B- Le défaut d'orthodoxie dans la gestion des
dons
La gestion des dons est un sujet tabou pour les
autorités pénitentiaires qui ne donnent aucune information ni sur
la quantité des dons qui leur sont octroyés, ni sur la nature de
ces dons. Pourtant, même si l'on ne peut pas uniquement se fier aux
déclarations des prisonniers, il reste constant que la gestion de ces
dons en nature ne respecte aucun processus participatif. Au cours des
entretiens, certains détenus nous confiaient que
« même lorsqu'on vient de remettre la nourriture nous ne
mangeons que du mais mélangé au haricot tous les
jours ». Preuve qu'ils ne sont associés ni de
près, ni de loin à la gestion des denrées qui leur sont
gracieusement offerts.
La démission de l'administration centrale dans la
gestion des dons ouvre la voie à des maladresses de toutes sortes,
surtout en ce qui concerne les dons en espèces. En effet, bien que
relevant du domaine juridique des fonds publics, les dons en espèces
offerts aux structures pénitentiaires ne connaissent encore que
très peu de contrôle et parfois même aucun. Et dans un
contexte de prévarication et d'enrichissement illicite comme celui qui
prévaut au Cameroun actuellement, il n'est pas exclu que ces fonds
soient utilisés à des fins personnels au détriment des
personnes incarcérées.
Le déficit qualitatif et quantitatif des ressources
humaines intervenant dans la privation de liberté, la faiblesse des
allocations budgétaires aussi bien pour le fonctionnement que pour
l'investissement dans le système pénitentiaire, constituent de
sérieuses entraves à l'humanisation des lieux de détention
surtout que les politiques mises en oeuvre, si elles suscitent beaucoup
d'espoir chez les défenseurs des droits des personnes détenues,
elles ne semblent pas encore prouver leur efficacité.
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