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A mes parents, Louis KOYAGIALO Ngbase te Gerengbo et Marie-Claire
LIBEBA Aziloa Koyagialo,
A la mémoire de mes grands-parents, Je dédie
ce travail.
ii
i
EPIGRAPHE
« Le but des règles de droit est
simplement d'éviter, en traçant des frontières, que les
actions des divers individus ne se contrarient ».1
1 F.A. HAYEK, Droit, législation et
liberté, Paris, PUF, 2007, p. 257.
III
REMERCIEMENTS
Envers celui qui a été avec nous, dès le
seuil de notre parcours universitaire, notre Dieu tout puissant, le
créateur incréé, Jésus-Christ, nous sommes
infiniment reconnaissant, pour de multiples grâces qu'il nous a
accordées.
Nous exprimons notre sincère gratitude à toutes
les autorités académiques de la Faculté de droit pour la
qualité de l'enseignement dispensé.
Nous remercions le professeur Théodore NGOY Ilunga Wa
Nsenga pour avoir accepté de diriger le présent travail en
dépit de ses multiples occupations.
Puissent les familles LIBEBA et KOYAGIALO, cellules de base de
notre éducation, trouver, à travers ces lignes, l'expression de
notre gratitude pour tant d'amour nous témoigné depuis qu'elles
nous ont vu naître, grandir et jusqu'au moment où nous sommes
aujourd'hui arrivé au crépuscule du premier cycle de nos
études universitaires.
Que nos frères et soeurs consanguins, Angel Yakonzi,
Baby Yahonziala, Charlie Belade, Irère Yagerengbo, Freddy Koyandome,
Yolande Legbiande, Junior Wasasa, Ami Nzingazo, Jean-louis Koyagialo, Mamie
Yakogarame, Noella Koyagialo, Murielle Yakonzi et Sepi Gere Yakonzi, trouvent
également notre gratitude pour l'affection qu'ils ne cessent de
témoigner à notre égard.
A nos amis, « les élites », compagnons de
tous les jours, nous témoignons notre indéfectible
attachement.
Nous remercions aussi maman Vivi, femme qui nous a permis
d'affermir notre foi en Christ.
Nos remerciements s'adressent particulièrement au
Cabinet d'avocats « Stan Kalala », à Me Kankololngo et
à son épouse, maman Sylvie. Ils s'adressent également
à Merlin Libeba, à Doudou Lokonga, à
Bénédicte Cimanga, à tantine Jolie, à tantine Anne
Tokebi, à trésor Gere, à mon beau-
iv
frère, Ewuli, à Clara, à Abigaelle,
à Dorcas, à Ephraïm, à Divine et Jonathan, à
Gédeon, à Charles, à Koliko ainsi qu'à Angel Walege
et Irène.
Qu'il nous soit permis, enfin, d'exprimer notre gratitude
à l'Eglise « la source de vie » et à notre pasteur,
Jean Dénis Ndjoli, pour le soutien tant moral que spirituel.
V
SIGLES ET ABREVIATIONS
B.O : Bulletin Officiel
C.A.D.H.P : Charte Africaine relative aux Droits de
l'Homme et des
Peuples.
CCL III : Code civil livre trois.
CPL II : Code pénal livre deux.
C.S.AC : Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de
la Communication.
D.I : Dommages et intérêts.
D.U.D.H : Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme.
GRIGED : Centre de Recherches Interdisciplinaires pour la Gestion
etle
Développement.
J.O.R.D.C : Journal Officiel de la République
Démocratique du Congo.
M.P : Ministère public.
N.T.I.C : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication.
OMEC : Observatoire des Médias Congolais.
O.M.P : Officier du Ministère Public.
O.P.J : Officier de Police Judiciaire.
P.I.D.C.P : Pacte Internationale relatif aux Droits Civils et
Politiques.
P.U.C : Presses Universitaires du Congo.
P.U.F : Presses Universitaires de la France.
P.U.L : Presses Universitaires de Lubumbashi.
UNIKIN : Université de Kinshasa.
U.P.C : Université Protestante au Congo.
1
INTRODUCTION
Le présent travail traite de la liberté de la
presse et de ses limites en droit congolais. Il démontre que la
liberté de la presse, qui est une conséquence de la
liberté d'expression,2 est reconnue et garantie tant par la
Constitution, les traités et accords internationaux dûment
ratifiés par la République Démocratique du Congo, que par
les lois de la République.
Cette partie introductive met en exergue la position du
problème et de la question de départ de la recherche(1),
l'orientation méthodologique (2) et les limites du sujet (3).Elle met
aussi en exergue l'intérêt du sujet (4) et annonce le plan
sommaire du présent rapport de recherche (5).
1. Position du problème et question de
départ de la recherche.
La RDC a consacré une place de choix aux droits et
libertés fondamentaux3.Cela peut, nous semble-t-il,
s'expliquer par son attachement aux instruments juridiques internationaux
régulièrement ratifiés par elle. Nous citons, notamment,
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le Pacte International
relatif aux Droits Civils et Politiques ainsi que la Charte Africaine des
Droits de l'Homme et des Peuples4.
En ce concerne la liberté de la presse, qui figure
parmi les droits et libertés fondamentaux des citoyens, de par la
liberté d'expression, le législateur congolais fixe les
modalités de son exercice et la définit comme suit : «
I...]par liberté d'opinion et d'expression, il faut entendre le droit
d'informer, d'être informé, d'avoir ses opinions, ses sentiments
et de les communiquer sans entrave, quel que soit le support
utilisé[...] ».5 Il ressort de cette
définition que les limites à
2La liberté de la presse est la
manifestation de la liberté d'expression prévue par la
Constitution congolaise .En effet, selon la Constitution congolaise, «
toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit
implique la liberté d'exprimer ses opinions ou ses convictions,
notamment par la parole, l'écrit, et l'image, sous réserve du
respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes moeurs. ». Voir
Constitution de la République Démocratique du Congo du 18
février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution
(textes coordonnés) du 18 février 2006, J.O.R.D.C,
numéro spécial, Kinshasa-5 février 2011, art. 23.
3Ibidem, voir à ce sujet le titre
II relatif aux Droits humains, aux libertés fondamentales et aux devoirs
du citoyen et de l'Etat.
4Ibid, lire le préambule.
5 Loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les
modalités de l'exercice de la liberté de presse,
J.O.R.D.C, numéro spécial, Kinshasa- août 2001,
art.8.
2
cette liberté sont : le respect de la loi, de l'ordre
public, des droits d'autrui et de bonnes moeurs.
Il appert ainsi que, la liberté qui accompagne le
professionnel de la presse, dans l'exercice de ses activités, est
cependant délicate6. Elle est limitée par des droits
et libertés aussi fondamentaux qu'elle. Par conséquent, les
mesures pouvant limiter la liberté de la presse doivent être une
loi7 ; en ce sens que les titulaires de cette liberté doivent
préalablement connaitre la façon dont ils doivent se
conduire8. La Cour européenne des droits de l'homme a
dégagé trois principes allant dans le même
sens9.
Certes, il existe une loi fixant les modalités
d'exercice de la liberté de la presse, mais avec l'évolution de
nouvelles technologies de l'information et de la communication, il sied de
signaler que, les médias audiovisuels et les médias en
ligne10n'exercent pas cette liberté dans le strict respect de
la loi.
Par conséquent, la question essentielle demeure :
Comment assurer le respect des droits reconnus aux personnes face aux abus de
la liberté de la presse?
2. Orientation méthodologique de la
recherche
Par méthodologie, il faut entendre l'étude des
méthodes scientifiques et techniques, des procédés
utilisés dans une discipline donnée11.Par contre,
une
6 E. DERIEUX, Droit des médias, Paris,
Ed. Dalloz, 2001, p.6.
7 F. JONGEN, Droit de la radio et de la
télévision, Bruxelles, Ed. Deboeck-wesmael, 1989, p.20.
8Ibidem.
9 La CEDH a retenu trois conditions de validité
de restriction de la liberté d'expression par la presse :
? Elle doit être prévue par la loi : Pour remplir
cette condition, la CEDH exige que la loi soit « prévisible
».
? Elle doit être inspirée par un ou des buts
légitimes : Protection de la morale, protection de la
réputation et des droits d'autrui, garantie de
l'autorité du pouvoir judiciaire, défense de l'ordre et
prévention du crime.
? Elle doit être jugée comme nécessaire
dans une société démocratique : Concernant ce
critère la CEDH a mis en évidence plusieurs
éléments
Disponible
sur http:///C:/Documents%20and%20Settings/Upc/Bureau/Protection%20de%20la%20libert%C3%A9%
20d%27expression%20de%20la%20presse%20par%20la%20Cour%20europ%C3%A9enne%20des%20
Droits%20de%20l%27Homme%20%28int%29%20-%20JurisPedia,%20le%20droit%20partag%C3%A9.htm.
Consulté le 30 mai 2013.
10 Loi organique n°11/001 du 10 janvier 2011
portant composition, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur
de l'Audiovisuel et de la Communication, J.O.R.D.C, numéro
spécial, Kinshasa-16 janvier 2011, art. 4 litera 8.
11 J-l. BERGEL, cité par T. NGOY ILUNGA WA
NSENGA, Contribution à la systématisation du droit congolais
de la preuve pénale, Thèse, Université de Kinshasa,
Faculté de droit, décembre 2012, p.23.
3
méthode est conçue comme un enchaînement
raisonné de moyens en vue d'une fin12.
Pour répondre à la question de départ
posée ci-haut, le présent travail a eu recours à la
méthode juridique mise en oeuvre par la méthode
exégétique et par le droit comparé. Dans le cadre de la
méthode juridique, nous avons pu accéder aux sources normatives,
doctrinales et jurisprudentielles.
La méthode exégétique, en effet, permet
de cerner les normes juridiques édictées par le constituant ou
par le législateur. Elle explique la perception du constituant ou du
législateur concernant une question de droit qui parait ambiguë.
Dans le cadre de notre étude, cette méthode nous a permis de
déterminer la portée de la présomption d'innocence et de
tirer les conséquences qui en découlent, afin de démontrer
dans quelle mesure la présomption d'innocence, les droits de la
personnalité ainsi que l'ordre public et les bonnes moeurs, constituent
effectivement des limites à la liberté de la presse.
En faisant appel au droit comparé, nous nous sommes
référés aux droits étrangers pour combler certaines
lacunes que connait le droit positif congolais du point de vue de
l'évolution du droit et de la doctrine ; notamment sur la question des
droits dits de la personnalité.
3. Limites du sujet
Le présent travail porte essentiellement sur la
liberté de la presse. Il traite de la question de la presse
audiovisuelle13.Par conséquent, la question de la presse
écrite qui, comme la presse audiovisuelle, est une conséquence de
la liberté d'expression, ne sera pas ici abordée. En ce qui
concerne les limites de la liberté de la presse, nous en avons retenu
quatre : Le droit à la présomption d'innocence, les droits de la
personnalité, l'ordre public et les bonnes moeurs.
4. Intérêt de l'étude
4.1. Intérêt théorique
Le droit, dans une société démocratique,
régit les relations de toutes natures entre les individus et les
groupes, de sorte que tous, égaux en droits, puissent
bénéficier des mêmes garanties et
libertés14. Il va de soi que dans cette
12J-l. BERGEL, cité par T. NGOY ILUNGA
WA NSENGA, Contribution à la systématisation du droit congolais
de la preuve pénale, Thèse, Université de Kinshasa,
Faculté de droit, décembre 2012, p.23.
13La loi organique n° 11/001, (n2) art.4
litera 1. 14 E.DERIEUX, (n2), p.2.
4
logique, nous puissions, dans le cadre de notre travail de fin
de cycle de graduat, étudier, parmi les libertés et droits
fondamentaux garantis par le droit positif congolais, la liberté de la
presse15 , en mettant un accent particulier sur ses
limites16.Le présent travail consiste à étudier
la liberté de la presse du point vue de son contenu et de ses limites,
sous un angle normatif, doctrinal et jurisprudentiel.
En abordant le droit à la présomption
d'innocence, les droits de la personnalité, l'ordre public et les bonnes
moeurs comme limites à la liberté de la presse, nous
démontrons leur importance respective et mettons à la disposition
de la communauté scientifique, un travail qui pourrait servir de point
de départ de la réflexion en vue de parfaire la science
juridique.
4.2. Intérêt pratique
Sur le plan pratique, ce travail identifie les limites que les
professions de la presse doivent respecter dans l'exercice de la liberté
qui leur est garantie dans cette optique. Il peut constituer, dans ce cas, un
condensé au sujet de ce qui touche à la société. En
effet, c'est dans la vécu quotidien que les citoyens souffrent des
violations de leurs droits fondamentaux leur garantis par les instruments
juridiques nationaux et internationaux contre tout abus pouvant être
commis par le moyen de la presse. Notre travail peut, à cet
égard, servir de source d'information à la société
en général ; et à la communauté universitaire en
particulier.
15 Les régimes démocratiques
considèrent la liberté de la presse comme un de leurs principes
fondamentaux : elle appartient au principe de liberté d'expression,
d'opinion et de débat. Extrait tiré de l'article «
Liberté de la presse en France », disponible sur
http://blog.ac-rouen.fr/lyc-bloch-notes/2011/01/26/la-liberte-de-la-presse-en-france,
consulté le28 mai 2013.
16 La liberté d'expression est un droit ; en
tant que tel, son abus peut être sanctionné. Il faut en effet
concilier la liberté d'expression avec les autres droits. Extrait
tiré de l'article « la liberté de la presse »,
disponible sur
http:///C:/Documents%20and%20Settings/Upc/Bureau/Protection%20de%20la%20libert%C3%A9%20d%27exp
ression%20de%20la%20presse%20par%20la%20Cour%20europ%C3%A9enne%20des%20Droits%20de%20l%27
Homme%20%28int%29%20-%20JurisPedia,%20le%20droit%20partag%C3%A9.htm,
consulté le 23 mars 2013.
5
5. Plan sommaire du travail
Ce travail comporte deux chapitres ; savoir la liberté
de la presse (Chapitre 1) et les limites de la liberté de la
presse17 (chapitre 2)
Le premier chapitre est divisé en deux sections qui
traitent respectivement de la définition de la liberté de la
presse (section 1) et des éléments constitutifs de la
liberté de la presse (section 2).
Le second est divisé en quatre sections qui abordent
successivement le droit à la présomption d'innocence(section1),
les droits de la personnalité(section 2), l'ordre public et les bonnes
moeurs (section 3) ainsi que les voies de droit qui permettent de
défendre le droit à la présomption d'innocence et les
droits de la personnalité (section 4).
17 La liberté de la presse n'est pas la
liberté de tout dire et de tout écrire, il existe certaines lois
pour limiter les informations divulguées et les termes utilisés
par les journalistes. Extrait tiré de l'article « liberté de
la presse en France », disponible sur
http://blog.ac-rouen.fr/lyc-bloch-notes/2011/01/26/la-liberte-de-la-presse-en-france.
Consulté le28 mai 2013.
6
CHAPITRE I : DE LA LIBERTE DE LA PRESSE
Le présent chapitre traite de la définition de
la liberté de la presse (section 1) et de ses éléments
constitutifs (section 2).
Section 1 : Définition de la liberté de
la presse.
De prime abord, nous tenons à souligner que la loi ne
définit pas explicitement la liberté de la presse. Pour en
dégager une définition, il nous parait logique de définir
préalablement la liberté d'expression dont la liberté de
la presse, objet de notre recherche, est le corollaire.
§1. La liberté d'expression
La liberté d'expression est définie et garantie
par les textes juridiques de portée nationale et internationale. Nous
commencerons tout d'abord par l'analyser au regard des instruments juridiques
de portée internationale, et ensuite au regard des dispositions de droit
interne pour qu'enfin nous puissions dégager une définition de la
liberté de la presse.
1.1. La liberté d'expression au regard des
textes juridiques de portée
internationale.
Il est question de d'analyser la liberté d'expression
au regard de la D.U.D.H, le P.I.D.C.P et la C.A.D.H.P
1.1.1. La liberté d'expression au regard de la D.U.D.H
Adoptée par l'assemblée générale
des Nations Unies, dans sa résolution 217 A (III) du 10 Décembre
1948, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme constitue un
instrument efficace qui garantit les droits et libertés des citoyens.
Sur pied de l'article 19 de cette déclaration, «
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression ; ce
qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses
opinions et celui de rechercher, de recevoir les informations et les
idées par quelques moyens d'expression que ce soit ».
La D.U.D.H, par cet article, a posé une règle
abstraite et objective. L'analyse de cet article nous pousse à
inférer que la déclaration sous examen élargit le champ
d'application de cette liberté. Pour s'en rendre compte, l'article 19
in fine emploie l'expression « quelque moyen que ce soit » ;
en parlant de l'exercice de cette liberté.
7
Sous la plume de François Jongen, nous pouvons lire que
la liberté d'expression vise tout d'abord le droit qu'a chaque individu
dans une société démocratique d'exprimer en public ses
opinions, tant à l'oral qu'à écrit ; par effet de
ricochet, en installant et en utilisant des appareils émetteurs dans le
même but sous réserve d'un certain nombre de
conditions18.
Cela nous amène à voir ce que stipule le Pacte
International relatif aux Droits Civils et Politiques.
1.1.2. La liberté d'expression au regard du P.I.D.C.P
Adopté par la résolution 220 A (XXI) de
l'assemblée générale des Nations Unies en sa session du 16
Décembre 1996, le P.I.D.C.P est entré en vigueur le 23 Mars 1976.
Il a posé, à l'instar de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme ci-dessus examinée, le principe de la liberté
d'expression en son article 19. Cet article dispose que « Tout individu a
droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le
droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de
chercher, de recevoir et de répandre, sans considération des
frontières, les informations et les idées par quelque moyen
que ce soit ».
De même, le principe de la liberté d'expression
est affirmé par la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peules.
Il est également consacré par la Convention Européenne des
Droits de l'Homme19
18 F.JONGEN, (n2), p.18.
19En effet, l'article 10 de la Convention
Européenne des Droits de l'Homme dispose :
1. « Toute personne a droit à la liberté
d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la
liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des
idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités
publiques et sans considération de frontière. Le présent
article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de
radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un
régime d'autorisations.
2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs
et des responsabilités peut être soumis à certaines
formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la
loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une
société démocratique, à la sécurité
nationale, à l'intégrité territoriale ou à la
sûreté publique, à la défense de l'ordre et à
la prévention du crime, à la protection de la santé ou de
la morale, à la protection de la réputation ou des droits
d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou
pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.
», Extrait tiré de l'article « liberté de la
presse »
Disponible
sur http:///C:/Documents%20and%20Settings/Upc/Bureau/Protection%20de%20la%20libert%C3%A9%20d%27e
xpression%20de%20la%20presse%20par%20la%20Cour%20europ%C3%A9enne%20des%20Droits%20de%20l
%27Homme%20%28int%29%20-%20JurisPedia,%20le%20droit%20partag%C3%A9.htm.Consulté
le 30 mai 2013.
8
1.1.3. La liberté d'expression au regard La C.A.D.H.P
La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples a
défini la liberté d'expression en ce terme : « Toute
personne a le droit d'exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre
des lois et règlements.»20
1.2. Les textes juridiques de portée
nationale
Ce point porte essentiellement sur la Constitution du 18
Février 2006 telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20
Janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution du
18 Février 2006 ainsi que sur la loi n° 96 - 002 du 22 Juin 1996
fixant les modalités de la liberté de presse.
1.2.1. La liberté d'expression au regard de la
Constitution
La Constitution obéit, selon le professeur Jacques
Djoli, à un rythme binaire : En ce qu'elle fixe d'une part le mode de
désignation des gouvernants, et détermine, d'autre part, les
droits ou libertés, des gouvernés21. Abordant dans le
même sens, le professeur Félix Vunduawe soutient que la
Constitution est essentiellement divisée en deux parties :
L'organisation du pouvoir ainsi que les droits fondamentaux de l'homme et du
citoyen22.
C'est dans cette logique de protection des droits fondamentaux
de l'homme que le constituant23 affirme que toute personne a droit
à la liberté d'expression. Il poursuit en disposant que ce droit
implique la liberté d'exprimer ses opinions ou ses convictions,
notamment par la parole, l'écrit et l'image sous réserve du
respect de la loi, de l'ordre public et de bonnes moeurs24.
20 Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples, adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi, au Kenya, lors de la
18ème conférence de l'organisation de l'union
Africaine, entrée en vigueur le 21 octobre 1986, ratifiée par la
RDC le 20 juillet 1987, ordonnance-loi n° 87-027 du 20 juillet 1987,
Journal officiel, numéro spécial, septembre 1987, voir aussi
journal officiel, numéro spécial, 5 décembre 2002, art. 9
alinéas 2.
21 J. DJOLI ESENG'EKELI, Droit
constitutionnel, Tome 1, Kinshasa, Ed. Universitaires Africaines, 2010,
p.165.
22 F. VUNDUAWE te PEMAKO, Traité de droit
administratif, Bruxelles, éd. Larcier, 2007, p.83.
23 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), Art. 23. 24Ibidem.
9
1.2.2. La liberté d'expression au regard La loi n°
96-002 du 22 Juin 1996
fixant les modalités de la liberté de la presse.
Tirant sa substance de la Constitution, la loi sous examen
définit la liberté d'expression en ces termes : « Toute
personne a droit à la liberté d'opinion et d'expression. Par
liberté d'opinion et d'expression, il faut entendre le droit d'informer,
d'être informé, d'avoir ses opinions, ses sentiments et de les
communiquer sans entrave, quel que soit le support utilisé, sous
réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des droits
d'autrui et de bonnes moeurs »25
En République fédérale d'Allemagne, la
liberté de la presse est constitutionnellement garantie par l'article 5
de la Loi fondamentale. Voici le libellé de la disposition:
(1) Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement son
opinion par la parole, par l'écrit et par l'image, et de s'informer aux
entraves des sources qui sont accessibles à tous. La liberté de
la presse et la liberté d'informer par la radio, la
télévision et le cinéma sont garanties. Il n'y a pas de
censure.
(2) Ces droits trouvent leurs limites dans les prescriptions
des lois générales, dans les dispositions légales sur la
protection de la jeunesse et dans le droit au respect de l'honneur
personnel26.
A notre avis, la loi-cadre sur la presse congolaise telle
qu'élucidée par les dispositions de l'article 5 de la loi
fondamentale de la République d'Allemagne sus évoquée, est
plus complète ; en ce qu'elle contient les éléments qui
nous permettent de définir la liberté de la presse, et d'en
dégager les limites dans les lignes qui suivent.
Au regard de ce qui précède, Comment
pouvons-nous définir la liberté de la presse ?
En substance, par la liberté de la presse, il faut
entendre le moyen ; mieux le cadre approprié d'exercice de la
liberté d'expression. C'est le mode privilégié de
communication des masses, d'information et de culture27. Elle
consiste, pour
25 Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1) art.8.
26« Liberté de la presse », Disponible
sur
http://archiv.jura.uni-saarland.de/BIJUS/presse/intro_fr.htm
.Consulté le 27 mai 2013
27 Lire l'exposé des motifs de la loi
n°96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la
liberté de presse.
10
les professionnels de la presse, à collecter, traiter,
produire, diffuser des informations à travers un organe de presse ; et
ce, sans entrave.
Cela étant, il convient d'énumérer les
éléments constitutifs de la liberté de la presse.
Section 2 : Eléments constitutifs de la
liberté de la presse
Par éléments constitutifs de la liberté
de la presse, il faut comprendre les différentes notions qui composent
et accompagnent l'exercice de cette liberté. En nous
référant aux instruments juridiques ci-haut
évoqués, nous allons dégager quelques
éléments constitutifs de la liberté de la presse.
Le présent paragraphe analyse ces
éléments, du point de vue de professionnels de la presse d'une
part, et d'autre part, du point de vue du public.
§1. La liberté de la presse du point de vue des
professionnels de la presse
Par professionnel de la presse, il faut entendre toute
personne oeuvrant au sein des catégories de métier et se vouant
d'une manière régulière à la collecte, au
traitement, à la production, à la diffusion de l'information et
des programmes, à travers un organe de presse et qui titre l'essentielle
de ses revenus de cette profession28.
De la définition même de la profession de la
presse, il ressort quelques éléments constitutifs :
1.1 La collecte des informations
Elle marque le point de départ de l'exercice de la
liberté l'expression par les professionnels des médias. Elle
consiste à recueillir des faits sociaux de tout genre en vue de leur
traitement29.
1.2. Le traitement des informations
Il faut dire que le journaliste, en collectant les
informations, ces dernières sont reçues à l' «
état brut ». Pour éviter la déformation des faits, il
tenu de leur donner un sens plus réaliste ; et ce, en utilisant parfois
l'euphémisme pour une bonne production.
28 Loi n°96-002 du 22 juin 1996 (n1), art. 2.
29 Voir à ce sujet le Code de
déontologie des journalistes en R.D.Congo, Observatoire des
médias Congolais, art.1.
11
1.3. La production de l'information
Elle permet aux professionnels des médias en
général ; et aux agences de presse en particulier, d'assurer la
réalisation matérielle des informations collectées en vue
de leur diffusion. La production des informations peut être
réalisée à titre onéreux30 aux fins de
leur diffusion.
1.4. La diffusion des informations
La diffusion des informations est le droit de propager des
faits ainsi que des idées collectés. Il est le corollaire de la
liberté de pensée31 ; en ce sens qu'elle consiste
à dire ce que l'on pense ou ce que l'on sait, en privé ou dans
les médias. L'élément clé qui apparait, parmi les
éléments cités à titre indicatif, est
l'information.
2.1. L'information
Par information, il faut entendre des faits, des
données ou des messages, de toute sorte mis à la disposition du
public par voie de la presse écrite ou de la communication
audiovisuelle32. Il sied de signaler que le constituant congolais en
a fait un droit constitutionnel33. C'est le droit à
l'information.
2.2. Le droit à l'information
Le droit à l'information qui autre fois était
une théorie soutenue par la doctrine, est actuellement consacré
par la Constitution de la RDC du 18 février 2006. S'analysant comme l'un
des éléments constitutifs de la liberté de la presse, du
point de vue du journaliste ou professionnel de la presse, le droit à
l'information implique la prérogative d'informer34. L'Etat a
l'obligation d'assurer et de rendre effectif ce droit35.
Cependant, dans la collecte, le traitement, la production
ainsi que la diffusion de l'information, le journaliste doit facilement
accéder aux sources.
30 Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1), art.6.
31 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art. 22, alinéa 1.
32 Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1), art.3.
33 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1) art.24 alinéa. 1.
34 Voir notamment la Constitution de la
République Démocratique du Congo, (n1), art.24 al.1 et la loi
n°96-002 du 22 juin 1996, (n1) art.8.
35 Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1), art.
13, alinéa 1.
12
2.3. Le libre accès aux sources
d'informations36
Au nom de la liberté de la presse, le journaliste est
libre d'accéder à toutes les sources d'informations37.
Par source d'informations, il faut entendre l'origine des faits, des
données ou des messages auxquels le journaliste se réfère
pour mettre les informations à la disposition du public. Le libre
accès aux sources d'informations implique le devoir de vigilance.
En effet, le devoir de vigilance de la presse correspond aux droits
particuliers de cette dernière. En d'autres mots, elle doit
fournir des informations qui soient les plus véridiques possibles.
Le professionnel de la presse est ainsi tenue de vérifier, avant de
les diffuser, toutes les informations eu égard à leur
véracité, leur contenu et leur origine38
§2. Du point de vue du public
Dans le même ordre d'idées, la liberté de
la presse, du point de vue du public, est constituée du droit à
l'information. Mais ce dernier s'analyse comme le droit du public
d'être informé39. Le public a donc le droit de
recevoir une information de qualité ; c'est-à-dire l'information
qui respecte l'ordre public et les bonnes moeurs. Cela ressort clairement de
l'article 9 litera 8 de la loi organique portant composition, attribution et
fonctionnement du CSAC40. En effet, dans ses attributions, le CSAC
est appelé, notamment, à veiller à la qualité des
productions des médias du secteur de l'audiovisuel tant public que
privé et en promouvoir l'excellence.
Avec l'avancé de nouvelles technologies de
l'information et de la communication, l'Internet, via les
réseaux sociaux, s'est ajouté à la liste des
médias. Vu les effets pervers de ce dernier Internet, le
législateur a confié au CSAC la mission de prendre des mesures
nécessaires en vue de protéger les enfants des effets pervers de
l'internet41.
Cependant, on remarque, avec regret, que, bien qu'il existe
des règles juridiques que les professionnels de la presse audiovisuelle
sont censés respecter ;
36 En effet, la loi organique n°11/001 du 10
janvier 2011 (n2) dispose à ce sujet qu' « Aucun journaliste ou
professionnel des médias, ne peut être inquiété ou
de quelque manière que ce soit dans l'exercice régulier de sa
profession, ni se voir interdire l'accès aux sources d'information.
»
37 Loi n°96-002 du 22 juin 1996,
(n1), art.11.
38 « Liberté de la presse », disponible sur
http://archiv.jura.uni-saarland.de/BIJUS/presse/intro_fr.htm.
Consulté le 27 mai 2013.
39 Voir Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art. 24, alinéa 1 et la loi du
96-002 du 22 juin 1996, (n1), Art 8.
40En effet, cet article dispos que « Le
C.S.A.C est chargé de veiller à la qualité des productions
des médias du secteur tant public que privé et en promouvoir
l'excellence.»
41 Voir loi organique n°11/001 du 10 janvier
2011, (n2), art 20 litera 9.
13
et que le CSAC, autorité de régulation de ce
secteur, est censé faire respecter, les informations telles que
diffusées par les médias audiovisuels réduisent à
néant les droits fondamentaux des citoyens. Christine Marrié n'a
pas eu tort en soutenant qu'il s'agit de la violation fréquente, et trop
souvent volontaire, des principes moraux dont le respect devrait être
évident dans toute nation civilisée42.
Face à cette situation qui inquiète, plusieurs
juristes s'abstiennent de faire couler l'encre de leurs plûmes pour
fustiger le mauvais exercice de la liberté de la presse par certaines
chaines de télévision ; et ignorent parfois que cette
dernière liberté souffre de certaines limites lui imposées
par la loi.
On ne peut jamais ignorer que la personne humaine est
sacrée43. C'est pour cela que l'Etat doit veiller à ce
que ses droits ne soient pas violés. Parmi ces droits, nous citons
notamment le droit à la présomption d'innocence et les droits de
la personnalité.
Ainsi, opinent pertinemment le couple Akele et Théodore
Ngoy, la liberté de la presse, comme toutes les libertés, n'est
pas sans limites. Le droit à la vérité dont elle
procède n'est jamais absolu, parce qu'elle est toujours en conflit avec
d'autres droits qui viennent fixer les bornes de son empire. Il en est ainsi
par exemple du droit à l'honneur et du droit au secret, notamment le
secret de l'intimité, de la vie privée, des impératifs de
protection des intérêts de la justice, de la défense
nationale, de la sécurité publique, etc.44Cependant,
dans certains pays, les restrictions de la liberté de la presse se
conçoivent difficilement45.
42 M.CHRISTINE MARRIE, « Médias et
citoyenneté », Paris, Ed. L'harmattan, 2001, p.15.
43 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art. 16, alinéa1.
44P. AKELE ADAU, A.SITA-AKELE MUILA et T. NGOY
ILUNGA , Cours de droit pénal spécial, notes
polycopiées destinées aux étudiants de
3ème graduat de la faculté de droit, Université
Protestante au Congo, année académique 2003-2004, p.87.
45La Cour constitutionnelle de la République
fédérale d'Allemagne s'est prononcée en ces termes
«Etant donné l'importance essentielle du droit fondamental, il ne
serait pas logique d'accepter que la portée matérielle de ce
droit fondamental puisse être relativisée par une simple loi. Les
lois générales doivent, pour leur part, être
considérées et interprétées dans leur effet
restrictif de ce droit fondamental de manière à ce que la
substance de ce dernier soit en tout cas garantie. La relation
réciproque entre le droit fondamental et la loi générale
ne doit donc pas être comprise comme une restriction unilatérale
de la validité du droit fondamental par les lois
générales; il y a au contraire une interdépendance en ce
sens que les lois générales, bien qu'elles fixent des limites au
droit fondamental de par leur libellé, doivent, elles, être
interprétées à la lumière du rôle
déterminant de ce droit fondamental dans un Etat démocratique et
libéral et ainsi être à nouveau elles-mêmes
limitées dans leur effet restrictif sur le droit fondamental ».
Disponible sur
http://archiv.jura.uni-saarland.de/BIJUS/presse/intro_fr.htm.
Consulté le 27 mai 2013.
14
A travers ce passage, nous pouvons dégager
l'idée selon laquelle la liberté de la presse a un
caractère relatif, en ce sens qu'elle se heurte, dans son exercice,
à d'autres droits et libertés reconnus par le droit positif
congolais.
15
CHAPITRE 2 : DES LIMITES A LA LIBERTE DE LA PRESSE
IL faut rappeler que la liberté de la presse, qui
marche toujours de pair avec la liberté d'expression, est une
liberté constitutionnellement garantie. En tant que telle, elle est
opposée à d'autres droits et libertés qui, comme elles,
sont constitutionnellement protégés.
Nous ne prétendons pas, dans l'exposé des
données recueillies dans le cadre du présent chapitre, analyser
tous les droits et libertés qui peuvent constituer une barrière
pour la liberté de la presse.
Néanmoins, nous aborderons quatre limites à
cette liberté ; savoir, le droit à la présomption
d'innocence (section1), les droits de la personnalité (section 2),
l'ordre public et les bonnes moeurs (section 3).A cela va s'ajouter l'analyse
des voies de droits pouvant permettre de défendre le droit à la
présomption d'innocence et les droits de la personnalité (section
4).
Section 1 : Du droit à la présomption
d'innocence
Si hier les faits dont l'auteur présumé de
l'infraction était reproché, en revêtant un
caractère incontestable, amenait le juge qui était saisi à
le condamner automatiquement, une telle démarche n'est plus de mise
aujourd'hui.
Actuellement, la poursuite d'une infraction, outre la
collaboration, d'éléments qui en conditionnent l'existence, exige
la formalisation de règles de conduite que le juge suivra pour parvenir
à la vérité judiciaire. Mais avant qu'il ne dise le droit,
l'infraction qui est commise au supposé être commise est à
priori « jugée et condamnée » par l'homme de la rue
à travers les médias.
Il est vrai, lorsqu'une infraction est commise, dit-on,
l'ordre public est troublé46. A cet effet, l'Etat qui est le
détenteur du droit de punir, recherche les éléments
constitutifs de l'acte infractionnel47 dont l'accusé est
reproché, pour que soit rétabli l'ordre public troublé par
son acte.
Pour que l'ordre troublé par la commission de
l'infraction soit rétabli, seuls les organes institués par l'Etat
ont la compétence pour ce faire. Ce point de vue est largement
partagé par la doctrine qui soutient que c'est l'Etat qui, dans un
Etat
46 E-J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA
BAMEYA(+), Manuel de procédure pénale, PUC, Kinshasa,
2011, p.20.
47 Lire à ce sujet G. NGBANDA te BOYIKO te
TENGE, Manuel de droit pénal général, Editions
GRIGED, Kinshasa, 2007, p.40
16
de droit démocratique, a le monopole de l'oeuvre de la
répression48. C'est ainsi que face à une infraction
qui vient de se commettre, même si l'accusé est attrapé en
état de flagrance, la vengeance privée n'est pas
permise49.
En ce qui est de la RDC, C'est le parquet qui recherche les
infractions. Il est secondé par les officiers ainsi que les agents de
police judicaire qui exerce leur pouvoir conformément à la
loi50.
La question de la présomption d'innocence continue
jusqu'en ce jour à faire couler beaucoup d'encre et de salive. De notre
part, il est question de l'analyser comme limite à la liberté de
la presse en la définissant (§1), en en dégageant la
portée (§2), et l'importance (§3).
§1.Définition de la présomption
d'innocence
Par présomption d'innocence, il faut entendre le droit
qu'a toute personne qui commet une infraction et qui n'a pas encore
été condamnée par un jugement coulé en force de
chose jugée, d'être regardée par la société
comme une personne n'ayant jamais commis un fait pour lequel elle est
poursuivie. Cela signifie que le fardeau ultime d'établir la
culpabilité incombe au ministère public. Si, à la fin des
plaidoiries, il existe un doute raisonnable relativement à tout
élément de l'accusation donne au prévenu l'avantage
initial du droit au silence et l'avantage ultime de doute
raisonnable51.
En tant que principe gouvernant la procédure
pénale, la présomption d'innocence est affirmée par les
instruments juridiques tant nationaux qu'internationaux. En utilisant
l'approche comparée, nous analyserons d'une part quelques instruments de
droit international régulièrement ratifiés par la RDC ; et
d'autre part, les instruments de droit interne qui affirment le principe de la
présomption d'innocence.
48 E-J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA BAMEYA(+),
(n15), p.20.
49Ibidem.
50 Ordonnance n°78-289 du 3 juillet 1978 relative
à l'exercice des attributions d'officier et agents de police
judiciaire près les juridictions de droit commun, J.O.Z,
n° spécial du 1er aout 1978, article 1er.
51R.C.OAKES, [1986] 1 R.C.S. 103, PARA 32.Cité
par T. NGOY ILUNGA WANSENGA, (n2), p.246.
17
1.1 La présomption d'innocence à la
lumière des traités et accords internationaux
régulièrement conclus par la RDC
La République Démocratique du Congo, dans son
engagement au respect des droits et libertés fondamentaux de l'homme, a
signé plusieurs conventions et accords internationaux, qui ont,
dès leur publication au Journal Officiel, une suprématie par
rapport aux lois52. Dans cet ordre d'idées, nous avons
ciblé trois conventions internationales régulièrement
conclues par la RDC qui posent un certain nombre des principes fondamentaux;
parmi lesquels la présomption d'innocence. Nous citons notamment la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le Pacte International
relatif aux Droits Civils et Politique, ainsi que la Charte Africaine des
Droits de l'Homme et des Peuples.
1.1.1 La présomption d'innocence au regard de la
D.U.D.H
Nous tenons à rappeler, pour ne pas
répéter ce que nous avons souligné dans les lignes qui
précédent, que la D.U.H.D constitue l'un des instruments
juridiques efficaces qui garantissent les valeurs axiologiques de la «
société internationale » ; parmi ces valeur il y a notamment
la vie, la dignité et l'honneur, etc. En Outre, la D.U.D.H a
également posé certains principes ; dont la présomption
d'innocence. Pour s'en convaincre, l'article 11 de cette déclaration
dispose que « Toute personne accusée d'un acte délictueux
est présumée innocente jusqu'à ce que sa
culpabilité ait été légalement établie au
cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui auront été
assurées. »
La lecture de l'article ci-dessous évoqué nous
pousse à opiner que la présomption d'innocence est un droit qui
est reconnu à toute personne ; quels que soient son appartenance
sociale, la couleur de sa peau et le degré de gravité de l'acte
posé par elle. De ce même article, il ressort que la
présomption d'innocence garantit les droits de la
défense53.
1.1.2. La présomption d'innocence au regard du
P.I.D.C.P
S'inspirant largement de la Charte des Nations Unies et de la
D.U.D.H, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques
s'attache également à un certain nombre de principes fondamentaux
nécessaires à la garantie des droits de l'être humain ;
parmi lesquels la présomption d'innocence.
52 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), Art.215.
53Idem, art 61, litera 5.
18
Sur pied de l'alinéa premier de l'article 14 du pacte
sous examen, il est stipulé que « Tous sommes égaux devant
les tribunaux et cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement par le tribunal compétent,
indépendant, établi par la loi qui décidera soit du bien
fondé de toute accusation en matière pénale dirigée
contre elle.
Le deuxième alinéa du même article
poursuit en disposant que « Toute personne accusée d'une infraction
pénale est présumée innocente jusqu'à ce que sa
culpabilité ait été légalement établie
».
Mutatis mutandis, les mêmes commentaires faits
au sujet des dispositions de la D.H.D.H peuvent être retenus.
Néanmoins l'alinéa premier de l'article 14 du P.I.D.C.P apporte
une précision de taille en ce sens qu'il souligne l'aspect selon lequel,
seul le juge est compétent pour juger bien-fondé de l'accusation
dont une personne fait l'objet.
1.1.3. La présomption d'innocence au regard de la
C.A.D.H.P
A la suite de multiples abus commis non seulement par les
colons mais aussi par les dirigeants africains qui ont pris la commande
après le départ des colons, vers les années 1960,
années qui coïncide, pour la plupart des pays africains, à
l'accession à l'indépendance, les dirigeants africains,
s'inspirant notamment de la D.U.D.H ,ont pu doter l'Afrique, le 25 Juin 1981,
d'une charte garantissant les droits fondamentaux des citoyens.
En ce qui est de la présomption d'innocence, la
C.A.D.H.P s'exprime en ces termes : « Toute personne a droit à ce
que sa cause soit entendue. Ce droit comprend le droit à la
présomption d'innocence, jusqu'à ce que sa culpabilité
soit établie par une juridiction compétente. »54
1.2. La présomption d'innocence au regard des
instruments juridiques internes
Par instrument juridiques internes, nous entendons les normes
qui font partie du système juridique d'un Etat donné et qui n'ont
pas une portée internationale. Dans cette logique, nous analyserons la
Constitution du 18 Février 2006 telle que modifiée à ce
jour.
54 Voir C.A.D.H.P, (n9), art. 7, alinéa 1
(b)
19
1.2.1 La présomption d'innocence à la
lumière de la Constitution
Il faut reconnaitre que sur le plan formel, la Constitution du
18 Février 2006 consacre très importante aux droits et
libertés fondamentaux à l'être humain. Pour s'en rendre
compte, plus de cinquante articles sur deux cent vingt-neuf sont
spécialement réservés aux droits et libertés
fondamentaux de l'homme. Cela s'explique, nous semble-t-il, à
l'adhésion de la RDC à plusieurs conventions internationales
portant sur ces matières.55
Elle pose le principe de la présomption d'innocence en
ces termes : « Toute personne accusée d'une infraction est
présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité
ait été établie par un jugement définitif.
»56
Au regard de cette disposition, il ressort que la
présomption d'innocence est un principe constitutionnel qui est
posé en de termes nets et clairs. A ce sujet, la nuance qui existe entre
la Constitution sous examen et les autres instruments juridiques ci - dessus
évoqués sur ce point précis réside dans la
détermination de la période ; mieux l'espace de temps à
partir duquel l'accusé doit bénéficier de la
présomption d'innocence. Ce qui nous permet d'étudier la question
relative à la portée de la présomption d'innocence.
§2. Portée de la présomption d'innocence
A l'heure actuelle, bon nombre de normes affirment le principe
de la présomption d'innocence. Bien que s'exprimant en de termes
nuancés, la plupart de ces textes juridiques reconnaissent à l'
« accusé » ce droit fondamental.
Nous pensons que la question de la portée de la
présomption d'innocence mérite d'être soulevée pour
la simple et bonne raison que, la plupart des textes qui en affirment, n'en
détermine pas la portée ; c'est-à-dire le champ
d'application. Chaque droit étant le reflet de la réalité
de chaque société, il est intéressant pour nous, à
travers le présent paragraphe, de tenter de définir la
portée de la présomption d'innocence.
Sous la plume intelligente de Jean Pradel, nous pouvons lire
que le principe de la présomption d'innocence s'applique à la
décision pénale de fond dès lors que la partie
poursuivante ne peut démontrer la culpabilité. C'est le sens
l'adage latin « in dublio pro reo » ; en français
« le doute profite à l'accusé
»57.
55 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1) Préambule
§4. 56Idem,
art 17, in fine.
57 J. PRADEL,
procédurepénale, Paris, éd.
Cujas, 1995, p.306
20
A cette même question, Jean Carbonnier soutient qu'
« on a nié l'application de la présomption d'innocence avant
la saisine du juge pénal au motif que scientifiquement, il ne devrait
pas y avoir, tant que le procès pénal est en cours, de
préjugé sur la culpabilité ou la non culpabilité de
l'inculpé, de présomption d'innocence, comme celle que proclame
peu imprudemment la déclaration des droits, ni à rebours, de
présomption de délinquance, comme celle que l'école
positiviste aura volontiers posée contre criminalité atavique. Ni
l'un ni l'autre présomption mais une condition juridique neutre
d'inculpé, un statut de l'inculpé à la fois pour lui et
pour sa société [...] »58
Il appert, selon ce dernier auteur, que le principe de la
présomption d'innocence ne s'applique que devant les cours et tribunaux
; et qu'en dehors d'une procédure se déroulant devant le juge,
l'accusé ne bénéficie que d'un statut qui le
protège. Telle est la conception anglo-américain de la
présomption d'innocence. En effet, en droit anglo-saxon, l'infracteur
peut être présenté, avant même qu'il ne soit
condamné au public, par les médias, comme l' « auteur
des faits dont le peuple a entendu parler »59.Cela
démontre que la protection de la présomption d'innocence reste
mince aux USA.
Ainsi, il n'est nullement interdit, en droit
anglo-américain, de montrer des faits suggérant qu'une
personne est coupable. Concrètement, cela veut dire que les lois
américaines n'interdisent pas de montrer une personne
arrêtée et soupçonnée d'un crime avec des menottes
aux mains. Plus généralement, les médias se couvrent en
parlant de crimes allégués60.
En l'absence d'une définition explicite du champ
d'application de la présomption d'innocence, la doctrine fait naitre des
controverses. Cependant, il faut souligner que tous soutiennent unanimement que
c'est un principe qui ne s'applique qu'en matière répressive. En
effet, les uns, à l'instar de Carbonnier, nient l'application de ce
principe pendant la phase pré-juridictionnelle pour de raison
théorique ; et les autres soutiennent qu'il concerne tant la phase
pré-juridictionnelle que la phase juridictionnelle.
Face à ces deux courants idéologiques, il
convient de prendre position en tenant compte de la réalité du
droit positif congolais. En effet, la procédure
58 J. PRADEL, (n19),
p.306
59 Lire T. NGOY ILUNGA WA
NSENGA, (n1), p.242.
60 « Présomption d'innocence »,
disponible sur
http://fr.joellebailard.com/2012/07/31/le-peuple-de-letat-de-new-york-contre-dominique-strauss-kahn/,
consulté le 29 mai 2013.
21
pénale congolaise est mixte ; c'est-à-dire il
existe d'une part la phase pré-juridictionnelle ; et d'autre, part la
phase juridictionnelle.
En parlant de la protection de la liberté individuelle
dans un procès pénal, le professeur LUZOLO opine que
celle-là est fondée sur la présomption
d'innocence61. Cet éminent professeur de procédure
pénale, dans ses enseignements, n'a jamais cessé de dire que les
règles de procédure répressive ne s'appliquent pas
seulement à la phase juridictionnelle, mais aussi et surtout à la
phase pré-juridictionnelle. En tenant compte de la réalité
de droit congolais, l'O.P.J peut, s'il estime qu' à raison des
circonstances, la juridiction de jugement se verrait à prononcer une
amende et éventuellement la confiscation, inviter l'auteur de
l'infraction à verser au trésor une somme dont il
détermine le montant sans qu'elle puise dépasser le maximum de
l'amende en colles augmentée éventuellement les déci vies
légaux 62.Cela implique que l'O.P.J ,avant la condamnation du
suspect, ait réuni tous les éléments de preuve qui
justifient l'existence de l'infraction ; et pendant ce temps, pesons - nous,
l'individu doit bénéficier de la présomption
d'innocence.
Par ailleurs, selon la lettre et l'esprit de l'article 17
in fine de la Constitution congolaise, il sied de dire que l'individu
qui est accusé d'avoir commis une infraction, bénéficie de
la présomption d'innocence dès la commission de cette
infraction, et cette présomption ne prend fin qu'à
l'intervention d'un jugement coulé en force de chose jugée. Cette
conception n'est pas du tout parage par l'homme de la rue.
Pour le commun de mortel, il serait absurde de parler de la
présomption d'innocence. Très souvent, lorsqu'il s'agit des
infractions qui provoquent une grande émotion populaire, l'opinion se
montre impatiente au point de vouloir bousculer la procédure ou grand
méprise des droits de la défense63.En s'exprimant au
sujet de la réaction sociale face à l'infraction, la doctrine
soutient que celle - ci ne doit pas être instinctive, arbitraire et
aveugle. Dans une société organisée, l'Etat assure la
responsabilité de l'ordre public et du bien commun. Aussi en face d'une
infraction qui vient de se commettre, l'on ne peut concevoir que la vengeance
privée puisse satisfaire64.
61 E.J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA BAMEYA(+),
(n 15), p.245.
62 Code de procédure pénale congolaise,
article 9.
63E.J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA BAMEYA(+),
(n15), p.26. 64Ibidem.
22
Le constat est malheureux lorsque l'on observe ce qui se passe
dans le secteur de l'audiovisuel en RDC. En effet, certains médias
audiovisuels tant publics que privés, se permettent souvent de diffuser
les informations et même l'image des « individus accusés
» sans le consentement de ceux-ci. En diffusant l'image d'un
accusé, nous pensons que ces médias portent atteinte au principe
de la présomption d'innocence65.Ce qui est plus grave, ces
medias présentent non seulement l'accusé à la
télévision comme « coupable » sans être
jugé, mais il le soumet à un traitement inhumain. Les exemples
sont nombreux pour démontrer ces arguments soutenus ; notamment le cas
du pasteur Deni LESSI qui, dès le seuil des poursuites engagées
contre lui, a été présenté par les médias
comme « coupable ».
Nul n'est censé ignorer la loi66 ; or la
Constitution, « loi fondamentale » d'un Etat, interdit la soumission
d'une personne à n'importe quel traitement cruel, inhumain ou
dégradant67.cette pratique se fait souvent au vu et au su des
O.P.J68 qui sont appelés à faire respecter la
loi69.
65Article 9-1 du Code civil français dispose
dans son premier alinéa dispose :
"Chacun a droit au respect de la présomption
d'innocence." Le second alinéa définit l'atteinte à ce
principe comme la présentation publique d'une personne, avant toute
condamnation, comme coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou
d'une instruction judiciaire et il édicte la possibilité pour le
juge de prescrire, même en référé, afin de faire
cesser l'atteinte à cette présomption, toute mesure telle
l'insertion d'une rectification ou d'un communiqué aux frais du coupable
de l'atteinte.
66 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art.62.
67Idem, articles 16 in fine et 61
litera 2.
68Dans une société organisé,
mieux dans un Etat de droit démocratique, il est institué les
organes chargés de la répression, ces organes sont : le pouvoir
judicaire et le parquet. Il est de bon aloi que nous puissions analyser
particulièrement le rôle de la police judicaire face à la
présomption d'innocence.
Au regard de l'article 2 de l'ordonnance n° 78 - 289 du 3
Juin 1978, la police judicaire a pour mission essentielle la recherche et la
constatation des infractions. L'article 7 alinéas 2 de la même
ordonnance ne dispose que l'O.P.J avant d'exercer son fonction prête le
serment suivant : « je jure fidélité au président de
la république, obéissance à la constitution et aux lois de
la R.D.C de remplir fidèlement les fonctions qui me sont confiées
et d'en rendre Loyalement compte à l'O.M.P ».
Il ressort de ces deux dispositions sur évoquées
que l'O.P.J a d'une part le devoir de rechercher et de constater les
infractions ; et d'autre part l'obligation de respecter la Constitution et les
lois. En observant les images telles que diffusées par les medias
audiovisuels, il arrive que l'on voit au moins un O.P.J assister à la
commission de plusieurs infractions au lieu où l'infraction initiale
qu'il a trouvée ou constatée a été commise. Le
comportement de la police judicaire face à cet Etat de fait nous permet
de dire qu'elle viole à travers les medias, la Constitution, les lois
ainsi que les traités et accords internationaux qui posent le principe
de la présomption d'innocence.
69 La loi doit être comprise, dans ce cas, au
sens large. C'est tout acte-règle : La Constitution, les traités,
les lois émanant du parlement, les édits, le règlement,
même la coutume. C'est la notion de légalité au sens
large.
23
§3. Importance de la présomption
d'innocence
La doctrine considère que la présomption
d'innocence assure à l'individu la garantie nécessaire pour sa
défense70. Tout le débat en matière
répressive tourne autour de la preuve. Le principe de la
présomption d'innocence, dans ces conditions, se cristallise par
l'administration de celle-ci.
Considérant que toute personne est
présumée innocente dès le début des enquêtes
ouvertes, contre elle jusqu'au jugement qui décide de sa
culpabilité ou de son innocence, il nous revient de poser la question de
savoir à qui incombe la charge de la preuve ?
3.1. La charge de la preuve pénale : «
actori incumbit probatio »
Si le droit judicaire privé diffère du droit
judicaire répressif, nous devons parfois mettre le rigorisme
terminologique de côté pour admettre qu'ils se rencontrent quelque
part. Il est évident qu'en droit judicaire privé, la charge de la
preuve incombe au demandeur71. Ce principe s'exprime par l'adage
latin « Actori incumbit probatio ». En droit pénal, la charge
de la preuve incombe au ministère public en vertu du principe de la
présomption d'innocence.72
A ce sujet, Jean Pradel souligne que le ministère
public bénéficie des présomptions fondées sur la
vraisemblance, de sorte qu'il appartient d'apporter la preuve
contraire73. Cette présomption dont
bénéficiée le M.P est - elle favorable au prévenu
?
A cette question, la doctrine dominante soutient que cette
présomption dont bénéficié le M.P n'est pas
toujours favorable à l'accusé74. C'est le sens de la
règle « Reus in excipiendo fit actor »
En effet, la règle « Reus in excipiendo fit
actor » permet au défendeur qui conteste les
prétentieux du demandeur d'invoquer ses moyens de défense. Nous
pouvons, à ce sujet, souligner que la charge de la preuve ne doit pas,
en principe, peser sur le dos l'accusé ; au cas contraire, la
présomption d'innocence de l'accusé serait menacée. Aussi
est-il possible de considérer que la culpabilité du citoyen ne
soit pas immédiatement supposée. Cela signifie que durant le
temps
70 Lire avec intérêt T. NGOY ILUNGA WA
NSENGA, (n2) p.239.
71 « La partie poursuivante a l'obligation de rechercher, et
d'exposer, l'ensemble des éléments et des indices qui
confirmeront que celui qu'elle accuse a effectivement participé aux
faits qui lui sont reprochés », lire R. MERLE et A. VITU,
Traité de Droit Criminel , Procédure Pénale,
5ème Ed, Paris Cujas, 2001, p.183.
72 Lire notamment T. NGOY ILUNGA WA NSENGA,
(n2), p. 256. , G. LEVASSEUR, A. CHAVANNE, J. MONTREUIL et B. BOULOC,
droit pénal et procédure pénale, Paris, éd.
Sirey, 1996, p.1.
73 J.PRADEL, (n19), p.308.
74Idem, p.311.
24
procédural de l'enquête, de l'instruction et du
procès celui-ci conservera, non seulement le statut juridique qui
était le sien, antérieurement aux poursuites engagées,
c'est-à-dire une innocence effective, mais qu'au surplus il ne sera pas
obligé d'être un sujet actif dans la démonstration de sa
non culpabilité. Plus exactement, il sera présumé innocent
dès le début de l'enquête et jusqu'au jugement qui
décidera de sa culpabilité ou de son innocence75.
Abordant dans le même sens, Donnedieu soutient que la
règles « Reus in excipiendo fit actor » ne peut
être maintenant que si elle ne heurte pas de front la présomption
d'innocence76 ; étant donné que le doute profite
à l'accusé ; traduit en latin « in dublio pro reo
».En effet, le doute, si infinie soit - il, profite toujours à
l'accusé. Ce point de vue est partagé par la majorité de
la doctrine.
Roger Merle et André Vitu soutiennent, à ce
sujet, que l'accusation ne peut pas établir l'existence de l'infraction
en ses différents éléments constitutifs et prouver sa
culpabilité, l'accusé ou la prévenu doit être
acquitté ; le douté que l'accusation n'a pu éliminer
équivaut à une preuve positive de non
culpabilité77
Que pouvons-nous retenir de l'importance que présente
la présomption d'innocence ?
Au regard de ce qui précède, il ressort que la
présomption d'innocence permet à l'accuser de jouir de tous ses
droits de la défense, et lui accorde, dès la commission de
l'infraction, un statut particulier ; savoir, le statut de « suspect
».Elle lui garantit aussi le droit au silence ; non seulement
devant les autorités judiciaires ; mais aussi devant la presse. Elle
permet, en outre, à l'accusé, de bénéficier du
doute durant cette période de suspicion. Ce qui est une garantie
efficace des droits qui lui sont reconnus en sa qualité d'homme.
En présentant un individu à la
télévision comme coupable alors même qu'il n'a pas
été condamné par un jugement qui est coulé en force
de chose jugé, les médias audiovisuels portent atteinte à
la présomption d'innocence78.
La Cour de Cassation française s'est prononcée
dans le même sens79. C'est sous cet angle que nous analysons
la présomption d'innocence comme limite à la liberté de la
presse.
75Lire « La présomption d'innocence :
Essai d'interprétation historique », disponible sur
http://www.google.cd 76
DONNEDIEU cité par J.PRADEL, (n19), p.307.
77R. MERLE et A. VITU, (n23), p.181.
78 Voir Code de déontologie des journalistes,
en R.D.Congo, dans la partie intitulée « la grille de lecture de
l'OMEC », décembre 2011, p.15.
25
SECTION 2 : Des droits de la personnalité
La théorie des droits de la personnalité, en
RDC, n'a pas jusqu'à preuve du contraire, fait l'objet d'une
réglementation ; mieux, d'une consécration explicite par les
législateur, à l'exemple d'autres pays80. Ce qui
explique parfois l'attitude de certains praticiens du droit de renier la notion
même des droits de la personnalité. Il existe, cependant, en droit
positif congolais, des éléments relatifs aux droits de la
personnalité.
En faisant appel à l'approche comparée, nous
nous lançons dans une démarche de lege ferenda pour
analyser les droits de la personnalité comme limite à la
liberté de la presse dans l'ordre qui s'impose désormais.
§1 Notions sur les droits de la
personnalité
A la lumière de l'article 16 de la Constitution
congolaise, la personne a droit au respect des éléments qui
composent sa personnalité. Cependant, le constituant congolais a
consacré implicitement la notion des droits de la personnalité.
Le présent travail s'inspire, par conséquent, au droit suisse.
En droit suisse, le législateur a tout d'abord
définit la personnalité aux termes de l'article 27 du code civil
suisse. La personnalité est définie comme étant l'ensemble
des biens et valeurs qui appartiennent à une personne du seul fait de
son existence. L'analyse de cette définition nous pousse à
inférer que le législateur suisse considère les droits de
la personnalité comme des droits réels.
Du point de vue doctrinal, les droits de la
personnalité sont considérés comme l'ensemble des droits
reconnus par la Constitution ou par la loi à toute personne, en ce
qu'ils sont des attributs inséparables de sa
personnalité81.
Par ailleurs, Ambroise Colin et Henri Capitant soutiennent que
les droits de la personnalité consistent dans l'aptitude à jouir
et à exercer les droits que le droit reconnait et
protège82.
79La première chambre de la Cour de Cassation
française a retenu que "seule une condamnation pénale devenue
irrévocable fait disparaître, relativement aux faits qu'elle
sanctionne, la présomption d'innocence" (Civ. 12 novembre 1998,
Bull. n° 313).
80 Voir notamment L'Art 27 du Code Civil Suisse
(CC) qui définit la personnalité comme l'ensemble des biens et
des valeurs qui appartiennent à une personne du seul fait de son
existence.
81 E. MWANZO IDIN'ANINYE, Cours de Droit
civil, notes polycopiées destinées aux étudiants de
première année graduat, faculté de droit,
Université Protestante au Congo, année académique
2012-2013, p.13.
82 A.COLIN et H. CAPITANT, Traité de droit
civil, Paris, Editions Dalloz, 1957, p.342.
26
Les droits de la personnalité tels que décrits
ci-haut apparaissent comme des droits subjectifs, qui sont reconnus et
protégés par la législation d'un Etat
déterminé.
Avec Philippe BIHR, nous pouvons reconnaitre que, bien
qu'inhérent à la personne humaine placée au sein de la
société, les droits de la personnalité ne constituent pas
une catégorie très nettement définie83.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
définir les droits de la personnalité comme des
prérogatives reconnues par les traités et accords internationaux,
par Constitution, par la loi ainsi que la coutume, à tout être
humain ; qui lui permettent de défendre les éléments de sa
personnalité contre toute atteinte illicite des pouvoirs publics ou des
tiers.
Ainsi définis, nous pouvons tourner notre regard sur
les caractères des droits de la personnalité.
§2. Les caractères des droits de la
personnalité
Le présent paragraphe retient essentiellement six
caractères des droits de la personnalité ; savoir
l'universalité, l'extra-patrimonialité,
l'intransmissibilité, l'imprescriptibilité,
l'incessibilité et l'insaisissabilité.
2.1. L'universalité
Par universalité, il faut entendre la reconnaissance
des droits de la personnalité à toute personne. Ils sont
rattachés à chaque personne84 et ce, sans distinction
de sexe, de couleur, de race, etc.
2.2. L'extra- patrimonialité
Un droit extra patrimonial est un élément
attaché à un sujet de droits ; lequel élément n'est
pas évaluable en argent.85 Tel est le caractère extra
patrimonial des droits de la personnalité. Cependant, en cas d'atteinte
illicite des droits de la personnalité par un tiers ou par les pouvoirs
publics, la victime a le droit d'exercer une action réparatrice contre
celui qui a violé l'un des éléments de sa
personnalité.
83 P.BIHR, Droit civil général,
Paris, Dalloz, 18ème Edition, 2010, p.35.
84 L.STASI, Droit civil : personnes,
incapacités, famille, Paris, Editions Paradigme, 2007, p.37.
85 F. TERRE, Introduction générale
au droit, Paris, 3ème Edition, Dalloz, 1996, p.304.
27
Cette action, en remplissant certaines conditions, aboutit
à allocation, par le juge, des dommages et intérêts du fait
du préjudice subi86. Considérant ce qui vient
d'être soutenu ; et sans contester le caractère extrapatrimonial
des droits de la personnalité, nous avons dire que ces droits sont
à « mi-chemin » entre les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux ; car en cas de leur violation, ils connaissent un glissement
vers le patrimoine de la victime ; c'est-à-dire permettent à la
victime d'exercer une action en justice. Dans ces conditions, c'est l'atteinte
illicite qui constitue le fait générateur de ce glissement.
2.3. Intransmissibilité87
A notre avis, ce caractère est une conséquence
directe du caractère extrapatrimonial. En effet, les droits de la
personnalité ne faisant pas partie du patrimoine, ne peuvent par
conséquent être transmis aux ayants droit en cas de
décès. Tel est le principe. Cependant, la doctrine conteste
quelque peu ce caractère. Pour s'en convaincre, certains auteurs
soutiennent que ces droits sont transmissibles si une atteinte a
été portée du vivant de l'individu, à sa
personnalité et ce, par une action réparatrice88. De
même il peut avoir lieu de protéger soit son cadavre soit
sépulture, soit son image, son honneur, sa
sépulture89.
2.4 L'imprescriptibilité
Par imprescriptibilité des droits de la
personnalité, il faut entendre le fait pour son auteur de ne pas les
perdre par l'écoulement de temps. Etant attachés à la
personne, ces droits ne peuvent en aucun cas être frappés de
prescription ; en d'autres termes, le titulaire des droits de la
personnalité peut à tout moment saisir le juge pour obtenir la
réparation du dommage qu'un tiers lui a causé.
2.5. L'incessibilité
Si les éléments du patrimonial sont susceptibles
de faire l'objet d'une convention, il n'en est pas le cas pour les droits de la
personnalité. Cela parait logique car ce qui ne pas fait pas partie du
patrimoine est hors commerce.
86 Lire à ce sujet J. CARBONNIER, droit
civil : les obligations, tome IV, Paris, Editions PUF, 1992, p.383.
87 F. TERRE ET DOMINIQUE FENOUILLET, droit civil :
les personnes, la famille, les incapacités, Paris, Ed. Dalloz,
2005, p.56.
88A.COLIN et H. CAPITANT, (n26), p.347.
89Ibidem.
28
2.6. L'insaisissabilité
Le titulaire des droits de la personnalité ne peut les
voir saisis par son créance en cas d'inexécution de son
obligation. Cela est aussi lié au caractère extrapatrimonial des
droits de la personnalité dont il convient de faire une
classification.
§3. Classification des droits de la
personnalité
Dans la classification des droits de la personnalité
nous évoquerons les éléments de la personnalité
protégés par les traité et accords internationaux, par la
Constitution ainsi que les lois.
3.1. Le droit à l'intégrité
physique
Dans ses rapports avec les hommes, l'individu a droit à
la protection de sa vie de son intégrité physique90.
La protection des droits à l'intégrité physique a pour
fondement la Constitution91, la D.U.D.H92, le
P.I.D.C.P93, la C.A.D.H.P94, le Code pénal
congolais livre II95.
3.1.1. Droit de la vie privée
La notion du respect de la vie a son fondement dans la
Constitution96. Chaque personne a le droit de garder
sécrète l'intimité de son existence, afin de ne pas
être livrée en pâture à la curiosité et
à la malignité publique97. La jurisprudence et la
doctrine s'accordent à reconnaitre que la vie privée recoure : la
vie familiale, la vie sentimentale et sexualité, le domicile, les
Convictions religieuses et morales, la santé et les
loisirs98. Les éléments de la vie privée ci-
dessus énumérés ne sont pas limitatifs. Cette notion est
également consacrée par la D.U.D.H, le P.I.D.C.P et la
C.A.D.H.P
90A.COLIN et H. CAPITANT, (n26), p.342-343.
91 Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art. 16 et 61.
92Déclaration universelle des droits de
l'homme, adoptée et proclamée par l'assemblée
générale des Nations-Unies, Résolution 217 A (III), paris,
10 décembre 1948, Bulletin officiel du Congo-Belge 1949, articles 3, 5
et 8. 93Pacte internationale sur les droits civils et politiques,
adopté et ouvert à la signature, à la ratification et
à l'adhésion par l'assemblée générale des
Nations-Unies dans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre
1966, entré en vigueur le 23 mars 1976, ratifié par la RDC le
1er novembre 1976, voir journal officiel, numéro
spécial, 5 décembre 2002, articles 4, 5 et 7.
94 Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples, (n28), lire notamment les articles 4, 5 et 7
95 Voir les articles 43 et suivants du CPL II.
96Constitution de la République
Démocratique du Congo, (n1), art. 61, alinéa 1er.
97 J-P KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit civil congolais,
P.U.L, 2008, p.43.
98L.STAISI, (n26), p.51.
29
3.2. Les droits à l'intégrité
morale
Il ne suffit pas de protéger notre corps contre les
atteintes ; l'image, l'honneur et la réputation doivent également
être défendues. Les droits qui composent l'intégrité
morale sont reconnus et garantis par les lois de la R.D.C ainsi que certains
accords et conventions régulièrement signés par elle. De
tous les droits à l'intégrité morale ci - haut
cités, ce qui retient le plus notre attention, c'est le droits
à l'image ; car son respect par les tiers garantit le respect des
autres droits à l'intégrité morale.
3.2.1. Le droit à l'image
Il confère, en effet, d'une part le droit de s'opposer
à toute prise ou diffusion ; et d'autre part, le droit d'exploiter son
image99. Il permet à son titulaire d'autoriser ou d'interdire
la diffusion de son image. Cependant, dans certaine situation, le droit
à l'image connait des restrictions.100 Nous pouvons citer le
cas des personnalités publiques, l'image captée dans un lieu
public, etc. Il faut toutefois noter que dans tous les cas de figure, le devoir
des journalistes est de livrer des informations vérifiées, sans
contre vérité, de respecter la vie privée
[...]101. Dans ces conditions, les droits de la personnalité
présentent une vertu protectrice102.
En diffusant l'image d'un individu à la
télévision sans son consentement, les médias audiovisuels
portent atteinte aux droits de la personnalité. C'est sous cet angle que
les droits de la personnalité constituent une limite à la
liberté de la presse.
99 E.MWANZO IDIN'ANINYE, (n26),
p.14.
100Ibidem.
101 L. STASI, (n26), p.54
102 En substance, il faut retenir que les droits de la
personnalité représentent une vertu défensive ; en ce sens
que étant reconnu à chaque personne, ils ont l'avantage d'offrir
à son titulaire le droit à une action réparatrice ; voire
même répressive. L'analyse de cette section consacrée aux
droits de la personnalité nous a permis d'affirmer qu'en R.D.C, certains
medias audiovisuels violent systématiquement les éléments
des droits de la personnalité.
On a souvent comme impression qu'en parlant des medias
audiovisuels, on doit se limiter la télévision. Or avec
l'évolution des N.T.I.C, l'intérêt, à travers les
réseaux sociaux diffusent parfois des images odieuses ; et l'on se
demande si cela ne relève pas de la compétence du C.S.A.C.
In specie, cela relève de sa
compétence. Mais il faut reconnaitre qu'il n'a pas de moyens technique
appropries pour contrôler les medias en ligne. Quel sont les moyens de
droits mis à la disposition de la victime d'un dommage survenu à
la suite de l'exercice abusif de la liberté de la presse.
30
SECTION 3 : l'ordre public et les bonnes moeurs.
§1. De l'ordre public
L'ordre public s'entend de mécanismes normatifs de
sûreté, de concorde, de paix, de sécurité, de
développement et de bien-être, mis en place par la Constitution et
les lois de la République au profit des personnes, de leurs familles et
de leurs biens, des collectivités privées et publiques, de l'Etat
et de ses démembrements.103
La doctrine dominante le définit comme l'ensemble des
valeurs dont les pouvoirs publics jugent nécessaire d'imposer le respect
à un moment déterminé.104
Au regard des définitions sus-évoquées,
il ressort que les éléments constitutifs de l'ordre public sont :
la paix, la sécurité et la concorde. Ils sont
nécessairement prévus par un texte normatif.
L'ordre public s'inscrit sur la liste des limites de la
liberté de la presse dans mesure où il interdit aux médias
audiovisuels de diffuser les informations allant à l'encontre des
éléments constitutifs énumérés ci-dessus.
§2 les bonnes moeurs 105
Les bonnes moeurs se fondent sur la conscience sociale et
morale ; et portent un consensus large et avéré autour des
valeurs, des règles de vie, des règles de jeu social, du sens de
convenance des rites, du sens de soi et d'autrui, et du sens des rapports de
soi à autrui au sein de la société. Elles se fixent
notamment sur :
a) Le respect de la vie et de la personne humaine, quels que
soient le sexe, l'âge, les origines et les conditions de vie de cette
dernière ;
b) La protection de la femme, de l'enfant, et de façon
générale, de personnes vulnérables ;
c) La considération des ancêtres et des anciens
;
d) La protection de la famille, des valeurs et des biens
collectifs ;
e) Les principes d'humanisme et de solidarité
mutuellement bénéfiques
f) Les valeurs de sexualité responsable respectueuse
de la personne d'autrui et des convenances communes ;
103 Voir l'avant-projet du nouveau code pénal de la
République Démocratique du Congo, art. 7. Point 2.
104 P. WACHSMANN, Libertés publiques, Paris,
Dalloz, 2000, p.57.
105 Voir l'avant-projet du nouveau code pénal congolais,
art.7 point 3.
31
g) La considération de tout geste, acte, parole, image
contraire à la morale, aux usages faisant scandale.
Le projet du nouveau Code pénal congolais
définit et donne des éléments constitutifs de la notion
des bonnes moeurs. Quelques-uns de ces éléments sont
protégés par les instruments juridiques que nous avons
examinés précédemment. C'est donc du point de vue de ces
dits éléments constitutifs que les bonnes moeurs constituent une
limite à la liberté de la presse. Les médias sont tenus de
les respecter.
SECTION 4 : Les voies de droit pouvant permettre de
défendre la présomption d'innocence et les droits de la
personnalité
Dans l'étude du présent paragraphe, il est
question d'étaler quelques moyens que le droit positif congolais a mis
sur pied pour protéger l'individu contre les atteintes à ses
droits fondamentaux. Ces moyens peuvent essentiellement être
regroupés en deux catégories ; savoir la protection du point de
vue pénal d'une part ; et d'autre part, la protection du point de vue
civil.
§1. La protection du point de vue pénal
Au point de vue pénal, les incriminations qui sont les
plus commises par voie de presse sont prévue par le Code pénale
congolais livre II. Ces infractions qui commise par voie de la presse
écrite ou audiovisuelle sont qualifiées de « délits
de presse ».106
En limitant notre étude sur la presse audiovisuelle,
nous pouvons citer quelques infractions qui mettent en péril la
présomption d'innocence et les droits de la personnalité.
1.1 Des imputations dommageables
Sur pied de l'article 74 du CPL II, celui qui a
méchamment et publiquement imputé à une
personne un fait précis qui est de nature à porter
atteinte à l'honneur ou à la considération de cette
personne ou à l'exposer au mépris public, sera puni
d'une servitude pénale de huit jours à un an et d'une amende de
vingt-cinq à mille [francs] ou d'une de ces Peines seulement.
Au regard de cette disposition, il ressort que l'imputation
doit porter sur un fait précis et sur une personne biens
déterminée ; cela suppose que l'auteur de l'imputation
dommageable doit poser des actes matériels à l'encontre de la
106 Loi n°96-002 du 22 juin 1996,
(n1), art.74.
32
victime. C'est ainsi que l'imputation dommageable n'existe pas
si le fait n'est pas précis107.
En sus de l'acte précis, l'imputation dommageable doit
être de nature à porter atteinte à l'honneur de la
personne108. La doctrine soutient que cette atteinte doit
être réelle et actuelle109. Aussi l'imputation doit
être faite publiquement. Par la publicité de l'imputation
dommageable, la doctrine entend la pratique de celle - là en
présence de plusieurs personnes110.
L'élément intentionnel qui est le plus
déterminait parmi les éléments constitutifs de toute
infraction doit être établi par le ministère public. Dans
le cas d'espèce, il s'agit de la méchanceté de l'auteur du
fait dommageable.
1.2 De l'injure
Au regard de l'article 75 du CPL II, « Qui conque aura
publiquement injurié une personne sera puni d'une servitude
pénale de huit jours à deux mois et d'une amende
n'excédant pas cinq cents [franc] ou d'une de ces Peines seulement.
De l'analyse de cet article, l'on s'aperçoit que le
législateur n'a pas définie le mot injure. D'où le recours
à la doctrine. Par injure, il faut entendre L'expression outrageante,
une parole qui offense, un terme repris qui ne renferme l'imputation d'aucun
fait précis111.
Matériellement, l'injure doit être
éructée contre une personne physique et ce, dans un lieu public.
Du point de vue de l'élément moral, l'injure doit être de
nature à causer un préjudice morale à la personne contre
laquelle elle est dirigée. C'est cet élément qui condition
l'existence de l'infraction d'injure public ; et par conséquent, il doit
être démontré par le ministère
public112.
Ces deux infractions qui sont citées à titre
indicatif comme étant celles qui portant atteinte à la
présomption d'innocence et des droits de la personnalité
étant analysés, il convient de passer à l'étude de
la protection civile des droits de la personnalité et de la
présomption d'innocence.
107P. AKELE ADAU, A. SITA-AKELE MUILA et T. NGOY
ILUNGA Wa Nsenga, (n13), p.77.
108 Ière Just.Léo., 18 Juill.1931, RJCB. P. 308 ;
Trib S/R. Kolwezi, 26 févr. 1974 ; RJZ. 1975, 49 ; L'shi 29 Juin
1967,
RJC. 1967, p.277.
109P. AKELE ADAU, A. SITA-AKELE MUILA et T. NGOY
ILUNGA Wa Nsenga , (n13), p.79.
110Ibidem.
111Ibid.
112Cass., 2 déc. 195, Ps. ; 1958, I, 348 ;
Ass., 23 sep 1957, Rev Dr. pén. 1958-1959; p.6 à 8.
33
§2. Protection des droits de la personnalité et
de la présomption d'innocence du point de vue civil
Il faut tout d'abord signaler que la protection civile des
droits susmentionnés existe de manière indépendante de la
protection pénale. En effet, l'exercice de l'action civile par la
victime de violation des droits sous examen peut se poursuivre nonobstant
l'action répressive. Cependant, il convient de préciser que la
victime peut exercice concomitamment les deux moyens qui vise à
protéger ses droits.
Deux moyens essentiels peuvent être analysés. Le
premier est spécifique à la presse et le second concerne le droit
commun.
2.1. Le droit de réponse
Sur pied de l'article 67 de la loi fixant les modalités
de l'exercice de la liberté de la presse, « Toute personne physique
ou morale dispose d'un droit de réponse dans tous les cas ou des
imputations susceptibles des porter atteinte à son honneur à sa
réputation ont été diffusées dans le cadre d'une
activité de communication audiovisuelle. Le demandeur doit
préciser les imputations sur les quelle il souhaite répondre.
»
Il appert que le droit de réponse est une
prérogative que le législateur reconnait à toute personne
qui a fait l'objet d'une imputation dommageable par voie de média
audiovisuel, de rectifier cette dernière. L'exercice de droit de
réponse est conditionné par l'existence du caractère
attentatoire des imputations.
En effet, les imputations dont la victime fait l'objet doivent
être de nature à porter atteinte à l'honneur ou de la
réputation d'un individu. Par ailleurs, le requérant du droit de
réponse à l'obligation de préciser les imputations sur
lesquelles il doit répondre. La Cour de Cassation française
précise que la réponse ne doit pas être contraire à
la loi et aux bonnes moeurs113.
2.1.1. Durée de la réponse
Au sujet de la durée de la réponse, l'article 68
de la même loi dispose que « la réponse, non comprise
l'identité, les civilités et les réquisitions d'usages ne
peut exercer la durée réelle de l'imputation dommageable
».
C'est dire que la réponse doit intervenir en respectant
le temps que l'auteur des imputations dommageable a réalisé pour
ce faire. Pour plus de
113Crim. 17 juin 1898, D.P. 1899, 1, 289, note
Appleton ; 28 mars 1995, Bull. n° 128.
34
précision, lorsque l'auteur des imputations à
enregistrer une émission de deux heures de temps au cours de laquelle il
n'a consommé que 10 minutes pour imputer les faits dommageables, la
réponse de la victime ne peut, en principe, pas dépasser 10
minutes.
Toutefois, le droit de réponse pourrait atteindre une
durée plus lorsque dans le cadre de l'émission l'ayant
provoqué elle - même114.
2.1.2. Gratuité de la réponse
Le principe veut que la diffusion du droit de réponse
soit gratuite115. Cette gratuite n'est admise que lorsque le
postulant exerce cette prérogative en tenant compté de la
durée de l'imputation. Il est interdit de répondre en
dépassant la durée de l'imputation ; même en offrant de
payer le surplus. Aussi il faut qu'il y ait une proportion entre la
réponse et les propos diffamatoires116.
2.1.3. Prescription du droit de réponse
Sur pied de l'article 70, alinéa 1 de la loi fixant les
modalités de la liberté de la presse, « La réponse
doit intervenir dans les 15 jours suivant la diffusion de l'émission qui
l'a provoquée ou à défaut, dès la première
disponibilité du programme ».
De l'analyse de cette disposition, il ressort que le
délai sus évoqué est un délai fixe ; et que de ce
fait, la prescription du droit de réponse commence à courir
à partir de la première diffusion ou de la première
disponibilité de programme diffusé.
En abordant la deuxième alternative, nous pensons que
le législation a été plus réalisé en ce sens
qu'il ait tenu compte de la réalité du secteur de
l'énergie électrique de la république démocratique
du Congo. En effet, il peut arriver qu'une émission au cours de laquelle
les imputations dommageables sont dirigées à l'endroit d'une
personne déterminée soit diffusée au moment où
celle-ci se trouve dans une situation qui ne lui permet d'être
informé des imputations portées à son honneur ; et
dès la première disponibilité de cette émission,
elle peut toutefois demander la réponse.
114Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1), art.68
in fine.
115Idem, art. 69, alinéa
1.
116Civ. 2, 24 juin 1998, Bull. n° 218 : 4
septembre 2001, Bull. II
35
Au regard de ce qui précède, il convient de dire
que la demande faite par le postulant est introduite auprès de l'organe
auteur des faits dommageables. Cela étant, nous pouvons dans les lignes
qui suivent analyser les moyens de protection civile de droit commun.
2.2. L'action en dommages et intérêts
A défaut d'une définition propre au droit
congolais, il reste aisé de se référer à l'article
30 du code de procédure civile française « L'action est le
droit pour l'auteur d'une prétention, d'être entendu sur le fond
de celle - ci afin que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour
l'adversaire, l'action est le droit de discuter le bien - fondée de
cette prétention ».
2.2.1. Fondement juridique de l'action en Dommages et
intérêts
A la lumière de l'article 258 du CCL III, « Tout
fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».
De l'analyse de cet article, il ressort que trois conditions
ont essentielles pour qu'une telle action aboutisse ; savoir la faute,
le dommage et le lien de causalité entre le fait et le dommage.
De ces trois conditions, il appert que la faute est
l'élément le plus essentielle117.
La doctrine dominante soutient que l'idée la plus
générale que l'on puisse retenir au sujet de la faute est d'une
certaine conduite, que le défendeur a suivie et qu'il dépendait
de sa volonté de ne pas suivre, alors qu'elle était
réprouvée par la société118. En d'autres
termes, la faute est la manifestation d'une volonté consciente illicite
ou illégale qui cause dommage.
Le dommage, autrement appelé préjudice, c'est
donc lui qui conduit le juge à allouer à la victime les dommages
et intérêts après avoir établi un lien de cause
à effet entre lui (Le dommage) et la faute.
La doctrine, en catégorisant les dommages
réparables, en énumère trois : Le dommage matériel,
Le dommage moral et Le dommage corporel. Nous estimons que de ces trois
catégories de dommage réparables, le deuxième est celui
qui est le plus causé par la presse audiovisuelle. Il trouve son
application
117 J.CARBONNIER, (n27), p.405.
118Ibidem.
36
naturelle là où il y a besoin de l'un des droits
au nom, à la propre image, à l'honneur, à la
considération, etc.119.
Ainsi, nous pouvons, dans la même logique, nous
interroger au sujet des personnes contre qui la victime doit afin en justice
tant du point de vue civil que pénal.
§3. Les personnes contre qui on peut agir en
justice
La loi pose certaines conditions d'ordre public à
l'égard des entreprises de télévision ou de
radiodiffusion. En effet, toute entreprise de radiodiffusion ou de
télévision doit avoir un directeur de programme. Celui -
ci doit être un professionnel de la communication
audiovisuelle120.
Lorsqu'il est à la fois propriétaire de
l'entreprise de télévision, il est pénalement responsable
du non-respect des conditions requises par la diffusion des
émissions.
Du point de vue civil, il est solidairement responsable avec
l'auteur d'une émission de sons ou d'images
dommageables121.
Par ailleurs, lorsque le directeur des programmes n'est pas en
même temps propriétaire de l'entreprise, le propriétaire
est civilement et solidairement responsable avec lui pour des imputations
dommageables122 et du point de vue pénal, il est seul
responsable du contenu des émissions123.
119 J.CARBONNIER,
(n27), p.405.
120Loi n°96-002 du 22 juin 1996, (n1), art.
62.
121Idem,
art. 63 (b).
122Ibidem, art.64 (a).
123Ibid,
art.64 (b).
37
CONCLUSION
Il était question, dans ce travail, de présenter
les données recueillies dans le cadre de l'étude de la
liberté de la presse et de ses limites en droit congolais. Pour mieux
cerner la notion de la liberté de la presse, nous avons recouru, d'une
part, aux instruments juridiques nationaux et internationaux ;et d'autre part,
à la doctrine et à la jurisprudence.
Ces différentes sources de droit qui ont
été analysées dans les corps de ce travail nous ont permis
de dégager la définition de la liberté de la presse, ses
éléments constitutifs et ses limites.
Au sujet des limites à la liberté de la presse,
nous avons analysé principalement le droit à la
présomption d'innocence et les droits de la personnalité et
à titre subsidiaire, la question de l'ordre public et les bonnes
moeurs.
Le recours au droit comparé, notamment les droit Suisse
et anglo-américain, nous a permis d'élucider certaines notions
par rapport à certaines lacunes que connait le droit congolais.
Au cours de cette étude, nous avons fait remarquer que
sur le plan pratique, la liberté de la presse ne s'exerce pas toujours
dans le strict respect de la loi.
Dans le même ordre d'idées, ce
travail a tenté de rassembler quelques dispositions légales qui
existent de manière éparse , lesquelles dispositions pourraient,
à notre sens, en l'absence d'une précision des limites à
la liberté de la presse, permettre à une personne qui voit ses
droits être violés du fait de l'exercice abusive de la
liberté de la presse, de les défendre.
Ainsi, à l'issue de notre réflexion, nous
pouvons répondre à la question de départ de notre
recherche. Nous pensons que la bonne coexistence entre la liberté de la
presse, droit fondamental, et les autres droits reconnus à l'individu,
réside dans la détermination, par le législateur, des
limites à cette liberté. Celui-ci devrait, pensons-nous,
élaborer une loi définissant les limites à la
liberté de la presse. En élaborant cette loi, il
devrait aussi prévoir des sanctions ainsi que les voies de droits de
droit permettant à la victime de défendre contre les atteintes
à ses droits par les médias.
38
De même, considérant que le «
caractère dépassé » de la loi fixant les
modalités d'exercice de la liberté de la presse face aux
avancés des techniques de l'information , il s'impose au
législateur d'adapter ; mieux d'élaborer une nouvelle loi portant
modalité de la liberté de la presse en tenant compte de
l'évolution de NTIC et des limites essentielles à cette
liberté qui doivent être clairement définies.
Dans la même optique, nous recommandons au
législateur de mettre en oeuvre des mécanismes pouvant permettre
au citoyen qui est lésé du fait de l'exercice excessif de la
liberté d'expression, par voie de média en ligne (internet),
d'exercer un recours contre l'auteur de cette atteinte.
Au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la
Communication, nous recommandons de renforcer le contrôle sur les
médias audiovisuels afin que la liberté de la presse s'exerce en
toute responsabilité.
39
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES JURIDIQUES 1.1. RDC
A. CONSTITUTION
1. Constitution de la République Démocratique du
Congo du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles
de la Constitution (textes coordonnés) du 18 février 2006,
J.O.R.D.C, numéro spécial, Kinshasa-5 février
2011.
B. TRAITES ET ACCORDS INTERNATIONAUX AYANT UNE AUTORITE
SUPERIEURE AUX LOIS
1. Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi, au Kenya, lors de la
18ème conférence de l'organisation de
l'union Africaine, entrée en vigueur le 21 octobre 1986, ratifiée
par la RDC le 20 juillet 1987, ordonnance-loi n° 87-027 du 20 juillet
1987, Journal officiel, numéro spécial, septembre 1987, voir
aussi journal officiel, numéro spécial, 5 décembre 2002,
p.244.
2. Déclaration universelle des droits de l'homme,
adoptée et proclamée par l'assemblée
générale des Nations-Unies, Résolution 217 A (III), paris,
10 décembre 1948, Bulletin officiel du Congo-Belge 1949, p.1206.
3. Pacte internationale sur les droits civils et politiques,
adopté et ouvert à la signature, à la ratification et
à l'adhésion par l'assemblée générale des
Nations-Unies dans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre
1966, entré en vigueur le 23 mars 1976, ratifié par la RDC le 1er
novembre 1976, voir journal officiel, numéro spécial, 5
décembre 2002.
C. LOIS ET ACTES AYANT FORCE DE LOI
1. Décret du 30 juillet 1888 sur les contrats et
obligations conventionnelles, B.O, 1888.
2. Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
mis à jour au 30 novembre 2004, J.O.R.D.C, numéro spécial,
Kinshasa, 30 novembre 2004, modifié par la loi n°06/018 du 20
juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940
portant code pénal congolais,J.O.R.D.C, numéro spécial,
Kinshasa, 1er août 2006.
40
3. Loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant
composition, attribution et fonctionnement du conseil supérieur de
l'audiovisuel et de la communication, J.O.R.D.C, numéro spécial,
Kinshasa-16 janvier 2011.
4. Loi n°96-002 du 22 juin 1996 fixant les
modalités de l'exercice de la liberté de presse, J.O.R.D.C,
numéro spécial, Kinshasa, aout 2001.
5. « Avant-projet du nouveau code pénal de la
République Démocratique du Congo », République
Démocratique du Congo, Ministère de la Justice et des Droits
Humains, Commission permanente de réforme du Droit Congolais.
D. ACTE REGLEMENTAIRE
1. Ordonnance n°78-289 du 3 juillet 1978 relative
à l'exercice des attributions d'officiers et agents de police judiciaire
près les juridictions de droit commun, J.O.Z, numéro
spécial, Kinshasa, 1er aout 1978.
1.2. TEXTES JURIDIQUES ETRANGERS
1. Code de procédure civile français,
disponible sur
http://www.juripédia.org/index.php/catégorie:
procédure-civile-(fr), consulté le 9 juillet 2013.
2. Code civil Suisse (c.c), disponible sur
http://www.wikipédia.org/wiki/code-civil-suisse,
consulté le 9 juillet 2013.
3. Convention Européenne des Droits de l'Homme,
disponible sur
http://www.lexinter.net/UE/convention-européenne-des-droits-de-
l'homme.htm, consultée le 9 juillet 2013.
4. Loi fondamentale de la République
Fédérale d'Allemagne, disponible sur
http://www.wikipédia.org/wiki/loi-fondamentale-de-la-République-d'Allemagne,
consultée le 9 juillet 2013.
II. OUVRAGES
1. BIHR P., Droit civil général,
Paris, Dalloz, 18ème édition, 2010.
2. CARBONNIER J., Droit civil : les obligations,
tome IV, Paris, PUF, 1992.
3. CHRISTINE MARRIE M., Média et
citoyenneté, Paris, Ed. L'Harmattan, 2001.
4. Code de déontologie des journalistes en
R.D.Congo.
5. COLIN A. et CAPITANT H., Traité de droit civil,
Paris, Dalloz, 1957.
6. DERIEUX E., Droit des médias, Paris,
Dalloz, 2001.
41
7. DJOLI ESENG'EKELI J., Droit constitutionnel, tome
I, Kinshasa, Ed. Universitaires Africaines, 2010.
8. JONGEN F., Droit de la radio et de la
télévision, Bruxelles, éd. De Boeck - wesmael,
1989.
9. HAYEK F.A., Droit, législation et
liberté, Paris, PUF, 2007
10. KIFWABALA TEKILAZAYA J-P, Droit civil congolais,
Lubumbashi, PUL, 2008.
11. LEVASSEUR G. et al, Droit pénal et
procédure pénale, Paris, Ed. Sirey, 1996.
12. LUZOLO BAMBI LESSA
E-J. et BAYONA BAMEYA N.A., Manuel de
procédure pénale, Kinshasa, PUC, 2011.
13. MERLE R. et VITU A., Traité de droit criminel,
5ème édition, Paris, Cujas,
2001.
14. NGBANDA te BOYIKO te TENGE G., Manuel de droit
pénal général, Kinshasa, d. GRIGED, 2007.
15. PRADEL J., Procédure pénale,
Paris, Ed. Cujas, 1995.
16. STASI L., Droit civil : Les personnes,
l'incapacité, la famille, Paris, Ed. Paradigme, 2007.
17. TERRE F., Introduction générale au
droit, Paris, Dalloz, 3ème
édition, 1996.
18. TERRE F. et FENOUILLET D., Droit civil : les
personnes, la famille, les incapacités, Paris, Dalloz, 2005.
19. VUNDUAWE te PEMAKO F., Traité de droit
administratif, Bruxelles, Ed. Larcier, 2007.
20. WACHSMANN P., Libertés publiques, Paris,
Dalloz, 2000.
III. THESE
1. NGOY ILUNGA WA NSENGA T., « Contribution à
la systématisation du droit congolais de la preuve »,
Thèse, Unikin, Faculté de droit, 2012.
IV.NOTES DE COURS
1. AKELE ADAU A., SITA-AKELE MUILA A. et NGOY ILUNGA WA
NSENGA T. , Cours de droit pénal spécial, notes
polycopiées destinées aux étudiants de
3ème graduat de la faculté de droit,
U.P.C, année académique 20032004.
2. MWANZO IDIN'ANINYE E., Cours de Droit civil,
notes polycopiées destinées aux étudiants de
première année graduat, faculté de droit, U.P.C,
année académique 2012-2013.
42
V. ARTICLES EN LIGNE
1. « La présomption d'innocence »,
disponible sur
http://fr.joellebailard.com/2012/07/31/le-peuple-de-letat-de-new-york-contre-dominique-strauss-kahn/,
consulté le 30 mai 2013.
2. « La présomption d'innocence : Essai
d'interprétation historique », disponible sur
http://www.google.cd,
consulté le 3 juin 2013.
3. « La liberté de la presse »,
disponible sur
http://archiv.jura.uni-
saarland.de/BIJUS/presse/intro_fr.htm.
Consulté le 27 mai 2013.
4. « La liberté d'expression »,
disponible sur
http:///C:/Documents%20and%20Settings/Upc/Bureau/Protection%20de%20la
%20libert%C3%A9%20d%27expression%20de%20la%20presse%20par%20la%
20Cour%20europ%C3%A9enne%20des%20Droits%20de%20l%27Homme%2
0%28int%29%20-%20JurisPedia,%20le%20droit%20partag%C3%A9.htm, consulté
le 30 mai 2013.
5. « liberté de la presse en France »,
disponible
http://blog.ac-rouen.fr/lyc-bloch-notes/2011/01/26/la-liberte-de-la-presse-en-france.
Consulté le28 mai 2013.
VI. JURISPRUDENCES.
a. RDC.
1. Ière Just. Léo., 18
Juill.1931, RJCB. P. 308.
2. Trib S/R. Kolwezi, 26 févr. 1974; RJZ.1975, P. 49.
3. L'shi 29 Juin 1967, RJC. 1967, p.277
b. JURISPRUDENCES ETRANGERES (France)
1. Civ. 12 novembre 1998, Bull. n° 313.
2. Crim., 17 juin 1898, D.P. 1899, 1, 289, note Appleton ; 28
mars 1995, Bull. n° 128.
3. Civ. 2, 24 juin 1998, Bull. n° 218 ; aussi : 4
septembre 2001, Bull. II).
4. Cass., 2 déc. 195, Ps. ; 1958, I, 348 .
5. Cass., 23 sep 1957, Rev Dr. pén. 1958-1959; p.6
43
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
EPIGRAPHE ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
INTRODUCTION 1
1. Position du problème et question de départ de
la recherche. 1
4. Intérêt de l'étude 3
4.1. Intérêt théorique 3
4.2. Intérêt pratique 4
CHAPITRE I : DE LA LIBERTE DE LA PRESSE 6
Section 1 : Définition de la liberté de la
presse. 6
§1. La liberté d'expression 6
1.1. La liberté d'expression au regard des textes
juridiques de portée 6
internationale. 6
1.1.1.La liberté d'expression au regard de la D.U.D.H
6
1.1.2. La liberté d'expression au regard du P.I.D.C.P
7
1.1.3. La liberté d'expression au regard La C.A.D.H.P
8
1.2. Les textes juridiques de portée nationale 8
1.2.1. La liberté d'expression au regard de la
Constitution 8
§1. La liberté de la presse du point de vue des
professionnels de la presse 10
1.1La collecte des informations 10
2.1. L'information 11
2.2. Le droit à l'information 11
2.3. Le libre accès aux sources d'informations 12
§2. Du point de vue du public 12
Section 1 : Du droit à la présomption d'innocence
15
§1.Définition de la présomption d'innocence
16
1.1.2. La présomption d'innocence au regard du P.I.D.C.P
17
1.1.3. La présomption d'innocence au regard de la
C.A.D.H.P 18
1.2. La présomption d'innocence au regard des
instruments juridiques internes 18
1.2.1 La présomption d'innocence à la
lumière de la Constitution 19
§2. Portée de la présomption d'innocence
19
44
§3. Importance de la présomption d'innocence 23
3.1. La charge de la preuve pénale : « actori
incumbit probatio » 23
§1 Notions sur les droits de la personnalité 25
§2. Les caractères des droits de la
personnalité 26
2.1. L'universalité 26
2.2. L'extra- patrimonialité 26
2.3. Intransmissibilité 27
2.4 L'imprescriptibilité 27
2.5. L'incessibilité 27
2.6. L'insaisissabilité 28
§3. Classification des droits de la personnalité
28
3.1. Le droit à l'intégrité physique
28
3.1.1. Droit de la vie privée 28
3.2. Les droits à l'intégrité morale
29
3.2.1. Le droit à l'image 29
SECTION 3 : l'ordre public et les bonnes moeurs. 30
§1. De l'ordre public 30
§2 les bonnes moeurs 30
§1. La protection du point de vue pénal 31
1.1 Des imputations dommageables 31
1.2 De l'injure 32
§2. Protection des droits de la personnalité et
de la présomption d'innocence du point de vue civil 33
2.1. Le droit de réponse 33
2.1.1. Durée de la réponse 33
2.1.2. Gratuité de la réponse 34
2.1.3. Prescription du droit de réponse 34
2.2. L'action en dommages et intérêts 35
2.2.1. Fondement juridique de l'action en Dommages et
intérêts 35
§3. Les personnes contre qui on peut agir en justice
36
BIBLIOGRAPHIE 39
TABLE DES MATIERES 43
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