III. Les changements
climatiques au niveau opérationnel
A. Peu de financements
propres engagés par les bailleurs régionaux
Deux importants programmes sont mis en oeuvre depuis plusieurs
années au sénégal pour lutter contre l'utilisation abusive
de la biomasse et promouvoir les énergies renouvelables. Il
s'agit du :
- Projet de Gestion Durable et Partipative des Energies
Traditionnelle et de Substitution (PROGEDE) financé par la Banque
Mondiale
- Du Programme pour la Promotion des Energies Renouvelables,
de l'électrification rurale et de l'approvisionnement durable en
combustibles domestiques (PERACOD) financé par la coopération
allemande.
Cependant, ces deux programmes malgré les importants
résultats obtenus (amélioration des technologies de combustion de
la biomasse traitionnelle, Systèmes solaires en milieu rural...) restent
assez localisés (intervention en milieu rural) et à petite
échelle. Leur impact sur la stratégie globale de promotion des
énergies renouvelables est difficile à percevoir et n'est
jusqu'ici pas analysé. La nouvelle politique énergétique
de 2012, n'y fait aucunement référence et élude la
question de leur impact sur le secteur.
1. Intervention de la Banque
Ouest Africaine de Développement(BOAD) au Sénégal
La BOAD accompagne l'Etat du sénégal dans sa
politique de maîtrise de la demande énergétique des
ménages. A l'instar de l'UEMOA qui a financé en 2012 la
normalisation et la labélisation des équipements
électroménagers et bureautiques, la BOAD a financé cette
même année, la distribution de lampes basse consommation.
Il faut noter que le Sénégal constitue, pour la
BOAD, le deuxième portefeuille le plus important avec des financements
représentant environ 17 % des concours de l'Institution.
En 2011, la BOAD a accordé 87 millions d'euros au
Sénégal, lui permettant de boucler le processus de financement de
son plan de relance et de restructuration du secteur
énergétique.
En 2013, 686 millions d'euros ont été
injectés au Sénégal par la BOAD. L'analyse de la situation
des engagements en 2013 montre que :
- 21% de ces financements sont destinés au secteur
énergétique et contribuent indirectement aux émissions de
gaz à efet de serre. En effet ces financements ont permis
essentiellement à la construction de centrales thermiques, au
renforcement des réseaux électriques et à l'appui à
l'Etat du Sénégal pour l'achat de fuel.
- 17% de ces financements concernent les infrastructures de
base pour le transport notamment les routes et l'autoroute à
péage. Ces financements contribuent à la fluidité du
transport et ont donc indirectement un impact sur la réduction des
émisions de CO2 dues aux véhicules. Cependant, cet impact est
assez peu significatif, vu qu'aucune action visant à rajeunir le parc
automobile sénégalais ou à mettre en place un service de
transport en commun, n'a été initiée. Il faut rappeler que
les analyses présentées dans la première partie de ce
document ont montré que le transport est le second secteur
émetteur de GES, ceci étant dû d'une part à un parc
automobile vieillissant et à l'absence de transport de masse.
- Seul 1% du total des engagements concerne les
énergies renouvelables et estcentré sur le secteur de
l'hydroélectricité (centrale hydroélectrique de
Manantali).
Figure 8:
répartition par secteur des financements impactant les émissions
de GES
Source : Extrait situation des opérations bancaires
au 31 juillet 2013
Le ratio « financements non propres/financements
propres » de la BOAD est de 19. Donc pour une unité de
financement propre engagé, la BOAD engage 19 unités de
financement qui contribuent aux émissions de GES au
Sénégal.
Il ressort de cette analyse que les financements
alloués par la BOAD au Sénégal ces dernières
années contribueraient fortement à accroître les
émissions de gaz à effet de serre.
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