Entre le Vile et le Xe siècle,
lors des conquêtes islamiques sur le Maghreb, « Bûna » ou
«Bûna-Hippone» n'était pas mentionnée dans les
textes et documents historiques. Les récits des commerçants et
des voyageurs, expliquent que ce territoire était calme et pacifique,
d'où l'islam n'était pas introduit à sa population sous
les armes. Ces mêmes récits racontent que Bûna-Hippone
occupait uniquement la partie du front de mer antique. Durant cette
période, l'islam s'était répandu dans la population, dont
les autochtones numides trouvaient leur voie pour affirmer leur existence et
leur personnalité de nouveau, «Bûna-Hippone participait
à
137 DERDOUR H' sen, Op. Cit. P105.
135
Annaba : un paysage urbain dépourvu de son
caractère significatif suite à la CHAPITRE
détérioration de son patrimoine bâti et ses
abords CINQUIEME
l'essor de la Numidie »138. Avec les
Fatimides, Bûna-Hippone trouvait sa place dans l'histoire
maghrébine encore une fois.
Occupant toujours le site antique, les Fatimides installaient
une salle de prière au quartier du front de mer. La ville était
sous le gouvernorat de Zaoui Ibn Ziri Ibn Manad, où la ville portait
officiellement son nom, « Madinat Zaoui ».
Fig.14. Bûna sur son nouveau site. Source : Dahmani
Said, 1983, P48.
Le nom de Bûna-al-Haditha était alors
donné à la ville installée sur une colline à trois
kilomètres de Madinat Zaoui (à l'emplacement,
aujourd'hui, de la vieille ville d'Annaba) à partir du Xe
siècle et s'était fortifiée entre 1056 et 1060 à
l'époque des Zirides. Ce changement de site est significatif sur le plan
urbain, du fait que le pôle de croissance était changé et
le site antique était complètement abandonné, sauf pour la
réutilisation des pierres et des chapiteaux et d'autres matériaux
et éléments architecturaux dans la construction de
Bûna-al-Haditha. La nouvelle ville arabo-musulmane
avait connu un très grand
épanouissement socioculturel,
économique et politique à travers de multiples dynasties, telles
les Fatimides, Zirides, Hammadides, Al Moravides, Al Mohades et les Hafsides,
d'où ces derniers pouvaient améliorer la défense militaire
et la surveillance maritime, en édifiant la citadelle hafside sur la
colline, dite aujourd'hui les sept dormants ou les Sebaa Rgoud,
à quelques centaines de mètres de Bûna. La ville
reconnaissait un très grand essor culturel et scientifique dans les
domaines de la littérature, l'architecture et la religion avec de
nombreux personnages tels, Ahmed el Bouni, Mohamed Zaoui et Abu Marouane el
Bouni lequel la première mosquée édifiée à
Bûna porte encore son nom. Cette stabilité politique,
économique et socioculturelle était menacée par les
tentatives de conquêtes espagnoles, sur les cotes
138 DAHMANI Said, Op. Cit. P41.
136
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
algériennes, de Charles Quint à partir de 1535. A
partir de cette période, les musulmans de l'Algérie
médiévale faisaient un appel au secours à l'empire Ottoman
considérait à cette époque comme le plus puissant sous le
règne de Soliman el Kanouni. Bûna faisait partie, alors, du nouvel
état algérien naissant sous le protectorat Ottoman. Bûna
commençait à faire partie des Beylicats de l'Est. A cette
période Ottomane, Bûna connaissait un véritable
développement dans tous les domaines, surtout économique et
militaire. La stabilité et l'épanouissement de la ville à
cette période avait son impact sur l'urbanisme, où la ville ne
cessait d'accueillir de nouvelles populations et ne cessait, donc, de se
densifier. L'intra-muros était constituée d'édifices
publiques et religieux telle la mosquée Abu Marouane, la mosquée
Rumanat et la mosquée El Bey ainsi que quelques synagogues. La zone
d'habitat était découpée en cing139 quartiers :
Quartier Kuchat (fours), Quartier Abra ou Houmat
al-Yahoud (quartier juifs), Quartier al Aqba (la montée),
Quartier Hammam Al-Qaïd (bain du Caïd) et le Quartier
Bir (puits). Ces quartiers contenaient chacun de multiples Souks
(marchés) thématiques. L'intra-muros s'ouvrait à
l'extérieur par quatre14o portes : la porte de la mer, porte
de Constantine, porte des habitants et la porte des cimetières. Ces
portes assurent le contact avec l'extra-muros, où on trouvait les terres
agricoles, les Souks hebdomadaires, les Qoubba qui marquaient
le paysage de Bûna (on cite par exemple, la Qoubba des sept dormants
aujourd'hui détruite et Qoubba de Sidi Brahim qui marque l'entrée
Ouest de la ville jusqu'à nos jours), les cimetières et
l'aqueduc, pour l'alimentation en eau potable qui reliait 17 fontaines, venant
du mont de l'Edough et versant dans la grande
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Fig.15. Plan de Bûna à l'époque Ottomane.
Source : Dahmani Said, 1983.
139 Ibid. P77. 1413 Ibid. P78.