L'émancipation familiale face aux institutions: des pères séparés dans l'impasse( Télécharger le fichier original )par Catherine Azémar Conservatoire des arts et métiers Paris - Master de recherche: sciences du travail et de la société 2009 |
DEUXIEME PARTIE : Le conflit des pères séparésPour cette partie, je vais donc m'intéresser plus précisément au profil et discours des pères. Le chapitre quatre va situer au préalable la condition des pères dans les associations, en comprenant la méthodologie d'enquête utilisée. J'explorerai ensuite les attentes exprimées par eux, pour enfin m'attacher à l'enjeu de leurs combats derrière leurs représentations. CHAPITRE 4 la condition paternelle dans les lieux d'accueil de parents séparés4.1. Méthodologie d'enquêteIl existe ainsi plusieurs associations de pères implantées à Paris, comportant également des antennes en province. J'ai fais le choix d'aller rencontrer trois d'entre elles, parisiennes, les plus actives dans le sens où elles tiennent des permanences pour le public : Le NMCP, Nouveau Mouvement de la Condition Paternelle, la plus ancienne, l'association SOS Papa, la plus connue sans doute, car la plus médiatisée, et JPPP Justice Papa Parité Parentale, la plus récente. J'ai eu la possibilité de me rendre à différentes permanences tenues par ces associations au cours de l'année 2008 et 2009. Les trois associations fonctionnent sur le principe de l'adhésion volontaire avec cotisation individuelle. Toutes les personnes quasiment, viennent pour des problèmes rencontrés en lien avec leur situation au regard des enfants, suite à une séparation conjugale. Leur priorité affichée est celle de la défense des enfants. Mon approche du terrain s'est ainsi faite à deux niveaux, l'immersion dans les permanences d'accueils, grâce à la rencontre avec les présidents des associations et adhérents anciens d'une part, les entretiens effectués auprès des pères, adhérents ou pas encore, s'adressant indifféremment à ces trois associations, d'autre part. Pour ces entretiens, j'ai également procédé en deux temps, une première série d'entretiens exploratoires effectués entre avril et mai 2008, au nombre de six, qui ajoutée aux autres éléments d'observation recueillis, m'a permis d'établir mes orientations de travail et élaborer mes hypothèses ; une deuxième série d'interviews, réalisée à la même période l'année suivante, selon une grille d'analyse plus précise, m'a conduite à affiner les résultats de mon enquête. Le choix des personnes interrogées s'est fait au hasard des rencontres avec les personnes disponibles, ou grâce aux adhérents plus anciens me mettant en contact avec des nouveaux7(*).Il est à souligner que malgré cette possibilité de mise en relation directe sur les lieux d'accueils des associations, une rencontre sur rendez vous avec les pères s'avérait parfois délicate compte tenu de l'actualité du vécu douloureux de leur situation. Au cours de ces permanences, j'ai pu m'entretenir avec les présidents et/ou principaux adhérents actifs des associations, être présente aux temps d'accueil des pères (et mères) dans une posture d'observation participative. Les entretiens que j'ai réalisé en parallèle ont été enregistrés, conduit sous la forme semi directive, d'une durée d'une heure à une heure et demie. Les personnes ont été interviewées dans les locaux des associations. Les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés et afin de préserver au mieux leur anonymat, elles sont présentées dans mon analyse, sans spécifier auprès de quelle association elles se sont précisément adressées, même si cela peut paraitre parfois sous entendu par les interviewés eux-mêmes. De surcroit, en risquant d'induire des comparaisons d'ordre subjectif, cet élément ne semblait pas à même d'apporter un intérêt particulier dans le cadre de cette étude. Mon propos en effet était celui de dégager les éventuelles convergences et divergences non pas des associations existantes, même si elles apparaissent dans leur présentation, mais plutôt celles des pères s'adressant à ce type d'association, dans leur ensemble. L'objectif étant de mettre en évidence le discours d'un échantillon de parents en demande d'aide auprès d'associations de défense des droits des pères. En revanche, il m'a semblé pertinent au préalable de présenter ces différentes associations avec leurs fonctionnements respectifs, commenté par leurs présidents ou adhérents principaux, ou que j'ai pu observer moi-même au cours de l'enquête ; Les différentes façons en effet d'aborder l'accueil, complètent la représentation des places parentales qu'en ont les pères, à travers les choix des militants dans leurs propositions. De plus, le fait de m'adresser à trois associations différentes, ayant chacune son fonctionnement propre et sans liens particuliers entre elles, si ce n'est parfois la rencontre de ses représentants pour s'associer aux débats parlementaires en soutien à des propositions de lois, avait l'avantage pour ce travail de recherche, de me distancier d'un seul discours militant. Le risque en effet que je pouvais être amenée à rencontrer dans ce type d'étude, avec pour terrain une seule association militante, était celui de m'impliquer en adhérant, ou au contraire en n'adhérant pas, au discours, mais sans la souplesse d'une perspective nécessaire à l'analyse. L'observation des trois associations distinctes était alors une façon d'étendre mon champ d'optique, tout en me permettant d'identifier plus précisément ma problématique. Ayant fait le choix d'effectuer mon étude auprès d'associations pour la défense des pères, parmi les personnes interrogées je m'orientais sur une enquête exclusivement de pères. Cependant je n'ai volontairement pas effectué de tri sur les parents interviewés de façon à restituer un échantillon représentatif d'une diversité ou non du public pouvant faire appel à ce genre d'association. C'est ainsi que parmi l'ensemble des interviewées, quinze pères au total, un d'entre eux n'a encore pas d'enfant en réalité mais est un futur père (Lucien) ; Il m'a semblé néanmoins intéressant de l'interroger du fait de la singularité de sa démarche qui vient témoigner de l'implication d'hommes jeunes dans la paternité. A cela s'ajoute le témoignage d'une mère, parent membre d'une association, qui présente la particularité d'être un parent demandeur au même titre qu'un père. Aussi, cet élément vient rendre compte de la volonté affichée des associations à ne pas mener un combat contre les femmes, même si elles déplorent un statut privilégié accordé aux mères par les institutions, quant au mode de garde des enfants. Ainsi l'ensemble de ces personnes interrogées constitue un éventail possible de parents qui se présentent dans des lieux spécifiques que sont les associations oeuvrant pour la condition paternelle dans le cadre de l'égalité parentale. Le tableau de la page suivante regroupe les caractéristiques qui se dégagent de l'analyse des quinze pères interviewés : Tableau récapitulatif des personnes interviewées Mode de garde classique : 1WE / sur 2
Afin de mieux comprendre l'activité de ces associations, et le discours de pères qui s'y présentent, il s'avère incontournable de présenter au préalable les règles législatives en vigueur à ce jour et ses pratiques en matière de divorce, séparation de couples, mode de garde des enfants. Les contradictions révélées entre ce que dit la loi, et ce que sont les pratiques, viendraient refléter la permanence sociale d'une représentation traditionnelle des places parentales, et de distinction sexuelle des rôles. Puis, après une présentation de ces lieux d'accueils, nous verrons par la suite, à travers l'analyse des attentes des pères, en quoi ils peuvent représenter des espaces interactifs propices ou non aux changements. * 7 Voir grilles d'entretiens annexe p-108- 110 |
|