2.3.2 Estimation du modèle
GARCH-M
Tableau 4 : estimation du
modèle
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sent
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ARMS
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Variables dépendantes
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Modèle de base
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Modèle 1
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Modèle de base
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Modèle 1
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-0.11***
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-0.098***
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-0.11***
|
-0.112***
|
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3.799***
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3.575**
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3.799***
|
3.927***
|
|
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0.0019***
|
|
-0.08**
|
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7.26
- 07
|
-1.01 10-06
|
7.26
- 07
|
2
-06*
|
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0.026***
|
0.020***
|
0.026***
|
0.0063***
|
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0.974***
|
0.978***
|
0.974***
|
0.091***
|
|
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-7.75 10-0.8*
|
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1.27
-06***
|
|
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6.67
-07***
|
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-2.3 06***
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Log-L
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1239.522
|
1310.842
|
1239.522
|
1261.992
|
Notes : ***
significativité à 1% ** significativité à 5%
*significativité à 10%
Dans le tableau 4, la deuxième et la quatrième
colonne sont les résultats des régressions où la variable
de sentiment est exclue. Nous sommes donc dans le modèle de
base (annexe 12):
(14)
(15)
On constate que tous les coefficients estimés du
modèle GARCH sont significatifs. Dans les deux modèles de base,
la variable est
négative mais significative à l'ordre 1%. Dans la statistique
descriptive, on a trouvé que la moyenne de l'excès du rendement
est négative, ce résultat est confirmé dans l'estimation
puisque la constante est négative.
On peut expliquer la négativité de cette
variable par la présence des investisseurs non informés sur le
marché. Ils sont prêts, donc, à investir dans des actions
qui dégagent un rendement inférieur au rendement des actifs sans
risque. La variable est
positive et significative dans les deux estimations. Nous sommes alors dans le
cas d'une prime de risque. Le risque de marché est compensé par
un supplément de rendement qui est exigé par un investisseur. Ce
phénomène est basé sur la psychologie humaine la plus
fréquente dans le choix du portefeuille qui est celui de l'aversion au
risque. Les investisseurs préfèrent un gain faible mais avec une
probabilité plus élevée que celle d'un gain
élevé. L'investisseur tend alors à garantir un rendement
faible mais certain. La demande des actifs risqués est moins importante
que les demandes des actifs non risqués.
Passons maintenant du modèle de base à
l'estimation du modèle 1 (les équations 12 et 13 dans les annexes
13 et 14) qui tient compte de deux variables de sentiment respectives sent et
ARMS. Une première remarque qui peut être retenue du tableau (4)
est que toutes les variables sont significatives, c'est-à-dire qu'elles
expliquent bien le modèle. En plus, le ratio de log likelihood est
passé de 1239.522 pour le modèle de base à 1310.842 au
modèle 1 pour la première estimation. Il a augmenté aussi
par rapport à sa valeur du modèle de base pour la deuxième
estimation encore, il est passé de 1239.522 à 1261.992. Cette
augmentation du ratio de modèle de base au modèle
intégrant les variables de la variation du sentiment a confirmé
l'idée que l'introduction de ces variables explique davantage le
modèle estimé. Le changement de sentiment est
considéré comme une variable explicative dans le modèle
GARCH-M. on constate alors que le sentiment de l'investisseur est un facteur
important pour expliquer les rendements. Ce résultat empirique renforce
l'idée de la finance comportementale. De nombreuses études ont
trouvé le même résultat par l'utilisation du proxy de
sentiments différent et pour d'autres échantillons aussi. Lee et
al (1991) ont étudié aussi cette relation sentiment rendement,
en utilisant un autre proxy de sentiment qui est la décote des fonds
fermés. Cette décote qui représente le sentiment de
l'investisseur influence les rentabilités des titres. Ils montrent que
lorsque la décote diminue, les prix des titres de capitalisation
boursière augmentent, ainsi le rendement augmente. Quand la
décote augmente, le rendement diminue. Baker et Wurgler (2006) ont
calculé le sentiment comme étant un ratio de ventes divisé
par les achats. Ils sont arrivés à la même conclusion que
le sentiment de l'investisseur affecte les rentabilités des titres.
Le coefficient
d'estimation de l'effet de changement de sentiment sur le rendement est
positif. Le changement de 1% de sentiment de l'investisseur affecte
approximativement 0.19% la moyenne d'excès du rendement. Cette
corrélation positive et significative entre l'excès du rendement
et le changement de sentiment contredit la théorie de Lee et al (1991)
qui montre que le risque de noise traders n'affecte que les entreprises de
petite capitalisation boursière.
Neal et Wheatley (1998) qui ont utilisé trois
indicateurs indirects de sentiment de l'investisseur qui sont le ratio
(ventes-souscriptions)/actifs total des flux de fonds mutuel et le ratio ventes
- achats ainsi que la décote sur les fonds à capital
fermé. Ils ont trouvé que ces mesures prévoient avec
fiabilité les rendements des actions de petite capitalisation
boursière. Donc il existe une relation significative entre le sentiment
de l'investisseur et les rentabilités de petite capitalisation
boursière mais non significative avec les grandes capitalisations
boursières. Au contraire on a vu que ce travail empirique regroupe des
entreprises de l'indice DJIA qui sont connues par leur forte capitalisation
boursière où le sentiment est un facteur important.
Donc le sentiment de l'investisseur affecte toutes les
entreprises quelles qu'elles soient, avec grande ou petite capitalisation
boursière. Cette confirmation est conforme à l'étude de
Brown et Cliff (1999) qui ont confirmé que le sentiment de
l'investisseur explique significativement les rendements des actions
détenues par les noises traders.
Cette relation de significativité démontre que
les émotions jouent un rôle significatif dans l'explication de la
moyenne des rendements. Les émotions sont généralement un
état d'esprit. La théorie financière classique assure que
les individus prennent leurs décisions rationnelles seulement en
fonction de l'objectif final. Au contraire, un large courant de recherches en
psychologie montre que l'émotion renforce la capacité d'un
individu à faire des choix rentables. La psychologie de l'investisseur
occupe une place importante dans les décisions financières
d'investissement.
En guise de conclusion, on a trouvé dans
l'équation de moyenne de l'excès de rendement une relation
significative de l'effet de variation de sentiment sur le rendement. On a
présenté aussi quelques théoriciens qui ont
trouvé le même résultat de la relation significative entre
le sentiment et le rendement de toutes les actions et ceux qui ont
trouvé une relation significative mais liée à la
taille.
Maintenant on va s'intéresser à l'explication de
signe de coefficient pour
les deux estimations. Commençons par la première estimation qui
met en évidence la mesure sent. Tout d'abord, le signe de ce coefficient
est positif c'est-à-dire plus la variation de sent est
élevé plus l'excès du rendement est élevé.
Plus la variable du `'sent'' est élevé plus l'excès de
rendement est élevé. Dans ce cas les investisseurs sont de bonne
humeur qui est accompagnée d'émotions comme de bon état
d'esprit ou comme l'optimisme, la joie et l'espoir. Ces sentiments vont
influencer leur décision d'investissement. Ils vont acheter de plus en
plus les actifs trop risqués qui génèrent dans la plupart
du temps un rendement assez important. Dans la théorie classique
l'individu est caractérisé d'un phénomène
d'aversion de risque comme on a vu dans le modèle de base où la
prime de risque est positive. L'aversion de risque le guide vers des actions
moins risquées qui remportent un rendement certain par peur de ne pas
supporter un risque important. La prise en considération des bonnes
humeurs permet d'échapper à ce phénomène et de
s'investir massivement dans des actions risquées afin d'augmenter le
rendement. L'enquête de Shiller (1989) propose aussi une explication
similaire à ce qu'on est en train d'argumenter. Les investisseurs
seraient optimistes et auraient une très grande confiance dans leur
jugement. Ils auraient une tendance à confondre leurs souhaits avec
l'information disponible concernant le prix de l'actif. En d'autres termes ils
donnent une importance accrue à leur sentiment de telle sorte qu'il
deviendra le facteur explicatif de la prise d'une décision. Ils
surestiment l'information disponible et surestime leur capacité à
tirer le meilleur profit de cette information. C'est ce qui convient avec la
variable sent et son influence sur l'excès du rendement. Le signe et la
significativité de ce coefficient
expliqué dans ce qui précède renforce l'impact net de deux
effets « hold more » et « price pressure ».
L'effet hold-more a tendance à dominer la pression des prix
effectuée et mène à une augmentation de l'excès du
rendement quand le sentiment de noise traders est à la hausse. En
particulier, comme on l'a déjà mentionné, quand le
sentiment de l'investisseur sera à la hausse, l'optimisme induit les
noises traders à tenir plus d'actifs risqués que les fondamentaux
indiquent. Ainsi, l'optimisme induit les investisseurs non informés
à assurer la compensation pour supporter l'augmentation de risque
associé au sentiment. Cependant la prime de risque, accrue en raison de
la demande d'actifs risqués, est partiellement compensée par le
prix défavorable par lequel les noises traders effectuent leurs
transactions. De même quand le sentiment devient plus baissier, il y aura
une diminution des rendements excédentaires. Les noises traders
choisissent de détenir moins d'actifs risqués quand ils sont
pessimistes. Par conséquent, ils ne sont pas capables de capturer la
prime de risque liée au sentiment.
Pour la deuxième estimation, où on a pris la
variable ARMS comme mesure de sentiment, le signe de coefficient est
négatif. Le signe négatif ne contredit pas ce qu'on a
trouvé comme conclusion pour la variable sent mais la seule
différence est dans l'explication du changement de la variable ARMS.
Pour ce ratio, lorsque la valeur est supérieure à 1, le sentiment
de l'investisseur est pessimiste, ce qui est complètement contraire au
ratio sent. Donc le signe négatif aura la même signification
d'effet sur l'excès du rendement que l'effet positif
déterminé par la variable sent. Il faut seulement faire attention
à l'explication de la variable de sentiment.
On peut donc faire la synthèse suivante : le
sentiment mesuré par les deux ratios indirects sent et ARMS est un
facteur explicatif de l'excès du rendement. Le coefficient est
statistiquement significatif dans les deux estimations et log-l argumente de
plus la bonne explication du modèle. L'introduction de la variable est
un facteur explicatif de l'excès du rendement.
Le signe positif pour la variable
signifie que l'augmentation de sentiment permet de plus d'influencer
positivement l'excès des rendements. Le degré d'optimisme
élevé de l'investisseur le rend prêt d'investir dans des
actions plus risquées afin d'augmenter les rendements de ses actions,
c'est qui correspond à la théorie de finance comportementale.
Dans ce cas la sur-confiance des investisseurs est le biais comportemental, qui
permet d'augmenter l'excès du rendement. Dans la littérature
financière, l'excès de confiance est expliqué comme
étant une surestimation des connaissances de l'intervenant qui le pousse
à sous-estimer le risque des variables aléatoires. Ce biais
encourage les investisseurs à s'engager dans des investissements plus
spéculatifs et à former des portefeuilles moins
diversifiés et plus risqués. Daniel et al (1998)
démontrent que si les investisseurs sont très confiants sur le
marché boursier, ils donnent alors plus de poids à l'information
qu'ils détiennent et en contrepartie ils ignorent l'information
publique. Les investisseurs croient alors plus fortement dans leur propre
évaluation personnelle et se préoccupent moins des croyances des
autres. Ils sur-réagissent alors à une information privée
et sous réagissent envers une information publique.
Le signe négatif par l'introduction de la mesure ARMS
n'infirme pas cette théorie mais l'explication de la variation de mesure
ARMS défère. Quand ce ratio est à la hausse, largement
supérieur à 1, l'investisseur est en train d'investir dans des
actions moins risquées. Il est donc pessimiste, son état aura un
effet négatif sur l'excès du rendement. En somme, les deux
mesures différentes de sentiment nous amène à la
même conclusion : le sentiment est un facteur explicatif de
l'excès du rendement. La variation de sentiment a un effet positif sur
l'excès du rendement. Les biais comportementaux (comme la sur-confiance
et l'optimisme) ont joué un rôle important lors des anticipations
des investisseurs. Ces derniers croient alors à leurs émotions
psychologiques. Ils ne font pas des calculs sophistiqués pour estimer la
valeur fondamentale de l'actif.
Jusqu'à maintenant nous n'avons expliqué que
l'équation de moyenne du modèle GARCH-M, en interprétant
l'effet de variation du sentiment sur l'excès de rendement et la
causalité entre le rendement et les variables de sentiment. Passons
maintenant à l'explication de la fonction de variance par
l'interprétation de deux coefficients
et . Rappelons que le coefficient
indique l'impact d'un changement haussier de sentiment sur le rendement et
représente l'impact d'un changement baissier. Tout d'abord, les deux
coefficients sont statistiquement significatifs, ce qui montre que les
changements de sentiment expliquent la volatilité de rendement. On
constate que les changements de variation de sentiment ont un impact
négatif sur la volatilité de rendement. Le changement haussier
de la variation de sentiment mesuré par la variable `'sent'' a un effet
négatif sur la volatilité de rendement ; alors que le
changement baissier de la variation a un effet positif sur la volatilité
de rendement. Cette relation négative entre les changements haussiers
et baissiers a été trouvée par Lee et al (2002) pour les
trois indices boursiers DJIA, SP500 et NASDAQ par l'utilisation des mesures de
sentiment directes illustrés des enquêtes.
Pour la deuxième estimation, les signe
illustrées de et
sont contradictoires à la première estimation. L'explication de
signes contradictoires est relative, comme pour la variation de sentiment dans
l'équation de moyenne, à l'explication d'ARMS. Comme on l'a
déjà vu dans la statistique descriptive, les deux mesures de
sentiment ont une corrélation négative. Les signes des variables
explicatives sur la variation de rendement justifient donc cette
corrélation négative. Le signe négatif de changement
haussier de la variation de sentiment sur la volatilité de rendements
peut être expliqué par le biais comportemental de
sur-réaction.
La sur-réaction suggère que les participants au
marché ne réagissent pas de même façon à
l'arrivée de nouvelles informations. En conséquence, un choc
négatif doit être suivi par une augmentation des prix le jour
d'après et vice versa. Debondt et Thaler (1985) ont montré que
les actions gagnantes deviennent perdantes pour une période allant de
3 à 5 ans et vice versa. La sur-réaction à l'information
implique un changement des rentabilités des titres à long terme
suite à l'annonce d'un évènement de la firme tels que les
résultats ou la distribution des dividendes. Parmi les modèles
comportementaux qui essaient de réconcilier le phénomène
de sur-réaction, on peut citer le modèle de Barberis et al
(1998). Ils présentent un modèle parcimonieux de sentiment des
investisseurs. Ils ont supposé qu'à la période t les
investisseurs reçoivent un signal qui peut être bon ou mauvais.
L'idée est simple, après une série d'annonces de bonnes
nouvelles, l'investisseur devient plus optimiste et va réagir de
manière excessive. Ce qui va influencer les cours des actions par son
augmentation à des niveaux très élevés.
Le modèle de Barberis et al (1998), montre que les
nouvelles annonces sont susceptibles de contredire son optimisme conduisant
ainsi à une diminution des rendements. Ce qui renforce le signe
négatif de l'effet d'un changement haussier du sentiment sur la
volatilité des rendements, après un certain temps, l'optimisme
successif n'aura le même effet qu'à court terme.
C'est le cas d'un impact négatif du changement haussier
de l'investisseur sur la volatilité des rendements. L'optimisme
successif influence les cours des actifs, d'où la présentation
d'un effet négatif entre le changement haussier du sentiment et le
risque de marché. Le biais d'excès de confiance montre que
l'investisseur sur-estime ses capacités personnelles afin de battre le
marché. Il donne plus d'importance aux informations qu'il détient
et ignore les informations disponibles sur le marché. L'investisseur
croit donc à sa capacité de battre le marché. Les
investisseurs trop confiants achètent donc les titres
surévalués et ignorent les moins performants. On remarque donc,
à long terme, qu'il est possible d'en tirer profit en achetant des
titres sous-évalués mais de bonne qualité.
En conclusion, l'effet négatif du changement haussier
du sentiment sur la volatilité a été expliqué par
les biais affectifs de la finance comportementale essentiellement la
sur-confiance et la sur-réaction. Le signe positif explique un effet
positif entre le changement baissier du sentiment et la volatilité des
rendements des actions. On peut expliquer ce phénomène par le
biais de sous-réaction. Ce biais signifie que l'information est
sous-estimée, c'est-à-dire que les investisseurs
réagissent mais avec intensité insuffisante par rapport à
l'évènement. Ils pensent qu'une baisse importante des prix
devrait être suivie par une baisse des prix le jour d'après, alors
que réellement ce n'est pas le cas. Les prix fluctuent
aléatoirement et ça dépend des anticipations de tous les
investisseurs sur le marché. L'estimation empirique a montré que
la sous-estimation peut entraîner une volatilité positive des
rendements.
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