I.5. Equilibre des filières coton
Les performances financières du secteur cotonnier, compte
tenu de la volatilité des prix du marché comparée aux
coûts de production et de commercialisation sont
caractérisées par des années déficitaires. Il est
besoin de mécanismes de compensation pour assurer au minimum
l'équilibre des comptes du secteur et assurer un revenu garanti aux
producteurs.
Face à la volatilité des prix et en l'absence de
compensations financières sur le plan international, les pays africains
sont contraints de recourir à la politique et à des
mécanismes de soutien.
Une des solutions proposée est celle du Fonds de soutien
dont la formule ne fait pas l'unanimité. Dans ce système, il
s'agit d'abonder le fonds dans les années fastes pour soutenir le revenu
dans les années néfastes. Le fonds peut réduire
l'amplitude des fluctuations d'année en année mais il ne peut pas
modifier la tendance à moyen terme. Si l'indice A marque une tendance
baissière, la filière ne peut rester compétitive que si
les coûts de production diminuent22.
I.6. Concurrentiels
Les producteurs de coton Africain sont face à de
très gros producteurs américains ou brésiliens,
très mécanisés. Les écarts de productivité,
de rendement et donc de coûts sont considérables, en
défaveur des pays africain.
I.7. Subventions
Le fait que les subventions cotonnières américaines
contribuent à déprimer le cours du coton sur le marché
mondial et causent un préjudice aux exportateurs de coton a
été reconnu par les juges de l'OMC comme nous l'avons vu au
chapitre précédent à l'issue du différend opposant
le Brésil aux Etats-Unis. L'expansion de la culture du coton a
contribué à réduire la pauvreté en zone
sahélienne et la relation de cause à effet ne semble plus
contestée.
Il y a lieu de rappeler simplement comme nous l'avons
également vu au chapitre précédent, le message puissant de
l'Initiative des quatre Pays les Moins Avancés (PMA) soumise en mai 2003
à l'OMC et qui stipulait à juste titre que l'élimination
des
22 Louis Goreux, « Soutien d'urgence », 29 mai 2005
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subventions aux USA et dans l'Union européenne
réduirait la pauvreté de 10 millions d'africains vivant avec
moins de 1 dollar par jour et par personne et ne coûterait rien aux E.U
et à l'UE puisque les pertes de leurs producteurs seraient plus que
compensées par les gains de leurs contribuables.
I.8. Libéralisation et privatisation
L'expérience a montré que la libéralisation
conduisait généralement à une augmentation de la
production et une réduction des coûts. Certains en ont conclu que
la libéralisation de la filière cotonnière était la
solution pour l'Afrique. Si les cours baissent, il faut accélérer
les réformes et permettre la libre accès des opérateurs
privés à tous les maillons de la filière afin
d'intensifier la concurrence.
Mais, les réformes des filières cotonnières
africaines n'ont pas été sans causer de problèmes, comme
il apparaît dans l'étude comparative de six pays africains
conduite il y a deux ans23.
La production a augmenté plus rapidement en zone CFA
où la libéralisation était moins avancée (en
particulier au Burkina et au Mali) que dans le reste de l'Afrique (en
particulier, au Ghana et en Tanzanie) où les réformes
étaient plus avancées. Le monopole dont bénéficiait
la SONAPRA au Bénin a été aboli en 1995 avec
l'entrée d'égreneurs privés sur le marché, mais la
production du Bénin a plafonné de 1995/96 à 2004/05, alors
que celle du Burkina a quadruplé au cours de la même
période.
Néanmoins, l'augmentation de la production dans les pays
avant la libéralisation ne s'est pas toujours accompagnée d'un
équilibre des comptes du secteur et cette situation a requis des
interventions coûteuses de l'Etat.
Il faut sans doute réformer. Cependant, dans les processus
de réformes, il y aura lieu de tenir compte des leçons apprises,
des bonnes pratiques et des exigences d'efficacité.
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