II.4. Bône de la colonisation française
Après l'épanouissement socioculturel et
économique qu'elle a connu à la période
médiévale, Bûna est acquise par la colonisation
française, sa conquête sur l'Algérie était pour
plusieurs raisons, économique en particulier. Bûna devient
Bône et elle subit des transformations majeures sur tous les plans et
dans tous les domaines. La politique coloniale en Algérie est
déjà analysée dans le chapitre précédent.
Dans le présent titre, on s'intéresse beaucoup plus par les
transformations urbaines, sociales et culturelles.
L'occupation française, reste la colonisation la plus
féroce par rapport à toutes les précédentes. Elle a
été caractérisée par l'injustice commise sur la
population autochtone, destructions, génocides, meurtres, tortures et
l'exploitation excessive des richesses du pays. C'est une période qui a
été ancrée dans une mémoire collective très
négative et encore vivante.
En parallèle aux actions militaires, des explorations
scientifiques visant l'archéologie romaine ont été
menées, où la cité antique d'Hippone,
révélatrice des siècles d'histoire de la ville et de sa
population, était excavée. Aussi, Bûna ottomane
était gelée et emprisonnée par des nouvelles constructions
néoclassiques, construites par les colons afin de contrôler la
population autochtone et cesser son extension. La partie basse de la ville
médiévale était complètement rénovée.
Cette action aura sa fin avec le changement d'attitude de la politique
coloniale où toute destruction est stoppée, dont la
nécessité de construire une nouvelle cité à l'image
française et européenne, de l'époque, pour loger les
colons, la nouvelle population favorisée et dirigeante. La construction
de la nouvelle ville débutait en 1864 sous le fmancement de Bertagna, un
bourgeois français. La cité, appelée alors Bône, est
sous un tracé régulier avec une implantation rigoureuse des
constructions en style néoclassique. Cette ville avait en son sein des
équipements et des édifices publics, abritant les nouvelles
fonctions administratives, utilitaires et religieuses. Des actions de
destruction des Zaouïa étaient menées en
parallèle à des actions de reconversion des mosquées en
églises ou en édifices utilitaires, tel la mosquée Abu
Marouane reconvertie en hôpital. L'espace public avait une grande
importance dans la conception de cette nouvelle ville à plan, elle est
structurée sur une place publique monumentale nommée le cours de
Bertagna (aujourd'hui cours de la révolution), encourageant la promenade
et la consommation. Cette nouvelle urbanisation a créé un paysage
urbain très particulier, où on trouve une ville
médiévale s'opposant à une autre
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
classique sur le même territoire séparées
par une simple voie. L'administration française a mis en écart
toutes productions artistiques, artisanales ou culturelles des autochtones.
Bône est pratiquement française.
Au début du XXe siècle,
l'administration française change encore son attitude en voulant
substituer l'image de la France colonisatrice par la France protectrice,
surtout en changeant le langage architectural officiel, du néoclassique
au néomauresque. De nouveaux édifices étaient
installés sous ce style telle la gare ferroviaire à quelques
mètres du cours Bertagna. Cette transformation d'attitude a comme
intention, une occupation durable du territoire algérien en
intégrant les deux sociétés.
A cette époque, et pour la première fois depuis
des siècles, le site d'Hippone et de nouveau urbanisé,
occupé essentiellement par des terres agricoles et des usines
agro-alimentaires. Sur le même site, et sur la colline surplombant la
cité d'Hippone, les colons ont construit la basilique St-Augustin pour
commémorer le personnage du saint, l'algérien et l'universel. A
l'instar de cette basilique symbolique et marquant le paysage de la ville
d'Annaba, la colonisation française a, quand même,
légué des monuments et des sites monumentaux qui marquent, en
général, l'évolution historique de la ville et de sa
population.
Après une cent trente deux années, les
algériens se révoltent sur l'occupation française,
où Bône-Annaba participait à cette lutte de
libération nationale qui durait Tans et demi de sacrifice. La
société annabi a offert une immense aide aux moudjahidines, soit
par la nourriture, l'argent et les soins médicaux, sans oublier les
familles qui ont sacrifié leurs fils et filles pour la cause noble de la
libération du pays.
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