PARAGRAPHE 1
CONSCIENCE ECOLOGIQUE
a- L'épuisement des ressources
naturelles
La question de l'épuisement se pose en des termes
différents selon qu'il s'agit d'un gisement individuel, d'un ensemble de
gisements au niveau du pays ou au plan international ou selon les
caractéristiques des ressources naturelles concernées, en
particulier leur caractère renouvelable ou non. Du point de vue
économique, l'épuisement des ressources naturelles est
défini par la perte de valeur du stock de la ressource naturelle
consécutive aux prélèvements effectués. La
valorisation monétaire de l'épuisement d'une ressource est peu
aisée lorsque les prix et le niveau des prélèvements
varient régulièrement.
Certains auteurs comme Adelman jugent ainsi que la question de
l'épuisement n'a pas de sens au niveau mondial. En effet, le volume des
réserves totales n'est jamais connu dans l'absolu car il dépend
du prix de la ressource et des coûts d'exploration et de
développement. Or ces deux variables sont étroitement
liées au progrès technique.
Par ailleurs, s'il existe des indices d'un plafonnement
prochain de l'exploitation mondiale de certaines ressources
énergétiques fossiles, ces dernières sont également
soumises, du fait de leur combustion, à la contrainte climatique. Ce
défi pourrait rapidement devenir plus prégnant et entraîner
une hausse rapide (et plus forte que celle résultant de
l'épuisement) des prix de l'énergie, et avancer la date
d'arrivée au stade commercial de produits de substitution non (ou moins)
carbonés24.
23 Patrice Dumas, Economie De L'environnement
Plateforme Environnement De L'ENS Paris 2005 Cours Donne `A La Plateforme
Environnement De L'ENS Paris
24 Frédéric Nauroy, Etudes &
Documents Et Des Statistiques Impact De L'épuisement Des Ressources
Naturelles Sur Les Agrégats Economiques Auteur : Commissariat
Général Au Développement Durable N° 56 Octobre 2011 p
14
- Ressources minérales et
énergétiques non renouvelables
44
Dans le cas des ressources naturelles non renouvelables
(ressources minérales et énergétiques),
l'épuisement peut être caractérisé du point de vue
physique par le rapport entre les prélèvements annuels et le
volume des réserves. L'épuisement est une notion relative car le
progrès technique tend à accroître les réserves
exploitables et l'augmentation du prix de la ressource rend compétitifs
certains gisements dont l'exploitation était auparavant trop
coûteuse.
- Ressources renouvelables
Les ressources naturelles renouvelables sont les ressources
biologiques : la particularité de ces ressources est leur
capacité à se reproduire dans certaines conditions. Un stock
donné est caractérisé par sa croissance naturelle qui
dépend de ses caractéristiques biologiques (taille, composition
par âge) et de ses relations avec son environnement. Dans le cas des
ressources halieutiques, il est possible, sous certaines conditions et avec une
incertitude plus ou moins grande, de définir des régimes de
capture durables, n'excédant pas la croissance naturelle du stock.
b- Le problème de l'effet de serre
Selon les travaux de la prospective scientifique, un
réchauffement sans précédent se produit, à un
rythme accéléré. Le réchauffement actuel a
débuté au milieu du XIXe siècle, au moment de la
Révolution Industrielle, et s'est de nouveau accentué dans les
décennies d'après guerre correspondant au boom économique
des pays de l'OCDE. Le bilan des experts du GIEC présente une multitude
d'indices témoignant de ce réchauffement de la planète
:
- La température moyenne de surface (moyenne de la
température de l'air au-dessus des terres et de la température
à la surface de la mer) a augmenté de 0,6°C (avec une marge
d'erreur de #177; 0,2°C) au cours du XXe siècle. Depuis la
moitié du XIXe siècle, la décennie 90 a très
probablement été la plus chaude, avec un pic en 1998. Le
réchauffement survenu dans l'hémisphère nord au XXe
siècle a probablement été le plus important de tout le
millénaire passé. Par ailleurs, d'autres indices
témoignent d'un réchauffement en cours :
- La couverture neigeuse et l'extension des
glaciers ont diminué. Des données satellites montrent une
diminution probable de 10 % de la couverture neigeuse depuis la fin des
années 60.
- Le niveau moyen de la mer a progressé
entre 10 et 20 centimètres au cours du XXe siècle.
45
- Une augmentation des précipitations
a été observée dans les zones de moyennes et hautes
latitudes de l'hémisphère nord et une augmentation de la
fréquence des épisodes de fortes précipitations dans les
mêmes zones.
- Les épisodes chauds du
phénomène El Nino ont été plus fréquents,
plus durables et plus intenses depuis le milieu des années 70's. Dans
certaines régions, notamment dans certaines zones d'Asie et d'Afrique, a
été observée une augmentation de la fréquence et de
l'intensité des sécheresses durant ces dernières
décennies.
Des liens ont été établis entre
changements climatiques et changements observés dans des
écosystèmes (processus physiques ou biologiques constatés)
: des corrélations statistiquement significatives ont été
observées sur des échantillons de plus de six cents
espèces animales et végétales et de plus de cent cinquante
sites naturels sur tous les continents25.
c- L'économie destructrice
La prise de conscience des problèmes environnementaux
s'étend alors à une échelle géographique de plus en
plus grande. En 1850, constate Richard Grove, le problème de la
déforestation est déjà conçu comme un
phénomène d'ampleur continentale.
Au début des années 1860, les peurs portant sur
une modification climatique artificiellement produite et sur l'extinction des
espèces atteignent leur apogée. Les effets irréversibles
des activités humaines sur l'environnement sont dénoncés
par George Perkins Marsh (1864). Un courant de pensée parti de la
géographie allemande avec à sa tête Friedrich Ratzel (1882)
en viendra même à développer la notion
d'économie destructrice.
Dans sa célèbre étude sur
l'économie des huîtres du Wattenmeer, Karl Môbius (1877)
rend compte de cette économie destructrice en étudiant les
interactions entre l'économie humaine et l'économie naturelle
dans lesquelles s'insèrent ces coquillages.
Il montre que le développement des communications dans
certaines régions (les chemins de fer) a permis un élargissement
du marché de l'huitre qui s'est traduit par un ramassage accru des
coquillages s'effectuant à un niveau excédant la capacité
de reproduction de la ressource ostréicole. Dans ce cas, la
rationalité des agents économiques et le jeu des prix n'ont pas
opéré dans le sens d'une bonne gestion de la ressource naturelle.
Il devient donc urgent de bâtir une économie
écologique26.
25 Lutte Contre L'effet De Serre Enjeux & Debats.
Sarah Marniesse Et Ewa Filipiak. Agence Française De
Développement P12
26 Economie Et Environnement, Formation Continue,
Arnaud Diemer Mcf Iufm D'auvergne, Janvier 2004 P8
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