Dans le monde, l'infection néonatale reste l'une des
causes les plus fréquentes de la mortalité néonatale
(4). Une méta analyse retrouve une incidence de 9.8%
d'infection bactérienne néonatale possible en 2012 dans les pays
d'Afrique sub-saharien, au Sud de l'Asie et en Amérique latine
(9). En Europe l'incidence des INN certaines en 2002 en France
était de 1 à 4 pour mille naissances vivantes
(2), le Streptocoque du groupe B (Streptococus
agalactiae) représentait en France en 2005 au CHRU de Lille la
première cause de mortalité par infection bactérienne chez
les nouveau-nés, provoquant pneumonies, septicémies ou
méningites. Il était responsable de 60% des infections
néonatales bactériennes précoces probables et certaines
(8). Le taux de mortalité néonatale lié
aux INN en France en 2001 était estimé à 9,3 pour mille
admissions dont 11 infections materno-foetale et 17 infections nosocomiales.
Les germes les plus fréquemment retrouvés dans les infections
materno-foetale étaient Streptocoque B, E coli et Haemophilus
influenzae (19).
En 2015 en Inde, l'incidence des INN était
estimée à 18 pour mille. Sur 440 nouveau- nées admis en un
an, 82 étaient retenues comme INN précoce ; le petit poids de
naissance, la prématurité et la mauvaise hygiène du cordon
ombilicale étaient les facteurs de risques les plus retrouvés. Le
refus de tétée, l'hypothermie et la détresse respiratoire
étaient les manifestations cliniques les plus courantes. Klebsiella
pneumonia, Staphylococcus aureus et E. coli étaient les
germes les plus fréquents et le taux de mortalité était
estimé à 14% (10).
En Afrique, l'infection est la première cause de
morbidité et de mortalité néonatale. Au cours de la
période périnatale qui va de la 28e SA à 7
jours de vie, les infections bactériennes sont fréquentes et
graves (20). Diverses études faites en Afrique montrent
une incidence élevée des infections néonatales. C'est
ainsi qu'elle était de 16,6% en 1998 à Abidjan (21)
et de 73,9 % en 2002 à Ouagadougou (22). Au
CHU de Dakar en 2001, Cisse et al dans une étude rétrospective de
24 mois à propos de 7461 nouveau-nés reçus, 2312
étaient prélevés pour culture et avaient reçus une
antibiothérapie probabiliste (bétalactamine et gentamicine) pour
INN probable. Le diagnostic d'INN était confirmé dans 246 cas,
soit 10.6% de nouveau-né sous antibiothérapie. Les facteurs de
risque les plus courants étaient la rupture prématurée des
membranes (85%) et la détresse respiratoire (87.8%). Les germes
isolés étaient : Klebsiella pneumoniae (61.5%),
Entérobacterie (11.5%), Staphylococcus (8.7%), Escherichia
coli (6%), Streptococcus (5.5%), Enterococcus (4.1%) et
Pseudomonas (2.7%). La majorité de ces germes étaient
résistants à la première ligne d'antibiothérapie
(ampicilline, cefotaxime, gentamycine), en particulier 95% des infections
à Klebsiella. Les
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antibiotiques les plus efficaces étaient : amikacine,
colistine, ceftriaxone et ciprofloxacine. La mort survenait dans 48 cas avec 36
en période néonatale précoce, 79% du taux de
mortalité était due à Klebsiella
(11).
En 2004 au CHU de Lomé à propos de 50 cas de
nouveau-nés de moins de 29 jours suspects d'INN avec au moins une
culture positive, Balaka et al. ont retrouvé dans 50% des cas une
septicémie néonatale dans les 48 premières heures de vie,
dans 24% des cas entre le 2e et le 7e jour de vie et 26% du
8e au 28e jour de vie. Enterobacter (54%),
E. coli (30%) et S. aureus (28%) étaient les germes
les plus fréquents, surtout pendant la première semaine de vie.
Les résistances à l'association ampicilline ou amoxicilline et
gentamicine étaient de 70% pour Enterobacter et 71% pour le
Staphylocoque. Le taux de mortalité était de 36% avec une
mortalité due à S. aureus estimé à 43%
(12).
Au Cameroun, Chiabi et al. en 2005 dans une étude
rétrospective à Bertoua sur 19 mois et portant sur 154 cas, ont
retrouvé 6,9% d'INN sur 1765 naissances vivantes. La symptomatologie
n'était pas spécifique, elle était dominée par les
troubles neurologiques (73,4%) et les troubles thermiques (48,1%).
L'anamnèse rapportait une prédominance des ruptures
prolongées des membranes dans 37,5% des cas. Sur le plan
étiologique, les bactéries Gram-négatifs étaient
les plus fréquentes avec une prédominance d'E. coli
retrouvé dans 10 cas sur 12, 20,8% de malades ont abandonné
le traitement pour difficultés économiques et on enregistrait au
terme de cet étude 5,2% de décès (3).
En 2009 à HGOPY, Djoupomb dans une étude
prospective de 6 mois, à propos de 218 nouveau-nés reçus
pour probable infection néonatale, a retrouvé comme principaux
symptômes la fièvre (44,9%), le refus de tétée/
irritabilité (32,1%) et la détresse respiratoire (28,9%). La
prématurité et la rupture prolongée des membranes ont
étés les principaux facteurs de risque. Les germes les plus
fréquemment identifiés ont été Klebsiella
(28,6%), Escherichia coli (21,4%) et Enterobacter
(14,3%). La sensibilité a été faible pour ampicilline
(29,4%), netilmicine (31,4%) et gentamicine (18,9%). Par contre, on a
retrouvé une très bonne sensibilité pour imipenem (91,7%),
ofloxacine (90%), ciprofloxacine (85,3%) et ceftazidime (69,4%). Le taux de
mortalité a été de 22% (13).
En 2010, Awoumou au CHUY dans une étude
rétrospective sur une période de cinq ans avait recruté
648 nouveau-nés dont 120 avaient une infection néonatale
confirmée et cinq cent vingt-huit étaient suspects d'infection.
Il a retrouvé une prédominance des bacilles Gram négatif
(52 ,2%) sur les Gram positif (47,8%). Les trois espèces de
bactéries les plus fréquents ont été le
Klebsiella pneumoniae (19,5%), le Staphylococcus aureus
(19,5%°) et Escherichia coli (23,5%). Klebsiella
pneumoniae était le germe le plus fréquent dans la
période néonatale
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précoce (20,4%) et Escherichia coli dans la
période néonatale tardive (23,5%). Klebsiella pneumoniae
a été le germe le plus sensible à l'amikacine (62,5%)
et à la ciprofloxacine (58,3%), par contre le Staphylococcus
aureus a été sensible uniquement à la gentamycine
(52%) (23).
En 2013, Djeumene au CME/FCB, sur 1505 cas de suspicion
d'INN, a retrouvé 134 cas d'INN bactériennes certaines. La
septicémie a été le tableau clinique le plus
représenté (59%), suivie des infections urinaires (31,5%) et des
méningites (11,1%).
L'écologie bactérienne était
dominée par les bacilles Gram négatif (51,8%). Les germes les
plus fréquents étaient: les Staphylocoques coagulase
négatif (21,6%), Klebsiella sp (21%), E. coli
(19%), S. agalactiae (6,5%). Le principal bacille Gram
négatif (Klebsiella pneumoniae) était résistant
à l'ampicilline (100%), à la gentamicine (65,6%), au
céfotaxime (65,6%) et au ceftazidime (62,5%), sensible à
l'amikacine (96,9%), à l'imipénème (100%) tandis que le
Staphylocoque doré et les Staphylocoques coagulase
négatif présentaient respectivement une résistance
à la pénicilline G (100% et 94%), une sensibilité à
la cloxacilline (66,7% et 50%), à la gentamicine (83,3% et 57,5%) et
à la vancomycine ( 100%).
L'examen bactériologique le moins
réalisé a été l'hémoculture (39,8%). Les 3
examens (LCR, Hémoculture et ECBU) ont été
réalisés à la fois dans 22,7% des cas et l'association LCR
+ Hémoculture a été réalisée chez 10,2% des
malades. Parmi ces malades, 169 soit (11,2%) n'ont eu aucun
prélèvement central. Il a retrouvé une liaison
significative entre la réanimation à la naissance, les
manifestations cliniques (signes de lutte, hypothermie, difficultés
respiratoires, hypotonie, réflexes archaïques
émoussés, convulsions, refus de téter, polypnée,
tachycardie), la thrombopénie = 150000/mm3, l'absence de
prélèvements centraux et le devenir (décès) des
patients. Le taux de décès a été de 6,70%
(14).