I.3.2. Le déploiement des radios
étrangères : l'exemple de quelques radios de
référence françaises
Dans son flash d'informations du 06 avril
1984, la R.F.I., la station de radio française, annonce :
Il règne au Cameroun la grande
incertitude. Des combats très violents auraient eu lieu autour du
Palais présidentiel et aux abords de l'aéroport de
Yaoundé. Les putschistes, dirigés par un colonel de la Garde
Républicaine, ont proclamé la destitution du Président
Biya dans un canal différent de celui de la radio nationale. Dans
l'après-midi, les forces loyales au Président Biya ont repris la
radio. Les combats ont déjà fait de nombreuses victimes civiles
et militaires.
À 20 h 15, la R.F.I. affirme :
La radio (P.N.) indique que la station nationale de Radio
Cameroun à Yaoundé à repris ses émissions à
18 h 40. Elle diffuse exclusivement de la musique variée. Le
présentateur reprend les circonstances dans lesquelles se déroule
la mutinerie. Une déclaration du Ministre des Forces Armées est
attendue. Personne ne l'entendra. Dans son commentaire, Bernard Nageotte
assimile les troubles à un « affrontement entre le Sud et le
Nord », deux communautés qui se sont toujours
méfiées sur l'échiquier camerounais.
Le samedi, 07 avril 1984, entre 6 h et 6 h 30, la R.F.I
affirme être sans nouvelles précises sur le Cameroun, les
communications étant coupées. Le présentateur
affirme :
D'une part, hier soir, Radio Cameroun a diffusé des
variétés africaines entrecoupées de messages. L'un de
ceux-ci, probablement diffusé par les forces loyalistes, fidèles
au Président Biya, demandait aux populations de Yaoundé de rester
chez elles afin de permettre le nettoyage des poches de résistance des
forces rebelles...Ceux-ci ont cru que le soulèvement se produirait comme
ils l'ont prévu : facilement. Mais mal leur en a pris. Il semble
que les combats se sont déroulés jusque plus tard dans la
nuit.
R.F.I. constate que la situation reste confuse au Cameroun et
que les forces loyalistes semblent avoir maté l'insurrection. Tout au
long de ses bulletins de 07h à 15 h, la chaîne confirmera toujours
que les combats continuent. Le dimanche, 08 avril 1984, R.F.I. annonce :
« La tentative de coup d'État a été
matée ». Entre-temps, l'ancien Président de la
République, Ahmadou Ahidjo, parti en exil en France, avant la tentative
de putsch, est interrogé par les journalistes de Radio Monte Carlo. Il
répond : « J'ai été insulté et
calomnié par les Camerounais ; ils n'ont qu'à se
débrouiller tous seuls. Si ce sont mes partisans, ils auront le
dessus... » Le dimanche, 08 avril 1984, à 13 h 30, Africa
n°1 indique : « Les hommes du Général
Semengue ont pris le dessus. » La radio diffuse aussi une grande
partie du message du Président Biya. À 13 h 45, R.F.I. confirme
qu'au Cameroun, tout est rentré dans l'ordre, que la mutinerie de la
Garde Républicaine est bannie.
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