PARAGRAPHE 2 : Organisation du circuit pétrolier
nigérian et acteurs principaux.
A- Organisation contractuelle de l'industrie
pétrolière au Nigéria :
L'industrie pétrolière au Nigéria est
profondément influencée par son statut de pays membre de l'OPEP.
L'adhésion du plus grand producteur de pétrole d'Afrique à
ce lobby énergétique, lui permet d'assurer une certaine
originalité à sa filière extractive. Il en tire des
bénéfices importants puisqu'il se classe dans une
catégorie à part, parmi les pays pétroliers africains,
avec un captage des revenus générés par les
multinationales allant de 50 à 70%.116Contrairement à
d'autres Etats membres de l'organisation,117 le Nigéria n'a
pas nationalisé son pétrole. L'Etat fédéral est
néan-
110 -Idem.
111 -Ibid.
112 -Voir Benoit Paraut, Le pétrole au Nigéria,
un instrument au service de quel développement ? L'Harmattan, 2009,
p.93
113 - Voir Philippe Copinschi, « Rente
pétrolière, géopolitique et conflit.», in
Questions internationales n°2, juil-let-aout 2003, p.42.
114 - Voir à cet effet la tragédie de la
localité de Bodo, dans le Delta pétrolier. Amnesty international,
CEHRD, La vraie « tragédie ». Retards et incapacité
à stopper les fuites de pétrole dans le Delta du Niger,
Amnesty international, nov. 2011, 54p.
115 -Il vaut au 14 septembre 2012, un peu plus de 100 dollars
américains.
116 - Ian Garry et Terry Lynn Karl, Le fond du baril. Boom
pétrolier et pauvreté en Afrique, catholic relief services,
Juin 2003, p.25.
117 -Arabie Saoudite, Qatar, Venezuela, Mexique entre autres.
Noah Noah Fabrice, Science po 5, Université de
Yaoundé II-Soa. Page 27
Enjeux énergétiques et insécurité
dans le golfe de Guinée : contribution à l'étude des
menaces liées a la ruée vers le pétrole au
Nigéria.
moins le principal actionnaire des différents projets
pétroliers et intervient sur le terrain par l'entremise d'une compagnie
pétrolière nationale. Celle-ci est le principal interlocuteur des
multinationales et permet à l'Etat, par ses nombreuses filiales,
d'être présent à tous les segments de l'industrie
pétrolière.
On distingue principalement deux types de contrats
pétroliers au Nigéria. Le plus répandu est le contrat
de joint-venture, qui représente plus de 90% de la production
nationale.118 L'extraction pétrolière se fait alors
dans le cadre d'au moins six joint-ventures sur une base de 60 % pour l'Etat et
40% pour les compagnies pétrolières
internationales.119 L'évolution des parts de l'Etat dans les
contrats pétroliers s'est faite progressivement au cours des
années. De 35% en 1971, elles sont passées à 60% en
1979.120 Toutefois, le manque de moyens financiers ne permet pas
toujours à l'Etat de remplir ses obligations contractuelles, laissant
ainsi une marge de manoeuvre considérable à ses
partenaires.121 Le second type de contrats est le contrat de
partage de production. Introduit dans les années 1990 pour
encourager l'exploration en eaux profondes, diversifier les acteurs commerciaux
de la filière et éviter les écueils des appels de fonds,
il représentait en 2008 une production quotidienne de 595 000
barils.122 Ce type de contrats, introduit à cause de
l'incapacité de l'Etat à supporter les exigences
financières de l'industrie pétrolière, l'expose aux
manoeuvres géostratégiques des grandes puissances. La
souveraineté du Nigéria, sur son pétrole, est remise en
question par les mécanismes de ce type de contrats qui éloigne
l'Etat des champs d'exploration.123
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