L'humanisation des lieux de détention au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Vincent Pascal MOUEN MOUEN Université catholique d'Afrique centrale - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2009 |
Paragraphe 2nd : L'instrumentalisation de l'aide extérieure destinée à l'humanisation des conditions de détentionLa coopération internationale doit se mettre au service du développement, pour cela les relations entre bailleurs extérieurs et Etats doivent passer de l'assistanat à une réelle approche partenariale. Mais l'aide extérieure se trouve très souvent dénaturée du fait des velléités hégémonistes et des calculs stratégiques qui poussent les partenaires extérieurs à imposer des conditions qui ne cadrent pas avec les objectifs des projets envisagés. Le partenariat se trouve ainsi dénaturé surtout lorsque les conditions posées sont susceptibles d'enfreindre la souveraineté des Etats bénéficiaires. En s'essayant à un bilan de l'aide au développement en Afrique, le Docteur Mamadou Diouf, Président du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) affirme que : « Le continent africain a reçu un volume d'aide extraordinaire. Mais quand on rapproche les financements perçus des actions envisagées et des résultats obtenus, il est clair que l'on n'a pas atteint les objectifs globaux qui avaient été fixés. Les réussites ne concernent que des actions très précises. On peut d'ailleurs se demander si les interventions de coopération ont été bien choisies ». L'ONG Refonder l'Etat en Afrique estime à ce sujet que : « Tant que les pays riches continueront de faire de l'aide au développement, avant tout un de leurs instruments de politique et d'influence dans le domaine diplomatique et commercial, l'esprit de cette aide continuera d'être dévoyé, corrompu par des considérations qui n'ont rien à voir avec les motivations exprimées et les finalités déclarées. Il est possible d'établir entre tous les partenaires des cadres et des mécanismes de convergence de l'aide au développement, qui rationalisent celui-ci et le rendent plus efficace. Dans cette perspective, l'on doit, par exemple, accepter que les partenaires nationaux, bénéficiaires de cette aide, définissent les orientations et fixent les priorités et non l'inverse ».184(*) La dénaturation de l'aide apportée par les partenaires extérieurs dessert donc les intérêts de la communauté carcérale en ce sens qu'elle suscite au sein de l'administration bénéficiaire des blocages dus au fait que certaines conditions imposées sont de nature à créer une situation d'ingérence. Les exigences de la bonne gouvernance commandent certainement l'amélioration des pratiques de gestion cependant, ces exigences à elles seules ne sauraient justifier le contournement par les partenaires extérieurs, d'une administration souveraine dans la mise en oeuvre des projets fussent-ils au bénéfice de ses populations. * 184Refonder l'Etat en Afrique : Proposition 06, http://www.afrique-gouvernance.net/fiches/bipint/fiche-bipint-207.html, consulté le 07.05.09. |
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