COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE
DE L'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES PÔLE
REGIONAL
RAPPORT DE STAGE
4ème Promotion IEF-Pôle
Régional Filière Trésor
PROBLEMATIQUE DE LA REFORME DU SYSTEME DE PAIEMENT TRESOR
PUBLIC
CENTRAFRICAIN : CAS DE LA MISE EN OEUVRE DU SYGMA ET
SYSTAC
Par :
DJAMAWA-ENDJIKPENO
Hermas Dieu Béni Socrate
S tru ctu r e d ' accu e il
Elève inspecteur du Trésor
Direction
Générale du Trésor et
de
Sous la direction technique de :
la Comptabilité
Publique (Bangui)
Serge OURASSIO
Direction
Générale des Services
Inspecteur principal du Trésor
du Trésor (Libreville Gabon) Inspection
Générale de Finances (Bangui)
et
Eric Landry LAPY
Inspecteur central du Trésor
Chef de service de Prévision (DPRR)
(Libreville)
Libreville, 08 Août 2014
SOMMAIRE
|
LIBELLE
1ère partie
Chapitre I
Section 1
Section 2
Chapitre II
Section 1
Section 2
2ème Partie
Chapitre I
Section 1
Section 2
Chapitre II
Section 1
|
PAGE
|
SOMMAIRE i
|
AVANT PROPOS ii
|
DEDICACE iii
|
REMERCIEMENT iv
|
RESUME DU RAPPORT v
|
LISTE DES ABREVIATIONS vi
|
LISTE DES GRAPHIQUES vii
|
LISTE DES TABLEAUX viii
|
INTRODUCTION GENERALE 1
|
Diagnostic du système actuel de paiement du
Trésor Public 4
centrafricain
FACTEURS EXPLICATIFS DU RETARD DE LA
RÉFORME DU SYSTEME DE 5
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
CENTRAFRICAIN
|
Existence des dispositifs et mécanismes
obsolètes 5
|
Facteurs règlementaires, institutionnels et financiers
10
|
NECESSITE DE LA RÉFORME DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR 19
PUBLIC CENTRAFRICAIN
|
Défaillances du fonctionnement du système de
paiement du Trésor
|
19
|
Défaillances de l'organisation du système
de paiement du Trésor 26
|
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 31
|
Réforme du système de paiement du
Trésor Public 32
centrafricain : préalables et
opportunités
|
LES PRÉALABLES POUR LA RÉFORME DU
SYSTEME DE 33
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
CENTRAFRICAIN
|
Architecture de la réforme du système de
paiement du Trésor Public 33
|
Pré requis pour la reforme du système de
paiement du Trésor public 42
|
RÉFORME DU SYSTÈME DE PAIEMENT DU
TRÉSOR PUBLIC : 48
OPPORTUNITES ET PERSPECTIVES
|
Aspects novateurs du système de paiement à
mettre en oeuvre
|
47
|
Section 2
Bibliographie
Annexe
|
Perspectives de réforme du système de
paiement du Trésor Public 53
|
CONCLUSION GENERALE 59
60
61
|
AVANT PROPOS
Le stage d'insertion professionnelle est la phase ultime de la
formation offerte par l'Institut de l'Economie et des Finances (IEF) Pôle
Régional. Une durée de six mois lui a été impartie.
Durant cette période, les élèves inspecteurs doivent
travailler de façon pratique sur un thème formulé par une
administration d'accueil. Ce thème doit être formulé sur
les difficultés rencontrées par cette administration, ceci dans
l'objectif de permettre à l'élève inspecteur de
confronter les connaissances théoriques acquises durant la
formation à la pratique et réalités de chaque
administration, afin de relever les déficiences constatées et
proposer des solutions concrètes et pratiques aux problèmes
soulevés.
Le présent document s'intitule le «
Rapport de stage ». Sa présentation est
précédée de deux documents très indispensables,
à savoir le projet de stage et le projet de rapport. Il constitue le
document qui marque la fin de la formation offerte par l'Institut de l'Economie
et des Finances (IEF) Pôle Régional.
Ce rapport a été évalué lors d'une
soutenance par un jury composé à la fois des enseignants du
supérieur, des cadres du Trésor Public et des agents du
Ministère de Finance. Les observations formulées par le jury lors
de cette soutenance ont été prises en compte pour faciliter la
lecture du document par tout public quelle que soit leur formation.
Dédicace
A
Toute ma famille et plus particulièrement à
Ma bien aimée Immaculée Lumière
d'Espoir DJAMAWA-DAYO Ma mère Hélène
DJAMAWA et sa feue soeur Berthe LEANDJI Ma feue
grand-mère Marie Catherine EUREKOMEU-WAYA Mon feu
frère aîné Bertrand DJAMAWA
Qui ont toujours été plus proche de moi.
Qu'ils trouvent dans ce travail l'expression de ma
sincère gratitude.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
|
SIGLES
|
ABREVIATIONS
|
APECCA ACCT BC BDEAC BEAC BIVAC BPMC BSIC BTA CBCA
CEMAC CFA
CIP CNC COBAC CUT DGB DGTCP DPRR FIFO GESCO OP RBTR RCA
SMAC SNPM SYGMA SYSTAC TVA UMAC
|
|
Association Professionnelle des Etablissements de Crédits
en Centrafrique
|
Agent Comptable Central du Trésor
|
Bon de caisse
|
Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale
|
Banque des Etats de l'Afrique Centrale
|
Filiale internationale de VERITAS (Bureau de contrôle
externe)
|
Banque Populaire Maroco Centrafricaine
|
Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le
Commerce
|
Bons du Trésor Assimilable
|
Commercial Bank Centrafrique
|
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale
|
Francs de la Communauté Financière Africaine
|
Centrale des Incidents de Paiement
|
Centre National de Compensation
|
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
|
Compte Unique du Trésor
|
Direction Générale du Budget
|
Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique
|
Direction de la Programmation des Ressources et des
Règlements
|
First In First Out (première entrée,
première sortie)
|
Logiciel de gestion budgétaire et comptable
|
Ordre de paiement
|
Règlement Brut en Temps Réel
|
République Centrafricaine
|
Système de Monétique en Afrique Centrale
|
Système Net de Paiement en Masse
|
Système des Gros Montants Automatisés
|
Système de Télé-compensation en Afrique
Centrale
|
Taxe sur les Valeurs Ajoutée
|
Union Monétaire de l'Afrique Centrale
|
|
|
|
|
|
|
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
|
Figures
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
1.7
1.8
2.1
2.2
2.3
B.1
|
Titres Pages
|
Représentation des divers titres payés en
espèce par le Trésor 2012 9
|
Evolution du solde des comptes du Trésor au 31
décembre 2013 17
|
Situation des soldes du compte du Trésor au 31
Décembre 2013 17
|
Part de chaque solde du compte du Trésor dans les banques
secondaires 18
|
Comparaison entre les frais financiers prélevés sur
le compte du Trésor 21
|
Evolution des frais bancaires prélevés sur le
compte du Trésor 21
|
Frais de traitement de salaire 2011 22
|
Parts des opérations de paiements du Trésor Public
27
|
Frais financiers prélevés par les banques en 2012
(en millions de FCFA) 49
|
Répartition des frais prélevés par les
banques en 2012 50
|
Evolution mensuelle des frais financiers supportés par le
Trésor 2012 50
|
Architecture du SYSTAC
|
LISTE DES TABLEAUX
|
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
1.7
A.1
A.2
A.3
A.4
A.5
A.6
|
Nature des comptes du Trésor Public par banque secondaire
6
|
Situation des soldes du compte du Trésor au 31
Décembre 2013 15
|
Frais financiers prélevés par les banques pour le
dernier trimestre 2012 15
|
Estimation des frais fixes payés par le Trésor aux
banques secondaires 20
|
Frais financiers prélevés par les banques pour le
dernier trimestre 2012 20
|
Evolution des frais bancaires 2013
|
Répartition des Ordres de Paiement caisse 29
|
Liste des 44 comptes du Trésor à la BEAC i
|
Liste des 9 comptes BPMC identifiés ii
|
Liste des comptes BSIC ii
|
Liste des comptes CBCA iii
|
Comptes mal identifiés (CBCA) iii
|
Liste des comptes ECOBANK iv
|
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail a été rendue
possible grâce à la contribution de plusieurs personnes physiques
et morales dont leurs apports en conseils en matériels en directives en
propositions et en suggestions nous ont beaucoup aidés pour bien affiner
le travail et lui donner un portrait scientifique et technique. A tous ceux,
nous leur adressons nos sincères gratitudes et plus
particulièrement nos remerciements vont à l'endroit de/ du :
· Directeur de l'Institut de l'Economie et des Finances
et du Directeur des études qui ont ménagé aucuns efforts
pour la réussite de notre stage à Bangui et à
Libreville.
· Nos encadreurs, Serge OUARASSIO et Eric Landry LAPY
qui malgré leurs multiples occupations se sont toujours rendus
disponible pour nous diriger tout au long de ce travail. Grâce à
eux nous pouvons maintenant distinguer les démarches scientifiques
techniques et pratiques à adopter pour aborder un thème de
rapport de stage professionnel. Nous leur disons infiniment merci.
· Gatien YAMOKOY chef de service des études
et contentieux à la direction des dépenses de la DGTCP qui
nous a conseillé dans la démarche scientifique adoptée.
Pour cette disponibilité, nous lui disons merci.
· Madame Yangui DOUPAMBY MATOKA Directrice de la
Programmation des Ressources et des Règlements (DPRR) du Trésor
Public gabonais, le chef de service de règlement Madame Mariette KOUMBA,
les personnels du service de la prévision Serge EKERO et Séverin
MOULOUNGUI qui nous ont bien accueilli et assisté dans le stage et la
rédaction du rapport.
· Nos parents, nos frères et soeurs qui nous ont
assisté et conseillé et assisté.
· Sonia Augustine BARRIER et tous les amis de l'IEF qui ont
fait leur observation sur
la qualité du travail produit.
· ALIMBI Lauréta Lorma qui nous a créé
une grande surprise durant notre formation
· Tous nos camarades de l'IEF de cette promotion avec
qui nous avons constitué une nouvelle famille et qui ne cessent de nous
faire signe dans les moments difficiles que traverse notre pays la
République Centrafricaine. Leur bon souvenir reste toujours
gravé dans notre esprit.
Résumé du rapport de stage
L'objet de ce rapport est de répondre aux
préoccupations soulevées autour du thème
« Problématique de la réforme du
système de paiement du Trésor Public centrafricain : cas de
la mise en oeuvre du SYGMA et du SYSTAC ».
Le règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars 2003
relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement initie, pour tous
les pays membres de la CEMAC, une réforme de leur système de
paiement, afin de pallier les dysfonctionnements auxquels était
confronté le système. Les systèmes de paiement qui
existaient étaient caractérisés par une
multiplicité des comptes du Trésor Public dans les banques
secondaires, une bancarisation de recettes et de dépenses publiques, un
faible niveau de sécurité des opérations de paiement et
des délais d'encaissement des valeurs et d'exécution des
opérations long.
Pour pallier ces défaillances, les autorités
monétaires de la CEMAC ont décidé de mettre en oeuvre des
instruments modernes de paiements dans tous les Trésors Publics de la
Sous-région, en vue d'accroître la rapidité des
opérations de règlements. C'est ainsi que, un Système de
Gros Montants Automatisés (SYGMA) et un Système de
Télé-compensation en Afrique Centrale (SYSTAC) devaient
être mis en oeuvre au sein de chaque Trésor Public.
Depuis l'année 2007, ces deux systèmes
étaient déjà opérationnels dans la plupart des pays
membres de la CEMAC alors que le Trésor Public centrafricain t arde
encore à les mettre en oeuvre. Ce travail cherche à expliquer ce
retard, et à mettre en exergue les préalables, pour le
Trésor Public centrafricain, à réussir la mise en oeuvre
de cette réforme.
Après diagnostic, il ressort que, le retard de la
réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain s'explique, d'une part, par les facteurs à la fois
règlementaires, financiers et institutionnels. Et d'autre part, par la
difficulté de règlement ou l'insuffisance de liquidité
pouvant provoquer des difficultés de dénouement des
opérations de paiement.
Pour dépasser ces difficultés et réformer
le système de paiement du Trésor Public centrafricain, plusieurs
alternatives sont proposées au terme de ce travail. Le recours au Bons
du Trésor Assimilable (BTA) et au fonds de garantie mutuelle de la BEAC
constitue une possibilité pour faire face au problème de
liquidité auquel est confronté le Trésor Public
centrafricain. De même, la création d'un compte unique du
Trésor Public, la formation des agents du Trésor Public et
l'interconnexion entre les divers acteurs du système constituent des
pré requis pour la réforme de tout le système de paiement
du Trésor Public centrafricain.
INTRODUCTION GENERALE
L'unicité de caisse de l'Etat à travers la
centralisation de fonds publics favorise une bonne prévision de recettes
et de dépenses publiques. Cette dernière peut conduire à
une meilleure gestion de la trésorerie de l'Etat, lorsqu'il existe,
au préalable, un système de paiement qui est, non seulement,
efficace mais surtout efficient.
A titre de rappel, un système de paiement
regroupe l'ensemble de règles, de procédures, d'instruments
et d'infrastructures utilisés pour échanger les valeurs
financières entre deux parties s'acquittant d'une obligation
contractuelle1.
Selon la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), depuis la
fin de la décennie
90, le système de paiement de tous les pays membres de la
Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) était
devenu obsolète et défaillant.
D'abord, les principes budgétaires devant encadrer le
fonctionnement de ce système ne sont pas respectés. En effet,
tous les Trésors Publics de la CEMAC disposaient de plusieurs comptes
ouverts dans les banques secondaires. A titre d'illustration, en 2005, le
Trésor Public camerounais disposait de plus de huit cent (800) comptes
répartis respectivement dans les banques secondaires et à la
BEAC.2 Le Trésor Public centrafricain dispose, quant
à lui, de vingt-trois (23) comptes ouverts dans les banques commerciales
et de quarante-quatre (44) comptes ouverts à la BEAC. De même, le
Trésor Public du Tchad, du Congo et du Gabon en disposaient aussi de
plusieurs comptes dans les banques secondaires. Cette diversité des
comptes publics ne facilite pas, non seulement, une meilleure gestion de la
trésorerie de l'Etat, mais constitue également une violation de
la règle de l'unicité de caisse.
Ensuite, à côté cette diversité des
comptes publics, existe aussi le mécanisme de la bancarisation de
recettes et de dépenses de l'Etat. Cette dernière constitue une
dérogation aux procédures et principes budgétaires selon
lesquels tous les fonds de l'Etat doivent être déposés au
Trésor Public.
Enfin, les instruments ainsi que les infrastructures du
système de paiement, dans tous les pays de la CEMAC, sont devenus
obsolètes. D'une part, ils se caractérisent par un faible niveau
de sécurité des opérations de paiement, un coût
très élevé des transactio ns et des
opérations effectuées ainsi que des délais
d'encaissement des valeurs et d'exécution des
1 Règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM relatif
aux systèmes, moyens et incidents de paiement
2 Balance des comptes du Trésor Public du
Cameroun 2005.
opérations assez longs. D'autre part, le problème
de prévision de recettes et de dépenses publiques ne favorise pas
une meilleure gestion de la trésorerie de l'Etat.
Pour pallier ces insuffisances et promouvoir le bon
fonctionnement du système de paiement dans la zone et parvenir à
une meilleure gestion de la Trésorerie de l'Etat, les autorités
monétaires de la CEMAC, à l'initiative de la Banque
Mondiale et du Fonds Monétaire International, cherchent à
moderniser le système de paiement de tous les Trésors Publics des
Etats membres de la zone et celui de tout le système bancaire de la
Communauté. C'est dans cette perspective qu'à partir de
l'année 2007, diverses réformes ont été
initiées. Ces dernières ont pour objectif, d'une part, de
favoriser une meilleure prévision de recettes et de dépenses
publiques afin de parvenir à une bonne gestion de la trésorerie
de l'Etat, et d'autre part, de réduire le coût moyen des
opérations de paiement ainsi que le délai de paiement et de
règlement dans toute la communauté.
Plusieurs approches ont donc été retenues pour
aboutir à une réforme complète du système de
paiement des Trésors Publics de la Sous-région. La
première approche consiste à mettre progressivement en oeuvre de
nouveaux instruments de paiement au sein de chaque Trésor Public de la
zone et dans les banques secondaires, afin de favoriser l'interconnexion des
échanges et de promouvoir un règlement rapide dans toute la
Sous-région ; c'est ainsi que trois systèmes de paiement devant
accroître la rapidité des opérations de règlements
ont été proposés. Leur architecture peut être
présentée comme suit :
- un système de règlement brut en temps
réel (RBTR), au niveau régional, pour les opérations
de gros montants et de politique monétaire baptisé Système
de Gros Montants Automatisé (SYGMA) ;
- un système net de paiement en masse (SNPM), par
pays, pour la télé-compensation des chèques, virements et
prélèvements, connu sous l'acronyme SYSTAC (Système de
Télé- compensation en Afrique Centrale) ;
- un système monétique interbancaire avec
l'émergence des cartes bancaires par pays et
pour la Sous-région, baptisé Système de
Monétique en Afrique Centrale (SMAC).
De ces trois systèmes recommandés, la mise en
oeuvre du SYGMA et du SYSTAC s'avère non seulement très
important, mais aussi très urgent afin de faciliter l'arrimage du
système de paiement de toute la zone aux nouvelles normes standards et
internationales. Cette urgence a ainsi accéléré le
démarrage du SYGMA à la fin de l'année 2007 dans certains
pays membres de la CEMAC tels que le Cameroun et le Gabon.
Actuellement, pour moderniser leur système de
paiement, la plupart des Trésors Publics de la Sous-région
ont déjà commencé à utiliser ces nouveaux
instruments de paiement. Toutefois, le Trésor Public centrafricain
tarde encore à les mettre en oeuvre, et continue toujours d'utiliser son
ancien système de paiement qui est caractérisé par une
diversité des ses comptes au sein des banques secondaires et
à la BEAC, et par la bancarisation de ses recettes et de ses
dépenses publiques.
Ce retard du Trésor Public centrafricain dans la mise
en oeuvre des nouveaux instruments de paiement recommandés par les
directives de la CEMAC devient préoccupant et soulève plusieurs
interrogations restées toujours sans suite. Pour certains observateurs,
il se pose un problème financier pour installer les plateformes du
nouveau système. D'autres postulent, par contre, sur la question
d'opportunité du nouveau système à mettre en oeuvre. Mais,
au-delà de toutes ces observations, aucune analyse scientifique n'a
jamais été menée afin de donner une meilleure explication
des causes du retard du redéploiement des nouveaux instruments de
paiement par le Trésor Public centrafricain comme les autres
Trésors Publics de la Sous-région ; c'est dans cette optique que
ce travail cherche concrètement à savoir :
Pourquoi la réforme du système de
paiement du Trésor Public centrafricain, à travers la mise en
oeuvre du SYGMA et du SYSTAC, reste-t-elle encore problématique alors
qu'elle est censée moderniser l'ensemble du système de paiement
du Trésor Public ?
Pour donner une explication scientifique à cette
préoccupation, ce travail se fixe comme objectif principal, la
détermination des facteurs explicatifs du retard de la mise en oeuvre
des nouveaux instruments de paiement par le Trésor Public centrafricain
et l'analyse des préalables et des opportunités de la
réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain. De façon spécifique, il convient très
précisément de :
- faire un diagnostic du système actuel de paiement du
Trésor Public centrafricain ;
- mettre en évidence les préalables et les
opportunités liés à une réforme du système
de paiement du Trésor Public centrafricain.
La suite du travail est articulée autour de deux
principaux points à savoir :
- un diagnostic de l'existant du système de paiement du
Trésor Public centrafricain, constitue l'objet de la première
partie ;
- les préalables et les opportunités de la mise en
oeuvre des nouveaux instruments de paiement, sont traités dans la
seconde partie.
PREMIERE PARTIE :
Diagnostic du système actuel de paiement du
Trésor public centrafricain
L'arrimage du système actuel de paiement du
Trésor Public centrafricain aux nouvelles normes internationales, et
conformément aux directives de la CEMAC, nécessite tout d'abord
une analyse préalable de faisabilité. Cette partie du travail a
pour objet de faire un diagnostic du système actuel de paiement du
Trésor Public centrafricain. Po ur ce faire, il convient d'abord de
mettre en exergue les facteurs explicatifs du retard du Trésor Public
centrafricain dans la mise en oeuvre de la nouvelle réforme du
système de paiement (chapitre I), puis de montrer la
nécessité de réformer le système actuel de paiement
(chapitre II).
CHAPITRE I : FACTEURS EXPLICATIFS DU RETARD DE LA
RÉFORME DU SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
Alors que tous les autres Etats membres de la
Sous-région ont déjà procédé à la
réforme de leur système de paiement suivant les directives
de la CEMAC, le Trésor Public centrafricain tarde encore à
arrimer le sien à ces nouvelles normes. Ce chapitre regroupe en deux
blocs les principaux facteurs expliquant ce retard. D'une part, ils sont
expliqués par l'existence des mécanismes obsolètes qui
caractérisent le fonctionnement du système actuel (section I), et
d'autre part, ils sont d'ordre règlementaire, institutionnel et
financier (section II).
SECTION I : EXISTENCE DES DISPOSITIFS ET MECANISMES
OBSOLETES
Les dispositifs du fonctionnement du système actuel de
paiement du Trésor Public centrafricain expliquent, en partie, son
retard dans la mise en oeuvre d'un nouveau système de paiement. Outre
ceci, existent aussi un mécanisme non conventionnel de fonctionnement de
ses comptes et une procédure très limitée de traitement
des opérations de paiement.
1.1- Les dispositifs mis en place pour le fonctionnement
du système de paiement
Ces dispositifs se caractérisent par l'ouverture des
comptes du Trésor dans les banques
secondaires et par la bancarisation des recettes et des
dépenses de l'Etat.
1.1.1- Ouverture des comptes du Trésor dans
les banques
Le Trésor Public centrafricain dispose de quarante quatre
(44) comptes ouverts à la
BEAC et de vingt trois (23) comptes ouverts dans les banques
secondaires.
1.1.1.1- Les comptes du Trésor Public ouverts
à la BEAC
Conformément au Règlement Général
sur la Comptabilité Publique3 et suivant l'instruction
présidentielle du 15 décembre 2011, les disponibilités du
Trésor sont déposées à la BEAC où elles sont
centralisées sur le compte unique du Trésor. Ce dernier
s'intitule compte courant du Trésor ; c'est sur ce compte que sont
imputées les opérations débits et crédits du
Trésor. A côté de ce compte, existent aussi d'autres
comptes du Trésor à la BEAC pour l'enregistrement
d'opérations spécifiques telles que le compte spécial TVA
et le compte subvention. La liste complète des comptes du Trésor
Public à la BEAC se trouve à l'annexe.
1.1.1.2- Les comptes du Trésor Public ouverts dans
les banques secondaires
Le Trésor Public centrafricain dispose, au sein de
chaque banque secondaire, d'un compte de recette pour l'encaissement des
recettes de l'Etat et d'un compte courant pour le
3 Décret 07-193 du 12 Juillet 2007
paiement de certaines dépenses. Au titre des comptes de
recettes, il y a : un compte « spécial recettes » pour
diverses recettes de l'Etat, un compte « Guichet unique » pour les
recettes douanières perçues à Douala4 et un
compte « BIVAC-BOIS » crédité des droits en
matière d'exportation forestière. Le compte courant est ouvert
dans toutes les banques secondaires. Il sert de pivot entre la BEAC et chaque
banque pour les opérations de dépense et plus
précisément le paiement des salaires et des pensions. Ces divers
comptes vont être respectivement crédités du montant des
encaissements des recettes publiques et débités du montant de
paiement des dépenses publiques. Le tableau ci-dessous
présente les divers comptes du Trésor Public centrafricain
ouverts dans les banques secondaires.
Tableau 1.1 : Nature des comptes du Trésor
Public par banque secondaire
Comptes
|
Courant
|
BIVAC-BOIS
|
Guichet-Unique
|
Recettes
Spéciales
|
Commission sur recettes fiscales
|
Banques
|
ECOBANK CBCA
|
ECOBANK BPMC
|
ECOBANK BPMC
|
ECOBANK CBCA
|
CBCA
|
|
BSIC
|
|
|
BSIC
|
|
|
BPMC
|
|
|
BPMC
|
|
Source : Auteur (informations sur la
bancarisation)
Les comptes courants et les comptes recettes spéciales
sont ouverts dans toutes les banques secondaires. Par contre, le compte sur les
redevances portuaires (guichet unique) et le compte de recettes de bois sont
ouverts dans deux banques (ECOBANK et BPMC).
1.1.2- La bancarisation de recettes et de
dépenses publiques
La bancarisation de recettes et de dépenses de l'Etat
centrafricain a été instituée par les instructions
présidentielles du 10 janvier 2010. Elle exige que tous les paiements
des redevances, droits et taxes dus à l'Etat, en espèces ou par
chèques bancaires, effectués par les contribuables soient
désormais déposés dans les comptes du Trésor Public
domiciliés dans les banques secondaires. Ces dernières sont
tenues de délivrer aux contribuables un reçu de versement
(bordereau de versement). Les contribuables, munis de leurs reçus de
versement, doivent se présenter aux services des régies
financières pour poursuivre leurs opérations et se faire
délivrer une quittance selon la nature de versements qu'ils ont
effectués. Ainsi, tous paiements par chèque ou par virement
doivent donner lieu à l'émission d'un reçu et être
accompagnés d'un avis de crédits qui précise la nature des
droits et taxes payés.
La contrepartie du service rendu par les banques dans le cadre de
la bancarisation,
consiste pour l'Etat à s'engager à leur verser une
rémunération. Cette dernière se compose
4 Nom d'une ville de la République du
Cameroun
d'une part fixe de trois millions de FCFA (3 000 000
FCFA) net d'impôts et d'une commission de 0,5% sur la partie des
sommes encaissées au cours du mois d'un montant d'un milliard de FCFA
(1 000 000 000 FCFA).
1.2- Mécanisme non conventionnel de
fonctionnement des comptes du Trésor
Divers mécanismes ont été établis
pour le fonctionnement des comptes du Trésor en recette comme en
dépense dans les banques secondaires. Ces mécanismes paraissent
non conventionnels au regard des normes Sous-régionales en vigueur.
1.2.1- Fonctionnement des comptes du Trésor
Public en recette
En principe, toutes les recettes publiques collectées
par chaque banque au jour J doivent être nivelées sur le
compte courant du Trésor à la BEAC au jour J+1. En effet,
à la fin de chaque journée, chaque banque doit faire
l'état de recettes publiques collectées afin de dégager le
montant total des recettes appartenant à l'Etat. Au jour J+1, la banque
transfère le total de recettes collectées sur le compte courant
du Trésor à la BEAC et délivre, au même moment, un
relevé bancaire au Trésor Public afin de l'informer de la
situation de son solde. Ce mécanisme n'est pas conventionnel mais reste
propre au Trésor Public centrafricain.
1.2.2- Fonctionnement des comptes du Trésor en
dépense
En dépense, sur l'ordre de virement donné par le
Trésor, les banques secondaires paient certaines dépenses
publiques en débitant le compte courant du Trésor ouvert dans
leur livre. De même, il faut noter que les crédits des comptes
recettes bois (BIVAC) et Guichet Unique sont mensuellement nivelés au
profit du compte courant afin de servir à la couverture des salaires des
agents de l'Etat et des pensions domiciliés dans chaque banque. Si les
recettes ne couvrent pas le montant total des salaires mensuels à payer
dans une banque, la Direction Générale du Trésor et de
la Comptabilité Publique abonde le compte par le biais d'un
virement du compte courant de la BEAC. Ce mécanisme déroge
à la règle de non compensation de recettes aux dépenses.
En effet, les paiements des salaires et pensions doivent impacter directement
le compte du Trésor à la BEAC.
Le mécanisme de fonctionnement de ces comptes (en
recettes comme en dépenses) est non conventionnel par rapport aux normes
en vigueur de la Sous-région.
1.3- Procédure très limitée de
traitement des opérations de paiement
Cette limite dans la procédure de traitement des
opérations de paiement se caractérise d'une part, par le
mécanisme de traitement des opérations fiduciaires
déjà dépassé, et d'autre part, par une
procédure très limitée de virement et de transfert de
fonds.
1.3.1- Les opérations
fiduciaires
Elles sont caractérisées par les retraits des
espèces aux guichets de la BEAC pour l'approvisionnement de la caisse
principale du Trésor aux fins de paiement de certaines ordonnances de
paiement. Ces opérations sont effectuées au moyen de
chèques tirés sur le compte du Trésor à la BEAC.
1.3.1.1- Description de la procédure
Pour procéder au paiement des dépenses
obligatoires hebdomadaires (dépenses de fonctionnement des
ministères), et des programmes spéciaux (initiés dans la
quasi-totalité des cas par la Présidence), la direction de la
trésorerie, sous l'autorité du Directeur Général du
Trésor et de la Comptabilité Publique, émet un
chèque tiré sur le compte courant du Trésor ouvert
à la BEAC. Ce chèque est signé par le Directeur de la
Trésorerie ainsi que par le Directeur Général du
Trésor et de la Comptabilité Publique. Puis, dans l'ordre
hiérarchique, celui-ci est soumis au visa du Ministre des Finances et du
Budget. Dès que tous les visas ont été recueillis, le
caissier principal retire les fonds auprès de la BEAC en vue de leur
remise aux bénéficiaires contre acquit.
1.3.1.2- Analyse de la procédure
Tous les chèques validés par les doubles
signatures de la Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique doivent être récapitulés dans
un tableau de rapprochement et pointés avec les débits
portés sur les relevés de la BEAC. Durant l'année 2012,
les principales opérations fiduciaires effectuées par le
Trésor Public centrafricain concernent notamment le retrait de fonds
pour le paiement de certains titres directement au guichet de la caisse du
Trésor Public par le service de la caisse principale. Les principaux
titres payables à la caisse peuvent être présentés
comme suit :
- les ordres de paiement budget (OP
Budget)
Ce sont des titres établis par la Direction
Générale du Budget (DGB) qui sont destinés à payer
certaines dépenses spécifiques. Les OP-Budget sont payés
en numéraire par le Trésor Public au service de la caisse
principale ;
- les ordres de paiement caisse (OP
Caisse)
Ce sont des titres qui sont établis pour le
règlement des dépenses payées par le Trésor Public
sans être préalablement ordonnancées au niveau de la
Direction Générale du Budget. C'est une dérogation au
principe comptable de l'engagement, la liquidation, l'ordonnancement et le
paiement. Cela est prévu à l'article 84 du Règlement
Général sur la
Comptabilité Publique. Ces titres sont payés par
le Trésor sous la responsabilité du Directeur
Général du Trésor et de la Comptabilité Publique
(DGTCP). Ils concernent le paiement de dépenses à
caractère urgent. Les OP Caisse constituent de dépenses à
charge de la trésorerie ;
- les ordres de paiement Solde (OP
Solde)
Ce sont des titres établis par la direction de la
solde. Ils concernent le paiement des avances sur salaire sollicitées
par un salarié en difficulté ou le paiement de rappel sur
salaire.
- les bons de caisse matériels (BC
M)
Ils sont établis, selon la ligne de crédit, pour
le remboursement des divers frais comme les subventions accordées
à certaines institutions ou administrations étatiques ou pour le
paiement des dépenses de biens et services des divers fournisseurs ou
prestataires de l'Etat.
Globalement, au titre de l'année budgétaire
2012, les OP caisse représentent 50% des paiements en espèce
contre 20% des ordres de paiement solde. Les OP budget représentent
quant à eux 18% de ces paiements contre 12% des OP
matériels. Plusieurs dépenses effectuées en
numéraire par le Trésor sont donc payées par les OP caisse
alors que ce dernier n'est qu'une procédure dérogatoire dont le
montant ne doit pas dépasser un certain seuil fixé dans le
Règlement Général sur la Comptabilité Publique.
La figure ci-dessous donne une représentation globale de
la part des divers titres payés
en espèce par le Trésor au cours de l'exercice
budgétaire 2012.
Figure 1.1 : Représentation des divers titres
payés en espèce par le Trésor en 2012
Source : Administration du Trésor
(Service de la caisse principale)
1.3.2- Les opérations de
virement
Selon l'article 177 du règlement n°
02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars 2003, relatif aux systèmes, moyens et
incidents de paiement, le virement est l'opération par laquelle, un
teneur de compte, sur ordre de son client, transfère des fonds, valeurs,
titres ou effets, au profit d'un tiers bénéficiaire
désigné, par le crédit de son compte et le débit du
compte du donneur d'ordre. L'article 178 de ce règlement précise
que l'ordre de virement contient :
- le mandat donné au teneur de compte par son client de
transférer des fonds, valeurs, titres ou effets dont le montant est
déterminé ;
- l'indication du compte à débiter ;
- l'indication du compte à créditer et de son
titulaire ;
- la date d'exécution et la signature du donneur
d'ordre.
Les ordres de virement sont établis par le
service des mouvements de fonds de la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique. Ils portent la double
signature du Directeur de la Trésorerie et du Directeur
Général du Trésor et de la Comptabilité
Publique. Les principales dépenses effectuées par ordre de
virement sont :
- les salaires et pensions ;
- le remboursement de dettes, intérieures ou
extérieures.
Les opérations de virement du Trésor Public
centrafricain sont effectuées par les banques
secondaires sur l'ordre du Trésor Public.
SECTION II : FACTEURS REGLEMENTAIRES, INSTITUTIONNELS ET
FINANCIERS
Le retard de la réforme du système de paiement
du Trésor Public centrafricain, suivant les directives de la CEMAC, se
caractérise par un cadre légal, règlementaire et
institutionnel très limité, ainsi que par une difficulté
de règlement ou encore une insuffisance de liquidité.
2.1- Un cadre légal et règlementaire
très limités
Le cadre légal et le cadre réglementaire du
système de paiement du Trésor Public centrafricain reposent sur
plusieurs textes à la fois législatifs, généraux et
spéciaux. Il est soumis aux normes édictées par les
directives Sous-régionales relatives aux systèmes et moyens de
paiement et par les textes nationaux.
2.1.1- Les directives
Sous-régionales
Elles sont caractérisées par plusieurs textes.
Ces derniers cherchent à harmoniser la réglementation bancaire
dans les pays membres de la CEMAC, et à initier des réformes du
système de paiement dans toute la zone. Parmi ces textes, on a :
- la convention du 17 Janvier 1992 portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique Centrale ;
- le règlement n°1/00/CEMAC/UMAC/COBAC du 27
Novembre 2000, relatif à
l'agrément unique des établissements de
crédit.
Ces textes sont précurseurs de la réforme du
système de paiement de la zone. Ils cherchent à harmoniser la
réglementation bancaire en zone CEMAC afin de faciliter l'interaction
entre les établissements financiers de la zone. De même, ils
cherchent aussi à créer un cadre d'agrément unique pour
les établissements de crédit de la zone. Outre ces textes, il
existe aussi :
- le règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars
2003 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement ;
- le règlement n°01/11-CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre
2011 relatif à l'exercice de l'activité de l'émission de
la monnaie électronique ;
- le règlement n°04/CEMAC/UMAC/CM du 02 octobre 2012
portant création du comité de stabilité financière
en Afrique Centrale.
Ces textes ont institué les réformes du
système et moyens de paiement dans la zone CEMAC. En effet, les
dispositions du règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM relatif aux
systèmes, moyens et incidents de paiement précisent les
composantes des moyens de paiement des Trésors Publics et
établissements de crédits de la zone. Elles présentent
aussi la structure et l'architecture du nouveau système de paiement
à mettre en oeuvre par les Trésors et les établissements
financiers de la zone. Enfin, elles établissent les garanties
interbancaires ainsi que les atteintes aux systèmes de paiement de toute
la zone.
2.1.1.1- Les limites des directives
Sous-régionales
Les directives Sous-régionales semblent
limitées à deux niveaux : d'abord elles considèrent
les Trésors Publics au même titre que les établissements
financiers participant au système de paiement de la
Sous-région. Par conséquent, aucun Trésor Public ne
peut bénéficier d'un traitement particulier. Ensuite, les
sanctions prévues par ces d irectives ne sont relatives qu'au
fonctionnement du système de paiement et non à sa mise en oeuvre
; par conséquent, aucune sanction n'est prévue pour les
établissements de crédit ou les Trésors Publics de la
Sous-région qui n'ont pas pu arrimer leur système de paiement aux
nouvelles normes prévues par ces directives. Aucune contrainte
légale n'est donc prévue pour les participants, comme la RCA,
qui retardent encore la mise en oeuvre de ces nouvelles réformes.
2.1.2- Les textes nationaux
Les textes nationaux en matière du système de
paiement sont caractérisés par divers
règlements, lois et décrets. Parmi ces textes l'on
peut citer :
- la Loi organique n°06.013 du 03 Juillet 2006 relative aux
lois de Finances Publiques.
- le Décret n°07.193 du 12 Juillet 2007 portant
Règlement Général sur la Comptabilité
Publique ;
- la Convention de domiciliation de paiement des impôts
et taxes de l'Etat dans les
banques commerciales du 1er février 2010.
2.1.2.1- Les limites des textes
nationaux
Au niveau national, il est nécessaire de signaler
qu'aucun décret n'a été pris pour l'application des
directives de la Sous-région en matière de réforme du
système de paiement. En effet, parmi les différents textes
cités ci-dessus, la question relative au système de
paiement n'a pas été traitée dans toute sa
globalité ; ceci explique donc la portée très
limitée du cadre légal et règlementaire du système
de paiement du Trésor Public centrafricain.
2.2- Un cadre Institutionnel limité
Le cadre institutionnel du système de paiement du
Trésor Public centrafricain est composé des institutions
publiques, privées et Sous-régionales. L'organisation de ces
diverses institutions ne peut favoriser le bon fonctionnement du système
de paiement du Trésor Public centrafricain.
2.2.1- Les acteurs du système de paiement du
Trésor Public centrafricain
Les principaux acteurs du système de paiement en
République Centrafricaine sont : le
Trésor Public, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
(BEAC) et les banques secondaire.
2.2.1.1- Le Trésor Public
Actuellement, le Trésor Public centrafricain a un
statut de sous-participant5 au système de paiement ; ceci
signifie qu'il ne dispose pas d'une plateforme personnelle pour effectuer ses
opérations de paiement. De même, cela désigne le fait que
c'est une autre institution financière qui effectue ses
opérations de paiement afin de lui rendre compte par la suite.
Dans cette situation, il convient de noter que, la gestion du
système de paiement du Trésor Public est confiée aux
banques secondaires. Toutefois, un service des moyens de paiement et un
service de mouvement de fonds et de liquidités ont été
créés au Trésor afin de suivre les opérations de
paiement du Trésor dans les banques secondaires et à la BEAC.
2.2.1.1.1- Le service des moyens de paiement
Ce service a été créé sous la
tutelle de la direction de la trésorerie par le décret
n°12.289 du 30 décembre 2012 portant organisation et
fonctionnement du Ministère des
5 Voir les conditions de participation
(deuxième partie chapitre I, section II)
Finances et du Budget. En principe, ce service a
été créé pour gérer le nouveau
système de paiement du Trésor. En effet, dans ses attributions,
il doit s'occuper de la gestion et du fonctionnement du système de
paiement du Trésor Public centrafricain. Toutefois, depuis sa
création, il n'a jamais été opérationnel.
2.2.1.1.2- Le service de mouvement de fonds et de
liquidité
Ce service suit les mouvements de tous les comptes du
Trésor Public au sein des banques secondaires et de la BEAC afin de
produire, au quotidien, la situation de la trésorerie. Il s'occupe
notamment de l'archivage des relevés bancaires et de toute la
documentation relative aux opérations dans les banques secondaires et
à la BEAC.
2.2.1.1.2.1- Structure fonctionnelle du
service de mouvement de fonds
Le service de mouvements de fonds comprend des bureaux dont le
nombre correspond respectivement au nombre de toutes les banques
en République Centrafricaine. Sa composition est structurée
comme suit :
Ø un bureau BEAC, qui s'occupe de la relation entre le
Trésor et la BEAC ;
Ø un bureau Ecobank, chargé de suivre les
mouvements sur le compte Trésor à Ecobank
Ø un bureau CBCA (Commercial Bank of Central Africa) ;
Ø un bureau BPMC (Banque Populaire Maroco Centrafricaine)
;
Ø un bureau BSIC (Banque Sahélo saharienne pour
l'Investissement et le Commerce).
Sous la supervision du Chef de ce service, les agents sont
chargés de :
Ø suivre les mouvements de tous les comptes au niveau de
chaque banque de la place ;
Ø procéder à la remise des chèques
dans les banques respectives ;
Ø produire la situation de la trésorerie tous les
jours ;
Ø transcrire au jour le jour, dans les journaux
auxiliaires, les différentes opérations puis les saisir dans
l'application GesCo6 pour validation par le Chef de service ;
Ø pointer et enregistrer chaque jour les relevés
des comptes bancaires et signaler les anomalies au Chef de service.
2.2.1.1.2.2- Les attributions du service de
mouvement de fonds
Le service de mouvement de fonds gère la
trésorerie de l'Etat et produit, au quotidien, la situation de la
trésorerie de l'Etat. Aussi, il effectue le règlement de
l'ensemble de dépenses programmées, de toute nature,
assignées payables à la caisse principale du Trésor
Public. De même, il veille à l'établissement des fiches
d'écritures des différentes opérations, à
l'arrêt des
opérations en fin de journée, ainsi qu'à
l'établissement des fiches qui doivent être transmises
6 Logiciel de gestion budgétaire et
comptable.
aux services destinataires. En outre, il procède aux
opérations de rétrocessions en fonction des encaissements des
entités et suivant la clé de répartition définie
par les textes en vigueur. En définitif, ce service se charge du
pilotage de système actuel de paiement du Trésor Public
centrafricain.
2.2.1.2- La Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC)
Elle a pour mission statutaire de promouvoir le bon
fonctionnement du système de paiement et de règlement dans tous
les Etats membres de la CEMAC. Elle joue le rôle de la banque de
règlement dans le système, car elle gère les comptes de
tous les participants au système de paiement (Trésor Public et
banques secondaires). Chaque jour, la BEAC doit avoir la situation des soldes
de tous les acteurs du système de paiement. Actuellement, c'est sur les
plateformes de la BEAC que sont passées les transactions du
Trésor Public centrafricain. Ce dernier peut s'informer de l'état
des soldes de son compte uniquement grâce à un relevé
bancaire délivré, au jour le jour, par la BEAC.
2.2.1.3- Les banques
secondaires
Le système bancaire centrafricain est
constitué, depuis la fin de l'année 2010, de quatre banques
commerciales et des établissements de micro finance. Toutes ces banques
sont d'origine étrangère. Elles constituent le pilier du
système de paiement du Trésor Public centrafricain. En effet,
elles effectuent la quasi-totalité des opérations d'encaissement
et de paiement en lieu et place du Trésor Public. Elles collectent les
recettes de l'Etat et paient certaines de ces dépenses sur
l'émission du chèque du Trésor ou sur l'ordre de virement
donné par le Trésor Public. Dans chaque banque secondaire, les
opérations d'encaissement font mouvementer le compte de recettes
du Trésor Public tandis que les opérations de
dépenses font mouvementer le compte courant du Trésor Public. Les
banques secondaires qui participent au fonctionnement du système de
paiement du Trésor Public centrafricain sont : ECOBANK, Central Bank of
Central Africa (CBCA), Banque Populaire Maroco-Centrafricaine (BPMC) et la
Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC).
2.2.2- L'inefficacité de l'activité
des divers acteurs du système
Les divers acteurs du système de paiement du
Trésor Public centrafricain ne disposent pas d'un logiciel commun pour
échanger leurs données. Ils ne sont pas en interaction. Le seul
moyen d'échange existant est le relevé bancaire. Du
côté du Trésor Public, seul un logiciel de gestion
comptable a été mis en oeuvre (GesCo). C'est un logiciel
interne dont les
fonctionnalités sont limitées entre la Direction
Générale du Trésor et de la Comptabilité
Publique, et la Direction Générale du Budget.
Ce problème de moyen d'échange de
données, auquel s'associe la difficulté d'interconnexion entre
les acteurs du système, affaiblit considérablement
l'efficacité l'activité de l'ensemble des acteurs du
système de paiement du Trésor Public centrafricain.
2.3- Une difficulté de règlement ou une
insuffisance de liquidité
Les difficultés de règlement se
caractérisent principalement par une insuffisance de liquidité.
Cette dernière explique, en partie, le solde débiteur du compte
courant du Trésor Public dans les banques secondaires et le recours
abusif au système de paiement à découvert.
2.3.1- Un solde du compte courant du Trésor
Public centrafricain toujours débiteur
Le paiement de diverses dépenses publiques, notamment
les salaires des agents de l'Etat et les pensions par les banques secondaires
se fait par le débit du compte courant du Trésor Public ouvert
dans ces banques. Ce compte doit être compensé par le
crédit du compte recettes diverses ou du compte guichet unique et du
compte BIVAC-BOIS. Il convient de noter que, pour l'année 2013, le total
du solde des comptes de toutes recettes confondues du Trésor Public dans
toutes les banques secondaires est cinq fois inférieur au solde de son
compte courant dans ces banques ; ceci montre que, les dépenses de
l'Etat, payées par les banques secondaires, sont cinq fois
supérieures aux recettes publiques collectées par ces banques. Le
tableau ci-dessous présente l'état du solde du compte courant et
du compte recette du Trésor Public dans les banques secondaires au 31
décembre de l'année 2013.
Tableau 1.2 : Situation des soldes du compte du
Trésor au 31 Décembre 2013
BANQUE
|
COMPTE
|
MONTANT
|
OBSERVATION
|
CBCA
|
COURANT
|
1.831.035.780
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
375.092.124
|
|
ECOBANK
|
COURANT
|
40.204
|
|
|
RECETTE
|
153.788.722
|
|
BPMC
|
COURANT
|
3.671.069.320
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
1.259.546.693
|
|
BSIC
|
COURANT
|
3.803.965.777
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
126.251.016
|
|
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
A l'exception de l'ECOBANK, le solde du compte courant du
Trésor dans toutes les
autres banques secondaires est débiteur ; ceci montre que
les ressources publiques disponibles
sont inférieures aux dépenses déjà
payées par les banques secondaires. Cette situation justifie donc le
recours abusif du Trésor Public centrafricain au mécanisme de
paiement à découverts.
2.3.2- Un recours abusif au mécanisme de
paiement à découvert
Depuis l'année 2000, la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC), a décidé de supprimer les avances statutaires
aux Trésors nationaux. Ces avances étaient un mode de financement
auxquels les Etats ont recours pour faire face aux tensions de
trésorerie pendant les périodes de crise. Elles étaient
tirées de la banque centrale, suivant les performances
réalisées au cours de l'exercice antérieur.
En remplacement de ces avances statutaires, la BEAC encourage
les Etats à recourir à l'emprunt obligataire des marchés
financiers, ou à l'émission des bons du Trésor, afin de
faciliter l'accès des Etats aux crédits. A côté de
cette possibilité, le Trésor Public centrafricain fait recours au
mécanisme de paiement à découvert auprès des
banques secondaires pour faire face à ses règlements.
A titre de rappel, le paiement à découvert est
une opération bancaire par laquelle une banque fait des avances des
fonds à son client dans l'attente d'un règlement, par
crédit d'office, du compte de ce dernier. Comme le montre le tableau
qui suit, le recours abusif à ce mécanisme a conduit à un
solde du compte recette du Trésor, dans les banques secondaires, cinq
fois inférieur au solde du compte courant au cours de l'année
2013.
Tableau 1.3 : Comparaison entre les différents
soldes du Trésor au 31/12/2013
COMPTE MONTANT ECARTS OBSERVATIONS
|
COURANT 9.306.111.081
|
7.391.432.526 NEGATIF
|
RECETTE 1.914.678.555
|
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
Ce système de paiement à découvert a
débuté avec la bancarisation des recettes et des dépenses
publiques depuis l'année 2010. Les banques secondaires acceptent
d'effectuer ces paiements à conditions qu'elles détiennent les
comptes du Trésor Public dans leur livre. En principe, la mise en oeuvre
du SYGMA et du SYSTAC au Trésor Public centrafricain devra conduire
à l'abandon de ce mécanisme ; par conséquent, le
Trésor Public centrafricain devra, d'ores et déjà,
commencer à chercher d'autres possibilités de financement pour
faire face à ce problème.
La figure qui suit permet de comparer l'évolution du solde
des comptes du Trésor Public.
Figure 1.2 : Evolution du solde des comptes du
Trésor au 31 décembre 2013
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
Cette figure montre clairement un déséquilibre
entre les recettes publiques et les dépenses publiques.
L'écart constaté est supporté par les banques secondaires
mais constitue une dette à rembourser, avec intérêt, par le
Trésor Public. Le remboursement se fait par un
prélèvement, en débit d'office, sur le compte courant du
Trésor, par les banques secondaires.
Figure 1.3 : Situation des soldes du compte du
Trésor au 31 Décembre 2013
Source : Construction : auteur, sur base
de données des soldes des comptes du Trésor
Globalement, pour l'année 2013, le solde du
compte courant du Trésor dans les banque secondaires totalise un
montant de neuf milliards trois cent six millions cent onze mille
quatre-vingt-un FCFA (9.306.111.081 FCFA) contre un
milliard neuf cent quatorze millions six cent soixante-dix-huit mille
cinq cent cinquante-cinq FCFA (1.914.678.555
FCFA) du solde de recette ; ceci
dégage un écart négatif de sept milliards trois cent
quatre vingt onze millions quatre cent trente-deux mille cinq cent vingt-six
mille FCFA (7.391.432.526 FCFA). Le poids du solde du compte
courant du Trésor est très important par rapport au solde du
compte recette ; il représente 83% du total des soldes du Trésor
contre
17% du solde de recettes.
Figure 1.4 : Part de chaque solde du compte du
Trésor dans les banques secondaires
Source : Construction : auteur, sur base de
données des soldes des comptes du Trésor
Bien que les paiements à découvert
génèrent des intérêts supportés par le
Trésor Public centrafricain, il faut noter que, ce dernier n'a pas de
choix car ils lui permettent, à l'immédiat, de faire face
à ses problèmes de règlement.
Conclusion
Deux catégories de facteurs à la fois
règlementaires, institutionnels et fonctionnels expliquent le retard de
la réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain.
Au titre des facteurs règlementaires et institutionnels
figurent d'abord, un cadre légal et règlementaire très
limité, ensuite un cadre institutionnel inefficient, et enfin, des
difficultés de règlement ou encore une insuffisance de
liquidité nécessaire pour assurer les paiements. Les facteurs
fonctionnels se caractérisent, quant à eux, d'une part, par
l'existence des dispositifs obsolètes dans le fonctionnement du
système actuel de paiement du Trésor, et par des
mécanismes non conventionnels de fonctionnement des comptes du
Trésor Public et une procédure très limitée de
traitement des opérations de paiement du Trésor.
La conjonction de tous ces facteurs tant institutionnels que
fonctionnels constitue des facteurs pouvant largement expliquer le retard de
la réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain.
CHAPITRE II : NECESSITE DE LA RÉFORME DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
Pour savoir pourquoi il est nécessaire de faire une
réforme du système actuel de paiement du Trésor Public
centrafricain, il faut mettre en exergue les différentes faiblesses du
système actuel. A cet effet, il convient d'abord d'analyser les
défaillances de l'organisation du système (section I), ensuite de
mettre en exergue les limites de son fonctionnement (section II).
SECTION I : DEFAILLANCES DU FONCTIONNEMENT DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR
Les défaillances du fonctionnement du système
de paiement du Trésor Public se caractérisent d'abord par un
coût très élevé des frais financiers
prélevés par le s banques secondaires ; par l'absence d'un
mécanisme de surveillance et de contrôle des opérations, et
enfin, par une gestion lente et non centralisée des opérations de
paiement.
1.1- Un système caractérisé
par un coût très élevé du traitement des
opérations
Le système actuel de paiement du Trésor Public
centrafricain dépend très largement du système bancaire et
plus précisément des activités des banques secondaires. En
effet, depuis le
1er février 2010, une convention de domiciliation du
paiement des impôts et taxes de l'État dans les banques
commerciales a été signée. L'objet de cette convention
était de sécuriser les recettes publiques ; par
conséquent, les banques secondaires sont chargées d'encaisser
tout paiement de taxes et de collecter toutes recettes publiques, en
espèce, par remise de chèque et par virement, versées
par les contribuables au profit du Trésor Public. Ce
mécanisme engendre ainsi des coûts qu'il convient ici de mettre
en évidence.
1.1.1- Des frais couteux pour l'entretien du
système
Au titre de rémunération, le Trésor
Public verse aux banques secondaires une part fixe de trois millions (3000 000)
FCFA net d'impôts mensuellement ; ceci signifie que, quel que soit le
montant des recettes collectées au cours d'un mois donné, une
banque doit toujours prélever sur le compte courant du Trésor, en
débit d'office, un montant de trois millions de FCFA.
Le tableau ci-dessous met en évidence le montant des
frais fixes prélevés par chaque banque en guise de
rémunération de leur participation dans le système de
paiement du Trésor Public centrafricain.
Tableau 1.4 : Estimation des frais fixes payés par
le Trésor aux banques secondaires
Banques Frais Fixe Mensuels Frais fixes
annuels
|
BSIC
|
3.000.000
|
36.000.000
|
BPMC
|
3. 000.000 36.000.000
|
ECOBANK
|
3. 000.000
|
36.000.000
|
CBCA
|
3 .000.000 36.000.000
|
Total
|
12 .000.000 144.000.000
|
Source : Auteur, sur les taux fixés
dans la convention de bancarisation
Il ressort du tableau ci-dessus que le Trésor perd
annuellement, en termes de frais fixes versés aux banques secondaires,
une somme de cent quarante-quatre millions de francs CFA
(144.000.000FCFA). Cette somme paraît très
élevée en comparaison aux services rendus.
1.1.2- Les frais financiers très
élevés
Les frais financiers sont composés des agios et des
frais d'extrait de compte. A côté de ces frais, les banques
perçoivent aussi les 0,5% d'une recette collectée à
hauteur d'un milliard de FCFA (1 000 000 000 FCFA). Au
dernier trimestre 2012, le prélèvement des frais financiers
par les banques secondaires sur le compte courant du Trésor Public
(agios, frais de relevés de compte, commissions, etc.) totalisait un
montant très considérable. Selon les données
collectées par le service de mouvement de fonds et de liquidité,
cela représente un montant global de cinq cent quatre-vingt-onze
millions de FCFA (591 000 000 FCFA). Ce montant peut
être réparti comme suit :
Tableau 1.5 : Frais financiers prélevés par
les banques secondaires pour le dernier trimestre 2012
Banques Millions de FCFA
|
BPMC
|
104
|
BSIC
CBCA
|
77
|
192
|
ECOBANK
|
218
|
Total 4e trimestre 2012
|
591
|
Source : Administration du Trésor
(Service de Mouvement de fonds)
Sur cette base trimestrielle, par extrapolation, la charge
annuelle de ces frais peut être estimée à 2 364
millions de FCFA.
L'estimation du total de ces frais pour le troisième
trimestre de l'année 2013 se chiffre
à neuf cent dix-huit millions six cent quarante mille
sept cent soixante-un FCFA (918.640.761
FCFA), soit une hausse de 55,4% par rapport
au dernier trimestre de l'année 2012. Aucune explication n'est fournie
pour justifier cette hausse. La figure qui suit permet de comparer ces frais
financiers pour le dernier trimestre de l'année 2012 et de
l'année 2013.
Figure 1.5 : Comparaison entre les frais financiers
prélevés sur le compte du Trésor
Source : Estimations faites sur les
données collectées au service de mouvement de
fonds
Au titre des deux premiers trimestres de l'année 2013,
l'ensemble des frais bancaires prélevés par les banques
secondaires sur le compte du Trésor Public a atteint un montant total
d'un milliard huit cent trente-sept millions deux cent quatre-vingt-un mille
cinq cent vingt deux (1.837.281.522 FCFA). Le détail de
ce montant peut être réparti comme suit :
Tableau 1.6 : Evolution des frais bancaires
2013
Banques 1er Trimestre 2ème Trimestre
3ème Trimestre
(estimations)
|
BEAC
ECOBANK BPMC CBCA
BSIC Total
|
312 .500 107 .289 .524 53.801. 012
|
843. 684 134. 124 .889 67.484 .286, 5
|
612 .004 .466 211 .299 381.607.882, 5
|
249 .089. 533 207 .393. 911 228.241.722
|
124 .300. 686 250 .711 .030 187.505.858
|
986 .550 .869 850 .730 .653 918.640.761
|
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds)
Globalement, pour l'année 2013, l'Etat a
dépensé un montant total de deux milliards sept cent
cinquante-cinq millions neuf cent vingt-deux mille deux cent
quatre-vingt-trois (2.755.922.283 FCFA) au titre des frais
bancaires prélevés par les banques secondaires. Une telle somme
n'aurait pas été dépensée si le Trésor
disposait d'un système de paiement autonome.
Figure 1.6 : Evolution des frais bancaires
prélevés sur le compte du Trésor
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds)
A côté de ces frais fixes, chaque virement de
salaire des agents de l'Etat par les banques secondaires sur le compte de ces
agents entraîne toujours des charges à supporter par le
Trésor Public. Pour les banques secondaires, cela représente les
frais de traitement des salaires.
1.1.3- Les frais de traitement de salaire trop
couteux
Le paiement des fonctionnaires et agents de l'Etat se fait par
virement bancaire à travers les banques secondaires. Ainsi,
à chaque occasion de paiement des salaires, ces banques
prélèvent sur le compte courant du Trésor, des frais de
traitement des salaires. A titre d'exemple, pour l'année 2011, l'Etat a
perdu un montant total de cinquante deux millions huit cent quatre-vingt-trois
mille cinq cent soixante-quatorze (52.883.574 FCFA)7
au titre des frais de traitement de salaire.
Figure 1.7 : Frais de traitement de salaire
20118
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds)
Le Trésor perd annuellement, au moins, un total de
cinquante deux millions huit cent quatre-vingt-trois mille cinq cent
soixante-quatorze (52.883.574 FCFA). Ce montant paraît
très exorbitant, eu égard aux difficultés de
liquidité à laquelle est confrontée le Trésor
Public.
1.2- Absence d'un mécanisme efficient de
surveillance et de contrôle des opérations
Le service des moyens de paiement du Trésor qui doit
jouer l'interface entre le Trésor, la BEAC et les banques secondaires
n'est pas toujours fonctionnel ; par conséquent, le Trésor
utilise des moyens limités et non efficaces pour
surveiller et contrôler ses opérations.
7 Administration du Trésor (service de
mouvements de fonds et de liquidité).
8 Les données sur l'année 2012 et
l'année 2013 ne sont pas encore disponibles.
1.2.1- L'inefficacité de la surveillance des
opérations de paiement du Trésor Public
Pour suivre les mouvements des opérations
effectuées pour le compte de l'Etat dans les banques secondaires, le
Trésor Public se sert d'un relevé bancaire. Il ne dispose d'aucun
autre moyen pour connaître le montant de ses recettes dans chaque banque
secondaire. De même, le relevé bancaire ne donne pas assez
d'informations sur la nature des recettes collectées par les
banques. Enfin, les banques secondaires ont l'obligation de reverser les
recettes de l'Etat sur le compte courant du Trésor à la BEAC
suivant le principe selon lequel la recette du jour J doit être
transférée à la BEAC au plus tard au jour J+1. Toutefois,
il convient de relever que la plupart des banques peuvent détenir les
ressources publiques dans leur établissement pendant plusieurs jours
avant de les transférer à la BEAC. Bien que les accords
signés entre le Trésor et les banques prévoient des
sanctions pour ce genre de pratique, il faut noter que le Trésor
Public centrafricain ne dispose d'aucun moyen contraignant pour exercer
ces sanctions.
1.2.2- Un manque de moyens efficaces de
contrôle des opérations
Le système de collecte des recettes publiques
par les banques secondaires est défaillant. En effet, selon le
service de mouvement de fonds du Trésor Public, plusieurs chèques
tirés par les contribuables pour la régularisation de taxes au
profit du Trésor Public restent parfois sans provisions. Après
réception du chèque émis par un contribuable, la plupart
des banques, sans vérifier l'approvisionnement du compte du
contribuable, tirent un bordereau de versement comme pièce
justificative devant permettre au contribuable de justifier au service de
recouvrement qu'il s'est déjà acquitté de ses taxes envers
l'Etat, alors que le compte de ce dernier est parfois sans provision. Le
relevé bancaire permet donc au Trésor Public de constater si son
compte a été ou pas crédité du montant de la taxe
devant être payée par le contribuable. Le service de
mouvement de fonds informe la direction de poursuite afin de
procéder au recouvrement forcé. Cette procédure va
prendre plusieurs semaines alors que l'Etat a besoin de ces liquidités
pour faire face aux dépenses Publiques.
Partant de cette défaillance, plusieurs contribuables
profitent de la situation et émettent des chèques sans
provisions. La banque leur tire le bordereau de versement, ce qui constitue un
manque à gagner pour le Trésor Public. A titre d'exemple, au
cours de l'année 2013, les chèques impayés totalisent un
montant de quarante sept millions sept cent vingt mille huit cent cinquante-six
FCFA (47.720.856 FCFA). Les banques auraient
dû vérifier d'abord la provision des comptes des contribuables
avant d'accepter leur chèque. Cette pratique conduit à suspecter
une complicité entre les banques et les contribuables (voir annexe pour
détail).
1.3- Gestion non centralisée des
opérations de paiement du Trésor Public
Le Trésor public centrafricain dispose, au total, de
soixante sept (67)9 comptes répartis entre la BEAC et les
banques secondaires. Selon les résultats d'un audit
réalisé sur « l'état des lieux de la situation de
trésorerie au 28 Février 2013 10», il
ressort que la plupart des comptes ouverts pour le Trésor Public dans
les banques secondaires échappent au contrôle du Trésor
Public, mais génèrent toujours des frais financiers pour leur
entretien.
1.3.1- Les comptes du Trésor Public ouverts
dans les banques secondaires
D'une manière synthétique, figurent ci-dessous
les divers comptes du Trésor Public centrafricain ouverts dans les
banques secondaires.
1.3.1.1- Comptes du Trésor ouverts à la
BPMC
Le Trésor dispose de quatre comptes ouverts à la
BPMC. Ceux-ci peuvent se présenter comme suit :
- compte « bois » n°37109000501-21 : il retrace
les recettes provenant des droits sur
l'exportation de bois ;
- compte « guichet unique »
n°37109000801-91. Ce compte retrace les recettes douanières
perçues à Douala pour le compte de l'Etat centrafricain ;
- compte « spécial recette »
n°37109000201-48. Ce compte est destiné à retracer en
crédit toutes les recettes fiscales et douanières versées
par les clients de cette banque. Il doit faire l'objet d'un nivellement au jour
J+1 au profit du compte courant du Trésor à la BEAC ;
- compte courant du Trésor Public
n°37109000101-57. Il est destiné à servir de pivot entre le
Trésor Public et la BPMC. En effet, les crédits des comptes
recettes « bois » et
« guichet unique » sont mensuellement nivelés
auprès de ce compte courant pour servir à la couverture des
salaires et pensions domiciliés dans cette banque.
1.3.1.2- Comptes du Trésor ouverts à la
BSIC
Le Trésor ne détient que de deux comptes
à la BSIC : il y a un compte spécial recette et un compte
courant.
- Compte spécial recette n°37140000000-34.
- Compte courant n°3714000010000-25.
L'usage de ces deux comptes est identique à ceux ouverts
à la BPMC.
9 Rapport de mission (Volume 1) 11 avril 2013.
État des lieux situation de trésorerie au 28 février 2013,
2ac - associes audit
& conseil
10 Rapport de mission (volume 1) Février 2013.
Cabinet 2AC- Associés Audit & Conseil. Page 27
1.3.1.3- Comptes ouverts à la CBCA
Quatre comptes du Trésor Public sont ouverts à
la CBCA. Le fonct ionnement de ces comptes est identique à celui de la
BPMC.
- Compte « spécial recettes »
n°37128102725-84
- Compte « Trésor Public bis »
n°37128102719-05
- Compte « Trésor, commission sur recettes fiscales
» n°46628102701-60
- Compte courant du Trésor Public
n°37128102704-50. Les crédits de ce compte proviennent
d'approvisionnement de la BEAC et les débits sont constitués
d'une part de frais financiers et d'agios et d'autre part des virements pour
salaires et pensions.
1.3.1.4- Comptes du Trésor ouverts à
l'ECOBANK
Le Trésor Public dispose de quatre comptes ouverts
à l'ECOBANK. Trois de ces comptes sont destinés aux
opérations de recettes prévues dans le cadre de la bancarisation,
et un compte courant sert de pivot pour les salaires et les pensions.
- Compte « Recettes BIVAC » n°0010132901635901
;
- Compte « guichet unique douane, intitulé redevances
portuaires » n°0010232901715301 ;
- Compte « Spécial recettes »
n°0010132906038901 ;
- Compte courant du Trésor n°0010132900680501. Ce
compte a la même fonction que les comptes courants du Trésor dans
les autres banques secondaires en Centrafrique.
1.3.2- Les comptes du Trésor Public ouverts
à la BEAC
Le compte sur lequel sont imputées les opérations
de débits et de crédits du Trésor Public à la BEAC
s'intitule « compte courant du Trésor Public
n°311101-3001». Outre ce compte, on dénombre au total quarante
quatre (44) comptes du Trésor ouverts à la BEAC (voir l'annexe
pour le détail sur la liste complète de tous ces comptes).
Malgré la diversité de ces comptes, il convient
de signaler l'existence de certains comptes parallèles et surtout non
spécifiés dans les livres de la Direction Générale
du Trésor et de la Comptabilité Publique. Cette situation ne
favorise pas une meilleure lisibilité de la trésorerie de
l'Etat.
SECTION II : DEFAILLANCES DE L'ORGANISATION DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
Ces défaillances se caractérisent d'abord par le
dysfonctionnement des services du Trésor Public en matière de
paiement, puis par une interrelation très limitée entre les
divers acteurs du système, et par la normalisation des procédures
dérogatoires aux principes budgétaires.
2.1- Dysfonctionnement des services du Trésor en
matière de paiement
Ces dysfonctionnements se caractérisent par un
problème d'organisation des divers services en charge de paiement, par
l'abus de confiance des banques secondaires et enfin, par le manque d'un
dispositif efficace pour sécuriser les informations de paiement.
2.1.1- Problème d'organisation des services
en charge du système de paiement
Au Trésor Public, seul le service de mouvement de
fonds et de liquidité suit les mouvements de fonds de l'Etat dans les
banques secondaires puis à la BEAC, afin de produire la situation de la
trésorerie. En effet, ce service gère la trésorerie de
l'Etat et produit tous les jours la situation de la trésorerie. De
même, il tient la caisse, et la comptabilité des valeurs
conservatrices et enfin, il effectue le règlement de l'ensemble des
dépenses programmées, de toutes natures assignées
payables à la caisse principale du Trésor Public.
Globalement, on peut noter un cumul de fonctions dans les
attributions de ce service, ce qui ralenti très
considérablement son efficacité. Pour un meilleur
fonctionnement du système de paiement, le service de mouvement de fonds
doit s'occuper plus précisément de la gestion de la
trésorerie de l'Etat tandis qu'un nouveau service, par exemple « un
service de règlements » pourrait être créé pour
effectuer les règlements de l'ensemble des dépenses de l'Etat.
2.1.2- Confiance abusive faite aux banques
secondaires
Par la bancarisation de recettes et de dépenses de
l'Etat, toutes les recettes de l'Etat sont collectées par les banques
secondaires avant d'être reversées sur le compte du Trésor
Public à la BEAC. La plupart des banques ne respectent pas le
délai de reversement défini dans les accords qui stipulent que
toutes recettes collectées au jour J doivent être reversées
à la BEAC au jour J+1. Outre ce non respect de délai de
reversement, il convient aussi de noter que les banques secondaires
prélèvent sur le compte du Trésor Public des frais
financiers qui n'ont pas fait l'objet de la convention de la bancarisation ;
c'est le cas notamment des « frais confondus
». Ces derniers ne précisent aucun détail sur
la nature des frais prélevés.
2.1.3- Manque d'un dispositif efficace pour
sécuriser les informations de paiement
Outre quelques titres payés en numéraire au
niveau du service de la caisse principale du Trésor Public
centrafricain, la plupart des opérations de paiement du Trésor
Public sont effectuées par les banques secondaires. En effet, selon
les données du service de mouvement de fonds et de liquidité du
Trésor Public, sur le total des paiements effectués par le
Trésor Public, l'usage des espèces ne représente que 14%
du total des paiements effectués contre
81% de virements bancaires et ordres de transfert et 5 % de
chèque du Trésor. Globalement, seules les données
relatives aux paiements à la caisse et les chèques du
Trésor sont restées confidentielles. Toutes les autres
données relatives au paiement de dépenses publiques sont
détenues par les banques secondaires. Le Trésor Public
centrafricain n'a donc aucune confidentialité sur ses données, ce
qui pourrait être compromettant pour une nation.
Figure 1.8 : Parts des opérations de paiements du
Trésor Public
Source : Administration du Trésor (Service de
la Caisse Principale)
De la figure ci-dessus, il ressort que le Trésor Public
centrafricain ne dispose, à l'heure actuelle, d'aucun dispositif pour
sécuriser les 81% d'informations relatives aux paiements
effectués par les banques secondaires. Seules les informations sur les
paiements en espèces (14%) et par les chèques du Trésor
(5%) restent encore confidentielles.
2.2- Interrelation limitée entre les divers
acteurs du système de paiement
Les divers acteurs du système de paiement du
Trésor Public centrafricain sont confrontés à un
réel problème d'interconnexion ; ce qui provoque d'une
part, un dysfonctionnement dans leur système d'échange de
données et d'autre part , une lenteur chronique dans le traitement
des opérations de paiement.
2.2.1- Problèmes d'interconnexion entre les
divers acteurs du système de paiement
Le problème d'interconnexion entre les divers acteurs
du système de paiement du Trésor Public centrafricain se
caractérise par le fait qu'il n'existe aucun réseau ni liaisons
informatiques ou électroniques entre, d'une part, les services du
Trésor et les banques secondaires et d'autre part, entre la BEAC et les
services du Trésor chargés du système de paiement. En
effet, tous les échanges se font toujours sur la base de supports
physiques.
Les informations relatives au solde du Trésor Public
à la BEAC ou dans les banques secondaires sont transmises au
Trésor Public par le biais de supports physiques donnés aux
agents du service de mouvement de fonds du Trésor Public. Ce
système de communication entre les acteurs, caractérisé
par des déplacements physiques des agents du Trésor, chaque
matin, pour recueillir des informations, n'est pas efficace. De plus, il ne
peut faciliter l'interconnexion entre les divers acteurs du
système, et il rend également inefficient le système
de transmission des données.
2.2.2- Un système caractérisé
par une longue durée de traitement des
opérations
Le traitement des opérations dans le système
actuel de paiement du Trésor Public est très lent. Cette lenteur
s'explique d'abord par l'absence d'interaction entre les divers acteurs du
système de paiement, puis par une très longue
procédure de paiement. En effet, un paiement peut prendre plusieurs
jours avant d'aboutir. Deux situations peuvent expliquer cette lenteur. D'une
part, le Trésor ne dispose pas de ses recettes à un même
endroit donné pour faire ses prévisions en terme de
dépenses ; d'autre part, quelque soit l'ordre de virement envoyé
par le Trésor, les banques secondaires peuvent différer le
paiement selon leur disponibilité.
Eu égard à cette situation, le paiement d'un
fournisseur de l'Etat tant à l'extérieur qu'à
l'intérieur du pays, au titre de facture de livraison ou de
règlement de créance publique par le Trésor Public, peut
pendre plusieurs jours avant d'aboutir.
2.3- Normalisation des procédures
dérogatoires aux principes budgétaires
Les défaillances de l'organisation du système de
paiement du Trésor Public centrafricain font que les procédures
dérogatoires deviennent des normes. D'une côté, le
principe de l'unicité de caisses n'est pas respecté ; de
l'autre côté, les paiements sans ordonnancement
préalable deviennent la norme.
2.3.1- Dérogation à la règle
de l'unicité de caisse
Selon la règle de l'unité de trésorerie,
tous les fonds de l'Etat et des organismes Publics autres que l'Etat sont
déposés au Trésor Public11. La règle de
l'unicité de caisse stipule, quant à elle, que toutes les
recettes de l'Etat doivent se trouver dans un même compte et à un
même endroit ; ceci, afin de permettre une meilleure lisibilité
des ressources de l'Etat et de faciliter une bonne gestion de la
trésorerie. Ces diverses règles tirées des principes
budgétaires n'ont pas été respectées par le
Trésor Public centrafricain. En effet, la totalité des
fonds de l'Etat centrafricain n'est pas déposée
au Trésor Public mais plutôt dans les banques secondaires. De
plus, ces fonds sont répartis dans plusieurs comptes. Cette situation
constitue une très grave violation à la règle de
l'unicité de caisse et de l'unité de trésorerie.
De même, l'organisation du système de
paiement du Trésor Public centrafricain conduit à une
violation du principe de non compensation de recettes aux dépenses. En
effet, le compte « Guichet Unique » qui collecte les
redevances portuaires ainsi que le compte
« Bois » qui collecte les recettes
d'exportation de bois, sont uniquement destinés à couvrir les
dépenses de salaires des agents de l'Etat et le paiement des pensions.
En principe, toutes les recettes doivent être centralisées sur un
seul compte unique à la BEAC avant de procéder au paiement de
dépenses publiques. Le fait de réserver préalablement
certaines recettes (les recettes du Guichet Unique et les recettes des
exportations de bois) pour le paiement des salaires et pensions montre qu'il y
a une violation du principe de non compensation et donc de la règle de
l'universalité budgétaire.
2.3.2- Recours abusifs au paiement sans
ordonnancement préalable
Les dépenses payées sans ordonnancement
préalable, encore appelées « dépenses à la
charge de trésorerie », ne doivent pas, selon les normes
établies, dépasser un montant total de
4,5 milliards de FCFA par an. Mais le dysfonctionnement du
système actuel de paiement , associé aux défaillances
constatées dans la chaîne de paiement, font normaliser le paiement
de ces dépenses. A titre d'exemple, au mois de janvier 2013, le montant
total des ordres de paiement émis par les autorités
budgétaires, payés à la charge de la trésorerie, a
atteint un
montant de 8,4 milliards de FCFA12 ; la
répartition est contenue dans le tableau ci-dessous :
11 Article 66 du décret portant
Règlement Général sur la Comptabilité Publique
Juillet 2009. Page 17.
12 Recourt massif à la
procédure d'OP, 2AC page 15.
Tableau 1.7 : Répartition des Ordres de paiement
caisse
Types de dépenses Montant (en FCFA)
Dépenses obligatoires 5.754 .497.737
Dépenses prioritaires 13 .050 .000
Autres dépenses 1 216. 409.670
Arriérés intérieurs 751.527 .787
Arriérés extérieurs 669.941.506
Total 8 .405 .426. 700
Source : Administration du Trésor
(Service de la caisse principale)
Du tableau ci-dessus, il ressort que le montant très
élevé des Ordres de Paiement émis au-delà du seuil
fixé peut être expliqué par la défaillance du
système de paiement du Trésor.
CONCLUSION
Au regard des limites constatées dans le fonctionnement
et l'organisation du système de paiement du Trésor Public
centrafricain, il y a donc nécessité de mettre en oeuvre un
nouveau système de paiement. Plusieurs défaillances sont
observées tant dans l'organisation que dans le fonctionnement du
système actuel.
Le fonctionnement du système actuel de paiement du
Trésor Public est, d'abord, caractérisé par des
coûts très élevés de traitement des
opérations ; par l'absence d'un mécanisme efficient de
contrôle et de surveillance des opérations de paiement ; et enfin
par une gestion non centralisée des opérations de paiement du
Trésor Public.
L'organisation du système est
caractérisée, quant à elle, par un dysfonctionnement des
services du Trésor Public en matière de paiements, une
interrelation limitée entre les divers acteurs du système de
paiement du Trésor Public et une normalisation des procédures
dérogatoires aux principes budgétaires.
L'agrégation de toutes ces défaillances montre
qu'il est aujourd'hui nécessaire de réformer le système
actuel de paiement du Trésor Public centrafricain.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le diagnostic du système actuel de paiement du
Trésor Public centrafricain fait ressortir, d'une part, les facteurs qui
retardent la réforme du système de paiement, et d'autre part, il
met en exergue la nécessité pour le Trésor Public
centrafricain de réformer son système de paiement.
Les principaux facteurs retardant la réforme du
système actuel de paiement du Tréso r Public centrafricain sont
catégorisés en deux groupes. Les premiers regroupent les facteurs
règlementaires, institutionnels et financiers ; tandis que les seconds
regroupent l'ensemble des dispositifs obsolètes constatés dans le
fonctionnement du système.
C'est au regard des diverses défaillances
constatées tant au niveau de l'organisation que dans le fonctionnement
du système actuel de paiement du Trésor Public centrafricain que
la nécessité de réformer tout le système devient
perceptible.
Le système actuel est caractérisé par des
coûts très élevés de traitement des
opérations, des frais financiers très élevés
supportés par le Trésor Public et une gestion non
centralisée des opérations de paiement.
Au regard de ces diverses défaillances, il est donc
très nécessaire et urgent de réformer le système
actuel de paiement du Trésor Public centrafricain suivant les
directives de la CEMAC. Cette réforme sera opérationnelle lorsque
certains préalables seront requis.
DEUXIEME PARTIE :
Réforme du système de paiement du
Trésor Public centrafricain :
préalables et opportunités
Cette partie de l'étude présente la nouvelle
réforme du système de paiement à mettre en oeuvre au
Trésor Public centrafricain. Pour ce faire, il convient de
définir les cond itions nécessaires pouvant favoriser la
réussite de la mise en oeuvre de ces réformes afin de
dégager les opportunités qui y sont liées. Ainsi, ce
travail met d'abord en évidence les préalables pour la
réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain (Chapitre I) ; puis, il dégage les opportunités
liées à ces réformes tout en proposant un panel de
perspectives devant conduire à l'aboutissement des dites réformes
(Chapitre II).
CHAPITRE I : LES PRÉALABLES POUR LA
RÉFORME DU SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
La réforme du système de paiement est un projet
initié par la Banque Mondiale et piloté par la BEAC. Elle a pour
objet de renforcer la sécurité des systèmes de paiement
des Trésors Publics et des banques secondaires en zone CEMAC en vue de
les rendre efficient. Ce chapitre présente d'abord l'architecture de
cette réforme (section I) ; et met en évidence les
pré-requis nécessaires pour sa réussite (section II).
SECTION I : ARCHITECTURE DE LA RÉFORME DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
L'architecture de cette réforme est basée sur
trois systèmes à savoir : le Système de
Télé-compensation en Afrique Centrale (SYSTAC), le Système
de Gros Montant Automatisé (SYGMA) et le Central des Incidents de
Paiement (CIP). La mise en oeuvre du dernier système n'étant
pas encore à l'ordre du jour, la présentation sera
concentrée uniquement sur le SYSTAC et le SYGMA.
1.1- Le Système de
télé-compensation en Afrique Centrale (SYSTAC)
Le SYSTAC est un Système Net de Paiement en Masse
(SNPM) par pays pour la télé- compensation des chèques,
virements et prélèvements. Il est conçu pour traiter les
opérations en débit et en crédit de volume important qui
ne présentent pas un caractère urgent et dont le montant
unitaire doit être inférieur à 100 millions de FCFA. Les
valeurs traitées par ce système sont : les chèques, les
virements, les prélèvements et les opérations de
cartes.
1.1.1- Objectifs du Système de
Télé-compensation en Afrique Centrale
Plusieurs objectifs sont assignés au Système de
Télé-compensation en Afrique Centrale, les plus importants sont
:
- traiter rapidement les opérations en conformité
avec les normes internationales ;
- réduire les risques liés aux opérations de
paiements ;
- faciliter la gestion monétaire et le fonctionnement du
marché financier ;
- faire des échanges au niveau national et
Sous-régional.
Outre ces objectifs, le SYSTAC a été aussi
dédié pour la compensation des flux financier s au niveau
Sous-régional.
1.1.2- Organisation et fonctionnement du
SYSTAC
1.1.2.1- Organisation du SYSTAC
Le SYSTAC dispose d'une plateforme qui a deux composantes : les
Agences et le
Siège. La plateforme du système est
installée au siège. Les opérations sont
dénouées au
niveau du centre de compensation via le siège. Le
SYSTAC calcule, à la fin de chaque cycle de compensation, les soldes
multilatéraux de chaque participant qui seront envoyés pour
règlement au SYGMA. La BEAC doit être la tutelle et
l'administration du système. Outre le Trésor, certains organismes
financiers, des sociétés de micro-finance agréées
par la COBAC13 ainsi que les établissements de crédit
peuvent également participer à ce système.
1.1.2.2- Le fonctionnement du SYSTAC
Il convient d'exposer comment sont traitées les
opérations dans le SYSTAC. En effet, ce dernier traite à
la fois des opérations de recettes et des opérations de
dépenses. Ces opérations sont transmises au Centre National de
Compensation (CCN) de façon numérique.
1.1.2.2.1- Traitement des opérations de
recettes par le SYSTAC
Les opérations de recettes, traitées par le
SYSTAC, concernent les chèques et les virements d'une part, les
prélèvements et les lettres de changes d'autre part. Ce travail
met uniquement en exergue les traitements des chèques et virements.
1.1.2.2.1.1- Le traitement des
chèques
Les chèques, comme les autres opérations de
recettes à traiter, ont subi d'abord un traitement à l'agence
puis avant d'être transférés au siège.
1.1.2.2.1.1.1- Traitement des opérations
à l'agence
A l'agence, deux types d'opérations sont effectuées
à savoir : la scannérisation et
l'archivage.
Ø La scannérisation
La scannérisation a pour objet de scanner,
grâce à l'application « Barberousse Capture14
», les chèques (certifiés) préalablement
endossés. De ce fait, la journée de capture ainsi que la date de
compensation doivent être saisies tout en tenant compte des informations
individuelles concernant chaque chèque, notamment le montant et la date
de leur émission. Après la saisie, l'opérateur SYSTAC
procède à la génération des chèques
scannés grâce à l'application «
scannérisation-chèques-générer-fichier de
données ». Après avoir imprimé tous les
états nécessaires à la comptabilisation des valeurs
scannées, l'opérateur SYSTAC
clôture la journée de capture.
13 Commission Bancaire en Afrique Centrale
14 Application incorporée dans le SYSTAC qui
permet de scanner les chèques reçus.
Après avoir achevé les traitements,
l'opérateur SYSTAC se connecte dans l'application «
Barberousse Présentation » et initialise la journée de
compensation tout en chargeant les lots reçus. La date de session doit
toujours être supérieure à celle de clôture de
session et ne doit pas correspondre à un jour férié ou non
ouvrable. Lorsque la date de session est validée, le
référentiel existant est consommé.
Ø L'archivage des chèques
Après l'édition des états des
chèques, l'exploitant de SYSTAC clôture la journée de
compensation et transmet les vignettes scannées au responsable en charge
de leur archivage. Celui-ci s'assure de leur existence physique en les
confrontant à l'état des remises générées et
les conserve à son niveau jusqu'à la fin de la journée
suivante (j+1).
Au jour j+1, tous les chèques ayant été
rejetés par les banques sont restitués aux clients,
accompagnés d'un fichier indiquant le motif du rejet en vue de la
régularisation. Quant à ceux n'ayant pas fait l'objet de rejet,
ils sont marqués du sceau « compensé », classés
par banque tirée, accompagnés de l'état des « remises
chèques » dans une enveloppe sur laquelle est inscrite la date de
capture. Les enveloppes sont conservées dans un coffre-fort.
L'agent en charge de l'archivage tient un registre de
suivi des chèques archivés retraçant la journée
de capture, le nombre de chèques scannés, le nombre de
chèques rejetés, le nom de l'exploitant qui a
procédé à la scannérisation et la date
d'archivage.
1.1.2.2.1.1.2- Au siège
Plusieurs types d'opérations sont effectués au
siège à savoir : les contrôles à effectuer,
l'archivage des fichiers et la consultation des détails
des chèques.
Ø Les contrôles à
effectuer
Les fichiers collectés au niveau du siège sont
transférés au poste HANNIBAL-ADT. Ce dernier est
composé de trois applications : Hannibal-ADT-Contrôle,
Hannibal-ADT Générateur et Hannibal - ADT Admin. La
première application est celle qui reçoit les fichiers provenant
des agences ou du Centre de Compensation National, et procède aux
contrôles suivant :
- contrôle des images, c'est l'authentification ;
- contrôle des fichiers, caractérisé par le
contrôle syntaxique, logique et réglementaire ;
- contrôle des doublons.
Après le contrôle des fichiers, ces derniers
peuvent se réconcilier, auquel cas, les valeurs seront prêtes
à être générées. Dans le cas contraire,
l'utilisateur devra intervenir pour
corriger l'anomalie. Si la correction est
effectuée avec succès, il y aura reprise de
réconciliation et génération ; dans le cas
contraire, les valeurs non réconciliées seront purement
rejetées.
La deuxième application génère les fichiers,
puis contrôle avec succès en trois temps :
8 h 15 mn, 9h 45 mn et 11 h 15 mn.
La troisième application permet à l'utilisateur
de consulter et d'éditer les valeurs qui sont en file d'attente. Les
remises générées sont automatiquement
transférées au poste Adhérent où elles sont
contrôlées puis déposées en compensation.
Après la fin de la compensation au Centre de
Compensation National (CCN), l'opérateur SYSTAC procède à
la confrontation sur le poste Hannibal ADT, pour se rassurer que toutes les
remises qu'il a envoyé au CCN y ont été compensées
et que celles initiées par le CCN et les autres participants lui sont
entièrement parvenues, auquel cas, il est fondé à
éditer les « listes d'enregistrement générées
» pour la confection de sa comptabilité. Au cas contraire, il
devra faire recours à l'informaticien ou à la BEAC, car la
survenance d'un incident peut, au niveau du CCN, être à l'origine
de l'échec de la confrontation, tout comme la rupture d'une fibre
optique entre le CCN (poste Adhérent) et le siège (Poste Hannibal
ADT).
Ø L'archivage des fichiers
Lorsque la confrontation est effectuée avec succès,
l'utilisateur peut lancer l'archivage
de sa journée de compensation dans une application
dénommée Hannibal-Archivage.
Ø La consultation des détails des
chèques
L'utilisateur peut consulter et éditer les
détails des chèques qu'il a envoyés en compensation et
ceux qu'il a reçus comme rejet.
1.1.2.2.1.2- Le traitement des virements
Le traitement des virements se fait aussi au siège et
dans les agences.
1.1.2.2.1.2.1- Au siège
Le siège réceptionne les fichiers de virement
provenant du Centre National de Compensation et des Banques, puis les
transfère vers les Agences. Ces virements peuvent être : soit des
paiements d'impôts et de taxes douanières ou des dividendes dues
par les entreprises dans lesquelles l'Etat détient une part des actions
; soit des rejets de dépenses initiées par les agences et
envoyées en compensation. Les écritures comptables seront donc
passées en fonction de la nature du virement.
1.1.2.2.1.2.2- En agence
Dans les agences, les fichiers des virements sont
réceptionnés à partir de l'application
Barberousse-Présentation dans le menu « Chargement des lots
reçus ». Après réception, les écritures
comptables correspondantes sont passées.
1.1.2.2.2- Traitement des opérations de
dépenses par le SYSTAC
En dépense, seules les opérations de virement
seront mises en exergue.
1.1.2.2.2.1- En agence
Dans les agences, trois types d'opérations sont
effectués à savoir : la génération, le
traitement des annulations ainsi que l'édit ion des
états.
Ø Génération
Les dépenses sont traitées dans le
système d'information interne avant d'être
transférées dans le SYSTAC. En effet, après
l'engagement et l'ordonnancement de dépenses par les ministères
dépensiers, les bons d'engagements y afférents sont transmis
à la Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique pour validation accompagnés des avis de
crédits édités par la Direction Générale du
Budget. Une fois dans le circuit du Trésor, la liasse de la
dépense est contrôlée et validée ou rejetée
au niveau du service de la dépense et oppositions, selon qu'il y a
irrégularité ou pas ; puis, elle est prise en charge au niveau du
service de la comptabilité dans les menus et fenêtres
prévus à cet effet. Les données saisies, à savoir,
le nom du bénéficiaire, le montant, la banque et le motif du
paiement sont ensuite transférées, en fonction du montant, dans
le SYSTAC ou le SYGMA.
Concernant les paiements orientés dans le
SYSTAC, ils sont traités dans l'application
Barberousse-Présentation, Chargement des fichiers sans images.
L'opérateur sélectionne toutes les dépenses, puis les
génère à l'aide de l'application «
génération des valeurs à images à
générer ».
Ø Traitement des annulations
Lorsque le poste comptable reçoit un paiement qui ne
lui est pas destiné, il doit procéder à son rejet dans
le SYSTAC dans les 24 heures. A cet effet, l'opérateur
utilise l'application « rejets valeurs à traiter ». Concernant
le Trésor Public, la réglementation fait de l'Agent Comptable
Central du Trésor le comptable assignataire des rétrocessions
pour double emplois ou trop perçu.
Ø L'édition des
états
Les états relatifs aux opérations traitées
sont imprimés dans la fenêtre « état ».
1.1.2.2.2.2- Au siège
Les fichiers collectés au niveau du poste «
auto-collecte » du siège sont transférés au poste
Hannibal-ADT pour vérifier si les codes utilisés sont corrects,
si les signatures sont authentiques, et s'il n'y a pas double emploi. Au
terme du contrôle, en cas d'anomalie, certaines valeurs seront
rejetées pour motif « valeurs non réconciliées
», « valeurs en attente ou valeurs déjà
générées ». Si aucune anomalie n'a été
décelée, les valeurs sont générées, puis
transmises au poste Adhérent pour dépôt en
compensation. La suite du traitement est semblable à celle des
chèques.
1.2- Le Système de Gros Montant
Automatisé (SYGMA)
Le Système de Gros Montant Automatisé (SYGMA)
est un Système de Règlement Brut en Temps Réel (RBTR). Il
permet de régler instantanément, irrévocablement et en
toute sécurité des opérations de montants
supérieurs ou égaux à 100 millions de FCFA et des montants
inférieurs à 100 millions en cas d'urgence sur une base
unitaire.
1.2.1- Objectifs du système
Le SYGMA est conçu pour traiter les opérations
dont le montant unitaire est supérieur ou égal à 100
millions de FCFA, les opérations de retrait et de dépôt en
espèces ; les transferts hors CEMAC ; les opérations urgentes
quel que soit le montant et les opérations de bourse. Ses principaux
objectifs sont :
- la réduction des délais et des coûts des
échanges interbancaires ;
- le respect du délai maximum de règlement sur le
compte de la clientèle ;
- la réalisation de la compensation multilatérale
;
- la facilitation de l'échange d'instruments
dématérialisés.
Dans le SYGMA, les paiements sont irrévocables et
sont exécutés, un par un, en temps réel lorsque la
provision est suffisante.
1.2.2- Organisation et fonctionnement du
SYGMA
1.2.2.1- Organisation du SYGMA
Le SYGMA est installé au Siège de la BEAC à
Yaoundé. Il a une structure centralisée car il dessert l'ensemble
des participants des six pays de la CEMAC à partir de ce site. Une
plateforme de service bureau est mise à la disposition des
participants directs dans les directions nationales en cas de
dysfonctionnement de leurs plateformes. La plateforme SYGMA
installée au siège du participant comporte un poste
opérateur et un poste contrôleur. Sont éligibles au SYGMA
:
ü les Etablissements de Crédit ;
ü la Banque Centrale ;
ü les Etablissements de Micro Finance, agréés
par la COBAC ;
ü les Trésors Publics de la Sous-région ;
ü les Services Financiers des Postes ;
ü d'autres Institutions Financières.
Le SYGMA est régi par le règlement
n°002/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars 2003 et les dispositions prises pour son
application dont le règlement général et les conventions
relatives au système.
1.2.2.2- Fonctionnement du SYGMA
Le fonctionnement du SYGMA repose sur : des postes
opérateurs ou postes de saisie, un poste contrôleur actif et un
Web monitor et enfin des postes contrôleurs passifs.
1.2.2.2.1- Le Poste Opérateur ou poste de
saisie
A l'aide d'une clé numérique appelée
« e-Token » que l'on introduit dans un port USB de l'unité
centrale du poste, on se connecte en tapant le nom de l'utilisateur et le mot
de passe. On peut saisir :
· les opérations supérieures ou
égales à 100 millions ;
· les opérations d'urgence quel que soit le
montant ;
· les opérations de trésorerie (mise
à disposition, mouvement de fonds internes) ;
· la rétrocession de fonds ;
· les opérations de bourse ;
· les transactions internationales.
Chaque opération est unique et est envoyée au poste
contrôleur pour la validation.
1.2.2.2.2- Le Poste Contrôleur actif et le Web
monitor
1.2.2.2.2.1- Le poste contrôleur actif
Contrairement aux postes opérateurs qui peuvent
être multiples, chaque participant direct ne peut avoir qu'un seul poste
contrôleur. La connexion se fait de la même manière qu'au
poste opérateur. Le responsable de ce poste valide les opérations
une à une après avoir effectué certaines
vérifications (la référence de l'opération, le
bénéficiaire, son compte, la banque, la date de valeur,
l'utilisation des caractères spéciaux, le montant et surtout si
le solde du compte permet de faire passer cette opération). S'il
constate une anomalie parmi ces éléments, l'opération est
retournée à l'opérateur en précisant le motif pour
correction. Tout
comme l'opérateur ne peut valider, le contrôleur
actif ne peut aussi modifier un élément que ce dernier a
saisi.
1.2.2.2.2.2- Le Web monitor
Seul le poste contrôleur actif dispose de cette
fonctionnalité qui n'a pas besoin de la clé
« e-Token » pour s'ouvrir : c'est la fenêtre de
renseignement. Elle renseigne sur les heures d'ouverture, les heures de
clôture des échanges ainsi que sur la liste des participants.
Elle donne également des renseignements sur le solde
global du compte, le solde disponible, le montant des mises à
disposition non encore retirées par les postes destinataires. Le cumul
des opérations au débit, leur nombre, le cumul des
opérations au crédit ainsi que leur nombre. Toutes ces
informations sont disponibles durant toute la période des
échanges d'une journée.
Enfin, elle établit le rapport des transactions qui
renseigne sur le solde d'ouverture du compte, la liste des transactions de la
journée, leurs montants et le type de transactions et elle donne le
solde de clôture. Le solde de compensation apparaît seulement sur
cette liste de transactions (SYSTAC). Lorsque ce solde est
débiteur, le solde du compte courant diminue et celui-ci augmente
lorsque le solde de compensation est créditeur.
1.2.2.2.2.3- Les postes passifs
Ils renseignent sur les virements reçus et
effectués, les prélèvements dont le compte a fait l'objet.
Ils n'ont aucune influence sur le fonctionnement du compte.
Le SYGMA est ouvert tous les jours de la semaine, à
l'exception du samedi, du dimanche, du 1er janvier, du 1er
mai et du 25 décembre, selon les horaires définis par la
BEAC.
1.3- Rôle de la BEAC dans la Gestion des nouveaux
systèmes de paiement
La BEAC assure la gestion du SYGMA et fournit une assistance
technique aux divers participants au système.
1.3.1- Gestion et contrôle du
système
La BEAC gère le système en contrôlant
toutes les opérations passées par chaque participant au
système. Toutes les opérations des participants doivent
forcément transiter par elle pour la validation. De même, la
BEAC gère et contrôle le fonctionnement de ces
nouveaux systèmes conformément à l'article 8
alinéa 3 de ses statuts, dans le respect de l'ensemble des dispositions
applicables. A cet effet, elle assure notamment :
- l'exploitation technique ;
- l'organisation de la journée d'échange ;
- la prise de toutes mesures préventives et correctives
qu'elle juge nécessaires ;
- la surveillance des risques de blocage systémique,
le déclenchement éventuel des procédures de secours et
l'adaptation continue du système aux nouveaux besoins de la
Communauté ;
- l'application des sanctions.
L'infrastructure du SYGMA et du SYSTAC appartient à la
BEAC. Cette dernière maintient en état de fonctionnement
régulier l'infrastructure technique du système de paiement
à condition que le Trésor Public respecte, à tout
moment, toutes les règles de fonctionnement établies à cet
effet.
1.3.2- Assistance technique à chaque
participant au système de paiement
A titre de rappel, les participants au système de
paiement sont : les Trésors Publics, les banques secondaires et les
établissements financiers. La BEAC apporte à chaque
participant une assistance technique ; ceci consiste à assurer une
formation aux agents des participants et venir en aide aux participants en
difficultés techniques. En outre, elle fait d'une part, le choix d'une
architecture réseau indispensable pour le fonctionnement du
système aux participants ; et d'autre part, elle leur propose une
meilleure définition du paramétrage réseau
nécessaire au bon fonctionnement du système.
La BEAC a donc imposé à chaque participant de
mettre en place les équipements nécessaires aux échanges
de données entre d'une part, son siège et le centre de
compensation national et d'autre part, entre son siège et ses
différentes agences. En outre, la BEAC est tenue de veiller au bon
fonctionnement du système, notamment la fluidité des
échanges et la sécurité du système. A cet effet,
elle doit s'assurer que les différents participants respectent, à
tout moment, toutes les règles de fonctionnement du système. De
même, la BEAC assure le rôle de chambre de compensation de SYSTAC
conformément à l'article 259 alinéa 3 du Règlement
n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars 2003 relatif aux systèmes, moyens
et incidents de paiement et à l'article 9 de ses statuts.
SECTION II : PRE REQUIS POUR LA RÉFORME DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
Pour réussir la réforme du système de
paiement du Trésor Public centrafricain, un certains nombres de
pré requis doivent être réunis à savoir : la
création d'un compte unique du Trésor Public,
l'amélioration du système d'information du Trésor Public
et la restructuration des divers services du Trésor.
2.1- Fondamentaux pour la réforme du
système de paiement du Trésor Public
Plusieurs conditions ont été préalablement
définies pour la mise en oeuvre des nouvelles
réformes au Trésor Public. Parmi ces conditions, il
y a :
- la signature, avec la BEAC, d'une convention d'adhésion
et de deux conventions
associées respectivement au compte de règlement et
à la pension livrée ;
- l'acquittement des droits d'accès fixés par la
BEAC ;
- l'homologation technique par la BEAC des installations du
Participant, nécessaires à la connexion à SYGMA.
De même, la participation au SYGMA et au SYSTAC se fait
à trois niveaux, notamment la participation directe, la participation
indirecte et la sous-participation.
- Le participant direct doit posséder un compte de
règlement ouvert à la BEAC et une plateforme technique. A ce
titre, il assure la responsabilité technique et financière de
l'ensemble de ses propres opérations et celle des établissements
qu'il représente.
- Le participant indirect ne dispose pas d'une plateforme
technique mais détient un compte de règlement à la
BEAC. Il utilise les infrastructures techniques d'un participant direct.
Il a la pleine responsabilité financière de ses opérations
et de leur règlement.
- Le sous-participant est le « client » d'un
participant direct ou indirect. Il n'a ni un compte de règlement, ni une
plateforme technique. Ses opérations sont effectuées dans le
système via le participant direct.
Bien que le Trésor Public centrafricain ait
signé l'accord de participation direct au SYGMA et au SYSTAC comme l'ont
fait tous les autres Trésors Publics de la Sous-région, il reste
encore sous-participant car il ne dispose pas d'une plateforme lui appartenant,
il n'a pas encore un compte de règlement à la BEAC et il continue
encore à utiliser les infrastructures techniques de la BEAC pour
effectuer ses transactions.
2.2- Disposer d'un interlocuteur unique entre
Trésor Public et banques secondaires
La BEAC doit être le seul interlocuteur entre le
Trésor Public et les banques secondaires. Pour ce faire, le
Trésor Public doit préalablement clôturer ses divers
comptes auprès des banques secondaires et disposer d'un seul compte
unique auprès de la BEAC.
2.2.1- Clôture des divers comptes du
Trésor Public dans les banques secondaires
Sur le plan technique, la mise en oeuvre des nouveaux
instruments de paiement par le Trésor Public centrafricain doit se
traduire, par la clôture de ses divers et multiples comptes bancaires
ouverts dans les banques secondaires, et par la clôture de certains de
ses comptes ouverts à la BEAC. En effet, le Trésor Public
centrafricain dispose d'au moins 67 comptes ouverts respectivement dans les
banques secondaires de la place et à la BEAC. Tous les soldes de ces
divers comptes doivent être déversés sur le Compte Unique
du Trésor Public à la BEAC. La clôture de ces comptes
permettra au Trésor Public d'avoir une meilleure
lisibilité de sa gestion de la Trésorerie.
2.2.2- Création d'un compte unique du
Trésor Public auprès de la BEAC
Le Compte unique du Trésor Public peut
être appréhendé comme une structure unifiée des
comptes bancaires de l'Etat, qui donne une vue d'ensemble de ses
liquidités en temps réel à des fins de gestion. Il est
fondé sur le principe de l'unité de trésorerie. Il se
compose d'un compte bancaire et d'une série de comptes liés
(sous-comptes) à partir desquels l'Etat effectue la totalité de
ses encaissements et de ses décaissements. Le Compte Unique du
Trésor Public revêt trois caractéristiques principales,
à savoir :
- l'unification de tous les comptes de l'Etat pour permettre de
suivre les mouvements de
fonds à destination et en provenance de ces comptes ;
- le contrôle par les services du Trésor
Public des comptes bancaires des autres organismes administratifs ;
- la consolidation complète de toutes les
liquidités de l'Etat englobant toutes les
ressources aussi bien d'origine budgétaire qu'extra
budgétaire.
2.2.2.1- Proposition d'un cadre juridique du Compte
Unique du Trésor Public (CUT)
Le CUT doit être assis sur le principe de l'unité
budgétaire portant régime financier de l'Etat stipulant que
« le circuit du Trésor Public est déterminé par le
principe d'unicité de caisse matérialisé par la
centralisation des opérations d'encaissements et de décaissements
effectuées par les comptables publics dans un compte unique à la
banque centrale ».
2.2.2.2- Présentation fonctionnelle du Compte
Unique du Trésor Public (CUT)
Le CUT doit faire intervenir plusieurs acteurs et doit
être basé sur un dispositif technique important. A cet effet,
on peut noter que :
- c'est la Direction Général du Trésor
et de la Comptabilité Publique (DGTCP), appelée encore «
Siège », qui devrait gérer le compte unique du Trésor
ouvert à la BEAC. A ce titre, elle devrait être la seule
interlocutrice du réseau Trésor avec le Centre National de
Compensation (CNC) ;
- les sous-comptes (Comptes d'opérations) doivent
être ouverts au profit des « Agences » (Trésoreries
provinciales) qui seront interconnectées au siège à
travers les plateformes SYSTAC et SYGMA ;
- les échanges entre le siège et les agences
sont effectués en temps réel à travers les fichiers
électroniques respectivement sur les opérations de recettes et
les opérations de dépenses ;
- en fin de journée, SYSTAC doit dégager un
solde net global (recettes-dépenses) qui sera automatiquement
déversé dans SYGMA ;
2.2.2.3- Avantages du Compte Unique du Trésor
Public
L'ouverture d'un Compte Unique du Trésor Public
présente plusieurs avantages dont les plus importants peuvent être
énumérés comme suit :
2.2.2.3.1- Un système fondé sur le respect
strict des horaires et des délais
Le fonctionnement du CUT impose une rigueur dans le suivi
quotidien du système en agence, au siège et au Centre de
Compensation National. Les agences sont composées des postes comptables
centralisateurs et spécialisés autre que la DGTCP
(Trésorerie Provinciale). La journée SYSTAC correspond à
la tranche horaire comprise entre 14h de la journée d'avant (jour J-1)
et à 10h de la journée en cours (Jour J). Le Siège est
représenté par la DGTCP. Il assure la liaison entre les agences
et le centre national de compensation logé à la BEAC. De ce fait,
les effets traités doivent être envoyés à la BEAC
entre 08h et 11h30 au jour J.
Le Centre de Compensation National est le lieu où se
dénoue toutes les opérations des participants à la BEAC
(Compensation et retour de Compensation). Le retour SYSTAC s'effectue
à 14 h Jour J tandis que le retour SYGMA s'effectue à 17 h Jour
J.
2.2.2.3.2- Autres avantages du Compte Unique du
Trésor (CUT)
La mise en place d'un Compte Unique du Trésor devra
permettre :
· la réduction des délais d'encaissement
et de centralisation des recettes. Le Trésor, les banques ainsi que la
BEAC étant interconnectés au système, les échanges
devront être dématérialisés ;
· d'assurer un paiement rapide des dépenses
publiques (délai moyen de 60 jours après la date de liquidation)
;
· de disposer, à la fin de chaque journée, du
solde des avoirs liquides de l'Etat auprès de la
BEAC, indispensable pour des prévisions pertinentes des
dépenses à court terme ;
· de mettre en place une politique plus efficace de
gestion de la trésorerie de l'Etat à travers l'utilisation
d'instruments modernes de gestion de la trésorerie ;
· de diminuer considérablement la trésorerie
oisive logée dans les banques commerciales ;
· d'améliorer le contrôle
opérationnel de l'exécution du budget de l'Etat : sur la base de
la totalité des avoirs liquides, les programmations des dépenses
pourront être faites de façon efficace, transparente et fiable
;
· de réduire les commissions bancaires sur la
multitude des comptes jadis ouverts dans les banques commerciales.
2.3- Création des conditions favorisant la
réforme du système de paiement
Pour favoriser la réforme du système de paiement
du Trésor, les divers services de la Direction de la Trésorerie
doivent être restructurés, et le système d'information du
Trésor Public doit être amélioré.
2.3.1- Restructuration du fonctionnement des services
de la trésorerie
Dans le système actuel, la gestion du système de
paiement a été confiée à la direction de la
trésorerie. Cette dernière comporte quatre services, à
savoir :
- le service de la caisse principale ;
- le service de dépôt et consignation ;
- le service de mouvement des fonds ;
- le service des moyens de paiement.
De tous ces services, seul le service des moyens de paiement
devra s'occuper de l'usage et de la gestion du SYGMA et du SYSTAC. Les autres
services fonctionnent indépendamment. Ainsi, la mise en oeuvre des
nouveaux systèmes de paiement nécessite une réforme du
fonctionnement de la Direction de la Trésorerie qui doit coordonner le
système. En effet, pour un meilleur fonctionnement des nouveaux
systèmes de paiement, les différents services de la Direction de
la Trésorerie doivent être restructurés. Cette direction
doit créer
encore de nouveaux services ayant des activités
interdépendantes dont la composition pourrait être
structurée comme suit :
- un service des règlements ;
- un service de la prévision ;
- un service de la trésorerie et de guichet et ;
- un service de la comptabilité.
Cette structure pourrait non seulement favoriser le bon
fonctionnement du SYGMA et du SYSTAC
mais permettrait également de rendre efficace le
système de paiement du Trésor Public.
Avec une telle structure, dès qu'une dépense
sera engagée et ordonnancée par le Directeur
Général du Budget, celle-ci sera transférée
à la Direction de la Dépense du Trésor Public pour divers
contrôles de régularité. Après les contrôles,
ces dépenses devront être envoyées à la Direction de
la Trésorerie et plus précisément au service des
règlements pour le paiement. Ces paiements, une fois validés,
devront être transmis au service de la prévision. Ce dernier
planifiera le paiement en fonction de la disponibilité des ressources de
l'Etat logée sur le compte unique du Trésor Public à la
BEAC. Après vérification des ressources et planification du
paiement, les dossiers devront être transférés pour
règlement dans le SYGMA ou le SYSTAC en fonction du montant. Le service
de la prévision sera aussi chargé de suivi de SYGMA, de SYSTAC et
de l'élaboration du plan de trésorerie de l'Etat.
2.3.2- Améliorer le système
d'information du Trésor Public
Le Trésor Public doit préalablement
améliorer son système d'information en mettant en
place un système efficace de contrôle et de gestion,
et en utilisant un logiciel d'interconnexion.
2.3.2.1- Mise en place d'un système efficace de
contrôle et de gestion des informations
La mise en place d'un système efficace de contrôle
et la gestion des informations
nécessite une réforme technologique sur deux
domaines à savoir :
· le réseau des télécommunications
pour faciliter la transmission des ordres ;
· le traitement de données pour effectuer les
opérations de compensation et de règlement dans les meilleures
conditions de coût, de rapidité et de sécurité
(degré d'informatisation du réseau bancaire).
Une réforme technologique dans ces deux domaines
contribuera à rendre optimal le fonctionnement des nouveaux
systèmes de paiement. En effet, depuis lors, le système de
contrôle et de gestion des informations du Trésor Public
n'est pas efficace. De même, l'absence d'informatisation des
données n'a jamais facilité le fonctionnement du système
actuel de paiement du Trésor Public.
2.3.2.2- Mise en oeuvre d'un logiciel d'interconnexion
entre les différentes directions du
Trésor Public
Les nouveaux systèmes de paiement prennent en compte
les opérations d'émission des ordres de paiement, les
opérations de transmission des informations ainsi que les
opérations de traitement des informations. Pour faire face à ces
diverses opérations, le Trésor Public doit disposer
préalablement de plusieurs logiciels. A la limite, il doit disposer au
moins d'un logiciel de traitement de recettes et d'un logiciel de
traitement de dépenses matérielles. Cependant, à l'heure
actuelle, le Trésor dispose seulement d'un logiciel de gestion comptable
dont les fonctionnalités sont très limitées. En outre, il
se pose aussi un véritable problème d'interconnexion entre les
différentes directions du Trésor Public. Il est donc
nécessaire de tenir compte de cette situation avant la mise en oeuvre
des nouveaux systèmes de paiement.
CONCLUSION
La réforme du système de paiement du
Trésor Public centrafricain nécessite
préalablement la mise en oeuvre d'un certain nombre de
conditions. Ces dernières se caractérisent d'une part, par la
clôture des divers comptes du Trésor Public dans les banques
secondaires et la création d'un compte unique du Trésor à
la BEAC. D'autre part, elles se caractérisent par la restructuration des
services de la Trésorerie et l'amélioration du syst ème
d'information du Trésor.
L'ouverture d'un compte unique de règlement constitue
tout d'abord la condition nécessaire pour la mise en oeuvre du nouveau
système de paiement du Trésor. L'ouverture de ce compte
permettrait au Trésor Public centrafricain de clôturer ses divers
comptes ouverts dans les banques secondaires et auprès de la BEAC.
Une restructuration des différents services du
Trésor Public centrafricain, à travers la création d'un
service de règlements et de prévisions va faciliterait le
fonctionnement des nouveaux instruments de réforme du Trésor.
Le système d'information du Trésor Public
centrafricain doit être amélioré afin de sécuriser
les informations de paiement. Cette amélioration devrait se faire d'une
part, à travers la mise en place d'un système efficace de
contrôle et de gestion des informations ; et d'autre part, par la mise en
oeuvre d'un logiciel d'interconnexion entre les différentes Directions
du Trésor Public centrafricain.
CHAPITRE II : RÉFORME DU SYSTÈME DE
PAIEMENT DU TRÉSOR PUBLIC : OPPORTUNITES ET PERSPECTIVES
Diverses opportunités sont liées à la
réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain. L'objet de ce chapitre est de mettre en évidence ces
diverses opportunités, de proposer des alternatives devant favoriser ces
réformes. Pour ce faire, les aspects novateurs de ces diverses
réformes seront mis en exergue (section I) ; puis les perspectives pour
la réussite de ces réformes seront proposées (section
II).
SECTION I : ASPECTS NOVATEURS DU SYSTEME DE PAIEMENT A
METTRE EN OEUVRE
L'objet de cette section est de mettre en évidence,
les apports de chaque nouvel instrument de paiement à mettre en
oeuvre ; ceci, afin de voir dans quelles mesure ils constituent une
opportunité pour la réforme du système de paiement du
Trésor Public centrafricain.
2.1- Apports du SYSTAC
L'usage du SYSTAC permet d'une part, de sécuriser les
opérations de paiement du
Trésor Public, et d'autre part, de réduire le
coût de traitement des opérations de paiement.
2.1.1- Sécurisation des transactions et
réduction des risques de paiement
La sécurisation des transactions à travers le
SYSTAC se caractérise par des échanges électroniques de
données entre les divers participants au système, et par un
système de compensation virtuel reposant uniquement sur des
échanges numériques des valeurs permettant d'éviter les
déplacements physiques et les pertes de données. En effet, avec
l'usage du SYSTAC, les chèques ne seront plus compensés de
façon physique à la chambre de compensation, mais toutes les
compensations se feront de façon numérique sur la base de l'image
du chèque scanné.
L'usage du SYSTAC va donc entraîner l'exécution
des paiements, en temps réel, en toute sécurité, de
façon irrévocable et à travers un système
d'information hautement sécurisé ; ceci permettra d'éviter
tous risques de perte de données ou de problèmes de transmission
de données. Les paiements électroniques vont aussi garantir la
sécurité des transactions, par exemple, le traitement des titres
de paiement.
Enfin, la mise en oeuvre du SYSTAC permet d'assurer la
stabilité financière et la
réduction des risques de règlement grâce
à la constitution préalable de la provision. De même,
le SYSTAC apporte un gain en temps important pour le
Trésor. En effet, l'encaissement des paiements dans le SYSTAC
ne dure plus que 48 heures au maximum, contre au moins 15 jours voire un
mois avec le système actuel.
2.1.2- Réduction des coûts de
traitement des opérations de paiement
Dans le système actuel de paiement du Trésor
Public centrafricain, caractérisé par la bancarisation de
recettes et de dépenses, le Trésor Public perd annuellement en
moyenne un montant total de deux milliards sept cent cinquante-cinq
millions neuf cent vingt-deux mille deux cent quatre-vingt-trois FCFA (2 755
922 283 FCFA)15 au titre des frais bancaires
prélevés par les banques secondaires. Les figures ci-dessous
mettent en évidence le coût supporté par le Trésor
Public au titre des frais financiers prélevés par les banques
secondaires.
Figure 2.1 : Frais financiers prélevés par
les banques en 2012 (en millions de FCFA)
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds)
Globalement, en 2012, les commissions versées par le
Trésor aux banques secondaires se chiffrent à 196.863.084 FCFA
soit 6% des frais financiers contre 1.102.944.848 FCFA des AGIOS/TVA soit 53%
du total des frais financiers. Les intérêts prélevés
par les banques secondaires sur le compte courant du Trésor se chiffrent
à 796.863.084 FCFA soit 38% du total des frais financiers. Enfin,
les divers frais confondus prélevés par les banques se
chiffrent à 55.433.060 FCFA soit 3% du total des frais
financiers.
15 Service de mouvement de fonds
Figure 2.2 : Répartition des frais financiers
prélevés par les banques en 2012
Source : Administration du Trésor
(service de mouvement de fonds)
Avec l'usage du SYSTAC, les AGIOS/TVA, les commissions
confondues ainsi que les frais confondus seront automatiquement
supprimés. Les seuls frais financiers à verser aux banques seront
les intérêts. Ils représentent les intérêts
versés par le Trésor Public pour la rémunération
des emprunts contractés auprès des banques secondaires, soit pour
le paiement de certains fournisseurs, soit pour les salaires. Ainsi l'usage du
SYSTAC va donc réduire les frais financiers de 62% par an. La figure
ci-dessous présente l'évolution mensuelle des frais financiers de
l'année 2012 versés par le Trésor Public aux banques
secondaires.
Figure 2.3: Evolution mensuelle des frais financiers
supportés par le Trésor 201216
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds)
1.2- Apports du SYGMA
Le SYGMA favorise la gestion centralisée de la
trésorerie de l'Etat, et facilite aussi la
rapidité des transactions effectuées tout en
assurant une bonne gestion de temps.
1.2.1- Facilitation d'une gestion centralisée
de la trésorerie
La mise en oeuvre du SYGMA permet aux responsables du
Trésor Public centrafricain de gérer, de façon optimale,
la trésorerie de l'Etat grâce à la création d'un
compte unique de règlement du Trésor Public auprès de la
BEAC. En effet, le Trésor Public centrafricain dispose actuellement d'au
moins soixante sept (67) comptes ouverts dans les banques secondaires et
à la BEAC. La multiplicité de ces comptes ne favorise pas une
gestion centralisée de recettes de l'Etat : le Trésor Public
centrafricain a toujours du mal à maîtriser la gestion de sa
trésorerie car ses recettes sont dispersées dans les diverses
banques de la place. La mise en oeuvre du SYGMA entraînera l'ouverture
d'un seul compte de règlement à la BEAC et de ce fait, la
clôture de tous les autres comptes ouverts dans les banques
secondaires.
1.2.2- Rapidité des transactions et gestion du
temps
Le SYGMA va favoriser le développement de la monnaie
scripturale et l'émergence des instruments modernes de paiement pour le
Trésor Public. Il permet le traitement des ordres de paiement de gros
montants selon une procédure de file d'attente. Avec ce système,
les ordres émis par les participants sont assortis d'une priorité
d'exécution. Ils sont instantanément exécutés si la
position du compte de règlement le permet, ou ils sont mis en file
d'attente organisée par priorité/heure d'arrivée dans le
système. La file d'attente est automatiquement gérée par
le système selon le principe « First In First
Out17 ». Avec le SYGMA, les
participants gèrent, en temps réel et tout au long de la
journée, les files d'attente de leurs ordres de paiement et le solde de
leur compte de règlement grâce aux outils de surveillance mis
à leur disposition.
1.3 - Les autres apports des nouveaux systèmes
de paiement
Outre les divers apports du SYSTAC et du SYGMA, il convient aussi
de noter que la
mise en oeuvre simultanée de ces nouveaux systèmes
va réduire les risques des échanges et faciliter aussi
l'accès aux ressources du Trésor Public.
17 Première entrée, première
sortie (anglicisme)
1.3.1- Réduction des risques des
échanges
Les nouveaux systèmes de paiement vont favoriser le
développement de la monnaie scripturale et l'émergence des
instruments modernes de paiement pour le Trésor. Les virements
interbancaires des sommes supérieures à 100 millions de FCFA vont
devenir instantanés avec le SYGMA. Les transferts s'exécutent
désormais de façon instantanée et en valeur jour ; c'est
à dire, si le client d'une banque ordonne un virement de 110 millions de
FCFA sur le compte du Trésor, ce virement, de façon
instantanée, sera sur ce compte. De même, pour payer les
fournisseurs de l'Etat, le Trésor ne passera plus par des bons de
virement. En outre, tout comme le Trésor Public, les opérateurs
économiques qui veulent effectuer le virement d'un gros montant à
exécuter dans le SYGMA pourront être servis avec la même
rapidité observée dans les structures de transfert d'argent.
1.3.2- Facilitation d'accès aux ressources du
Trésor Public
Le Trésor Public contrôle la disponibilité
de ses ressources auprès des banques secondaires et auprès de la
BEAC par le biais du relevé bancaire. Les recettes collectées par
les banques secondaires ne sont pas automatiquement transférées
sur le compte du Trésor à la BEAC. Parfois, les recettes du jour
J sont transférées après jour J+5 ou jour J+7 à la
BEAC pénalisant le Trésor Public. La mise en oeuvre des nouveaux
systèmes de paiement va mettre fin à cette pratique car toutes
recettes collectées seront automatiquement transférées sur
le compte unique du Trésor Public à la BEAC.
Ces nouveaux systèmes (SYGMA et SYSTAC) vont aussi
simplifier les procédures administratives en supprimant les
documents traités mensuellement qui représentent une masse
de papiers considérables ; ceci va donc résoudre les
problèmes d'archivage que rencontre le Trésor Public
centrafricain depuis plusieurs décennies et qui subsiste encore.
Globalement, la mise en oeuvre des nouveaux systèmes de
paiement va accroître la performance du système actuel de paiement
du Trésor Public centrafricain et va réduire les coûts de
traitement des opérations de paiement et les coûts de transactions
financières effectuées par le Trésor Public. Ce sont
donc des instruments qui vont révolutionner le système actuel
de paiement du Trésor Public.
SECTION II : PERSPECTIVES DE RÉFORME DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC
Pour envisager la réforme du système de paiement
du Trésor Public centrafricain, divers facteurs doivent être pris
en compte. D'abord, il convient de proposer des solutions au problème de
liquidité auquel est confronté le Trésor Public ; puis,
d'envisager des alternatives aux problèmes d'interconnexion entre les
acteurs du système, et de la formation des cadres.
2.1- Alternatives pour pallier les problèmes
d'insolvabilité du Trésor
Deux possibilités permettent de pallier les
problèmes de liquidité auxquels est confronté le
Trésor Public centrafricain. L'émission des bons du Trésor
Assimilables (BTA) constitue la première possibilité, et le
recours au fonds de garantie mutuelle du Centre de Compensation Nationale en
constitue la seconde.
Avec la suppression des avances statutaires de la BEAC aux
Trésors Publics de la Sous-région, la possibilité de
recours à l'emprunt obligataire et les bons du Trésor
Assimilables constituent des alternatives pouvant pallier les
difficultés de trésorerie.
De même, avec les nouvelles réformes, en cas
d'insuffisance de fonds sur le compte devant permettre le règlement des
opérations, le Trésor Public peut obtenir des liquidités
en contrepartie des valeurs remises à la BEAC. Ainsi, en cas
d'insuffisance du solde créditeur du compte de règlement du
Trésor Public, le règlement du solde de compensation est mis en
file d'attente dans le SYGMA afin de permettre au Trésor Public
d'apporter les crédits nécessaires. Si l'insuffisance de
fonds perdure à l'issue de la mise en file d'attente, la BEAC,
gestionnaire du fonds de garantie mutuelle du Centre de Compensation Nationale
(CCN), peut débiter le compte à hauteur du montant
nécessaire pour dénouer le règlement du solde de
compensation du Trésor Public.
Le fonds de garantie mutuelle des opérations des divers
adhérents a été constitué au sein de chaque Centre
de Compensation Nationale (CCN). Ce fonds garantit exclusivement le
règlement dans le SYGMA du solde net de compensation dû par un
participant du Centre de Compensation Nationale en cas de défaillance
dudit participant pour des opérations traitées dans le SYSTAC.
Le montant du fonds de garantie mutuelle d'un Centre de
Compensation Nationale se compose, du risque national estimé, et du
risque régional estimé pour les opérations des
participants au CCN considéré autre que la BEAC. Ce fonds peut
constituer une alternative
pour le Trésor Public centrafricain afin de pallier
provisoirement ses problèmes d'insuffisance
de liquidité lorsque les nouveaux systèmes de
paiement seront mis en oeuvre.
2.2- Formation des cadres
Actuellement, le Trésor Public centrafricain ne dispose
pas d'assez de spécialistes pour assurer le bon fonctionnement de ces
nouveaux systèmes de paiement. En effet, selon une enquête
réalisée, plus de 98% des cadres et agents de la direction de la
trésorerie ne disposent même pas d'information sur le
fonctionnement du SYGMA et du SYSTAC. Pire encore, au service des moyens de
paiement, seulement quatre agents ont pris part à une formation
organisée par la BEAC sur le SYGMA et le SYSTAC. Dans les autres
services de la Direction, la plupart des agents ne sont pas
informés sur ces nouveaux systèmes de paiement alors qu'il
s'agit d'un projet de grande envergure pour tout le Trésor Public
centrafricain, et que tout le personnel de la Direction doit travailler de
façon coordonnée. Par conséquent, tous les agents et
cadres de la Direction de la Trésorerie doivent être formés
sur l'usage des nouveaux systèmes de paiement et sur les
différentes fonctionnalités de ces systèmes.
2.3 Disposer d'un cadre règlementaire
adapté et d'un système de sécurité efficace
Pour être opérationnel et efficace, le nouveau
système de paiement doit être encadré par des lois et des
règlements, et doit disposer d'un système de
sécurité efficace.
2.3.1- Le cadre légal et
règlementaire adapté
Le cadre légal et règlementaire doit
déterminer le régime juridique du nouveau système de
paiement à mettre en place. Il prévoit les mécanismes
d'échange et de règlement des valeurs entre les acteurs. Ainsi,
le règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars
2003 relatif aux systèmes, moyens et incidents de
paiement doit être le texte encadrant ce nouveau système de
paiement. En effet, ce règlement, de portée
Sous-régionale, défini d'abord le système de paiement
à mettre en place, les instruments et moyens de paiement devant
être utilisés et les normes qui encadrent l'usage de ces moyens et
système de paiement.
Les titres 1 à 6 de ce règlement
précisent les types de moyens de paiement devant être
utilisés dans les nouveaux systèmes de paiement. Ainsi, les
chèques, les lettres de change, les billets à ordre, les cartes
de paiement, les virements et les prélèvements ainsi que la
monnaie électronique constituent les moyens de paiement devant
être utilisés dans les nouveaux systèmes de paiement.
Le titre 2 de la quatrième partie de ce
règlement défini les répressions sur les incidents de
paiement. Ces répressions définissent les sanctions applicables
aux différents participants aux systèmes de paiement.
Les titres 1 à 3 de ce règlement
définissent le système de paiement et les garanties
interbancaires. Ils précisent les différents systèmes de
paiement interbancaires devant être utilisés, les garanties
interbancaires ainsi que les atteintes aux systèmes de paiement.
Globalement, le règlement Sous-régional
n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 28 mars
2003 relatif aux systèmes, moyens et incidents de
paiement du 28 mars 2003 doit être un cadre réglementaire
indispensable pour le bon fonctionnement du nouveau système de paiement
du Trésor Public centrafricain.
2.3.2- L'abrogation du décret de la
bancarisation de recettes et de dépenses
Les instructions présidentielles relatives à la
bancarisation de recettes et de dépenses publiques entrées en
vigueur le 1er février 2010 a pour corolaire
l'ouverture des divers comptes de l'Etat dans les banques secondaires et
à la BEAC. En effet, chaque banque de la place détient au moins
deux comptes du Trésor Public pour l'encaissement de recettes et le
paiement de dépenses publiques.
Avec la bancarisation de recettes et de
dépenses publiques, la procédure d'encaissement et de
paiement des dépenses publiques dépend largement des
activités des banques secondaires. En effet, pour payer une
dépense d'un fournisseur de l'Etat, le Trésor Public envoie un
ordre de virement aux banques secondaires afin de débiter le compte
courant du Trésor Public au profit du compte du fournisseur. De
même pour l'encaissement d'une recette publique, les contribuables
émettent au profit du Trésor Public, un chèque pour le
paiement des impôts, droits et taxes. Avec ce système, les
banques secondaires constituent le poumon du système de paiement du
Trésor Public. Ainsi, la mise en oeuvre du SYGMA et du SYSTAC
nécessite tout d'abord la fermeture de tous ces divers comptes dans les
banques secondaires, et donc, l'abrogation de la décision
présidentielle relative à la bancarisation de recettes et de
dépenses publiques.
Le fonctionnement du SYGMA et du SYSTAC nécessite
préalablement l'ouverture d'un seul compte de règlement à
la BEAC sur lequel toutes les recettes de l'Etat seront centralisées et
tous les paiements de dépenses publiques impacteront le débit.
2.3.3- Un système de sécurité
efficace
Pour un meilleur fonctionnement des nouveaux systèmes
de paiement à mettre en oeuvre, un système de
sécurisation sans faille doit être mis en place regroupant
les mécanismes physiques, les mécanismes comptables et les
mécanismes informatiques.
2.3.3.1- Les mécanismes de sécurisation
physique
Tous les matériels du système de paiement
à mettre en place ainsi que le site de la plateforme doivent être
sécurisés. En effet, l'accès à la salle de la
plateforme du système ainsi que l'usage des divers postes de travail
(poste opérateur ou poste de saisie, poste contrôleur) peuvent
entraîner plusieurs risques, notamment les risques de virements fictifs
ou risques de fausses manipulations. Par conséquent, pour assurer la
sécurité physique du système de paiement à mettre
en place, un système efficace de surveillance du site et de la salle de
la plateforme doit être assuré. Ce système doit être
caractérisé d'une part, par la mise en place d'un système
d'empreinte digitale à l'entrée de la salle de la plateforme afin
d'interdire l'accès à toute personne étrangère. Et
d'autre part, par la mise en place de vidéo surveillance dans les
salles. De même, une garantie des matériels du système doit
être assurée. L'usage des postes de travail « poste saisie
» est exclusivement réservé aux agents
spécialisés.
2.3.3.2- Sécurisation technique
Sur le plan technique, plusieurs dispositions doivent
être prises pour assurer le bon fonctionnement des nouveaux
systèmes de paiement à mettre en place. Il convient, par
exemple, d'envisager un interfaçage GesCo18 et SYGMA-SYSTAC
pour sécuriser les opérations de paiement. Ainsi, les
opérations déjà saisies dans le GesCo pourraient
être reversées directement dans le SYSTAC afin de ne
réserver les saisies directes dans le SYSTAC (Barberousse
présentation) qu'à certains profils spécifiques.
A côté de cet interfaçage, le
Trésor Public doit aussi disposer d'une plateforme fonctionnelle
de secours afin de faire face à d'éventuels problèmes qui
pourraient survenir et de ce fait, constituer un blocage de l'ensemble du
système. Cette stratégie poursuit l'objectif de continuité
des opérations du système afin de veiller à ce que
le niveau des services convenus soit toujours atteint, même en cas de
défaillance d'une ou de plusieurs composantes du système ; ceci
pourrait anticiper toutes défaillances de chacune des
composantes du système.
En outre, le Trésor Public doit disposer d'un
réseau informatique disponible, fiable et
rapide. En effet, le Trésor Public dépend du
réseau informatique du Ministère des Finances et
18 Le GesCo est un logiciel de gestion comptable.
du Budget ; celui-ci manque d'efficacité car il
alimente plusieurs Directions du Ministère ; par conséquent le
Trésor Public doit disposer de son propre réseau informatique
pour faire face à ce nouveau système de paiement.
Par ailleurs, pour anticiper les problèmes
récurrents de coupures électriques, dont les conséquences
pourraient entraîner le retard de démarrage de la plateforme du
système à mettre en place, une solution alternative
d'alimentation électrique doit être envisagée afin de
disposer de l'énergie de manière continue. En effet, la
capitale (Bangui) fait face aux problèmes de coupures
électriques, celles-ci sont devenues très fréquentes. Bien
que le Trésor Public dispose d'un groupe électrogène,
celui-ci n'est pas une solution optimale car la mise en oeuvre des nouveaux
systèmes de paiement peut conduire à la création
de plusieurs agences. Une solution alternative d'alimentation
électrique s'avère donc importante.
CONCLUSION
La réforme du système de paiement du Trésor
Public centrafricain, à travers la mise en
oeuvre du SYSTAC et du SYGMA, présente plusieurs
avantages.
Le fonctionnement du SYSTAC permettra par exemple de
sécuriser les transactions de paiement et de réduire les risques
de paiement. De même, cela permettra de réduire les coûts de
traitement des opérations.
Quant au SYGMA, sa mise en oeuvre facilitera la gestion
centralisée de la trésorerie, et permettra aussi un accès
rapide aux ressources du Trésor Public. Le SYGMA favorisera la
rapidité des transactions du Trésor Public, ce qui offrira une
économie de temps considérable.
Diverses perspectives pourront être envisagées
pour la réussite de cette réforme. Tout d'abord, une alternative
pour pallier le problème de liquidité auquel est confronté
le Trésor Public consistera à avoir recours au fonds de garantie
mutuel du Centre de Compensation Nationale. Ensuite, plusieurs agents du
Trésor Public devront être formés sur l'usage de ces
nouveaux instruments de paiement. Enfin, le Trésor Public devra disposer
d'un cadre réglementaire adapté et d'un système de
sécurité efficace afin de garantir le bon fonctionnement du
système.
CONCLUSIONDE LA DEUXIEME PARTIE
La réforme du système de paiement du
Trésor Public consiste à mettre en oeuvre deux instruments
modernes de paiement : le SYSTAC et le SYGMA. Le rôle de la BEAC dans
cette réforme est d'une part, d'assurer la gestion et le contrôle
du système ; et d'autre part, de venir en assistance technique au
Trésor Public et aux établissements financiers participants.
Pour rendre opérationnelle cette réforme,
le Trésor Public centrafricain doit tout d'abord satisfaire aux
conditions de participation qui consistent à disposer d'une plateforme
personnelle, et à ouvrir un compte unique de règlement à
la BEAC. Outre l'ouverture du compte de règlement, plusieurs autres
conditions devront aussi être satisfaites pour favoriser
l'efficacité de cette réforme.
Si toutes ces conditions sont réunies, la
réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain va sécuriser les opérations de paiement et
réduire les coûts de traitement des opérations. De
même, avec cette réforme, la gestion de la trésorerie de
l'Etat sera centralisée et le traitement des opérations
financières du Trésor Public seront rapides.
Enfin, quelles que soient les difficultés qui pourront
entraver le bon fonctionnement de nouveaux instruments de paiement qui seront
mis en oeuvre, plusieurs alternat ives seront envisageables. Par exemple, le
recours au fonds de garantie mutuelle pourra pallier le
problème de liquidité du Trésor Public, tandis que la
formation des agents et cadres du Trésor Public favorisera le bon usage
de ces instruments de paiement.
CONCLUSION GENERALE
D'une manière générale, la réforme
du système de paiement du Trésor Public consiste en la mise en
oeuvre des nouveaux instruments de paiement notamment, le SYSTAC et le SYGMA.
La mise en oeuvre de ces instruments de paiement permet de sécuriser les
transactions de paiement du Trésor Public et de réduire ses
risques de paiement ainsi que les coûts de traitement des
opérations de paiement. Ils permettent également de faciliter
une gestion centralisée de la trésorerie en vue de favoriser
l'accès aux ressources du Trésor Public au bon moment et
d'accroître la rapidité des transactions du Trésor Public,
tout en assurant une bonne gestion de temps. En outre, ils permettront de
réduire les risques des échanges.
Bien que la plupart des Trésors Publics de la zone
CEMAC aient déjà mis en oeuvre ces nouveaux instruments de
paiement, plusieurs facteurs, à la fois règlementaires,
financiers et institutionnels retardent encore le Trésor Public
centrafricain à réformer son système de paiement. Au
titre de ces facteurs figurent : l'existence des dispositifs et
mécanismes obsolètes tels que, l'ouverture des comptes du
Trésor Public dans les banques secondaires, la bancarisation des
recettes et des dépenses publiques. A côté de ces facteurs,
existe aussi la difficulté de règlement ou l'insuffisance de
liquidité à laquelle est confronté le Trésor
Public. Cette dernière se caractérise par, un compte courant du
Trésor Public toujours débiteur dans les banques secondaires, et
par un recours abusif au mécanisme de paiement à
découvert.
Au-delà de ces divers facteurs, les défaillances
constatées dans le fonctionnement et dans l'organisation du
système actuel montrent qu'il y a une réelle
nécessité de réforme.
Le système actuel est caractérisé par un
coût très élevé de traitement des opérations
de paiement. Ces derniers sont caractérisés par des frais couteux
de l'entretien du système, des frais financiers très
élevés et des frais de traitement de salaires trop couteux. De
même, la gestion des opérations de paiement n'est pas
centralisée. Aussi, plusieurs procédures dérogatoires aux
principes budgétaires caractérisent l'actuel système.
D'une part on constate une dérogation à la règle de
l'unicité de caisse, et d'autre part le recours abusifs au paiement sans
ordonnancement préalables devient la norme.
Plusieurs alternatives permettent donc de contourner ces
défaillances et de mettre en oeuvre la réforme. Celles-ci
consistent, d'une part, à pallier le problème
d'insolvabilité du Trésor Public, par le recours au fonds de
garantie mutuelle et l'émission des Bons du Trésor Assimilable
(BTA). D'autre part, plusieurs agents du Trésor Public doivent
être formés sur l'usage et le fonctionnement de ces nouveaux
systèmes paiement à mettre en oeuvre.
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Textes législatifs, réglementaires
et conventions
- Instruction présidentielle du 15 Décembre
2011 relative à l'application du Décret
n°07.193 portant Règlement Général sur
la Comptabilité Publique.
- La convention portant harmonisation de la réglementation
bancaire dans les Etats de
l'Afrique centrale du 17 Janvier 1992 ;
- Le règlement n° 02/03/CEMAC/UMAC/CM relatif
aux systèmes, moyens et incidents de paiement de la séance du 28
mars 2003 ;
- Le règlement n°01/11-CEMAC/UMAC/CM relatif
à l'exercice de l'activité de
l'émission de la monnaie électronique de la
séance du 18 septembre 2011.
- Décret N°12.289 du 27 Septembre 2007, portant
organisation et fonctionnement du ministère des Finances et du Budget
et fixant les attributions du Trésor.
- Statut de la BEAC article 1er « Réforme
des systèmes et moyens de paiement de la
CEMAC ».
- Projet d'adhésion du Trésor-RCA aux
systèmes et moyens de paiement de la CEMAC
2. Articles
- Banque des Etats de l'Afrique Centrale,
séminaire de formation sur « Système et moyens de
paiement » ;
- Banque des Etats de l'Afrique Centrale,
séminaire de formation sur « les principes
fondamentaux des systèmes et moyens de paiements »
- Banque des Etats de l'Afrique Centrale,
séminaire de formation sur « présentation
générale sur SYSTAC » ;
- Direction Générale du Trésor,
de la coopération financière et monétaire
du
Cameroun « les nouveaux systèmes de
paiements en zone CEMAC : l'application
SYGMA » ;
- Associés Audit&Conseil «
Etat des lieux situation de Trésorerie au 28 Février 2013
».
Rapport de mission (volume 1) 11 avril 2013.
3. Mémoires et rapports
- « Impacts de la bancarisation des recettes de l'Etat
dans le recouvrement des recettes publiques » DISSALA Patric. Rapport de
stage. Institut de l'Economie et des Finances (IEF) Juillet 2011.
- Rapport de la visite de travail du Trésor de la RCA
à la Direction Générale du Trésor et de la
coopération financière et monétaire de la
République de Cameroun. Yaoundé du 24 au 30 Octobre 2011.
- « Suivi et contrôle des opérations dans le
cadre du compte unique de règlement de
l'Etat » Rapport de stage soutenu par Serge EKORO.
3ème promotion IEF-PR 2011.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
.................................................................................................................1
PREMIERE PARTIE : DIAGNOSTIC DU SYSTEME ACTUEL DE
PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
.................................................................................................................................4
CHAPITRE I : FACTEURS EXPLICATIFS DU RETARD DE LA
RÉFORME DU SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
........................................................................................................5
SECTION I : EXISTENCE DES DISPOSITIFS ET MECANISMES
OBSOLETES.............................................5
1.1- Les dispositifs mis en place pour le fonctionnement du
système de paiement .................5
1.2- Mécanisme non conventionnel de fonctionnement des
comptes du Trésor ....................7
1.3- Procédure très limitée de traitement
des opérations de paiement...................................7
SECTION II : FACTEURS REGLEMENTAIRES, INSTITUTIONNELS
ET FINANCIERS ..............................10
2.1- Un cadre légal et règlementaire très
limités
...................................................................10
2.2- Un cadre Institutionnel limité
........................................................................................12
2.3- Une difficulté de règlement ou une
insuffisance de liquidité
..........................................15
CHAPITRE II : NECESSITE DE LA RÉFORME DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN .19
SECTION I : DEFAILLANCES DU FONCTIONNEMENT DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR ..........19
1.1- Un système caractérisé par un
coût très élevé du traitement des opérations
.................19
1.2- Absence d'un mécanisme efficient de surveillance et
de contrôle des opérations ..........22
1.3- Gestion non centralisée des opérations de
paiement du Trésor Public ...........................24
SECTION II : DEFAILLANCES DE L'ORGANISATION DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC .26
2.1- Dysfonctionnement des services du Trésor en
matière de paiement..............................26
2.2- Interrelation limitée entre les divers acteurs du
système de paiement...........................27
2.3- Normalisation des procédures dérogatoires aux
principes budgétaires ..........................28
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
.............................................................................................31
DEUXIEME PARTIE : RÉFORME DU SYSTEME DE PAIEMENT
DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN : PREALABLES ET OPPORTUNITES
.......................................................................................................32
CHAPITRE I : LES PRÉALABLES POUR LA RÉFORME
DU SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
................................................................................................................33
SECTION I : ARCHITECTURE DE LA RÉFORME DU
SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC........33
1.1- Le Système de télé-compensation en
Afrique Centrale (SYSTAC) ....................................33
1.2- Le Système de Gros Montant Automatisé
(SYGMA).......................................................38
1.3- Rôle de la BEAC dans la Gestion des nouveaux
systèmes de paiement ...........................40
SECTION II : PRE REQUIS POUR LA RÉFORME DU
SYSTEME DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC .......42
2.1- Fondamentaux pour la réforme du système de
paiement du Trésor Public ........................42
2.2- Disposer d'un interlocuteur unique entre Trésor
Public et banques secondaires ............43
2.3- Création des conditions favorisant la réforme
du système de paiement.........................45
CHAPITRE II : RÉFORME DU SYSTÈME DE
PAIEMENT DU TRÉSOR PUBLIC : OPPORTUNITES ET PERSPECTIVES 48
SECTION I : ASPECTS NOVATEURS DU SYSTEME DE PAIEMENT A
METTRE EN OEUVRE....................48
2.1- Apports du SYSTAC
.............................................................................................................48
1.2- Apports du SYGMA
.............................................................................................................51
1.3 - Les autres apports des nouveaux systèmes de
paiement............................................51
SECTION II : PERSPECTIVES DE RÉFORME DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC .............53
2.1- Alternatives pour pallier les problèmes
d'insolvabilité du Trésor
.......................................53
2.2- Formation des cadres
.........................................................................................................54
2.3 Disposer d'un cadre règlementaire adapté et
d'un système de sécurité efficace ............54
CONCLUSIONDE LA DEUXIEME PARTIE
.............................................................................................58
CONCLUSION GENERALE
...................................................................................................................59
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
.........................................................................................................60
Table des
matières............................................................................................................................61
ANNEXE
............................................................................................................................................63
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