IV. Prendre en soin en post-opératoire
immédiat :
Après avoir développé les concepts
relatifs au questionnement suivant : En quoi la qualité du réveil
dépend-t-elle de la posture du soignant dans sa relation à la
personne soignée en salle de réveil ? Il me semble
nécessaire de développer les points suivants :
- Quelles sont les origines, la législation de la salle
de réveil et les modalités de surveillance ? - Pourquoi la prise
en soin du patient dépend-t-elle du type d'anesthésie ?
- Comment mener à bien l'accueil, la surveillance et la
sortie de SSPI ? Quels sont les savoirs spécifiques de l'IDE sur le
matériel, l'organisation et le fonctionnement du service ?
- De quelle manière les protocoles visant à
prévenir la douleur et les moyens de l'évaluer et d'y
remédier sont-ils utilisés ?
- Quels sont les types de complications possibles en
postopératoire à surveiller ?
- Quel est le rôle de l'IDE en SSPI ?
23 JUVENAL, poète satirique latin, environ
65-128 après JC. Mens sana in corpore sano. 106'
satire, 356.
15
4.1 La législation en salle de réveil :
4.1.1 L'historique :
En France, le 30 avril 1974, le ministre de la santé
publique et de la sécurité sociale annonce la
nécessité de rassembler les patients ayant subi une
anesthésie dans «un local spécial équipé
d'un poste d'eau, d'une paillasse, des fluides, d'appareillages et de prises de
courant nécessaires à la surveillance de l'opéré et
aux gestes de sauvegarde»24.
La surveillance post-interventionnelle débute
auprès de patients ayant subi un acte effectué sous
anesthésie générale, locorégionale et/ou une
sédation. Ils restent en SSPI jusqu'à la
récupération de fonctions vitales stables.
Le réveil fait partie intégrante de
l'anesthésie. C'est une période à risque
élevé de complications. Elle requiert une qualité optimale
de prise en soin des patients. Des enquêtes menées
révèlent que la moitié des accidents en relation avec
l'anesthésie surviennent dans les quelques heures qui la suivent. La
nécessité de créer des salles de réveil est
rappelée dans la circulaire du 23 mars 198225. En 1985 sont
définis des points essentiels au bon fonctionnement de la SSPI : il faut
«au moins un JADE aidé si nécessaire par des
infirmières, dont le nombre doit varier en fonction de l'activité
chirurgicale ...»26.
Le référentiel de recommandations sur les soins
post-anesthésiques en 1990 aborde l'organisation de la
sécurité anesthésique et définit les
modalités de surveillance des patients, le personnel soignant, la
structure et les équipements. «En salle de réveil, le
patient est soumis à une surveillance constante et adaptée
à son état. Elle concerne en particulier
l'oxygénothérapie et la ventilation, la circulation,
l'état de conscience, la température, les effets résiduels
de l'anesthésie ... L'état neurologique est surveillé et
noté régulièrement...
»27.
24 Circulaire n°394 du 30 avril 1974 relative
à la sécurité des malades anesthésiés.
Bulletin officiel du ministère chargé de la santé n°
74/20, texte n° 6741.
25 Circulaire n° 340 du 23 mars 1982
complétant la circulaire du 30 avril 1974 relative à la
sécurité des malades anesthésiés. Bulletin officiel
du ministère chargé de la santé n° 82/15, texte
n° 22768.
26 Circulaire n°3A/431/4B du 27 juin 1985
relative à la sécurité des malades
anesthésiés. Bulletin officiel du ministère de la
santé n° 85/31.
27 SFAR. Recommandations sur les soins
post-anesthésiques. Septembre 1990, 2ème
édition. 1994.
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En 1993, le Haut Comité de la santé publique
(HCSP) met en évidence un problème récurrent qui stipule
que «l'évolution accomplie depuis 1982 est insuffisante puisque
près d'un patient sur deux ne bénéficie pas encore d'une
surveillance infirmière dans une salle de
réveil»28. C'est suite à ce rapport que va
naître le Décret du 5 décembre 1994 qui renforce et
précise les recommandations de la Société Française
d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR).
Ce décret du 5 décembre 1994 du Code de la
santé publique et de la sécurité sociale (articles
D.712-40 à D.712-51) va rendre obligatoire la création de salles
de réveil au sein des établissements de santé dans un
délai de trois ans29. Dès la parution
du texte, certaines mesures sont appliquées comme la consultation
pré-anesthésique, la programmation des interventions et la
surveillance continue post-interventionnelle.
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