La politique nationale, patrimoniale et urbaine, souffre de
beaucoup d'insuffisance et d'imprécision, ce qui a causé
l'état très déplorable du patrimoine bâti de
l'Algérie et surtout la négligence et la méconnaissance
des valeurs perceptive, mémorielle et paysagère des abords des
monuments et sites historiques. Pour mieux comprendre ce
phénomène et pour une meilleure illustration du problème
des abords du patrimoine bâti en Algérie, il est indispensable de
voir l'état du patrimoine bâti et ses abords dans une ville
algérienne, laquelle souffre de la décadence de son paysage
urbain, en perdant sa signification mémorielle et sa beauté aux
yeux des observateurs.
La ville d'Annaba semble être le parfait exemple pour
développer le problème posé. C'est une ville
réputée, à l'époque coloniale et dans les
premières années de l'indépendance, comme les jardins de
l'Algérie, un territoire de détente, de loisir et d'un bon cadre
de vie. Nature, climat favorable, des quartiers et des monuments historiques,
des plages et une population très accueillante ; ces mots
décriraient Annaba jusqu'à l'époque de l'industrialisation
de la ville, avec le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, Asmidal, Ferfos
et plein d'autres usines notoires du territoire national. Ce changement de
vocation était le premier germe du désordre, de l'urbanisation
anarchique et illicite suite à l'exode rural et de la négligence
du patrimoine bâti et la « généralisation » de
ses abords à la construction non réglementaire de logements
précaires et à l'installation industrielle, du fait que le
rendement économique principal de la ville n'est plus touristique, il
devient complètement industriel.
La ville d'Annaba sera présentée en se basant
sur son contexte historique pour ressortir les traces, les monuments et les
sites historiques, qui marquent la ville sur le plan mémoriel et sur le
plan paysager, afin de décrire, à la suite, l'état du
patrimoine bâti ainsi que l'état de ses abords. Cela servira comme
un complément et une illustration de l'absence de la mise en application
de la politique patrimoniale et urbaine, mais aussi comme un contexte
général pour le cas d'étude, où on terminera par un
diagnostic sur le plan politique et par un autre sur le plan social.
122
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
· Sa situation Réooraphique :
se situant au Nord-est de l'Algérie sur une superficie de
14 132 Km2, regroupant une population de 640 050 habitants. A 600 Km
de la capitale Alger, Annaba est délimitée comme suit :
Anna~a Miaba.Aicérie
annabaw _
rr'v Tai
Annaba Mer méditerranéenne
Fig.4. Situation géographique d'Annaba. Source : Google
Earth 2013 traitée par l'auteur.
Au Nord : la mer méditerranéenne, Au Sud : la
wilaya de Guelma, A l'Est : la wilaya de Tarf, A l'Ouest : la wilaya de
Skikda.
Elle est la 4e ville de
l'Algérie après Alger, Oran et Constantine. Le SNAT
(Schéma National d'Aménagement du Territoire) la considère
comme une métropole méditerranéenne de l'avenir, du fait
de sa croissance démographique et sa dynamique économique
importante.
123
Annaba : un paysage urbain dépourvu de son
caractère significatif suite à la CHAPITRE
détérioration de son patrimoine bâti et ses
abords CINQUIEME
· Sa situation économique :
L'ouverture de l'économie nationale sur le marché
mondial
offre aujourd'hui à la région des
opportunités réelles d'investissement124, en disposant
Un port, de dimension internationale, modernisé s'étalant sur une
superficie de 95 Ha et doté d'un terminal à containers d'une
capacité de 1 712 unités,
Un aéroport international,
Un Réseau d'énergie assez
développé avec plusieurs infrastructures à impact
régional,
Des infrastructures routières et ferroviaires
importantes,
Une université et un pôle technologique
important avec un large éventail de spécialités
réparties en 07 facultés et plus de 40 000 étudiants.
Un réseau de formation professionnelle
diversifié composé de 03 instituts, 09 centres, 06 annexes et 13
écoles agréées, d'une capacité totale d'accueil de
6850 places pédagogiques.
Un tissu industriel très riche composé
principalement de complexes intégrés et autres unités de
production de tailles telles que le complexe sidérurgique d'El Hadjar,
le complexe d'engrais phosphatés et azotés ASMIDAL, FEROVIAL,
PROMECH, ENGI, BATICIC, TRIFILLEST, COPRAC... et qui recèlent des
capacités de sous traitance multiformes.
Agriculture, forêts et pêche avec des ports
spécialisés : Annaba et Chetaibi. Une petite et moyenne
entreprise (PME / PMI) très dynamique, d'activités diverses,
à prédominance agro-alimentaire : Minoterie -- semoulerie,
fabriques de pâtes alimentaires, conserveries de tomates, ainsi que
d'autres créneaux tels que la transformation du papier, plastique et
verre.
Le caractère général de la ville est
devenu industriel. Ce caractère à causé un grand exode
rural vers Annaba qui, à son tour, causé une urbanisation
anarchique et très rapide caractérisée par l'urgence de
loger ces nouveaux habitants.
· Sa situation culturelle et
touristique : un taux arrivant à 45 000
touristes125 à la période estivale. Annaba
présente une capacité hôtelière de 3 000 lits.
Aujourd'hui ce nombre va être augmenté par le projet du Sheraton
Annaba au centre de la ville.
124 Agence Nationale de Valorisation des résultats de la
REcherche et du DEveloppement Technologique (ANVREDET), «wilaya d'Annaba
», [en ligne], Alger, URL :
http://www.anvredet.org.dz/Annaba.pdf,
consulté le 13/05/2013.
125 Direction de tourisme, Annaba, 2008.
124
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Annaba est la destination des touristes algériens et
étrangers, vu ce qu'elle offre comme sites touristiques et de loisir
tels la baie de Chetaibi, Oued Bagrat, la corniche, le mont de l'Edough et les
plages. Dans cette perspective, le tourisme culturel reste toujours
inexploité, vu ce que la ville présente comme monuments et sites
historiques revitalisant la mémoire de la prospérité
culturelle de la ville pour vingt cinq siècles d'histoire, de
civilisation et de culture. Le tourisme à Annaba ne dépasse pas
le territoire de la bande littorale de 80 Km, du fait de la négligence
et de l'absence d'une réelle prise en charge du patrimoine, de toutes
ses formes, de la ville. Le patrimoine bâti, en particulier, demeure en
un état très déplorable.
En général, Annaba devient notoire comme un
pôle métallurgique et sidérurgique ; Elle est
appelée à connaître un développement en expansion
avec la mise en place prochaine du projet de Techno Parc qui serait une sorte
de technopole en accord avec l'idée émise dans la
stratégie industrielle qui a définie des Zones industrielles
intégrées ou « Clusters » et qui réglerait tous
les problèmes d'implantation de projets très structurants
(Intelligence, TICS, Centres d'innovation, Start-up, ...etc.). Le
caractère industriel ne cesse de se développer, en
écrasant le caractère culturel et paysager de la ville, ce qui
explique la marginalisation du secteur culturel et touristique dans la
répartition des projets d'investissement dans la ville d'Annaba à
la faveur du secteur industriel.