Depuis plus de 10 ans, le Sénégal a
initié des projets visant à améliorer le patrimoine
génétique du cheptel bovin local. Le projet PAPEL a
coordonnée l'ensemble des activités liées aux campagnes
d'insémination artificielle, outil d'amélioration
génétique.
Bien que ces efforts aient permis d'augmenter les productions
laitières et bouchère du Sénégal, la facture
laitière ne cesse de croitre et a atteint 52 milliards de FCA en 2007.
De même les importations des viandes venant d'étranger n'ont
guerre baissées.
Le projet GOANA lancé en hivernage 2008, vient comme
solution à ce problème récurent et au fléau de faim
qui menace les populations africaines en général. L'objectif
général de la GOANA est de permettre une autosuffisance
alimentaire au Sénégal.
Le volet élevage de ce projet, vise
spécifiquement une production laitière de 400 millions de litres
et une production bouchère de 435 milles tonnes de viande par an. En
pratique, ces objectifs doivent passer par la réalisation de vastes
campagnes d'insémination artificielle portant sur 50 000 vaches au lieu
5 000 inséminées habituellement chaque année sur
l'ensemble de l'étendue du territoire national.
A ces vastes campagnes d'insémination artificielle,
seront associées la promotion des cultures fourragères et la
facilitation des éleveurs à l'accès au crédit.
Toutes ces mesures devraient permettre au pays d'être
autosuffisant en lait et viande à l'horizon de l'an 2012.
Notre travail qui s'est déroulé de
Décembre 2008 à Avril 2009, consiste en une évaluation des
résultats de la campagne d'insémination artificielle,
organisée dans le cadre du projet GOANA dans le département de
Mbour (région de Thiès).
De façon spécifique nous avons :
· déterminé le taux de réussite
de l'IA ;
· identifié et analysé les facteurs
influençant l'IA ;
· proposé des solutions pour l'amélioration
du taux de réussite de l'IA au Sénégal.
Notre travail de terrain nous a permis de suivre effectivement
la campagne d'insémination artificielle et de collecter les informations
sur les paramètres de reproduction. Ces informations ont
été ensuite classées, traitées et analysées
afin d'évaluer l'influence de ces paramètres sur la
réussite de l'insémination artificielle. Après la
sensibilisation des éleveurs à participer massivement à la
campagne, nous avons commencé nos activités de sélection,
synchronisation puis insémination artificielle avant de finir par le
diagnostic de gestation.
Les vaches sélectionnées devaient :
· avoir au moins 3 ans ;
· avoir vêlées au moins une fois et un
post-partum supérieur à 90 jours ;
· être non gestante ;
· avoir une intégrité de l'appareil
génital ;
· avoir une bonne note d'état corporel et être
en bonne santé.
Les vaches ont été inséminées sur
chaleurs induites. Le protocole de synchronisation des chaleurs associe la
spirale vaginale (PRID ND) à la prostaglandine F2á et
le PMSG. La semence utilisée lors de l'insémination est celle des
taureaux de race Holstein et Montbéliarde.
Au total :
· 602 vaches ont été
sélectionnées, parmi lesquelles 551 ont été
synchronisées alors que 51 étaient absentes à une
étape quelconque de la synchronisation, soit un taux de synchronisation
de 91,52%.
· La totalité des 551 vaches synchronisées,
ont été inséminées, soit un taux
d'insémination de 100%.
· Sur les 551 vaches inséminées, 295
se sont présentées pour le diagnostic de gestation 60 jours
après l'insémination et 136 ont été
diagnostiquées gestantes, soit un taux de réussite
d'insémination artificielle de 46,10 %.
De l'analyse de nos résultats il en ressort que :
- Les facteurs intrinsèques à la vache
(âge, race, nombre de lactations, nombre de jours post partum, note
d'état corporel) n'influencent pas le taux de gestation, probablement en
raison de la rigueur de la sélection ;
-Par contre, certains facteurs extrinsèques notamment
l'habileté de l'inséminateur, l'intervalle de temps entre le
retrait de la spirale et le moment de l'insémination ainsi que la
complémentation de l'aliment de la vache influencent le taux de
gestation.
Les résultats obtenus avec un taux moyen de gestation
de 46,10 % sont assez satisfaisants ; cependant, de nombreuses contraintes
entravent le développement de l'insémination artificielle en
milieu paysan. Il s'agit notamment des contraintes alimentaires, climatiques,
sanitaires, génétiques, politiques, commerciales et
socioéconomiques.
A ces dernières s'ajoutent les difficultés
d'ordre financier, logistique, technique et organisationnel rencontrées
au niveau de différents acteurs de l'insémination
artificielle.
Ainsi nous recommandons vivement de :
· faire les inséminations pendant les saisons
favorables à l'alimentation et aux moments les plus frais de la
journée ;
· procéder à la vulgarisation du principe de
l'insémination artificielle bovine et de ses bénéfices
;
· insister sur la stabulation des animaux et la
complémentation alimentaire des animaux par des concentrés ;
· faciliter les initiatives de regroupements des
éleveurs et l'accès de ces derniers au crédit ;
· promouvoir des cultures fourragères,
associées aux techniques de conservation telles que le traitement de la
paille à l'urée, l'ensilage ;
· faciliter les soins et le suivi sanitaire du cheptel par
les vétérinaires ;
· faire régulièrement des recyclages des
inséminateurs ;
· faire une formation des éleveurs sur la conduite
et le suivi des vaches inséminées.