1941 - 1960
Mémoire réalisé par Fanny Pira
sous la direction de Frédéric Chauveau
Université Sciences Humaines et Arts -
Poitiers - 2007
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION p. 1 a 5
PREMIERE PARTIE : LE FILM NOIR ET SA
RENCONRTE
AVEC LES FEMMES CRIMINELLES. p. 6 a 33.
Chapitre I : Vers une définition du film noir. p. 7
à 18.
La naissance d'un genre ? p. 7.
Les sources du film noir. p. 11.
L'atmosphère du film noir. p. 15.
Chapitre II : Le crime est au fond de chaque individu. p. 19
à 25.
L'influence de la psychanalyse. p. 19.
Des criminels trop humains. p. 23.
Chapitre III : Un obstacle à la liberté
d'expression : le code Hays. p .26 à 33.
La création du code Hays. p. 26.
Les limites du code de censure. p. 30.
DEUXIEME PARTIE : LES FEMMES, A MAGNIFICIENT
OBSESSION (DOUGLAS SIRK). p. 34 a 62.
Chapitre IV : Les femmes criminelles : un fantasme pour les
réalisateurs. p. 35 à 44.
Une fascination pour les femmes ? p. 35.
La place des émotions. p. 40.
Chapitre V : Typologie et portrait des femmes criminelles. p. 45
à 54.
Portraits des femmes criminelles. p.45
Les femmes criminelles victimes d'elles-mêmes ? p. 52.
Chapitre VI : Quand les femmes d'en mêlent. p. 55 à
62.
Les motivations du crime. p. 55
Le passage à l'acte. p. 59.
TROISIEME PARTIE : ENTRE FICTION ET REALITE, LE FILM
NOIR MIROIR DE LA SOCIETE AMERICAINE. p. 63 a
Chapitre VII : De l'émancipation de la femme à
l'écran... p. 64 à 66.
L'émancipation. p. 64.
Le paradoxe à l'écran. p.67.
Chapitre VIII : . .à la réalité sociale. p.
68 à 71.
La famille américaine, une forteresse imprenable. p.
68.
Les relations hommes-femmes. p. 70.
Chapitre IX : Le Film Noir, vecteur de valeurs et d'une
certaine morale. p.72 à 75.
Une morale tragique. p.72.
L'impact du cinéma américain dans le monde. p.
74
CONCLUSION p. 76 a 79.
ANNEXES p. 80 a 82 . ANNEXES 1 p. 80. ANNEXES 2 p.
81.
ANNEXES 3 p. 82.
BIBLIOGRAPHIES.
Introduction :
Atmosphères étranges, glauques, rues
désertes et sombres, personnages ténébreux, intrigues
obscures et envoütantes...
Bienvenue dans l'univers du film noir.
Avant tout, le film noir est né dans un certain contexte
historique, une période.
Une période qui commence avec la menace nazie au
début de la décennie, se poursuit par l'entrée en guerre
des Etats-Unis après le bombardement de Pearl Harbour(le 7
décembre 1941), et atteint son apogée avec les attaques à
l'arme nucléaire contre le Japon (Hiroshima et Nagasaki), qui laisseront
des séquelles dans les mentalités américaines.
Le retour à la paix est plus une apparence car la guerre
froide est sous-jacente, accompagnée de la chasse aux sorcières,
du maccarthysme, et du conflit avec la Corée (1950 - 1953).
« Le rêve américain une fois de plus se brise ;
l'incertitude règne face aux dérapages du système et
l'angoisse de la société s'exprime dans ces films où
domine la criminalité. »1 Durant cette même période,
l'histoire culturelle des Etats-Unis est en plein développement, en
particulier dans le domaine du cinéma.
Depuis la fin du XIX éme siècle, l'outil
cinématographique ne cesse d'évoluer.
A partir des années 1930, le cinéma devient
parlant, puis sonore, on arrive maintenant à associer une image avec du
son.
C'est donc la fin du cinéma muet et le début d'une
ère nouvelle.
Ce développement technologique est accompagné d'un
développement parallèle, celui de l'industrie du
Cinéma.
C'est-à-dire l'ensemble des acteurs qui le font vivre,
en passant par la naissance des grands studios de production, dont certains
existent toujours aujourd'hui, c'est l'exemple de La Metro Goldwyn Mayer, la
20th Century Fox ; des producteurs, des financiers, des comédiens, des
scénaristes, des techniciens, des réalisateurs, ~
Avec cette nouvelle donne le Cinéma va pouvoir
élargir ses thèmes de prédilection, en créer de
nouveaux.
Le film noir est un de ces nouveaux terrains d'investigation
cinématographique.
En effet, avant de prendre l'appellation « film noir
», celui-ci descend d'un genre plus générale, le genre
policier, qui lui-même est né d'après l'influence des
romans policiers des années vingt.
Le film noir, pour sa part, a fleuri durant les années
1940 et 1950.
Il donne naissance à des personnages aussi sombres,
mystérieux et angoissant que ses décors et ses
arrière-plans.
Son apparition est due à la réalité
quotidienne que vivent les habitants des Etats-Unis à cette
époque, avec entre autre la fin de la Premiere guerre Mondiale,
l'effondrement du marché économique américain, le
sentiment d'angoisse et de peur de la Seconde guerre Mondiale, même si
elle ne se passe pas dans le pays, la proclamation de la prohibition dans les
années vingt également, les changements de président, le
New Deal, l'avènement de la société de consommation.
Pour résumé, tout ce qui fait le quotidien des
américains à ce moment précis.
Des auteurs comme Marc Ferro, ont démontré que
le cinéma, tout comme la littérature, la peinture, le
théâtre, ou la photographie a tout autant de valeur historique, et
peut faire un très bon agent de l'Histoire.
D'une part, le film devient témoin, ou même
témoignage de l'Histoire lorsqu'il contribue à une prise de
conscience.
D'autre part, l'image qu'il véhicule peut aussi
être considérée comme le reflet de la pensée de
celui qui l'a produite.
Le cinéma peut nous amener à nous faire
connaître et à comprendre les événements du
passé, les phénomènes historiques, mais il peut aussi
être lui-même un événement, historique, social,...
à part entière.
Parfois, les cinéastes, au lieu de nous raconter une
intrigue, nous donne implicitement ou très subtilement une idée
sur l'histoire.
Pour faire de l'histoire, ils peuvent emprunter des voies
différentes, comme par exemple trouver une idée, un cadre, une
petite ville, la famille, ils peuvent mener une enquête, un peu à
la façon des journalistes.
Au final, le cinéma peut nous aider à comprendre
le fonctionnement d'une société à un certain moment
donné (les crises, les angoisses, les désirs, les rêves,
...), et par la même occasion il apporte aussi des méthodes pour
analyser l'histoire.
Une phrase d'Arlette Farge nous dit à propos du
cinéma et de l'histoire : « On est assuré contre les
accidents automobiles, on est assuré contre la maladie, on est
assuré contre tout ce
que vous voulez, mais on n'est pas assuré contre
l'histoire. Et quand l'histoire s'abat sur nous, au fond, il n'y a que le
cinéma qui vous dit comment ça se passe. »2
Voilà pourquoi ce travail de recherche va s'appliquer
à comprendre la société américaine à travers
un certain nombre de films noirs,
Car en étudiant les femmes criminelles dans ces films,
on peut se rendre compte que cela en « dit » long sur ce qui se
passait durant ces années, mais on en apprend encore plus sur les
mentalités et les principes de représentations.
L'étude des femmes criminelles dans le film noir
américain est une étude sur l'histoire des
représentations, que ce soit celles de la femme, de la
société, de la justice, de la violence.
En ce qui concerne les bornes chronologiques, on peut
considérer que « le mouvement culturel »que représente
le film noir commence en 1940, avec The Letter, de William Wyler.
Cependant, il faut noter que certains de ces films sont très difficiles
d'accès, car on ne les réédite plus, surtout les films
à petit budget (les séries B), mais aussi car ils sont
détrônés par les grands « chefs d'oeuvres ». Ces
films sont donc un peu laissés aux oubliettes et la plus part des
ouvrages de la bibliographie en parlent très peu.
N'ayant pu visionner ce film, nous commenceront là ou
tous les auteurs se mettent d'accord pour choisir l'année 1941 comme
annonciatrice du film noir, avec The Maltese Falcon (Le
Faucon maltais) de John Huston.
Il faut savoir aussi que les femmes criminelles dans le film noir
sont toutes associées à la « femme fatale », et cela
peut créer des confusions.
Deux films rentrent dans ce schéma, il s'agit de Laura
d'Otto Preminger (1944), ainsi que de Gilda de Charles Vidor (1946).
On peut être tenté de les prendre pour des femmes
criminelles, seulement, elles ne sont pas à l'origine
(préméditée et meurtrière) des crimes qui sont
commis.
Neuf autres films feront l'objet de cette étude,
à savoir : Shanghai Gesture (Shanghai) de Joseph von
Sternberg (1941), Double Indemnity (Assurance sur la mort) de
Billy Wilder (1944), Mildred Pierce (Le roman de Mildred
Pierce) de Michael Curtiz (1945), Leave Her To Heaven
(Péché mortel) de John Stahl (1945), The Postman
Always Rings Twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Tay
Garnett (1946), The Lady From Shanghai (La dame de
Shanghai) de Orson Wells (1947), Angel Face (Un si doux
visage) d'Otto Preminger, Niagara de Henry Hathaway (1953), et
enfin Kiss me Deadly (En quatrième vitesse) de Robert
Aldrich (1945).
La liste pourrait être plus longue, mais les sources ne
sont pas faciles à trouver, et de cette manière, il est possible
de faire ressortir des points de comparaison.
D'autres films avec des femmes criminelles, comme Fallen
Angel (Crime passionnel) d'Otto Preminger (1945), Dead
Reckoning (( n-PIXIe-d1-l4T176-w) de John Cromwell
(1947).Gun Crazy (Le démon des armes) de
Joseph Lewis (1950),...
Le dernier film cité date de 1945, date à laquelle
le film noir perd de son charisme et de son influence.
Le dernier film que l'on pourrait considérer comme film
noir avec une femme criminelle pourrait être Portrait in Black
(Meurtre sans faire part) de Michael Gordon (1960), mais là
encore il n'a pas été possible d'accéder à la
source.
Car à la différence des sources écrites, le
support audiovisuel de cette époque n'est pas aussi solide, et le temps
que ces oeuvres soient restaurés prend un temps fou.
Comme pour les sources filmiques, les sources écrites qui
traitent des femmes criminelles sont rares.
En effet, ces femmes sont comme il a été vu,
confondues avec les femmes fatales. Il faut donc faire le tri pour ne pas
produire d'amalgame.
Car même si les femmes criminelles sont pour la plus part
des femmes fatales, ces dernières ne sont pas pour autant des
criminelles.
Ces femmes criminelles, qui sont attirée par le sexe,
l'argent, le jeu, la vengeance, sortent tous droits soit des romans des
années vingt et trente, soit de l'imaginaires des
réalisateurs.
C'est pourquoi, il est intéressant de s'interroger sur
l'impact social et cinématographique des femmes criminelles dans le film
noir américain des années 1940 aux années 1955, ce qui
implique une notion culturelle et historique.
Plus précisément ce que leur présence dans
ces films noirs représente, ainsi que l'impact que cela à sur la
société américaine, en particulier sur les individus.
Pour répondre à cette problématique, trois
grands thèmes principaux seront abordés.
Le premier, essayera de cerner ce qu'est un film noir,
pourquoi on l'appelle comme cela, en redonnant une définition du «
genre », puis par là même l'influence de théories de
l'époque, avec entre autre l'apport de la psychologie, et enfin, les
obstacles, que ce style, qui met à nu les bas-fonds de la
société et les névroses qui peuvent se trouver en chaque
individu, va rencontrer. Car généralement chaque nouveau
mouvement culturel, sociologique, politique qu'une société
découvre s'accompagne d'une peur, voir d'un rejet systématique,
surtout tant que l'on ne l'a pas étudié de trts prés et
qu'on le considére comme dangereux pour la population.
Le deuxième thème, traitera de celles qui auront
marqué, et qui marquent les esprits par leur beauté
irréelle, mais aussi par la noirceur profonde de l'âme des
personnages qu'elles incarnent à l'écran, telle une Rita
Hayworth, ou encore Gene Tierney, Barbara Stanwyck. Leurs apparitions ne
sont-elles que les fantasmes des réalisateurs et des spectateurs (car le
cinéma répond toujours à une demande) ou bien les
conséquences de la remise en question de la femme par rapport à
la domination de l'homme dans presque tous les domaines de la vie ? , entre
autre lorsqu'elles deviennent des criminelles, et deviennent capable
d'être les coupables d'un des instincts qui n'est pas encore
éradiqué, selon la théorie de Freud, le crime.
Enfin, le dernier thème abordera le concept des femmes
criminelles de façon plus sociologique, en développant la
continuité du second thème, à savoir la place que tient la
femme dans la société américaine, et son
évolution.
Entre fiction et réalité, le film noir n'est-il
pas simplement le miroir de la société américaine, et
celle-ci imposant son modèle au monde n'est-elle pas le vecteur d'une
certaine morale aux Etats-Unis mais également dans le reste du monde.
PREMIERE PARTIE :
LE FILM NOIR
ET SA RENCONTRE
AVEC LES FEMMES CRIMINELLES.
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