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L'humanisation des lieux de détention au Cameroun

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par Vincent Pascal MOUEN MOUEN
Université catholique d'Afrique centrale - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2009
  

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B- Les autres administrations

. Moins criard dans les forces de maintien de l'ordre (gendarmerie et police), les problèmes d'effectifs se posent cependant avec acuité au sein de la magistrature et dans les autres administrations spécialisées. L'encadrement et l'accompagnement des personnes détenues nécessitent pourtant des hommes disponibles.

Si l'on considère que les visites des lieux d'incarcération par les magistrats du parquet prévues par les textes font partie de l'encadrement des personnes privées de liberté141(*), alors on serait tenté de penser, au regard de la multiplicité des unités de police et de gendarmerie, que les effectifs des magistrats du parquet sont assez insuffisants pour assurer un véritable suivi des personnes incarcérées au niveau de ces unités. Cette insuffisance des effectifs de la magistrature se traduit par des lenteurs judiciaires et la surpopulation carcérale préjudiciables aux personnes privées de leur liberté. En effet, les magistrats du siège, pour éviter l'amoncellement des dossiers sur leurs tables, ont recours à des méthodes expéditives telles que la détention provisoire.

L'accompagnement des détenus pendant leur détention et pour les besoins de leur réinsertion sociale nécessite des connaissances et de l'expertise dans des domaines variés tels que la médecine, l'agriculture, l'élevage, l'assistance sociale, l'animation etc... De l'aveu même du comité, « l'administration pénitentiaire compte moins de 300 personnels spécialisés »142(*), soit 11, 45% de l'effectif total du personnel. Ainsi, si le domaine de la médecine est mieux loti avec 126 fonctionnaires par rapport aux autres spécialités telles que l'agriculture qui n'en compte que 16, ces chiffres demeurent encore assez insuffisants par rapports aux besoins réels en personnels spécialisés dans les établissements pénitentiaires. Le soutient des administrations de la santé de la jeunesse, des affaires sociales reste jusqu'à lors très timide. Certaines prisons à ce jour ne disposent ni d'un personnel soignant permanent, ni d'animateurs de jeunesse encore moins d'assistants sociaux ou de psychologue. Le cas des prisons principales d'Edéa et Yabassi est à cet égard assez expressif. A la prison d'Edéa par exemple, le seul personnel soignant est une gardienne de prison qui n'est compétente que pour des pathologies mineures parce que «aide soignante''. Cette prison ne dispose pas de local pour la consultation. Tous les cas de maladies déclarés sont donc référés vers les hôpitaux classiques à condition que le détenu dispose de moyens pour se soigner. Le soutient psychologique dans ce centre est assuré par un assistant social que la délégation départementale des affaires sociales commet de temps en temps à cette fin et sur la demande des autorités du pénitencier. Les visites de psychologues sont rares voire même inexistantes, l'animation sociale est l'oeuvre des gardiens de prison sans formation préalable dans ce domaine. Aucun médecin n'est affecté dans ces centres malgré les multiples demandes formulées dans ce sens. Ce sombre tableau n'est malheureusement pas une exception dans le paysage des centres pénitentiaires au Cameroun et affecte gravement les conditions de détention. Surtout qu'à ce déficit de personnel s'ajoute une déficience qualitative des acteurs de la privation de liberté.

* 141L'article 137 al.2 stipule que : « il (le procureur) peut, à tout moment se transporter dans les locaux de police ou de gendarmerie pour procéder au contrôle de la garde à vue... ».

* 142Comité ad hoc chargé de l'élaboration d'une nouvelle politique pénitentiaire et de la réforme du système carcéral Op. cit p.63.

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