2.11 La douleur post-opératoire :
La prise en charge de la douleur post-opératoire est
considérée comme un élément primordial s'inscrivant
dans une démarche de santé publique. «La qualité
de l'analgésie postopératoire est directement liée
à une meilleure compréhension des besoins exprimés par les
patients, associée à une organisation performante des
différents acteurs de soins»11.
Les textes de référence sur la prise en soin de la
douleur post-opératoire sont les suivants :
· Recommandations de la société
française d'anesthésie et de réanimation (SFAR) en 1997
sous l'égide de l'agence nationale d'accréditation et
d'évaluation de la santé (Anaes) sur les différentes
modalités d'analgésies post opératoires.
· Circulaire n°99-84 du 11/02/1999, programme
national de lutte contre la douleur.
En SSPI, les soignants sont confrontés à
l'agitation postopératoire qui se définit comme «un
état d'hyperactivité psychomotrice quasi permanente,
spontanée ou réactionnelle»12. Elle est
souvent due à des complications ventilatoires, une curarisation
résiduelle, un globe vésical ou une douleur. Nous sommes
amenés à adapter la démarche thérapeutique pour
prévenir ces états chez le patient en post-opératoire
immédiat.
Notre manière de prendre en soin est importante mais
n'oublions pas que le patient est avant tout un être humain. Il doit
comprendre sa pathologie et savoir à son tour se prendre en charge.
2.12 Le patient acteur de son soin :
Le patient doit être acteur de son soin. Nous devons
l'intéresser et l'interpeller en adaptant notre attitude, notre position
et notre distance. Le choix des mots est très important.
«Améliorer ses compétences en relation c'est : utiliser
les mots de sécurité et de confort ; éviter les
négations, préférer des affirmations ; être attentif
au contenu des questions»13. Les cinq sens de la personne
soignée sont mobilisés. Le port du masque (qui n'est pas
obligatoire en SSPI mais utilisé pour le confort du soignant) peut-il
être une barrière à la communication ? Le toucher peut-il
avoir un impact positif sur le patient ?
n COUAILLET, Maryse. PEC de la douleur postopératoire de
l'adulte. Revue de l'infirmière, n° 136, 12.2007.
12 PLUMEREAU, Christelle, DEBAENE, Bertrand.
Troubles du comportement en SSPI. Revue OXYMAG,
Novembre/décembre 2006.
13 BESSON, Gilles. L'accueil en 10 secondes et 4
phrases. Revue Interbloc, n°3, Juillet/sept. 2010.
9
Une étude menée à l'Institut
Médical Edith Cavell a permis de mettre en évidence le souhait
des patients d'être informés avant leur opération.
Concernant la salle de réveil, ce sont ales raisons de
l'installation en SSPI, les types de surveillance, la durée de passage
du patient et la gestion de la douleur»14 qui sont les
sujets les plus souvent abordés.
Dans les services d'hospitalisations, j'ai pu constater une
question récurrente des patients après leur intervention : «
Quelle est la date de sortie prévue ? ». Je me suis demandé
si cet empressement à quitter le milieu hospitalier avait un lien avec
leur vécu en bloc opératoire. J'ai continué à
développer mes recherches et je me suis aperçue qu'en fonction de
notre implication en tant que soignant, la prise en soin peut être mieux
adaptée. Cependant, nous avons parfois des attitudes très
différentes pour une même activité de soin.
Afm d'étayer mon questionnement, j'ai sollicité
des IDE en activité ou ayant exercé en SSPI. J'ai remis un
questionnaire15 de cinq questions à cinq IDE avec des
anciennetés allant de 3 mois à 3 ans. Celles-ci sont axées
sur le choix professionnel, la détection de la souffrance psychique, les
premières phrases du soignant au réveil du patient, la charge de
travail et la prise en soin d'un réveil `violent'. Voici la
synthèse des réponses obtenues :
La SSPI est vue comme un service où le travail en
pluridisciplinarité est très présent. Un des objectifs de
ce choix professionnel est de ne pas tomber dans la routine. C'est le
côté technique et l'autonomie de l'IDE qui sont mis en avant. Ce
travail permet une autre approche du patient avec une grande diversité
dans les pathologies et les prises en charge.
La souffrance psychique est plus difficile à
détecter que la douleur physique. Les IDE en SSPI utilisent la
communication non-verbale. Ils observent les expressions du visage, les gestes,
les mouvements et les attitudes pour la mettre en évidence. Un
réveil agité est souvent révélateur d'un
mal-être. Le patient se confie beaucoup au réveil. Si la
période pré-opératoire a été difficile, le
réveil le sera aussi. De plus, chaque personne est différente
lors de la phase de réveil donc l'évaluation est d'autant plus
difficile.
14 HESPEL, Diane. L'information
préopératoire du futur opéré. Bulletin
d'Education du Patient, Volume 17, n°4, Décembre 1998.
15 Annexe 5 -- Les questionnaires de
pré-enquête.
10
Pour un IDE, la souffrance psychique n'est pas flagrante au
réveil, il dit : « Nous gérons plus la douleur physique
et l'agitation ». Cependant, il arrive que le patient manifeste son
inquiétude avant l'intervention. Cette information sera transmise par
l'IDE de bloc au personnel de la salle de réveil.
En général, les premières phrases du
soignant envers la personne soignée en SSPI sont : «
L'intervention est terminée, vous êtes en salle de réveil
» « tout s'est bien passé » « est-ce que vous avez
mal ? ». Les IDE précisent que leurs paroles sont souvent
oubliées dans les secondes qui suivent la prise de conscience du
patient.
Parfois, la charge de travail semble modifier le discours et
le ton de la voix. L'essentiel est de rassurer le patient et de lui donner des
repères spatiaux-temporaux.
Plus il y a de travail, plus la prise en soin est difficile.
En SSPI, le soin doit être rapide dès le réveil pour
optimiser la prise en soin. La charge de travail peut également influer
sur le comportement du soignant qui ne peut pas prendre de temps
nécessaire à rassurer le patient. La gestion du temps est donc
très importante. Un manque de ponctualité du chirurgien ou des
équipes soignantes va se répercuter sur l'état
psychologique du patient. Il y a une diminution des effets de
prémédication et une augmentation du stress. Les retards
d'entrée en salle d'intervention ont un effet indéniable sur la
gestion des patients en SSPI.
La mise en place de l'action en réponse à un
réveil mouvementé dépend du degré d'agitation.
« Les conditions dans lesquelles le patient a été
endormi influent également sur le réveil : induction dans le
bruit, personne stressée ... sont des raisons possibles d'un
réveil agité ». Certaines IDE affirment que la
discussion ne permet pas de calmer le patient et d'autres qu'il faut simplement
parler calmement pour apaiser la personne. Cependant, quatre IDE sur cinq
mettent en évidence qu'il est essentiel d'utiliser les protocoles
médicamenteux et/ou de prévenir l'anesthésiste qui
prescrira un traitement pour tranquilliser le patient. Tout cela dans le but
d'un maintien et d'une mise en sécurité de ce dernier.
La synthèse de mon questionnaire a confirmé mon
raisonnement. Cela m'a permis de cibler ma question de recherche
définitive : En quoi la qualité du réveil
dépend-t-elle de la posture du soignant dans sa relation à la
personne soignée en salle de réveil ?
11
Afin de répondre à cette problématique,
j'ai choisi de développer les concepts suivants :
La posture professionnelle ;
La relation soignant-soigné ;
La qualité du soin ;
Le réveil ;
La souffrance et la douleur.
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