5. 3. Evaluation des croissances et nodulation du
sulla de deuxième année dans la station de Goubellat
En deuxième année de culture, la croissance en
hauteur et la surface foliaire des plants de sulla sont significativement
homogènes pour l'ensemble des traitements (Figure 46, Annexe 11).
Cependant, la nodulation des plants a été observée sur
l'ensemble des traitements (Tableau 23).
Tableau 23: Effet de l'inoculation rhizobiale au
champ sur la croissance en hauteur, la surface foliaire et la nodulation du
sulla de 2ème année au stade bouton floral.
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Hauteur de végétation (cm)
|
Surface foliaire (cm2/plante)
|
Nombre de nodules (Nodules/plante)
|
TN
|
63
|
a
|
827
|
a
|
22
|
a
|
T0
|
61
|
a
|
827
|
a
|
20
|
a
|
HC14
|
58
|
a
|
888
|
a
|
24
|
a
|
HC5
|
61
|
a
|
789
|
a
|
19
|
a
|
LSD 5 %
|
|
8
|
118
|
|
6
|
|
5. 5. Discussions
L'inoculation rhizobiale du sulla en plein champ entraîne
des effets aléatoires sur les paramètres de croissance,
nodulation et rendements selon le site et la nature de l'inoculum.
Comparé à Goubellat, le site de Tunis se
caractérise par une supériorité de la croissance et de la
nodulation du sulla de 1ère année
indépendamment de la souche utilisée. La croissance en hauteur
est en moyenne 2 fois plus élevée à Tunis qu'à
Goubellat. En conséquence, les rendements en biomasses sèches
aériennes et protéiques se trouvent affectés. La
différence du comportement agronomique du sulla dans les deux stations
et selon les traitements serait liée à la présence d'une
population rhizosphérique efficiente dans le site Tunis (Fitouri Dhane,
2011). De plus, l'irrégularité des pluviosités,
combinée à une amplitude thermique plus importante à
Goubellat durant la période d'installation et de croissance du sulla en
première année de culture pourraient contribuer à une
croissance limitée de la plante (Lapeyronie, 1982).
Dans les deux stations, et au stade floraison du sulla, la
souche HC14 entraîne les meilleures croissances en hauteur. Concernant
les paramètres de nodulation, l'inoculation avec les souches HC5 et HC14
dans le site de Tunis a permis d'améliorer le nombre (de 12 à 51
%) et le poids (de 57 à 72%) nodulaire. A Goubellat, l'inoculation avec
la souche HC5, a assuré au stade floraison, la nodulation la plus
élevée en nombre (12,7 nodules/plantes) et en poids (56,15
mg/plante).
De point de vue efficience symbiotique, la souche HC14,
moyennement tolérante au stress abiotique, a assuré une
amélioration des rendements protéiques par rapport au
témoin non fertilisé (T0) de 11,4% à 272% respectivement
à Tunis et Goubellat. En présence de HC5 qui est plus
tolérante au stress abiotique, ces améliorations ont
augmenté à 312 % dans le site Goubellat. L'adaptation des souches
rhizobiales à la variation des conditions édaphiques et
climatiques du milieu dépend des caractéristiques
phénotypiques de celles-ci (Zahran 1999, Vinuesa et al.,
2003).
Les souches HC5 et HC14 semblent aussi particulièrement
compétitives dans le site Tunis où la densité rhizobiale
spécifique au sulla se trouve déjà suffisante (3,2
104 bactéries/g de sol). Il a été
rapporté dans ce sens que l'introduction de souches efficientes de
Rhizobium favorisait la nodulation et par conséquent la
fixation biologique de l'azote (Sultan et al., 2002); mais à
condition, que la souche introduite soit compétitive (Graham 1994).
Cette compétitivité des souches est toute fois
tributaire des sources d'énergie disponibles dans le sol (Bromfield
et al.,1985; Streit et al., 1996; Murphy et al.,
1987) ainsi que des interactions entre les souches de Rhizobium
(Robleto et al., 1998; Oresnik et al., 1999),
bactéries et champignons rhizosphériques autochtones qui peuvent
être positives (Dashti et al., 1998) ou négatives (Mrabet
et al., 2006).
En deuxième année de culture, la présence
de nodosités racinaires fixatrices de l'azote sur l'ensemble des plants
de sulla du site Goubellat ainsi que l'accroissement de la densité
rhizobiale spécifique au sulla de 0 en première année
à 1,7 x 102 bactéries/g de sol témoigne d'une
bonne dispersion de l'inoculum dans la rhizosphère et d'une adaptation
des souches introduites aux conditions environnementales de la station. En
effet, après deux années de culture à Goubellat, la
biomasse sèche et les protéines brutes cumulées sont
semblables entre tous les traitements.
L'effet néfaste de la fertilisation azotée sur
la nodulation du sulla dans le site de Tunis a été observé
au stade floraison. Cet effet de l'azote sur la nodulation, a
déjà été rapporté par plusieurs auteurs (El
Mili, 1983; Vance et al., 1987; L'taief et al., 2008).
L'augmentation de la quantité d'azote sous forme de NH4 + et NO3 - dans
le sol aurait pour conséquence une inhibition de l'infection racinaire
(Abdel-Wahab et al., 1996) et du développement nodulaire
(Atkins, et al., 1984; Imsande, 1986; Timmers et al., 2000).
Dans ce sens, Tibaoui et Zouaghi (1989) ont rapporté une
réduction hautement significative de la nodulation provoquée par
la fertilisation azotée, particulièrement pendant la fin du cycle
végétatif du sulla.
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