4.4. Le discours
féministe des militants :
Les adhérents militants de ces associations, membres du
bureau et membres actifs permanents, contestent une situation qu'ils estiment
inégale entre les hommes et les femmes dans le traitement de la
parentalité, au moment des séparations de couples. Un
adhérent résume le vécu de ces pères, en
déplorant la conception de la société selon laquelle
« la mère est fondamentale, le père étant la
cerise sur le gâteau ». Pour l'association la plus
ancienne, le NMCP, son représentant note l'absence d'évolution
depuis trente ans concernant la situation des pères au regard des
procédures de divorces et des décisions et applications du mode
de garde des enfants : l'inégalité demeure au
détriment des enfants privés de la présence de leurs
pères. Tous insistent cependant sur le fait que leur combat n'est pas
positionné contre les femmes, et expriment leur volonté à
ne pas stigmatiser les femmes mêmes s'ils déplorent le fait
qu'elles puissent abuser de leur position de force au détriment des
pères, et surtout insistent-ils , des enfants. Ainsi, malgré
l'ouverture affichée des associations vers les parents hommes ou femmes,
les femmes qui se dirigent dans ces lieux, pour elles mêmes, demeurent
forcément minoritaires, mais elles existent néanmoins : Il
peut s'agir de la nouvelle conjointe du père demandeur, qui
l'accompagne, mais aussi de mères se trouvant dans la situation du
parent dépossédé de ses enfants, dans une
problématique plus généralement rencontrée par le
père, notamment à l'association MCP. Parfois, une femme peut
être en demande de responsabilisation à l'adresse du père
envers ses enfants, ou tout simplement en demande de conseils sur la meilleure
attitude à adopter dans le conflit qui l'oppose à son conjoint,
sous tendu par des procédures judiciaires. Cette demande s'accompagne
par ailleurs d'une volonté à ne pas envenimer le dit conflit, et
préserver la place du père, permettant d'expliquer la
démarche pour une femme de s'adresser à ce type d'association
s'affichant pour la condition paternelle. Tout comme les hommes reçus,
elle peut d'ailleurs être amenée à accueillir après
l'avoir été elle-même, se plaçant alors en tant que
parent conseil, sans considération de la différence de genre, ce
que j'ai pu observer à l'association MCP, par exemple. A l'association
SOS papa, des grands- mères adhérentes, qui participent par
ailleurs à l'accueil, relèvent les méfaits de l'action de
certaines féministes, qui auraient contribués à exclure
les pères dans un mouvement extrémiste, refusant d'aller dans le
même sens, l'association se défend d'un certain sexisme.
Le président de l'association JPPP, estime quant
à lui que leur combat se situe justement dans la continuité du
féminisme. « Le pendant en matière
d'inégalité des femmes, c'est celle des pères dans la
famille. Le combat est de terminer la révolution
féminine. » Il souligne néanmoins qu'il demeure
difficile de mobiliser les hommes, même ceux qui viennent à
l'association. Ils ne souhaiteraient pas toujours assumer leur
paternité, estime t il, et viennent ainsi pour certains d'entre eux
chercher des conseils pour perdre le moins possible financièrement. Et
de préciser cependant que ces pères, dans ces cas là, ne
reviennent pas, quand ils ne sont pas prêts à modifier leur
comportement, ce sur quoi travaille l'association. Le président de
l'association évoque le cas de pères qui se présentent
alors que la mère de leurs enfants, investie professionnellement, avait
pour un temps, laissé une place égale au père. Elles
changent ensuite d'avis en entamant cette fois une procédure, à
cause du regard culpabilisant de l'entourage les désignant comme de
mauvaises mères. Pour l'avocate de la même association, dans le
système actuel, inégalitaire pour les pères en cas de
séparation, les femmes sont maintenues à une place de mère
au foyer, selon un schéma contre lequel ont lutté les
féministes. De plus, contre l'intérêt des enfants, la
mère occuperait ainsi le mauvais rôle par son omniprésence,
telle un « parent fouettard », alors que le père ne
peut tenir celui d'autorité. Les associations font par ailleurs le
constat du peu de mobilisation des pères en France comparé aux
mouvements des femmes. Et une mère adhérente d'association,
déplore quant à elle qu'un lien ne puisse se faire entre les deux
mouvements.
A côté des militants, adhérents actifs des
associations, qui assurent les permanences d'accueil, animent les tours de
table, et régulent les débats, d'autres adhérents,
pères ou mères parfois, quand ils arrivent les premières
fois dans ces associations, présentent un certain profil, ont des
attentes, expriment des demandes. Je me suis donc intéressée plus
particulièrement au discours de ces personnes pour mon étude, les
représentants interrogés par ailleurs l'ayant été
plutôt sur les objectifs travaillés dans les associations, mais
aussi, grâce à leur position de recul lié à leur
ancienneté, sur leur vision du public reçu.
Dans un premier temps, afin de mieux identifier ces parents,
la présentation du profil des pères au sein de ces associations,
va me permettre de mettre en évidence les aspects de convergence et de
divergence de la population reçue dans ces lieux d'accueil.
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