1. 4. Discussions
L'analyse des corrélations montre que la croissance et
la productivité du sulla dépendent essentiellement de
l'activité symbiotique dans les sites prospectés. En effet, la
croissance en hauteur, la teneur en protéines brutes ainsi que les
productions de fourrage sec et de graines sont significativement
corrélés aux paramètres de nodulations mesurés
(NOD, PSN, PMN) (Tableau 11). Ce résultat met en évidence l'effet
bénéfique de la nodulation dans les stations du groupe 4 sur les
rendements en fourrages et en graines respectivement 8,38 t /ha et 1630 kg/ha
et explique la faible productivité fourragère dans les sites
Menzel Bouzelfa et Goubellat où la nodulation est respectivement faible
et absente.
Cette variation de la nodulation dans ces sites est en
relation avec la fréquence d'introduction du sulla dans ces sites. En
effet, l'historique des parcelles montre que les stations n'ayant pas
introduits cette fabacée dans le passé comme Menzel Bouzelfa et
Goubellat ont présenté une déficience de nodulation dans
la culture de sulla. Alors que tous les autres sites ayant déjà
introduit cette espèce dans la rotation culturale ont
présenté une bonne nodulation en poids et nombre. Ce
résultat peut être expliqué par la présence ainsi
que l'abondance des souches bactériennes spécifiques. Dans ce
sens, Peoples et al. (1995) et Sturz et al. (1997) ont
montré que la probabilité d'existence du rhizobium
spécifique à une culture de légumineuse augmente avec la
fréquence de son introduction dans un système de culture.
Le poids moyen d'un nodule est positivement
corrélé au rendement en graines (r = 0,80). Cet effet est
particulièrement visible au site Oued Zarga où on a
enregistré le meilleur rendement en graines (2114 kg/ha). Dans ce site,
les nodules particulièrement gros (2,32 mg/nodule) ont une
activité symbiotique qui dure plus longtemps que celle des nodules de
petites tailles assurant par conséquent les besoins en azote pour la
culture pendant la période de remplissage des graines (L'taief et
al., 2009). Paradoxalement, les nodules de petite taille perdent
rapidement leur pouvoir fixateur affectant négativement les rendements
grainiers (Menzel Bouzelfa).
La corrélation significative entre le poids sec
nodulaire et la densité de sulla par m2 peut être expliquée
par l'accroissement dans ces sites de la densité racinaire responsable
de la libération des flavonoïdes. La concentration de ces derniers
dans le sol conduit à la stimulation des nodules en nombre et en masse
(Hopkins 2003; Macheix et al., 2005).
Les rendements du sulla sont aussi influencés par les
densités des plants et adventices. La biomasse sèche
aérienne est corrélée positivement à la
densité de sulla (r = 0,64), alors que la présence d'adventices
est corrélée négativement avec les rendements en fourrage
(r = -0,54) et graines (r = -0,55). En effet, la parcelle
désherbée deux fois de Ben Arous s'est caractérisée
par les densités d'adventices les plus faibles, engendrant ainsi un
effet positif sur la croissance et la production du sulla. Ce désherbage
ne semble par ailleurs pas affecter la nodulation. Rennie et al.
(1984) ont montré que l'application de 5 herbicides
différents n'avait aucun effet ni sur la fixation symbiotique, ni sur la
production des graines d'une culture d'haricot. Contrairement à
Lindström (1985) qui a rapporté une altération de la
morphologie des racines ainsi qu'une réduction du nombre de nodules et
de l'activité de la nitrogénase des plants suite à une
application d'herbicide sur Trifolium pratense L..
Parmi les caractères environnementaux, l'altitude est
significativement corrélée (r = 0,64) à la durée du
cycle de la plante depuis le semis jusqu'à la floraison donc la
précocité. Cet effet a été observé dans les
stations Smadah et Téboursouk situées en zone montagneuse
où l'altitude serait responsable de l'allongement du cycle du sulla et
influencerait ainsi positivement les rendements de la culture en graines. Dans
ce sens, Sarno et al. (1978) ont constaté qu'en altitude, le
sulla tend à fleurir tardivement et à produire plus de fourrage.
Parmi les paramètres édaphiques, le pH basique a un effet positif
(r = 0,55) sur la densité du couvert végétal en sulla, ce
qui confirme l'adaptation de cette culture aux sols alcalins (Moore et al.,
2006). Par contre, une corrélation négative a
été observée avec les teneurs en matière organique
(r = -0,69) et phosphorée (r = -0,8) du sol confirmant les observations
de réalisées par Bordeleau et Prévost (1994).
A propos de la pluviométrie totale annuelle, son effet
n'a pas été corrélé significativement aux
paramètres de rendements. Les fortes pluviosités ne sont pas
toujours à l'origine des bons rendements. Avec une hauteur de pluie de
1560 mm, Mateur Jalta n'a pas eu les meilleures biomasses fourragères et
grainières respectivement 5,29 t/ha et 1059 kg/ha. Alors qu'Ain Chalou,
des rendements meilleurs ont été obtenus de l'ordre de 10 t/ha et
1146 kg/ha de fourrage sec et graines, et ce avec seulement 243 mm de pluie par
an. Ces observations confirment celles de Ben jeddi (2005) et de Martiniello
(2000) relatives aux potentialités de production du sulla en condition
de pluviométrie limitante.
|