II.2.5.5. Le cadre paysager des abords
D'après les cadres précédents, on a pu
comprendre, généralement, les constituants du paysage, où
la basilique St-Augustin se situe. Sa valeur peut être double, du fait
que c'est un paysage quotidien, où la population fait tous ses
déplacements en passant par cette image. Il s'agit, aussi, d'un paysage
exceptionnel, où mémoire et identité y résident.
Depuis sa plus haute colline qui accueille la basilique, un
très large panorama s'ouvre sur la ville, où une relation
visuelle entre ce monument et le site archéologique, la citadelle
hafside, Bûna médiévale, le mont de l'Edough, le centre
ville et la baie littorale, s'établit. Cette grande ouverture visuelle
prouve que la basilique et sa colline s'élèvent au centre des
composantes principales, naturelles et historiques, du grand paysage de la
ville d'Annaba.
Fig.48. Vue panoramique depuis la colline St-Augustin. Source:
par l'auteur, 2013.
178
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Les abords de la basilique St-Augustin, dans leur
étendue, représentent une magnifique symbiose entre le naturel et
le culturel. Dans un lieu de mémoire qui rappelle les souvenirs
collectifs les plus anciens, une couverture végétale très
importante couvre ces terres et donne l'impression d'un espace rural au milieu
de l'espace urbain de la ville. Il s'agit d'un véritable poumon pour la
ville, malheureusement, entouré d'usines et de toutes sources de
pollution possibles. C'est pour ces raisons là, culturelle, naturelle,
mémorielle et paysagère, que ce site présente un grand
potentiel économique, si on réalise un bon et efficace
aménagement culturel, paysager, de découverte et de loisir,
respectueux aux caractères patrimoniaux et paysagers.
La particularité de la basilique, et la raison pour
laquelle il faut considérer un rayon adapté pour ses abords, est
le fait qu'elle soit, sur sa colline, le point focal de toute perception
agissant sur le site, ce qui explique l'indissociabilité
paysagère entre ce bien culturel très important avec sa colline
boisée d'olivier et l'indissociabilité culturel avec le site de
l'ancienne Hippone. Cette particularité crée une perspective
monumentale d'une très grande ampleur, où la basilique puisse
être appréciée de partout, ce qui met le facteur de
visibilité et de covisibilité dans un cadre exceptionnel, dans
lequel la détermination et l'appréciation du
périmètre des abords doit être particulier et bien
étudié en matière de signification historique, de
rayonnement mémoriel et de représentation paysagère de
l'identité locale, sociale et territoriale (voir le
périmètre adapté proposé des abords de la basilique
St-Augustin dans le diagnostic des abords). De plus, cette position focale,
entraine une certaine curiosité à comprendre et à visiter,
dont les abords doivent compléter cette curiosité en
matière d'attractivité et non de vétusté.
D'une façon générale, et après
l'étude de toutes les valeurs de la basilique St-Augustin d'Annaba, on a
pu comprendre qu'il s'agit d'un monument historique très particulier,
par rapport aux autres monuments et sites qui existent à la ville
d'Annaba, et très important dans l'histoire de la ville, la
mémoire de la société et le paysage d'une identité
diffusée. La valeur de position, en particulier, prouve, à
travers ses différents cadres, une très forte relation entre la
basilique et ses abords sur tous les plans. Il ne s'agit pas d'un monument
isolé, mais d'un ensemble très riche qui puisse donner à
la ville une image d'une grande valeur historique et paysagère, surtout
du fait qu'elle représente la mémoire d'une société
et l'identité d'un territoire. Cette étude a pu prouver
l'existence des trois valeurs perceptive, mémorielle et paysagère
que les abords du patrimoine bâti puissent avoir.
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La basilique St-Augustin et ses abords à Annaba, une
problématique de lieu et de CHAPITRE
paysage SIXIEME
Une valeur perceptive, du fait que la
basilique ne peut être perçue sans l'existence de la colline, qui
représente les abords immédiats du monument d'un rayon de 200
mètre. La lecture de la basilique se fait par une perception qui doit
passer par tout le site et non pas par une perception ponctuelle sur la
basilique, seule et isolée.
Une valeur mémorielle, du fait que la
basilique prend son nom comme un geste commémoratif pour revitaliser la
mémoire de Saint Augustin dans l'esprit de la société, une
mémoire étroitement reliée avec ses abords. La basilique
semble être un point d'appel qui oriente à la cité antique
d'Hippone, où le Saint vécut et officia en revitalisant, au
quotidien, l'histoire de la ville et sa prospérité culturelle.
Elle peut aussi représenter une mémoire négative, celle de
la colonisation et aussi des colons et leur religion, mais cette mémoire
puisse s'affaiblir en mettant ce joyau architectural dans son contexte
lié à l'antiquité. Le lieu que forment la basilique et ses
abords doit être considéré comme un lieu de mémoire
collective et les abords doivent être reconnus et aménagés
comme un support mémoriel important de la basilique St-Augustin.
Une valeur paysagère, du fait de la
représentation paysagère de l'identité que diffuse la
basilique sur ses abords, où l'ensemble représente un paysage de
prospérité culturelle. Le site doit être
réorganisé selon le potentiel paysager qu'il couvre et selon les
exigences de la protection d'une telle image représentative de
l'histoire d'un peuple et d'une ville.
En connaissant ses valeurs des abords de la basilique
St-Augustin d'Annaba, il est nécessaire d'étudier leur
reconnaissance politique et sociale, à travers un diagnostic
détaillé, qui puisse nous donner une meilleure idée sur
les dysfonctionnements existant dans ce site et leurs causes.
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