La notion de paysage en Algérie, demeure une
réalité sans ombre, on reconnait son importance, on la trouve
dans quelques textes juridiques, mais elle reste sans effet et absente dans
tout intérêt politique, dans le secteur de la protection du
patrimoine culturel et dans le secteur de l'urbanisme. Par rapport à la
politique patrimoniale algérienne, la notion de paysage reste absente,
malgré la reconnaissance mondiale de cette notion, où des
paysages deviennent, de plus en plus, patrimonialisés, tout en cherchant
l'effet et l'impact du patrimoine bâti sur le paysage urbain.
L'Algérie doit reconnaitre l'importance de cette notion, du fait qu'elle
ait ratifié des conventions et des chartes internationales sur la
protection des paysages. Dans le secteur de l'urbanisme, on ne trouve aucun
intérêt au paysage, malgré qu'il s'agisse de la dimension
esthétique et socioculturelle des tissues urbains.
Dans la politique algérienne, la notion de paysage
est, souvent, confondue avec la notion de l'environnement, sur lequel le pays a
pu produire un arsenal juridique pour sa protection en matière
d'écologie, de l'énergie, du développement durable et de
la protection des milieux naturels. Avec la loi-cadre de la protection
environnementale en Algérie : la loi 83/03 du 5 Février 1983
relative à la protection de l'environnement, on assistait à la
naissance d'une politique environnementale algérienne, stipulant
«la protection, la restructuration et la valorisation des ressources
naturelles, la préservation et la lutte contre toute forme de pollution
et nuisance, l'amélioration du cadre et de la qualité de
vie» (ART.1). La loi-cadre
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La protection des abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale CHAPITRE algérienne et
leur place dans les actions d'urbanisme QUATRIEME
ne précise rien sur le paysage, car avec sa confusion
avec la notion de l'environnement il n'était pris que l'aspect
physique123 du paysage, tout en évacuant tous les aspects
esthétiques, culturels, sociaux et historiques. Si une « loi
algérienne de paysage » existait, elle aura pris ces aspects en
considération et elle devra avoir un grand intérêt aux
lieux que forment le patrimoine bâti et ses abords, pour préserver
le caractère local du paysage urbain.
Les aspects non pris par la politique environnementale, sont
pris en considération dans d'autres lois, comme la loi 90/29 pour la
vocation des sols, 87/03 sur l'aménagement du territoire, 90/29 pour la
planification et la gestion de l'urbanisme et la loi 98/04 pour la protection
du patrimoine culturel. L'inconvénient réside dans l'insuffisance
et le manque de précision de ces lois, ainsi dans l'absence de toute
interaction sur laquelle une plateforme générale puisse
exister.
La question de paysage dans la politique algérienne
était abordée comme une étendue de l'analyse de la place
et de l'importance des abords du patrimoine bâti et leur protection dans
la politique patrimoniale et urbaine, afin de prouver que la protection des
abords, et du patrimoine bâti en général, en Algérie
reste encore insuffisante et, même parfois réductrice, de la ou
les valeurs des composantes constituant l'image identitaire des villes
algériennes. De plus, la méconnaissance de la notion de paysage
dans la politique algérienne a conduit à une
méconnaissance de l'importance de la qualité et du
caractère du paysage urbain, où les lieux créés
entre les monuments et sites historiques et leurs abords constituent les
référents principaux de la culture et l'identité
nationale.