SECTION II
ECONOMIE ECOLOGIQUE ET INSTRUMENT DE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALES
L`une des principales causes de la dégradation de I
`environnement est l'existence de coûts environnementaux externes.
Étant donné que l`on peut accéder librement à de
nombreuses ressources environnementales, qui sont considérées
comme un bien collectif par les agents économiques, ceux-ci ne sont
guère incités à tenir intégralement compte des
coûts de la dégradation de I `environnement.
Or, ces coûts tendront à augmenter au fil des
ans, à mesure que les ressources se dégraderont ou
s`épuiseront et deviendront de ce fait plus rares31.
PARAGRAPHE 1
ECONOMIE ECOLOGIQUE
Les tentatives de constitution d'une économie
écologique sont apparues depuis la fin du 17 siècle. A partir de
1880, des projets théoriques d'économie écologique
s'élaborent par SERGUEI PODOLINSKY et PATRICK GEDDES.
a- L'économiste écologique marxiste :
Sergueï Podolinsky
Pour cerner les problèmes d'insertion des
sociétés dans la biosphère, Podolinsky adopte une
perspective très large puisqu'il considère la distribution
générale de l'énergie dans l'univers. Le soleil est
pratiquement l'unique source de toutes les énergies profitables aux
hommes. Or, s'il y a une relative constance du flux d'énergie solaire
arrivant sur terre, il en va différemment de la quantité de
chaleur qui s'y trouve captée et convertie en énergie utile pour
les êtres qui y vivent. Deux processus énergétiques sont en
effet en compétition sur terre : celui des producteurs et celui
des consommateurs comme disent les écologistes.
31 Nicolaisen, Andrew Dean Et Peter Hoeller, Economie
Et Environnement: Problèmes Et Orientations Possibles Jon Revue
Economique De L'OCDE, No 16, Printemps 1991 p 32
![](Exploitation-miniere-en-Mauritanie-et-protection-de-l-environnement-cas-de-la-SNIM55.png)
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A savoir respectivement, celui des végétaux, seuls
capables, grâce à la photosynthèse de transformer de
l'énergie solaire en énergie chimique et celui des animaux, dont
le métabolisme est incapable d'utiliser directement de l'énergie
solaire, et qui ne peuvent que dissiper l'énergie accumulée par
les végétaux. L'homme, surtout depuis la révolution
industrielle, fait partie de la seconde catégorie : l'exploitation des
énergies fossiles apparaît bien comme un déstockage massif
et rapide de l'énergie solaire accumulée par les
végétaux vivant lors d'ères géologiques
reculées. Toutefois, l'homme est un animal particulier, puisque, il est
capable d'accroître la quantité et la qualité de la
couverture végétale et donc, la quantité d'énergie
captée pour la satisfaction de ses besoins. De plus, le super
prédateur qu'il est, peut faire disparaître les animaux avec il
entre en compétition pour l'acquisition de cette énergie
accumulée. Selon Polodinsky, l'homme modifie profondément
son environnement et par là même la loi qui régit le niveau
de population. h- Les travaux de Patrick Geddes
Dans le domaine de la biologie, son domaine de
prédilection, Patrick Geddes fait l'étude du devenir des
communautés humaines d'un point de vue évolutionniste. Afin de
mieux connaître les répercussions écologiques de la
société industrielle, Patrick Geddes (1884) propose de construire
une sorte de tableau économique/écologique d'ensemble qui
rappelle la construction de QUESNAY, et qui préfigure les analyses
d'input/output de Leontieff (1970) appliquées aux problèmes
d'environnement et les procédures de bilans-matières.
A l'aide de ce vaste cadre comptable passé en
écriture double (économique d'une part, écologique d'autre
part), portant sur les secteurs de la production, de la distribution et de la
consommation des richesses d'un territoire donné à un moment
donné. Geddes entend mettre ainsi en regard le déploiement des
activités économiques et la déperdition
énergétique et matérielle qu'elles occasionnent.
Malgré leurs efforts, nos deux auteurs ne seront pas
écoutés par les chefs de file des grandes écoles de
pensée, tant du courant des économistes néoclassiques que
du côté des penseurs du socialisme32.
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