I.9. Transformations locales
En exportant les produits finis au lieu de la fibre, les pays
africains seraient moins pénalisés par les subventions
accordées aux producteurs américains et l'Afrique
s'industrialiserait.
Des entreprises textiles ont été établies en
Afrique de l'Ouest depuis un demi-siècle, mais les résultats ont
été décevants. Il y a vingt ans, le Bénin, le
Burkina, la Côte d'Ivoire et le Mali transformaient localement 22% de
leur production de fibre, aujourd'hui, ils en transforment à peine
5%.
Le Sahel dispose d'un avantage comparatif dans la production de
coton fibre, car le coton est cultivé manuellement dans une zone
où le coût d'opportunité de la main d'oeuvre familiale est
très faible. Mais le Sahel ne dispose pas d'un avantage comparatif dans
la transformation de la fibre en filés, car cette transformation
requiert
23 « Reforming the Cotton sector in Sub-Saharan Africa
» by Louis Goreux. Second edition. Africa Region Working Paper Series, No
62, November 2003. Version française publiée par le MAE, Paris,
juillet 2003.
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peu de main d'oeuvre non spécialisée et beaucoup
d'électricité qui est très chère au Sahel. Avec la
hausse récurrente du prix du pétrole, le problème ne
trouve pas de solution sinon ne fait que s'aggravé.
Dans une étude conduite sous l'égide de la
BOAD24 et présentée en juin 2003 à Ouagadougou,
les auteurs estimaient que, pour attirer les investisseurs, il faudrait leur
garantir une subvention de 30% sur leurs achats de coton fibre pendant une
période de 15 années au moins.
Il serait dangereux à notre avis de s'engager dans cette
voie, en particulier aujourd'hui lorsque certaines filatures américaines
ont été fermées après la récente suppression
des quotas sur les importations de produits textiles.
Ceci ne veut pas dire que les pays sahéliens ne doivent
pas transformer une plus grande part de leur coton en produits textiles
destinés à l'exportation. Mais cela prendra du temps et on ne
peut pas réduire le revenu des producteurs pendant 15 ans pour donner
des subventions aux filateurs sans compromettre la survie de la
filière.
En outre, dans l'hypothèse d'une conjoncture de hausse
continue du prix de pétrole, les graines de coton, déjà
triturées pour produire de l'huile alimentaire, peuvent être
transformées en carburant biologique. La filière huile et ses
esters constituent, en effet, à court terme une bonne opportunité
pour la production de biocarburants à base d'huile de coton incorporable
jusqu'à 30% dans le gazole traditionnel pour tous les types de moteurs
diesel selon certains chercheurs.
La production d'aliments du bétail à partir des
tourteaux issus des huileries qui triturent la graine de coton constitue une
autre voie de création de valeurs ajoutées. Il en est de
même pour l'artisanat textile dont le développement et la
promotion des produits vers les marchés internationaux notamment offre
une autre voie de transformation locale.
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