 % ménages à niveau de vie élevé

Ménages utilisant le charbon ou autres sources d'énergie

38 % ménages à niveau de vie faible

85%

27 % % ménages à niveau de vie moyen

20 % ménages à niveau de vie élevé

Ménages utilisant le gaz domestique ou autres sources

3 % ménages à niveau de vie faible

67%

17 % ménages à niveau de vie moyen

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 69

d'énergie

 

47 % ménages à niveau de vie élevé

 

Ménages qui utilisent uniquement le bois

99% ménages à niveau de vie faible

75% ménages à niveau de vie moyen

05% ménages à niveau de vie élevé

Ménages qui utilisent uniquement le gaz

1% ménages à niveau de vie faible

15 ménages à niveau de vie moyen

99% ménages à niveau de vie élevé

Source : enquêtes de terrain

La consommation familiale des sources d'énergie dépend ainsi du niveau de vie des populations, le taux de consommation du bois de chauffe est plus élevé dans les familles à niveau de vie faible et moyen, contrairement aux ménages à haut niveau de vie qui utilise le gaz domestique, mais le bois et le charbon restent les principales sources d'énergie (Fig 20).

Ménages
utilisant le
charbon ou
autres sources
d'énergie
34%

Ménages utilisant le gaz domestique ou autres sources

d'énergie

27%

Ménages
utilisant le
bois ou
autres
sources
d'énergie
39%

Source : enquêtes de terrain 2015

Figure 20. Consommations familiales des différentes sources d'énergie

Le bois et le charbon d'une manière générale, sont les plus utilisés comme principale source d'énergie dans les familles à faible niveau de vie, ou complémentaire dans les familles à haut niveau de vie, pour la cuisson des aliments qui mettent long au feu. Cet aspect permet de comprendre pourquoi le bois et le charbon restent les sources d'énergie les plus sollicitées. Ils sont plus utilisés dans les ménages pauvres, mais beaucoup plus le bois qui est également sollicité pour d'autres activités telles la forgerie, la cuisson de bière

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 70

locale, les grillages (viande et poisson).

? Autres consommateurs du bois : un second groupe de consommateurs de bois dans la ville de Ngaoundéré est constitué, des bouchers (vendeurs de Soya), les brasseurs de bière locale (Bil-bil)18, les forgerons, les vendeurs de beignets, et de poisson braisé. Le recensement sur un échantillon de 150 acteurs a donné, dans la ville de Ngaoundéré, 40 vendeurs de soya, 35 vendeurs de beignets, 30 vendeuses de poissons braisés, 25 brasseurs de bière locale, 20 forgerons. Le bois de feu reste la principale source d'énergie pour les différents types d'utilisateurs, sauf pour les forgerons et les braiseuses de poissons qui utilisent davantage le charbon que le bois. Le charbon de bois reste une source d'énergie d'appoint employé occasionnellement, soit quand le bois fait défaut, soit pour des usagers spécifiques comme chauffage du thé, repassage. Selon Timberlake (1985), il faut 5 à 6 tonnes du bois pour faire une tonne de charbon. Le meilleur charbon est obtenu à partir des espèces dont le bois résiste à la chaleur de carbonisation artisanale. La fabrication du charbon est aussi une cause de la destruction du couvert végétal. L'impact de cette pratique se ressent non seulement au niveau de la perte de la diversité végétale mais aussi au niveau de l'atmosphère. Les bouchers vendeurs de « soya » et les forgerons sollicitent en grande majorité le bois en bille (Lophira lanceolata et Daniellia oliveri), alors que les brasseurs de bière et les vendeurs de beignets préfèrent les branches d'arbres et arbustes ou du bois fendu (en majorité Hymenocardia acida).

23%

13% Vendeurs de soya

20%

27%

17%

Brasseurs de bière locale

Braiseurs de poissons

Vendeurses de beigneits

Forgerons

Source : enquêtes de terrain 2015

Figure 21. Répartition des consommateurs de bois de chauffe à Ngaoundéré

18 Vin traditionnelle des ethnies du grand Nord-Cameroun, fabriqué à base du maîs et cuit au feu de bois pendant plusieurs heures.

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 71

Les résultats des enquêtes effectuer dans la ville de Ngaoundéré, nous ont permis d'identifier cinq principaux consommateurs de bois pour le chauffage ; ce sont : les vendeurs de soya, principaux consommateurs avec 27% , les vendeurs de beignets avec 23%, les Braisseurs de poisson qui consomme du charbon de bois avec 20%, les brasseurs de bière locale avec 17% et 13% pour la consommation des forgerons.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille