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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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CONCLUSION :

A la fin des années 1950, le film noir tend à disparaître des écrans américains.

A cela plusieurs éléments de réponse, dont entre autre l'apparition de la télévision, le feuilleton policier, le poids du Maccarthysme qui fait la Chasse aux sorcières contre le communisme.

« La Chasse aux sorcières n'est pas la seule cause de la raréfaction du film noir sur les écrans américains à partir de la fin des années cinquante. La progression de la télévision dans les foyers y joue aussi son rôle. Les familles y voient défiler des séries conçues sur mesure. Le feuilleton policier s'y installe et se garde bien de démarquer les subversions du « cycle noir » par crainte de la censure, qu'elle soit celle de l'administration fédérales ou des sponsors publicitaires. »152

Encore une fois, le cinéma est en adéquation avec l'histoire, car en 1955, cela maintenant dix ans que la Guerre Froide sépare le bloc américain, contre le bloc communiste de l'ex URSS. Les interrogations des années soixante évoluent vers un autre style cinématographique, comme le film d'espionnage (la série des James Bond).

Les femmes y sont toujours représentées comme des criminelles ou des femmes fragiles, mais le noyau du film est basé sur l'intrigue, et la victoire des américains contre le mal qui les entoure.

Le film noir subsiste, mais il n'est plus « le genre » dominant.

Comme le remarque Nöel Simsolo,

« Depuis le début des années soixante, le film noir subsiste donc en s'exilant dans des genres en agonie. Il inspire néanmoins des auteurs cinéphiles. Il déclenche aussi des systèmes nouveaux et devient mythologie populaire avec une esthétique en éternelle mutation. »153

Le film noir est donc rentré dans l'histoire du cinéma.

Il faut également noter l'apparition de la couleur, qui est comparable à l'apparition du cinéma parlant.

Alors que le noir et blanc exprimait parfaitement le conflit entre le mal et le bien, cette apparition correspond à une période pleine d'incertitudes.

152 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 421.

153 Ibid, p. 425.

Celle-ci va permettre une diversification des thèmes abordés au cinéma, et le film noir sera revisité en couleur qu'à la fin des années soixante, seulement il prendra le nom de films criminels.

De plus, la société américaine ne s'en sort pas de ses crises internes.

Selon Michel Ciment :

« Le conflit du Viêt-Nam, l'affaire du Watergate, l'insécurité urbaine, les émeutes des ghettos noirs, les mouvements gay et féministe nourrissent depuis un quart de siècle un flot de films où s'expriment la peur, voire la paranoïa d'une société aux abois. »154

Pourtant, pour certains réalisateurs contemporains, le film noir est un magnifique travail d'esthétisme, et c'est une grande source d'inspiration.

Justement, cette nouvelle ère permet d'avoir une approche plus directe des themes que la censure avait occultée, comme par exemple la réadaptation de Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett.

En 1981, le réalisateur Bob Rafelson reprend l'intrigue, qui souligne nettement plus le caractère sexuel originel du roman de James Cain.

« Entre Lana Turner, lisse et « propre » (short blanc, allure sportive, présentation soignée) et Jessica Lange, la sensualité à fleur de peau (mal coiffée, le mégot aux lèvres, présentation négligée, les mains dans la farine), la différence est de taille. Rafelson et son scénariste, David Mamet, peuvent aller jusqu'au bout des implications du roman de Cain - le meurtre participe du désir sexuel - qui, rappelons-le, avait effarouché Hollywood au point que le sujet était resté dans les tiroirs plus de quinze ans. »155

Les américains reconnaissent que le film noir fait intégralement parti de leur culture.

De jeunes réalisateurs, comme Quentin Tarantino, vont donner un coup de neuf à un nouveau genre de films.

Que le fil conducteur soit une histoire de Gangsters, de femmes fatales ou criminelles, ils rendent hommage au film noir.

D'ailleurs, les femmes criminelles reviennent en force à partir des années quatre-vingt.

Que cela soit Sharon Stone dans Basic Instinct de Paul Verhoeven (1991), Laura Elena Harring dans Mulholland Drive de David Lynch (2001),

154 Michel Ciment, Le crime à l',cran, Une histoire de l'Amprique, op. Cit, p. 100.

155 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit, p. 320.

« Nouvelles femmes fatales, garces sexy, elles perpétuent la tradition de leurs aînées, mais affichent leur agressivité sexuelle et perdent en ambiguïté ce qu'elles gagnent en violence. »156

Les interrogations des hommes sur les femmes n'ont pas changé, de plus l'Histoire n'a fait que complexifié les choses, avec la libération de la femme dans les années soixante-dix, la légalisation de l'avortement (seulement dans certains Etats des Etats-Unis), l'ascension sociale de femme, qui, à moindre échelle toujours de nos jours, accède à des hauts postes à responsabilité.

Les peurs des hommes sont les mêmes, seulement elles sont plus qu'exacerbées.

Ce nouveau mouvement va devenir le néo-polar, qui lui aussi donne un reflet complexe de la société.

Mais à la différence du film noir, on remarque que le poids de la censure et de la morale ont relâché leur emprise, car dans les films du néo-polar, l'individualisme est poussé à son extrême.

Sans doute, le film qui marque le plus cette reconnaissance sociale, et fait de la femme un « homme » à sa manière, un être qui n'a plus besoin de lui pour vivre, ni pour faire des enfants, est Kill Bill de Quentin Tarantino, qui date de 2004.

L'histoire de cette femme, qui après avoir frôlée la mort en se faisant attaquée le jour de son mariage par les « employés » de son ancien amour, Bill, va au fur et à mesure, éliminer tous ceux qui lui ont fait du mal.

Sa soif de vengeance est énorme, les bains de sang et les carnages sont les caractéristiques des scènes où la violence règne en maître, mais finalement, dans sa course folle, elle arrivera à retrouver son bien le plus précieux, sa fille, que Bill a gardée avec lui.

Ce film de Quentin Tarantino n'est-il pas le miroir de ce qu'est la société de nos jours ? N'a-t-il pas voulu nous montrer que derrière les meurtres et les tueries, le fond psychologique révèle bien l'indépendance acquise de la femme, qui peut être forte et se débrouiller seule. Elle n'est plus sous le couvert de l'homme.

Et l'on peut se demander, si finalement la femme ne serait pas la représentation de la société elle-même ?

Car si la femme n'est plus dans l'ombre de l'homme, la société vivante, pas celle des institutions, lisse et formatée en apparence, n'est elle aussi parfois incontrôlable, c'est une jungle ou chacun se bat pour survivre.

Si l'on relie cinéma, histoire et représentation des événements, peut-être que la société « humaine », et non pas économique, politique, religieuse, ..., cherche de plus en plus à s'émanciper du protectionnisme et du paternalisme des Etats, des Nations et des Institutions. Et l'on peut remarquer qu'au fil de l'histoire, que cela soit avec les révolutions (comme la révolution française de 1789, la chute du mur du Berlin en 1989,...) les Hommes se tournent de plus en plus vers cette liberté, cette émancipation, avec entre autre l'avènement de la technologie et d'Internet.

Ce qui amène à se demander comment l'on interprétera ces films récents, avec plus de recul, dans le futur ? , et si l'homme et la femme ne finiront pas par créer une dualité omniprésente entre eux.

Article de Marc Ferro sur la relation entre histoire et cinéma.

Les principes du Code Hays.

Rapport du Code Hays sur le film Assurance sur la mort.

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