2.2.4 Les Axes d'interventions du suivi écologique
dans le Parc National de la Bénoué
Le suivi écologique est un ensemble des
opérations qui permettent de gérer la faune. Tandis que le MINEF
(2006) identifie 4 grands axes du suivi écologique, Etoga et al.,
(2006) comptent 8 axes d'interventions du suivi écologique à
savoir : le suivi de la faune dans le parc et les ZICs, l'évaluation du
fonctionnement biologique des corridors, l'évaluation de la pression
humaine dans les corridors, la connaissance du potentiel faunique, le suivi des
activités de chasse, le suivi des opérations de lutte contre le
braconnage, le suivi de la phénologie des espèces
végétales, la biomasse des placettes et la faune dans et hors de
la parcelle expérimentale sur la gestion des feux de brousse et le suivi
des mouvements des grands mammifères.
> Le suivi de la faune dans le parc et les
ZICs
L'activité a pour objectif premier la connaissance de
la dynamique de la population animale (Gomsé et al, 2008). Afin
d'atteindre cet objectif, Etoga et al., (2006) précisent qu'un
système de patrouille de reconnaissance est adjoint aux missions de
suivi animalier et de lutte contre le braconnage. La technique utilisée
consiste à relever toutes indices de présence animalière
ou humaine tout en effectuant des activités de surveillance. Le suivi de
la faune dans le parc et les ZIC comporte des sous éléments
à savoir le système de patrouille de reconnaissance, le suivi des
espèces clés, et le suivi des affûts. Selon Etoga et
al., (2006), la patrouille doit tenir compte de :
- L'effort de protection qui est l'ensemble des moyens humains,
financiers et logistiques mobilisées dans le cadre de la protection
d'une quelconque unité.
- Les indicateurs qui sont les paramètres mesurables
permettant d'identifier les activités sur le terrain.
- Les résultats et actions entreprises, qui
dépendent de l'indicateur rencontré.
> Evaluation du fonctionnement biologique des
corridors
Il consiste à noter les espèces qui utilisent
les différents corridors, la structure, la taille, et leur effectif.
Ceci avec l'aide des observateurs placés aux deux
extrémités des corridors. Les observations ont lieu dans la
matinée entre 05 et 11heures. Exemples d'observation : nombre de visite,
sens du mouvement, nombre d'espèce,...
Figure1: Schéma du mouvement des observateurs lors
du suivi du fonctionnement biologique des corridors
O1= observateur no 1 O2 =observateur no 2
X1= direction de marche de l'observateur no 1
X2 = direction de marche de l'observateur no 2
X = longueur du corridor
> Evaluation des pressions humaines dans les
corridors.
Elle est faite au travers du suivi de
l'intégrité des corridors. Au cours de ces activités, on
note toute forme de pression humaine (braconnage, orpaillage, coupe de
bois...). Pour chaque activité dans les corridors leurs
cordonnées GPS sont notés et, permettent de quantifier l'ampleur
des pressions humaines et de les localiser.
> Connaissance du potentiel faunique
Cette opération consiste à dénombrer des
espèces animales. Ce dénombrement relève de
l'administration en charge du parc, des membres des ZICs à cogestion et
des guides
professionnels de chasse. Ce dénombrement est
effectué dans le parc par la technique des transects linéaires
à largeur variable.
La mise en oeuvre de cette technique des transects
linéaire à largeur variable nécessite au préalable
que trois conditions soit remplies :
- les objets situés sur la ligne de marche sont
détectés.
- Les objets sont détectés à leur position
initiale avant tout mouvement dû à la présence de
l'observateur.
- Les distances mesurées sont exactes
Selon Gomsé et al., (2008), la détection
des événements est indépendante.
Figure2: Principe du transect linéaire
A N1 N2 Nn
Welker (1945)
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P= ( + ... + )
2L X1 X2 Xn
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P=Population
L = distance totale parcourue
Ni = nombre d'individu observé
ri = distance observateur - animal
xi= distance perpendiculaire animal-ligne de transect
ai= angle d'observation de l'animal à partir de la ligne
de marche
li= distance parcourue
> Suivi des activités de chasse
Il consistera à apprécier le taux de
réalisation de quotas attribués, et à suivre
l'évolution des trophées auprès des chasseurs. Cette
activité se fait dans les ZICs situées à la
périphérie du parc en collaboration avec les guides
professionnels de chasse. Elle est menée dans les ZIC 2, 3, 5, 7, 9, et
15 (exception des ZIC à cogestion 1 et 4).
> Suivi des opérations de lutte contre le
braconnage.
Cette opération est effectuée au cours de la
patrouille de reconnaissance. Pour chaque activité rencontrée on
relève les indices de lieux, le type d'activité, etc. Toutes les
données seront enregistrées et stockées dans une base de
données.
> Suivi de la phénologie des espèces
végétales, la biomasse des placettes et la faune
dans et hors de la parcelle expérimentale sur la
gestion des feux de brousse.
Le dispositif consiste à créer deux zones. Une
zone d'environ 10 ha protégée des feux de brousse et une autre
zone externe soumise aux feux précoces tous les ans. A travers ce
dispositif on pourra :
-Suivre la phénologie des espèces
végétales
Il consiste à faire l'inventaire de la zone
brûlée et la zone non brûlé, 5 formations
végétales ont été retenues. Deux groupes d'individu
se trouvant chacun sur un des dispositifs suivent les différentes phases
d'évolutions phrénologiques des espèces
végétales retenue (feuillaison, floraison, fructification) et
note ainsi leur stade (stade de 0 à 6).
-Suivre la biomasse des placettes
Dans les deux zones sont faite des placettes de 30mx30m. Ces
dernières permettent de faire les comparaisons du couvert
végétal, afin de mettre en évidence l'effet des feux sur
la strate herbacée graminéenne, un comptage des touffes
d'herbacées pérennes morte et /ou vivantes.
-Suivre la faune dans et hors de la parcelle
expérimentale
Ceci permet de savoir s'il existe une différence dans
l'utilisation de l'habitat par la faune et les stratégies alimentaires
de certains herbivores. L'abondance des individus est estimée de 2
façons. A bord d'un véhicule, des observations sont faites aux
heures bien précises. Un comptage à pied est fait à partir
de 8 transects. Les transects sont réalisés sur les placettes de
30m x 30m et matérialisées sur les placettes mises en
défens et sur les zones brûlées.
> Suivi des mouvements des grands mammifères
bagués
Les espèces baguées sont dotées de
collier muni de 2 modules. Un module UHF relié directement au satellite
et un module VHF à partir duquel le signal peut être capté
par radio. Une équipe sur le terrain munie d'une radio complète
se branche à la fréquence du module VHF du collier. Sur un point
élevé de rayon 5 km (par triangulation), elle peut capter le
signal si l'animal bagué est aux alentours.
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