De la psychanalyse du sujet connaissant à l'objectivité scientifique dans l'épistémologie Bachelardienne( Télécharger le fichier original )par Merleau NSIMBA NGOMA Université chrétienne Cardinal Malula RDC - Licence en philosophie et lettres 2009 |
III.2.2.3. L'exigence du refus d'argument d'autorité.Bachelard réalise que l'argument du ''magister dixit'', moyenâgeux, est très périlleux pour la science. D'accord, quant à lui, avec les savants de la Renaissance, il professe qu'il faut rompre avec le respect pour les autorités intellectuelles, quel que soit leur prestige. Selon notre philosophe, « un épistémologue irrévérencieux disait... que les grands hommes sont utiles à la science dans la première moitié de leur vie, nuisibles dans la seconde moitié »180(*). Et ce, poursuit l'auteur parce que chez eux « l'instinct formatif finit par céder devant l'instinct conservatif. Il vient un temps où l'esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit, où il aime mieux les réponses que les questions. Alors l'instinct de conservatif domine, la croissance spirituelle s'arrête »181(*). Effectivement, dès qu'un chercheur devient célèbre, il acquiert une autorité et une notoriété intellectuelles et morales qui peuvent gêner ses disciples. Pour progresser à la science, conseille Bachelard, ceux-ci doivent constamment rompre avec les idées de leur maître. Tache souvent difficile, mais qui est pourtant u facteur déterminant pour les sciences. « Cette tache devient plus difficile encire parce que les grands hommes n'ont pas le sens de l'échec »182(*). II.2.2.4. L'exigence de l'inquiétude de la raisonC'est presque tout le plan de la Formation de l'esprit scientifique qui tourne autour de cette exigence. C'est d'ailleurs la grande caractéristique de l'esprit souple et toujours impitoyable aux anciennes valeurs spirituelles. A travers cet impératif, l'auteur suggère que l'on ne puisse jamais laisser sa raison en repos qu'il appelle `'quies'' ; il faut sans cesse l'inquiéter et la déranger, il écrit à ce propos « il faut... inquiéter la raison et déranger les habitudes de la connaissance objective. C'est une pratique pédagogique constante »183(*).
A en croire l'auteur, il ne faut jamais sympathiser avec une doctrine. La sympathie enlève l'esprit critique et la liberté de jugement. La science étant un combat, il ne faut jamais se sentir à l'aise avec ses propres idées ; il faut incessamment se remettre en question ; celui qui ne s'interroge plus se sclérose et l'esprit qui finit par toujours dire oui s'endort. L'esprit qui est ainsi préparé, et qui espère à un bien, acceptera sans problème des rectifications afin de parvenir à un stade évolué avec la science. D'ailleurs, au « point d'évolution où se trouve la science contemporaine, le savant est placé devant la nécessité, toujours renaissante, du renoncement à son propre intellectualité »184(*). Retenons que si notre philosophe s'est livré à une critique sévère de l'inductivisme et de l'empirisme, c'est parce que, d'après lui, le fait scientifique est construit à la lumière d'une problématique théorique. La science se construit contre l'évidence, contre les illusions de la connaissance immédiate. C'est en ce sens qu'il parle de la philosophie du non : « la philosophie du non, dit-il, n'est pas une volonté de négation. Elle ne procède pas d'un esprit de contradiction qui contredit sans preuves, qui soulève des arguments vagues. Elle ne fuit pas systématiquement toute règle »185(*). Et notre philosophie du notre préciser : « pour que la connaissance ait toute son efficacité, il faut maintenant que l'esprit se transforme. Il faut qu'il se transforme dans ses racines pour pouvoir assimiler dans ses bourgeons »186(*). * 180 Ibid, p.15. * 181 Ibid., p.16 * 182 G. BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, p.19. * 183 Ibid., p.247. * 184 G. BAHELARD, La formation de l'esprit scientifique, p.248. * 185 Ibidem. * 186 Idem, La philosophie du non, p.135. |
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