CHAPITRE-IX
DISCUSSION
IX- 1 Difficultés rencontrées
Nous avons rencontrés pendant notre étude
quelques difficultés à savoir : l'OMS et l'UNICEF n'ont pas
établi un référentiel par rapport à l'idéal
à atteindre concernant l'allaitement maternel pour les pays en voie de
développement : toutefois nous avons pris comme
référentiel au niveau national l'EDSC III.
Pour des raisons techniques nous n'avons effectué
notre enquête que dans deux formations sanitaires de Bafoussam
(l'hôpital provincial et la PMI) sachant que ceux - ci ne sont pas
représentatifs sur le plan régional. Toutefois cette étude
nous a permis d'évaluer la pratique de l'allaitement maternel dans la
zone urbaine de Bafoussam dans l'ouest Cameroun.
IX-2- Les facteurs socioéconomiques de la
mère.
Les mères incluses dans notre étude sont
relativement jeunes, majoritairement multipares et ménagères. La
grande majorité des mères ont atteint le niveau d'instruction du
secondaire. C'est ce groupe de mères qui pratiquent le plus
l'allaitement maternel ; ces données sont en concordance avec
celles de Abdoulaye (6) et de Siyou (25).
IX- 3 Connaissances et attitudes des mères.
Malgré un taux relativement satisfaisant de
l'allaitement maternel, notre étude relève comme du reste les
autres études un faible taux d'allaitement maternel exclusif
jusqu'à six mois soit 20% alors que c'est ce mode d'allaitement qui est
prôné par l'OMS et l'UNICEF (13). Notre proportion d'allaitement
maternel est élevée : 99,48% comparativement à
certaines villes du Cameroun où Nlend et al a trouvé un taux de
86% (22) en particulier et d'Afrique en général qui sont
respectivement de 96,5% en Centrafrique et 88,6% au Burkina Faso (6, 20).
Divers aliments sont administrés au
bébé dès sa naissance dans 30,36%. Ces derniers sont
administrés pour plusieurs raisons dont la principale était
l'absence d'écoulement du lait dans 74,60% des cas, soit
conseillés par le personnel de santé, soit administrés en
fonction des pratiques de l'ethnie d'origine. Il s'agit de l'eau simple dans
14,36%. Dans 69,79% des cas les femmes ne donnent rien à leur
bébé avant le début de la première
tétée.
Par contre l'EDSC III (9) a relevé que dans 62% des cas
les mères ont donné des aliments avant le début de
l'allaitement. Traoré et al indiquaient qu'avant le début de la
première tétée les mamans donnaient dans la
majorité des cas de l'eau sucrée dans 56,9% des cas, taux
largement supérieur à celui retrouvé dans notre
étude. Ces aliments sont conseillés soit par le personnel de
santé, soit administrés en fonction des pratiques de l'ethnie
d'origine de la famille. Les nouveau-nés reçoivent ces aliments
jusqu'à l'apparition du lait mature chez la maman.
Nous avons constaté que seulement 7,8% des mères
ont mis au sein leur bébé dans les 30 minutes qui suivent
l'accouchement. Pourtant dans le rapport de la MICS 2006 19,6% ont
été allaités moins d'une heure après la naissance.
Dans l'EDSC III 60% des enfants ont été allaités dans les
24 heures qui ont suivi leur naissance.
En Inde Dash et al (44) trouvent qu'environ 48% de
bébés sont mis au sein pour la première fois dans les six
heures après la naissance. Or l'OMS et le MINSANTE recommandent que
l'enfant soit mis au sein dans les 30 minutes suivant la naissance.
Les résultats de plusieurs travaux effectués en
Afrique évoquent un faible taux d'allaitement maternel exclusif
jusqu'à six mois. Dans notre enquête nous avons retrouvé un
taux d'allaitement exclusif jusqu'à six mois de 20% supérieur
à celui de Nlend et al qui trouvent un taux d'allaitement maternel
exclusif de 17, 3%, de Tieche et al (24) avec un taux le moins
élevé de 3% et de Siyou (25) qui trouve un taux de 10,7%. Mais en
Chine Liqian et al (45) a relevé un taux trop bas d'allaitement maternel
exclusif de 0,2% en zone urbaine et de 7,2% en zone rurale. Selon l'EDSC 2004
le taux d'enfants de 6 mois nourris exclusivement au sein est de 24%
légèrement élevé par rapport à nos
résultats. Toutes ces valeurs sont beaucoup faibles contrairement
à celui retrouvé au Maroc par Barkat et al soit de 31% en 2004.
Aux Etats unis selon l'étude de Sheally et al (46) plus de la
moitié des mères allaitent leurs enfants uniquement avec du lait
maternel jusqu'à 4 mois.
Dans les deux formations sanitaires de Bafoussam où
nous avons réalisé notre enquête, la
fréquence de l'allaitement maternel est de 99,48%. L'EDSC III trouve un
taux proche du nôtre de 99% à la naissance et 94% à 11
mois.
Les catégories socioprofessionnelles chez lesquelles
nous avons retrouvé le plus faible taux d'allaitement maternel sont les
fonctionnaires et les étudiantes. Ces mères sont obligées
de quitter leur lieu de résidence pendant plusieurs heures pour des
raisons professionnelles.Cette séparation maternelle momentanée
justifie selon elles l'introduction d'une alimentation de substitution. Ce
constat est fait en Côte- d'ivoire par Savage et al qui retrouve que dans
certains quartiers d'Abidjan, 75 à 98% des mères ont donné
des aliments de remplacement tel que le lait artificiel en plus du lait
maternel également pour des raisons professionnelles.
Nous retrouvons ces mêmes tendances en Centrafrique
où Sepou et al retrouvaient un fort taux d'allaitement maternel
prédominant de 96,5%. Ce taux est un peu plus élevé que
celui de Traoré et al au Burkina-faso de 88,6% en 1991. Ce taux avoisine
celui du Cameroun où Nlend et al ont retrouvé un taux
d'allaitement maternel de 86%. Au Nord-est du Brésil, Neusa et al (47)
ont trouvé un taux proche du notre où 99% des mères ont
allaité leur nouveau-né. Guerrero et al (48) à Mexico ont
trouvé un taux légèrement inférieur où 91%
des mères ont commencé par allaiter leur bébé.
En Chine Liqian et al ont par contre
retrouvé un taux bas d'allaitement maternel de 62, 8% en zone urbaine et
de 83,4% en zone rurale.
Nous avions retrouvé dans notre enquête un taux
d'allaitement mixte de 15,98% avec un âge d'introduction de
l'alimentation mixte de 1,75 mois. Dans l'EDS004 ces valeurs sont sensiblement
comparables aux nôtres où nous retrouvons un taux d'alimentation
mixte à 1 mois de 16%. Ce taux est largement inférieur à
ceux retrouvés par Siyou et Nlend et al qui sont respectivement de 74,
8% et 68,9%. Kobela (23) dans son enquête a relevé un taux
également proche de ces derniers où 66,3% des femmes ont
prévu de pratiquer l'allaitement mixte.
Dans notre enquête nous avons constaté qu'une
femme n'a pas allaité son enfant et l'a nourris exclusivement par un
aliment de substitution car elle est VIH positive ce qui fait un taux
d'alimentation de substitution de 0,52%.
Nous avons noté dans notre étude qu'il n `y a
pas de corrélation statistiquement significative entre la durée
de l'allaitement maternel exclusif et l'âge de la mère, le statut
matrimonial de la mère ainsi qu'avec son niveau d'étude
(p>0,05). Elle diminue de façon statistiquement significative avec la
parité ainsi qu'avec la profession de la mère (p<0,05). Kobela
a retrouvé par contre que l'âge, la parité, le niveau
d'éducation, le travail externe de la mère et le milieu urbain
sont les facteurs influençant négativement l'allaitement
maternel. Mais Nlend et al (22) ont décrit que la durée de
l'allaitement maternel exclusif croit avec le nombre d'enfants.
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