Institut Universitaire de Formation des
Maîtres de l'académie de Rouen
Année universitaire 2010/2011
Mémoire professionnel
ENSEIGNER LES
MATHEMATIQUES EN ZONE
DIFFICILE
Présenté par : Kernéis, Sandrine
Master 2 EFCS, spécialité
Mathématiques
Directeur de mémoire : Jean-François Bron
Remerciements
En préambule de ce mémoire professionnel, je
souhaiterai adresser mes remerciements aux personnes qui m'ont apporté
leur aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce
mémoire ainsi qu'à la réussite de cette année
universitaire.
Je tiens tout d'abord à remercier Monsieur
Jean-François Bron, qui, en tant que directeur de mémoire, s'est
toujours montré à l'écoute et très disponible tout
au long de la réalisation de ce mémoire pour répondre
à mes interrogations et me donner de précieux conseils.
Mes remerciements s'adressent également à Madame
Fabienne Lanata, qui m'a été d'une grande aide pour la
préparation du stage en responsabilité et donc également
pour la réalisation de ce mémoire.
J'exprime ma gratitude à l'ensemble de mes formateurs
de l'IUFM de Mont-SaintAignan qui lors des recherches effectuées ont
accepté de répondre à mes questions avec gentillesse.
Enfin, je n'oublie pas de remercier Messieurs Jonathan Legent et
Thomas Ferry qui ont eu la gentillesse et la patience de relire ce travail et
de le corriger.
Sommaire
Introduction 4
I. Enseigner en zone difficile 6
1) Qu'est-ce qu'une « zone difficile » ?
6
2) Donner du sens aux notions enseignées :
une nécessité 7
2.1 Comment intéresser les élèves ?
7
2.2 Quelques exemples d'expérimentations 8
2.2.1 Présentation des classes 8
2.2.2 Activité introduisant la notation avec les
puissances 9
2.2.3 Activité donnant du sens à
l'écriture scientifique 12
3) Face à un public difficile, comment agir
sur la motivation des élèves ? 16
3.1 Instaurer un climat de confiance 16
3.2 Valoriser la réussite des élèves
17
3.3 Expériences personnelles 19
II. La narration de recherche : un début de
solution 23
1) Qu'est-ce que la narration de recherche ?
23
1.1 Historique et définition 23
1.2 Objectifs et déroulement 24
1.3 Critères d'évaluation 26
1.3.1 Critères pour une bonne narration 27
1.3.2 Critères pour une bonne recherche 27
2) Pourquoi des narration de recherche en zone
difficile ? 28
2.1 Un excellent outil de motivation 28
2.2 Une évaluation plus adaptée 30
3) Quelques expérimentations de narration de
recherche 31
3.1 Choix du sujet et analyse a priori 31
3.2 Déroulement de la séance 33
3.3 Analyse a posteriori 35
3.4 Le bilan en classe 36
3.5 Le ressenti des élèves 38
Conclusion 40
Bibliographie 42
Annexes 44
Introduction
Lorsque j'ai appris que j'allais effectuer mon stage en
responsabilité, soit ma première réelle prise en charge de
classes, dans un établissement se situant en zone difficile, deux
sentiments se sont offerts à moi. J'étais tout d'abord un peu
inquiète, notamment par rapport à la gestion de la classe ou au
comportement des élèves, mais j'étais également
très enjouée à l'idée de chercher des solutions
pour parer aux difficultés de ces élèves. J'ai vraiment eu
envie de trouver des moyens de les intéresser, de les motiver, de leur
donner envie de faire des mathématiques. Même si ces actions ne
doivent pas uniquement être réalisées lorsque l'on enseigne
en zone difficile, j'ai pensé que ce public avait encore plus besoin
d'être intéressé et motivé.
C'est pourquoi j'ai choisi ce thème pour mon
mémoire professionnel : « Enseigner les mathématiques en
zone difficile ». Je ne vais pas ici m'attarder sur les questions
concernant gestion du comportement des élèves. Je vais
plutôt m'intéresser aux moyens de motiver ces
élèves, de leur donner envie de faire des
mathématiques.
Dans la première partie de ce mémoire, je vais
tout d'abord définir la notion de « zones difficiles ».
Quelles sont leurs caractéristiques ? Quels critères entrent en
jeu dans cette classification ? Depuis quand existent-elles ? Quels sont les
moyens mis en oeuvre pour trouver des solutions d'aide ? Autant de questions
auxquelles je m'appliquerai à répondre. J'essaierai ensuite
d'expliciter la nécessité de donner du sens aux notions
enseignées afin notamment d'intéresser les élèves,
tout particulièrement en mathématiques. Je m'appuierai pour cela
sur des expérimentations que j'ai pu réaliser durant mon stage en
responsabilité. Pour finir la première partie, je parlerai de la
motivation des élèves, comment la provoquer, comment la conserver
? Je m'appuierai notamment sur la notion de confiance et sur la valorisation
des élèves ; je détaillerai également quelques
expérimentations personnelles réalisées pendant le
stage.
Dans la seconde partie de ce mémoire, je
m'intéresserai à une nouvelle pratique pédagogique : la
narration de recherche. C'est en effet un outil passionnant qui peut être
particulièrement efficace en zone difficile ; c'est la raison pour
laquelle j'ai choisi de m'y intéresser. Je définirai donc dans en
premier temps la notion de narration de recherche : quel est son
fonctionnement, quels sont ses objectifs ? En quoi constitue-t-elle un atout
majeur
dans l'apprentissage des mathématiques ? J'expliciterai
ensuite les raisons pour lesquelles il peut être très
intéressant d'utiliser cet outil en zone difficile. Pour finir, je
détaillerai une expérimentation de narration de recherche
réalisée pendant mon stage en responsabilité.
I. Enseigner en zone difficile
Dans cette partie, je vais tout d'abord donner une
définition plus précise des établissements en zone
difficile, puis je m'intéresserai à la motivation des
élèves et aux moyens de la susciter. Enfin, je
développerai l'importance de donner un sens aux notions
enseignées aux élèves, plus particulièrement dans
ce type d'établissement.
1) Qu'est-ce qu'une « zone difficile » ?
C'est en 1981 qu'apparaît pour la première fois
la notion de « ZEP » (Zone d'Éducation Prioritaire). Cette
politique d'éducation s'appuie sur une discrimination positive dans
l'emploi des moyens au service de l'égalité des chances. Elle
essaye de donner une solution aux difficultés sociales et scolaires de
certains établissements. Pour classer les établissements
scolaires en ZEP, deux types de critères sont pris en compte. Tout
d'abord des critères internes : pourcentage des élèves
étrangers non francophones, pourcentage des élèves «
en retard » (c'est-à-dire ayant redoublé une ou plusieurs
fois), nombre de part de bourses, nombre d'élèves en CPPN/CPA
(classes professionnelles), classes de pré professionnalisation. Mais
également des critères externes : structuration
socio-économique du quartier, catégorie socioprofessionnelle,
taux de chômage, nombre de familles nombreuses, proportion
d'étrangers, densité de l'habitat, fréquence des
placements d'enfants et des interventions d'assistances éducatives,
équipements et services collectifs (centres de loisirs, maisons de
jeunes), nombres de Petites et Moyennes Entreprises (PME),
caractéristiques de l'habitat (qualité, accès au centre
ville). Cela mène à penser que les élèves des
établissement scolaires classés ZEP sont issus de milieux
très défavorisés.
En 1990, la volonté d'augmenter la réussite des
tous les élèves et particulièrement dans les zones
d'éducation prioritaire contribue à relancer cette politique.
L'objectif principal est d'obtenir une augmentation des résultats des
élèves.
En 1997, les « REP » (Réseaux d'Éducation
Prioritaire) sont mis en place; ces réseaux proposent d'élaborer
un contrat de réussite signé avec le recteur et les partenaires
concernés. En 2006, les RAR (Réseaux Ambition Réussite) et
les RRS (Réseaux de Réussite Scolaire) sont créés.
Les RAR, au nombre de 249 à la rentrée 2006 regroupent les
écoles et établissements concentrant le plus grand nombre de
difficultés. Les RRS ont pour vocation à sortir progressivement
du dispositif d'éducation prioritaire.
Dans ces établissements, un certain nombre de moyens
sont mis en place afin de favoriser au maximum la réussite des
élèves. En RAR par exemple, le label ambition-réussite
donne droit à 1000 enseignants expérimentés (soit 4 par
établissement) venant compléter les équipes à la
rentrée 2006 et 3000 assistants pédagogiques assurant aide et
soutien aux élèves. Cette aide est souvent précieuse pour
les élèves qui ne bénéficient pas de conditions
favorables pour travailler à la maison; ils peuvent ainsi obtenir
gratuitement l'aide d'une personne qualifiée dans un environnement
propice au travail.
En RAR ou RRS, les équipes enseignantes sont, la
plupart du temps, très soudées et réunies autour d'un
projet réalisé au sein de l'établissement visant à
favoriser au mieux la réussite des élèves.
Ces établissements sont également souvent mieux
équipés en matériel informatique. Toutes les salles
disposent la plupart du temps d'un ordinateur ainsi que d'un
vidéoprojecteur, ce qui offre plus de possibilités
pédagogiques aux enseignants. Une salle informatique est disponible pour
y emmener les élèves afin de varier au mieux les supports de
travail. En mathématiques notamment ces outils ne sont pas
négligeables et peuvent permettre d'excellentes conditions de travail
a priori.
2) Donner du sens aux notions enseignées : une
nécessité
2.1 Comment intéresser les élèves ?
Face à des élèves en difficulté,
voir en échec scolaire, il est important de susciter la motivation. Tous
les élèves ont besoin de motivation pour travailler, mais chez
certains d'entre eux cette motivation est moins présente et parfois plus
difficile à susciter. En effet, des élèves évoluant
dans un milieu social favorisé comprennent plus facilement les raisons
pour lesquelles il est important de réussir à l'école et
ont, par conséquent, moins besoin d'être motivés par les
enseignants. En revanche, un élève n'ayant pas d'ambition
professionnelle particulière ou évoluant dans un milieu social
plutôt défavorisé aura plus de mal à trouver une
quelconque motivation pour les travaux entrepris en classe et risque par
conséquent de s'ennuyer.
L'ennui des élèves à l'école
provient souvent de ce que les contenus d'enseignement sont des objets
étranges qui leur restent étrangers. Ils les approchent, les
observent, les digèrent parfois
sans réellement apprendre à les connaître.
(Chabert-Ménager, [3]). Il paraît donc essentiel dans notre
enseignement de mettre un point d'honneur à donner du sens aux notions
que nous enseignons, et tout particulièrement en mathématiques.
Si les élèves comprennent ce qui leur est enseigné ainsi
que son utilité, ils seront plus disposés à travailler et
donc plus motivés. Il semble par ailleurs logique de ne pas avoir envie
de travailler lorsque l'on ne voit pas l'intérêt de ce que l'on
nous enseigne. Le secret de la motivation consiste donc à «
installer » l 'élève dans une activité prenant son
sens en elle-même, qui soit rigoureusement définie et dont le
contenu possède ses lois de fonctionnement identifiables et
maîtrisables. Cette attitude particulière qui permet de constituer
les contenus d'enseignement en « objets » sur lesquels on peut agir
introduit à une conception du rapport au savoir qui n'est pas
éloignée de l'activité ludique (Chabert -Ménager,
[3]). Même si cette réflexion n'est pas seulement valable en zone
difficile, elle prend encore plus son sens dans ces établissements. En
effet des élèves que l'on pourrait qualifier de « bons
» peuvent apprendre une leçon sans forcément y voir un
intérêt quelconque. En zone difficile, la plupart des
élèves (voir la totalité) ne peuvent pas apprendre une
leçon dont ils ne voient pas l'utilité. Ils refusent de se plier
aux « règles » qui consisteraient à apprendre la
leçon sans poser de question. Ils ont encore plus besoin de comprendre
ce qu'on leur apprend. Il est important que les élèves
comprennent pourquoi ils vont à l'école, pourquoi ils doivent
s'approprier des connaissances. Les élèves qui ne comprennent pas
le sens de leur présence à l'école n'auront aucune
motivation. Si en revanche ils savent que c'est important pour leur avenir,
pour leur projet professionnel, ils pourront se montrer plus motivés et
plus rigoureux.
Il est également nécessaire de trouver un moyen
d'intéresser l'élève en permanence, d'introduire les
notions d'une façon qui se rapproche du jeu afin qu'il ne s'ennuie pas
et qu'il puisse apprécier ce qu'il fait. Il faut pour cela proposer aux
élèves des activités ludiques, permettant de donner du
sens à la notion introduite et auxquelles il sera possible de faire
appel par la suite afin de rappeler aux élèves tout au long du
chapitre, voir de l'année, l'utilité de cette notion.
2.2 Quelques exemples d'expérimentation
2.2.1 Présentation des classes
Lors de mon stage en responsabilité, j'ai pris en charge
deux classes de quatrièmes dans un établissement classé
« Réseau de Réussite Scolaire » (RRS). J'ai dès
les premières
heures de cours pu constater que dans chaque classe, une
moitié des élèves au moins ne montrait pas
d'intérêt particulier à ce que je leur enseignais. La
plupart bavardait sans cesse, plus ou moins discrètement et les
sanctions ne semblaient pas les effrayer outre mesure. Après en avoir
discuté avec plusieurs enseignants intervenant dans ces deux classes,
j'ai vite compris que ces élèves se
désintéressaient complètement de l'école et pour la
plupart n'avaient pas de suivi chez eux. Pour essayer de calmer les bavardages
et d'instaurer un climat plus calme dans les classes, j'ai mis en place un plan
de classe pour chaque classe en essayant de séparer les plus bavards.
Cela n'a pas été évident étant donné que je
ne connaissais les élèves que depuis très peu de temps.
J'ai également mis en place des sanctions pour le bavardage : recopie du
cours, exercices supplémentaires, qui étaient suivies d'heures de
colle dans le cas où elles n'étaient pas effectuées. Les
élèves étaient au courant à l'avance de ce qu'ils
risquaient, ils n'étaient donc pas pris au dépourvu et ne
pouvaient attribuer la sanction qu'à leur comportement. J'ai
essayé de ne rien laisser passer, d'appliquer ces nouvelles
règles très rigoureusement en espérant que les
élèves se lasseraient assez rapidement de ces sanctions.
Malgré ces aménagements, le calme n'est pas arrivé
immédiatement dans la classe et l'attitude des élèves
n'est pas devenue exemplaire. Il m'a donc semblé particulièrement
nécessaire de mettre en place des activités qui pourraient
être susceptibles d'intéresser les élèves afin de
piquer leur curiosité, de leur donner envie d'apprendre. Je voulais
également que ces activités permettent de donner du sens aux
notions enseignées pour que les élèves comprennent
pourquoi elles leurs étaient transmises et ne les voient pas comme des
lignes de plus à apprendre par coeur.
Je vais donc dans la suite détailler deux
activités que j'ai mises en oeuvre durant mon stage en
responsabilité. Ces deux activités avaient pour but d'introduire
des notions concernant les puissances.
2.2.2 Activité introduisant la notation avec les
puissances
La première activité dont je vais parler (cf.
annexe 1) avait pour vocation d'introduire la notation des puissances en classe
de quatrième. Cette activité avait deux objectifs principaux :
tout d'abord, introduire la notation avec les puissances et ensuite justifier
l'utilité de cette notation. L'idée pour cela était de
faire apparaître des grands nombres, très difficiles à
lire, et de donner aux élèves une autre façon de les
écrire, beaucoup plus rapide et facile à lire. Lors du
déroulement de cette activité, je souhaitais que ce soit les
élèves qui découvrent les
notions, notations et leurs utilités sans mon aide. Je
voulais vraiment que les élèves construisent eux-mêmes le
cours afin qu'ils puissent le retenir plus aisément.
L'activité se base sur un texte que j'ai voulu
accessible par tous les élèves et qui de plus, pouvait susciter
la curiosité et par conséquent la motivation de la plupart
d'entre eux. En effet, le texte parle d'une rumeur qui se propage au
collège, c'est une situation parfaitement réaliste pour les
élèves qui peuvent tout à fait s'identifier aux «
personnages » de ce texte.
Dans la première phase de cette activité, les
élèves cherchent individuellement à répondre
à la première question, c'est-à-dire à remplir le
tableau correspondant au nombre de personnes informées de la rumeur les
premiers jours du mois d'avril. La mise en commun se fait assez rapidement afin
de ne pas laisser des élèves s'engouffrer dans de mauvais
raisonnements et donc de mauvais calculs. Pour corriger cette question en
classe, j'ai choisi de représenter la situation au tableau par un arbre
(cf. annexe 2) afin que les élèves puissent visualiser la
situation. Je pense en effet que cette façon de procéder est plus
ludique qu'une « simple » explication car elle se présente
sous forme d'un dessin. De plus, certains élèves ayant une
mémoire visuelle, ils retiendront plus facilement cette
présentation. Grâce à l'arbre, le fait qu'il faille
multiplier par 3 pour passer d'un jour au suivant est venue de manière
intuitive pour la plupart des élèves. J'ai donc fait
apparaître à côté de l'arbre les opérations
nécessaires pour trouver le résultat en laissant toutes les
multiplications par 3 (cf. annexe 2).
Pour la suite de l'activité, j'ai utilisé le
tableur. La manipulation n'étant pas évidente, j'ai
manipulé seule le tableur, en vidéo-projetant la manipulation au
tableau. Ce sont par ailleurs les élèves qui devaient me dire
comment remplir les cellules. L'utilisation du tableur dans cette
activité visait à introduire la notation avec les puissances mais
également à mettre en évidence son intérêt.
Voici comment s'est déroulée la manipulation : dans un premier
temps, j'ai bien expliqué aux élèves à quoi
correspondaient les différentes colonnes: dans la colonne A, ce sont les
jours du mois d'avril, dans la colonne D on trouve le nombre de personnes qui
apprennent la rumeur chaque jour, et dans la colonne E les opérations
permettant de calculer le nombre de personnes informées de la rumeur
chaque jour (c'est-à-dire les multiplications par 3) (cf. annexe 3).
J'ai ensuite demandé aux élèves comment remplir la colonne
D, le but étant qu'ils remarquent qu'il suffisait de multiplier par 3 le
résultat de la case du dessus. Pour les premières cases, ils
m'ont donné les résultats qu'ils avaient calculés
auparavant puis Thibault et Joris m'ont fait remarquer que grâce au
tableur il y avait un moyen plus rapide de calculer les résultats des
cases suivantes. C'était tout à fait la réaction que
j'attendais car c'était
là une grande partie de l'utilité du tableur.
Lors de cette activité, même si j'ai manipulé seule le
tableur, les élèves ont été actifs car ce sont eux
qui me dictaient le remplissage des cellules ; il est important que les
élèves se sentent acteurs et non pas spectateurs de la
séance, c'est en construisant eux-même les notions qu'ils les
retiendront le mieux. Dans la suite de l'activité, lorsque j'ai «
glissé vers le bas » afin de remplir les autres cases, les
élèves ont pu constater que le nombre de personnes augmentait
à une vitesse impressionnante, et que le nombre obtenu dans la
dernière case était très grand, la plupart d'entre eux ne
savaient d 'ailleurs pas comment il se lisait. Ryan a laissé
échapper un « ouuuaaaaaaaaahhh » d'étonnement, surpris
par la longueur du nombre obtenu dans la trentième case. J'ai ensuite de
la même façon « glissé vers le bas » le contenu
de la colonne E, ce qui a permis d'afficher les opérations (seulement
les multiplications par 3) permettant d'obtenir le résultat de la
colonne D (cf. annexe 4). Lorsque j'ai réalisé cette
manipulation, il y a eu une forte réaction des élèves,
similaire à celle de Ryan, qui ont été
impressionnés par la taille que prenaient les multiplications
successives. C'est grâce à cette réaction que j'ai pu
suggérer de trouver une écriture qui pourrait simplifier aussi
bien l'opération que son résultat qui n'était pas lisible.
Pour faire « deviner » cette notation aux élèves, j'ai
fait appel à une notation qu'ils connaissaient déjà : le
carré d'un nombre. Je suis donc repartie du haut du tableau en faisait
remarquer aux élèves qu'ils connaissaient une autre
écriture de « 3x3 »; je leur ai ensuite fait remarquer que
« 3x3 = 32 » et que la puissance correspond ici au nombre
de facteurs de l'opération effectuée. Ce sont ensuite les
élèves qui à partir de ces observations ont eux même
trouvé la notation correspondant aux opérations suivantes.
Florine m'a par exemple suggéré : « Du coup quand on a trois
facteurs, on met un petit 3 en haut, et quand on en a quatre, on met un petit
4, etc. ». J'ai fait apparaître cette notation dans les colonnes B
et C du tableur (cf. annexe 5), il ne restait plus alors qu'à introduire
le vocabulaire. Grâce aux étapes précédentes, les
élèves ont pu comprendre l'utilité, et même dans
certains cas la nécessité d'utiliser la notation avec les
puissances. Ils ont en effet découvert un moyen court et rapide
d'écrire un nombre très long correspondant à une suite
d'opérations. Ce qui a été mis en avant dans cette
activité est réellement le fait qu'écrire une suite de
multiplications d'un même nombre grâce à la notation avec
les puissances permet tout d'abord une économie de temps mais
également d'éviter un certain nombre d'erreurs dues par exemple
à un grand nombre de facteurs. Il y a en
effet moins de risques de se tromper en écrivant
330 que « 3x3x...x3 » avec trente facteurs
oül'on risque d'oublier ou de rajouter des facteurs. Il est
également plus facile d'écrire 330 que
l'écriture décimale de ce nombre. Ce sont ces
deux points que je souhaitais mettre en avant dans cette activité. De
plus, ce sont les élèves qui ont construit cette notation car ils
en avaient besoin pour simplifier les notations dont ils disposaient
auparavant. Ils en voient donc immédiatement l'utilité et
pourront ainsi se souvenir des raisons pour lesquelles elle est
nécessaire.
Dans la suite du chapitre, j'ai fait appel plusieurs fois
à cette activité lorsque les élèves ne se
souvenaient plus à quoi correspondait cette écriture ; ils
pouvaient ainsi se remémorer l'activité et donc la
définition de cette notation ainsi que son utilité.
Cette activité s'est déroulée comme je le
souhaitais avec mes deux classes. Durant cette séance, les
élèves ont été plutôt attentifs et ont
beaucoup participé. La rumeur a piqué leur curiosité et
ils avaient envie d'avoir la réponse à la question posée.
Ils ont construit euxmêmes cette notation et ont pu en constater
l'utilité. Ce fut une séance très positive, que je
n'hésiterai pas à renouveler avec mes classes futures.
Une dernière remarque à propos de cette
activité : lors de l'affichage du nombre correspondant aux personnes
informées de la rumeur le 30 avril, Lory m'a fait remarquer que ce
nombre était supérieur à 6,6 milliards, et donc
supérieur au nombre d'habitants sur Terre. C'est une chose à
laquelle je n'avais pas pensé mais sur laquelle il est possible de
rebondir en mettant en avant la vitesse de propagation que permet un outils tel
qu'internet ou même le téléphone. C'est là encore
une réalité qui touche tous les élèves de nos
jours. Cette remarque démontre cependant que l'activité a
réellement fonctionné, en effet si Lory pose cette question c'est
qu'elle montre un intérêt certain à l'activité
proposée et à son résultat. Cela signifie que
l'activité a eu l'effet escompté : les élèves s'y
sont réellement intéressés et c'est sans doute la raison
pour laquelle ils se sont montrés sérieux et volontaires tout au
long de la séance.
2.2.3 Activité donnant du sens à
l'écriture scientifique
Cette seconde activité avait pour but de montrer aux
élèves une utilité de la notation scientifique (cf. annexe
6). Lors de la séance précédente, j'avais introduit la
notation scientifique, cette activité venait à la séance
suivante pour justifier l'utilité de cette écriture. Cette
activité était à mon sens indispensable, il me semblait
impossible de continuer le chapitre et de demander aux élèves
d'utiliser l'écriture scientifique sans leur en avoir justifié
l'utilité. Là encore, le fait de donner du sens a permis par la
suite d'éviter que les élèves utilisent une notation sans
en avoir compris le sens. Cette écriture existe, certes, mais
pourquoi ? À quoi sert-elle ? C'est pour répondre
à ces questions que j'ai mis cette activité en place.
L'activité proposait de comparer des distances
relativement grandes, ces distances étant données sous des
écritures différentes. J'ai tout d'abord mis en avant grâce
aux remarques des élèves que comparer ces distances en les
laissant sous cette forme était plutôt compliqué. En effet,
aucune n'est sous la même forme. J'ai alors demandé aux
élèves sous quelle forme ils pourraient écrire ces trois
distance de manière à pouvoir les comparer plus facilement.
Thibault et Benjamin ont alors proposé de mettre les trois distances en
écriture décimale. Comme ça n'était pas la
réponse que j'attendais, j'ai mis de côté cette proposition
en disant aux élèves que c'était une bonne idée,
mais que lorsqu'on travaille avec de très grands nombres, il devient
vite difficile de savoir lequel est le plus grand. Thibault a tout de
même tenté l'expérience et a pu constater que son
idée fonctionnait à condition d'être attentif au moment de
compter les chiffres formant le nombre final. J'ai ensuite demandé quels
outils ils avaient à leur disposition pour écrire un nombre de
manière différente, Quentin a alors suggéré
d'utiliser l'écriture scientifique. Suite à cela, les
élèves ont individuellement écrit chaque distance en
notation scientifique ; j'ai pu ensuite expliciter la rapidité de
comparaison que permettait cette notation et en convaincre les
élèves. Une chose que je n'ai pas faite mais qui aurait
été intéressante à faire était
d'écrire les distances sous forme décimale ou de demander
à un élève de venir le faire au tableau pour montrer aux
élèves que cette méthode, même si elle n'est pas
forcément plus longue, peut s'avérer plus laborieuse que celle
consistant à passer par la notation scientifique. En effet, une fois les
distances écrites sous forme scientifique, la comparaison est
immédiate. En revanche, la comparaison des écritures
décimales peut être bien moins rapide et évidente.
Grâce à cette activité, les
élèves ont pu comprendre l'utilité de la notation
scientifique. Ils ont ainsi donné du sens à la notation qui leur
avait été introduite et ont pu par la suite l'utiliser sans avoir
à se demander pourquoi cette notation existait. Ce type
d'activité permet d'éviter que les élèves aient
à appliquer des formules sans les comprendre. C'est une chose d'autant
plus nécessaire en zone difficile car comme je l'ai
précisé auparavant, des élèves en difficulté
auront beaucoup plus de mal à appliquer des formules dont ils ne
comprennent pas le sens ni l'utilité que des élèves
qualifiés de « bons ». Donner du sens aux notions permet
aux
élèves de les comprendre et par conséquent
de les retenir plus facilement.
Pour tirer un bilan de cette activité, j'ai
donné un exercice similaire à cette activité au
contrôle (cf. annexe 7). Il s'agissait cette fois de comparer des
superficies de planètes. Le passage par l'écriture scientifique
n'était pas obligatoire, la méthode pour arriver au
résultat était libre. J'ai alors pu constater si les
élèves avaient l'idée d'utiliser l'écriture
scientifique pour comparer des grands nombres. Voici quelques exemples de leurs
copies :
Ici, Axelle (à gauche) et Élodie (à
droite) ont bien pensé à écrire les superficies des
planètes en écriture scientifique. En revanche, si Axelle a
apparemment bien compris comment comparer ces nombres une fois sous cette
forme, ça n'est pas le cas d'Élodie qui a sans doute
comparé uniquement le nombre précédent la puissance de 10,
sans faire attention à cette puissance.
Ces quatre élèves, Camille (en haut à
gauche), Clarisse (en haut à droite), Élisa (en bas à
gauche) et Émilien (en bas à droite) ont
préféré écrire chaque superficie sous forme
décimale afin de les comparer. Ils se sont tous les quatre
trompés lors de la transformation de l'écriture, mais
l'idée était la même. Ces élèves n'ont
peut-être pas bien compris l'utilité de l'écriture
scientifique, ou peut-être préfèrent-ils simplement
écrire les nombres sous forme décimale. Beaucoup
d'élèves ont résolu le problème de cette
façon, moins ont utilisé la notation scientifique.
La copie de Juliette (à gauche) est
particulièrement intéressante. En effet, Juliette n'était
pas présente lorsque l'activité sur la comparaison des distances
a été faite. Elle a sans doute rattrapé son cours, mais il
semble
ici qu'elle ait eu l'idée elle même d'utiliser
l'écriture scientifique pour comparer les superficies. (Je dois tout de
même préciser que Juliette est une excellente
élève.)
Grâce à cet exercice, j'ai pu constater qu'une
minorité des élèves avait utilisé l'écriture
scientifique pour comparer les superficies. Même si je pense que
l'activité réalisée en classe a permis aux
élèves de donner une utilité à l'écriture
scientifique, la plupart préfèrent encore revenir à ce
qu'ils connaissaient auparavant et qu'ils maîtrisent sûrement mieux
: la forme décimale. Je pense que pour les convaincre davantage,
j'aurais dû faire appel à de plus grands nombres, des nombres
difficiles à écrire sous forme décimale. Les
élèves auraient alors pu constater davantage la
nécessité d'utiliser l'écriture scientifique. Il aurait
d'ailleurs été intéressant d'envoyer un
élève au tableau écrire les très grands nombres
sous forme décimale en espérant qu'il oublie un zéro ou en
mette en trop, afin de démontrer à l'ensemble des
élèves que la méthode qui consiste à passer par
l'écriture scientifique est plus fiable car elle comporte moins de
risques d'erreurs. C'est, je pense, la façon dont je procèderai
si je devais de nouveau présenter à des élèves
l'utilité de la notation scientifique. Je me suis par ailleurs rendue
compte que les valeurs proposées dans l'énoncé de
l'exercice fait en classe (cf annexe 6) comportaient chacune quatre chiffres
significatifs. Par conséquent l'écriture scientifique
n'était pas réellement nécessaire pour comparer ces
distances. En effet, comparer 1496x105, 5766x106 et
1425x106 aurait sûrement été plus évident
pour les élèves que la comparaison de ces mêmes nombres en
écriture scientifique. L'écriture scientifique ne
présentait ici pas réellement d'intérêt. Il aurait
été plus judicieux de choisir trois longueurs en ne donnant pas
le même nombre de chiffres significatifs afin de rendre réellement
nécessaire l'écriture scientifique.
3) Face à un public difficile, comment agir sur
la motivation des élèves ?
Lorsque l'on enseigne en zone difficile, il est souvent plus
difficile de se retrouver face à une classe motivée pour
travailler. Je vais essayer dans ce paragraphe de mettre en avant plusieurs
moyens de provoquer cette motivation.
3.1 Instaurer un climat de confiance
Dans toute relation humaine, la confiance est une chose
indispensable pour assurer une relation saine. En tant qu'enseignants, nous
avons un rôle « d'humain » vis à vis de nos
élèves et par conséquent une relation humaine s'installe.
Afin de mener à bien cette relation et de faire en sorte qu'elle
évolue tout au long de l'année scolaire de manière
satisfaisante, il est nécessaire d'instaurer un climat de confiance avec
nos élèves.
De plus, la confiance que l'on porte en nos
élèves peut influer sur leur comportement, leur motivation et
leur réussite. C'est ce que met en avant l'étude
réalisée par Rosenthal dont les résultats sont connus sous
le nom d' « effet Pygmalion ». Cette étude
révèle que les résultats obtenus sont meilleurs lorsque le
professeur est confiant dans les aptitudes à progresser de ses
élèves (Chabert-Ménager, [2]). Si par exemple deux
élèves ont des chances de réussite identiques a
priori, mais si leur enseignant ne nourrit pas les mêmes espoirs
pour ces deux élèves, s'il a plus confiance en la réussite
de l'un de ces deux élèves, alors ce même
élève aura au final plus de chances de réussir. En effet,
si l'élève sent que son professeur le croit capable de
réussir, il pourra se convaincre lui-même qu'il en est capable. En
revanche si un élève sent que son professeur ne le pense pas
capable de réussir, il pourra penser que le professeur étant la
personne qui détient les savoirs, il a forcément raison et par
conséquent se convaincre qu'il n'est pas capable de réussir.
Même si cela ne concerne pas que l'enseignement en zone difficile, je
pense que c'est une chose à laquelle il faut faire très
attention. Ne pas dévaloriser les élèves est essentiel
pour qu'ils aient confiance en eux. Croire en leurs progrès futurs leur
donne une sorte de but, ils savent que quelqu'un leur fait confiance et n'ont
pas envie de trahir cette confiance, ils vont donc faire des efforts pour
progresser. De plus dans les établissements difficiles, la plupart des
élèves sont issus de milieux défavorisés. Ils
peuvent alors nourrir une ambition moins importante de part leur milieu social,
et par conséquent ne pas trouver de motivation qui pourrait, par
exemple, être due à leur projet professionnel.
Lorsque le climat de confiance est installé, que
l'élève sait que son professeur a confiance en
sa capacité à réussir, il devient plus
facile pour l'élève de trouver de la motivation. Tant que les
élèves ont l'impression que l'enseignant est là pour eux,
qu'il travaille pour eux, qu'il essaye de les comprendre, cela ne peut que
fonctionner, même avec des classes dites « très difficiles
» (Terran, [20]). Je pense en effet que les élèves en zone
difficile ont besoin d'attention, besoin de sentir qu'on s'intéresse
à eux et qu'on a envie de les aider, et cela encore plus que dans
n'importe quel établissement. Ce sont souvent des élèves
qui ne sont pas très entourés, et le fait de s'intéresser
à eux peut leur donner confiance en eux. De plus, les
élèves en difficulté scolaire peuvent se conformer aux
stéréotypes associés à leur groupe en adoptant des
comportements antiscolaires, en manifestant un manque d'assurance (Guyon,
[13]). Lorsque des élèves sont catalogués comme
étant « en difficulté », leur estime d'eux même
peut baisser. Ils se disent que si les adultes les qualifient ainsi, c'est
qu'il n'y a plus rien à faire pour eux, que ce sont des cas
désespérés. Ils vont donc en quelque sorte entrer dans ce
rôle en sur-développant cette difficulté et contribuer
ainsi à l'amplifier. Là encore, l'importance de l'estime que
porte l'enseignant à ses élèves est très
présente, elle joue un rôle non négligeable dans l'image
que l'élève a de lui et dans la confiance qu'il place dans sa
capacité à réussir. D'autre part, il est également
important de considérer chaque élève dans son
individualité, de donner une place à chaque élève.
Les élèves doivent sentir qu'ils ne sont pas uniquement
considérés comme étant un membre quelconque de l'ensemble
« classe » mais bien comme un individu à part entière.
C'est ce statut qui permettra d'établir un lien de confiance entre
l'élève et l'enseignant. Cette différentiation permet
également au professeur de s'adapter au niveau de chacun. Il est en
effet nécessaire de prendre en compte le niveau de chaque
élève afin de proposer des activités adaptées. Si
un exercice est trop difficile pour un élève, qu'il n'a pas le
niveau nécessaire pour le réussir, ce dernier va se sentir
rejeté car il ne pourra pas participer à l'activité de la
classe. Le professeur doit pouvoir proposer à chaque élève
une activité adaptée à son niveau afin que tous les
élèves puissent fournir un travail. Les élèves
doivent sentir que l'on s'intéresse à eux personnellement. De
plus, si un élève n'a pas le niveau pour réaliser une
activité, il ne s'y intéressera pas et par conséquent sa
motivation s'en trouvera baissée. En intéressant les
élèves grâce à des activités adaptées
à leur niveau et à leurs capacités, il est plus facile
d'agir sur leur motivation.
3.2 Valoriser la réussite des
élèves
Ce paragraphe se rapproche du précédent mais met
en avant un autre moyen de
susciter la motivation des élèves : valoriser
leur travail. Les élèves sont en effets très sensibles
à nos remarques, nos appréciations concernant le travail qu'ils
effectuent. C'est pourquoi il faut être très attentif à
notre discours vis à vis des élèves. C'est parfois
difficile de se maîtriser mais il faut toujours avoir en tête que
le moindre petit dérapage verbal peut suffire à bloquer un
élève pour le reste de l'année. Ils doivent avoir
l'impression que si on leur demande de respecter les adultes, c'est aussi parce
que les adultes les respectent (Terran, [20]). La notion de respect est une
notion évidemment toujours très importante, mais je pense qu'elle
l'est encore plus face à des élèves qui viennent de
milieux défavorisés et qui n'ont la plupart du temps pas
confiance en eux. Pour se faire respecter il faut avant tout respecter les
élèves, ils se sentiront ainsi en sécurité. Le fait
de dire à un élève qu'il est « nul », ne
serait-ce qu'une seule fois, peut suffire à lui faire perdre toute
confiance en lui pour le reste de l'année, et même des
années à venir. Ceci est en lien évident avec la partie
précédente, il faut donner aux élèves confiance en
eux et veiller à conserver cette confiance tout au long de
l'année. Il faut en réalité mettre en avant les points
positifs, les bonnes intentions des élèves en veillant à
ne pas dévaloriser leur travail. Il faut constamment les encourager
à continuer dans la réussite. Pour cela, il faut auparavant
cibler les points forts et les points faibles de chaque élève.
Plus les situations d'apprentissage et les dispositifs sont variés, plus
on peut cibler à la fois les difficultés et les qualités
de l'élève pour le mettre en confiance, le valoriser,
éléments essentiels pour le motiver et le faire progresser
(Guyon, [13]). Il est en effet important de varier les méthodes de
travail : travaux individuels, en groupe, exercices en classe, à la
maison... Ainsi, chaque élève trouve la méthode de travail
qu'il préfère, celle pour laquelle il est le plus efficace. Cela
permet de mettre en avant les qualités de chaque élève. Il
faut éviter qu'un élève se retrouve enfermé dans
une méthode de travail qui ne lui convient pas, car il ne pourra pas
faire valoir ses capacités. De plus lorsqu'un élève se
sent à l'aise, il sera plus performant car il travaillera avec plus de
confiance en lui. Et tout ceci fonctionne comme une sorte de « cercle
vertueux » : l'élève montre ses capacités à
réussir, il est alors encouragé par son enseignant, cela le
motive pour travailler et réussir de nouveau, etc. Pour que ce cycle
fonctionne, les enseignants et les élèves doivent se persuader
que l'intelligence est malléable, c'est-à-dire qu'elle
évolue dans le temps et suivant les tâches (Guyon, [13]). C'est
une chose que je trouve très importante, et il est impératif de
bien la faire comprendre aux élèves. Certains
élèves peuvent penser que s'ils ne comprennent pas une notion,
ils ne pourront en comprendre aucune autre et par la suite baisser
complétement les bras. C'est une chose à
éviter le plus possible en faisant bien comprendre aux
élèves qu'un échec n'est pas une fatalité et qu'ils
sont maîtres de leur réussite future. En tant qu'enseignants nous
avons une grande influence sur la réussite des élèves de
part notre conduite à leur égard. C'est une conduite à
laquelle il est indispensable de faire très attention afin de mettre le
plus de chances possible du côté de ces derniers.
Une autre façon de valoriser le travail des
élèves réside dans l'évaluation. Il faut tout
d'abord, et cela est lié à mon premier paragraphe, informer
clairement les élèves des notions sur lesquelles ils vont
être interrogés. C'est en effet un moyen de les mettre en
confiance à condition de respecter le contrat proposé et de ne
pas réserver de « surprises » aux élèves lors de
cette évaluation. Si les élèves savent exactement sur quoi
ils vont être interrogés, sur quels types d'exercices ils risquent
de tomber, ils se sentiront plus confiants dans leur capacité à
réussir. Il est ensuite important lors de la correction des copies de
mettre en avant pour chaque élèves les points positifs du travail
fourni et ne surtout pas se contenter d'appuyer sur les points à revoir.
Les élèves doivent sentir que même s'ils n'ont pas tout
réussi et même si leur résultat ne les satisfait pas, il y
a quand même des points positifs auxquels ils peuvent s'accrocher.
3.3 Expériences personnelles
Lors de mon stage en responsabilité, que j'ai
effectué en zone difficile, j'ai pu essayer de mettre en application
certains de ces points afin d'augmenter la motivation des élèves.
Je voulais en particulier favoriser le dialogue avec mes élèves,
leur montrer que je n'étais pas seulement une enseignante mais
également une personne humaine capable de comprendre leurs sentiments.
Je voulais mettre un point d'honneur à essayer d'instaurer un climat de
confiance afin d'optimiser les conditions de travail autant pour moi que pour
les élèves.
En classe, différents comportements
d'élèves peuvent amener l'enseignant à s'interroger sur
les raisons de ces comportements mais également sur la façon de
les modifier. Le premier exemple que je vais aborder est celui de Kevin qui est
un élève très extraverti, qui n'hésite pas à
s'exprimer à tout moment. Son comportement est gênant d'une part
car il perturbe le déroulement du cours, mais d'autre part car Kevin,
à cause de ce comportement, ne se permet pas de suivre le cours. Le
second exemple dont je vais parler concerne un comportement à
l'opposé de celui de Kevin ; c'est celui de Dylan qui lui ne perturbe
absolument pas le déroulement du cours étant donné que cet
élève ne fait strictement rien. Ces
deux comportements, complètement opposés,
conduisent tout de même à un résultat similaire : dans les
deux cas les élèves ne suivent absolument pas le cours.
Premier exemple : Kevin est un élève
particulièrement dissipé. Lors des premières
séances il ne suivait pas le cours et ne manquait pas une occasion de
distraire ses camarades en prenant la parole à haute voix pendant le
cours pour commenter des choses sans rapport avec la leçon. A chaque
fois que je lui demandais de se mettre au travail, Kevin me répondait
« De toutes façons je comprends rien aux maths, c'est trop dur !
». Au bout de deux ou trois séances, j'ai demandé à
Kevin de venir me voir à la fin de l'heure. Une fois en tête
à tête avec lui, je lui ai expliqué qu'il avait les
capacités nécessaires pour comprendre le chapitre en cours, qu'il
suffisait qu'il y mette un peu de bonne volonté. Je lui ai
également parlé de son avenir, en lui expliquant que ça
serait dommage qu'il passe à côté de ce qu'il voulait faire
juste à cause d'un peu de mauvaise volonté. À la
séance suivante, l'attitude de Kevin a été exemplaire. Il
a suivi le cours, n'a pas bavardé et a participé activement
durant toute la séance. À chaque fois qu'il participait, je ne
manquais pas de le féliciter ; il était même
déçu lorsque je ne l'interrogeais pas (si je l'avais
interrogé à chaque fois qu'il levait la main, je n'aurais
interrogé que lui). À la fin de la séance, je suis
allée lui dire que j'étais très contente de son attitude
et je lui ai demandé s'il avait apprécié le
déroulement de la séance, ce à quoi il m'a répondu
que oui car il avait tout compris. Cette attitude a duré plusieurs
séances, mais au bout d'un certain temps il a commencé à
se lasser et à reprendre ses mauvaises habitudes. C'est un travail sur
les élèves qui ne s'acquiert pas en une séance, il faut
recommencer en permanence et tout au long de l'année pour obtenir des
résultats sur le long terme. Un jour où Kevin a été
particulièrement bavard en classe, j'ai mis une observation dans son
carnet (après l'avoir averti bien sûr que ça lui arriverait
s'il ne se taisait pas). Dès l'instant où j'ai pris son carnet,
Kevin s'est complétement braqué et a refusé de travailler
pour le reste de l'heure. Il m'a paru à ce moment là très
difficile de trouver le juste milieu pour gérer ce genre de
comportement. Il faut essayer de mettre les élèves au travail,
mais sans les bloquer en sanctionnant trop leur comportement et je pense que
c'est une chose qui varie d'un élève à l'autre. Il faut
donc essayer de trouver un juste milieu, qui pourra être propre à
chaque élève et stimuler constamment la motivation des
élèves.
Deuxième exemple : Dylan est un élève qui
se place au fond de la classe et qui ne travaille pas de l'heure. Il n'est pas
particulièrement dérangeant de part son comportement,
même s'il aime bien de temps en temps se faire
remarquer, mais il refuse de travailler. Son cahier reste fermé durant
toute la séance, ses exercices ne sont pas faits et il ne copie ni le
cours, ni la correction des exercices. Comme je n'avais pas le temps de
débattre avec lui durant le cours, je lui ai également
demandé de venir me voir à la fin de l'heure au bout de la
deuxième séance. Lorsque j'ai demandé à Dylan
pourquoi il refusait de travailler, il m'a répondu que ça ne
servait à rien car de toute façon il était nul, alors
pourquoi copier le cours puisqu'il n'allait pas le comprendre ? Cette fois
parler de l'avenir professionnel n'a pas eu un grand impact, Dylan n'ayant
aucun projet professionnel. Je lui ai donc expliqué qu'il n'était
pas plus incapable que les autres élèves, et que s'il s'en
donnait les moyens il pourrait sans aucun doute comprendre la leçon. Je
lui ai demandé d'essayer, au moins pour le prochain cours, de faire un
effort et de suivre la leçon et copier le cours. À la
séance suivante, Dylan a fait un effort, il a copié son cours, en
ne manquant pas de me le faire remarquer, et a suivi la leçon. Il n'a
pas fait les exercices, mais il a suivi le déroulement de la
séance et s'est même porté volontaire pour aller corriger
une question au tableau. Son comportement n'a pas posé de
problèmes, il ne s'est pas fait remarquer et je suis allée lui
dire à la fin de la séance que j'étais contente de son
comportement. Il m'a dit qu'il avait compris la leçon et qu'il
continuerait à faire des efforts. Durant la suite de mon stage, le
comportement de Dylan n'a pas beaucoup évolué, mais il a
continué de copier le cours dans son cahier. De temps en temps il
faisait les exercices et participait, mais il n'est pas devenu un
élève « exemplaire ».
Le troisième exemple que je vais aborder ne concerne
pas un élève en particulier. Je voulais aborder les observations
que j'ai pu mettre sur les copies des élèves. Pour chaque copie,
dans la mesure du possible, je me suis appliquée à mettre au
moins un commentaire positif. Je ne voulais en aucun cas dévaloriser un
élève qui aurait fourni un travail, même si ce travail ne
correspondait pas aux attentes. Je voulais à tout prix éviter que
des élèves se laissent décourager par une mauvaise note.
Certains élèves ont été surpris d'avoir un
commentaire tout de même positif alors que la note était loin
d'être bonne ; ces mêmes élèves ont par la suite
montré plus de motivation. Je souhaitais mettre en avant le travail
fourni, et non pas uniquement le résultat. Les élèves ont
alors compris qu'il ne fallait pas qu'ils se découragent et ont fait
preuve de persévérance afin d'améliorer leurs
résultats. Je pense notamment à Lise qui au début du stage
était une élève très bavarde. Lorsqu'elle a vu que
je m'intéressais à son travail, que même si je ne lui
mettais pas de bonnes notes je l'encourageais à continuer à
travailler car certains de ses résultats étaient prometteurs,
elle s'est mise à suivre davantage en
classe et à bavarder beaucoup moins. Elle souhaitait
que je sois fière d'elle, de son travail, de ses progrès et
mettait tout en oeuvre pour y parvenir. Elle a compris que j'avais confiance en
ses capacités à réussir et cela lui a donné envie
de réussir.
Je souhaitais pour terminer cette partie parler
également du déroulement d'une interrogation de cours. Les
élèves étaient prévenus que cette interrogation
aurait lieu, ils savaient exactement ce sur quoi ils allaient être
interrogés car je leur avais clairement explicité la veille.
Lorsque j'ai distribué les énoncés (cf. annexe 8), j'ai
constaté que certains élèves ne regardaient même pas
le sujet et attendaient patiemment que les cinq minutes passent. J'avais
volontairement dans cette interrogation mis des questions relativement simples
sur les puissances de 10 afin de la rendre accessible même aux
élèves qui n'auraient pas eu envie de réviser ; en effet
à chaque début de cours j'avais effectué des rappels sur
les puissances de 10 et j'étais certaine que la quasi-totalité
des élèves avaient bien assimilé cette règle. Je me
suis donc dirigée vers les élèves qui n'avaient pas pris
la peine de lire les questions, et je leur ai dit qu'ils savaient
répondre aux questions concernant les puissances de 10, qu'ils l'avaient
déjà fait plusieurs fois en cours. Suite à mon
intervention, ces élèves ont répondu à ces
questions et ont tous eu juste. Cette attitude révèle un manque
de confiance certain de la part de ces élèves : ils
étaient tellement persuadés de ne pas pouvoir réussir
qu'ils ne se sont pas donné la peine d'essayer. Ils avaient l'habitude
d'échouer et c'est même pour eux devenu logique de ne pas
réussir. Leur réaction après que je leur aie
affirmé qu'ils étaient capable de répondre aux questions
montre bien l'importance de faire savoir à nos élèves la
confiance que nous leur portons. C'est pour eux un facteur de réussite
non négligeable.
Dans ces différentes situations, j'ai pu constater que
le dialogue avec les élèves, et même simplement le fait
qu'ils sentent que l'on s'intéresse à eux peut réellement
modifier leur comportement, leur attitude. Je pense que le fait de croire en
eux, de ne pas les cataloguer comme étant des « mauvais
élèves » ou des « éléments perturbateurs
» leur donne une importance, différente de celle que certains
élèves cherchent à avoir en se faisant remarquer. Je me
suis donc appliquée durant tout ce stage à valoriser au maximum
les élèves afin de susciter leur motivation, de leur donner envie
de travailler. C'était pour moi un objectif à atteindre et
même si le stage fut relativement court, j'espère avoir
réussi à convaincre un maximum d'élèves.
II. La narration de recherche: un début de
solution
Dans cette seconde partie, j'ai choisi de m'intéresser
à une nouvelle pratique pédagogique : la narration de recherche.
Je vais donc tout d'abord définir ce qu'est la narration de recherche,
quels sont ses objectifs, comment fonctionne-t-elle. J'expliciterai par la
suite les raisons pour lesquelles ce type d'évaluation trouve
réellement sa place en zone difficile, avant de parler
d'expérimentations personnelles, réalisées pendants mon
stage en responsabilité.
1) Qu'est-ce que la narration de recherche ?
1.1 Historique et définition
La narration de recherche est une nouvelle pratique
pédagogique qui a vu le jour grâce au travail d'un groupe de
recherche en didactique, construit par le groupe Géométrie de
l'IREM de Montpellier ; ce groupe composé d'une douzaine de professeurs,
enseignant en collège, en lycée et à l'université,
a été créé en 1977 par Gérard Audibert.
L'idée de cette nouvelle pratique pédagogique,
utilisée au collège et au lycée, est venue à la
suite d'observations individuelles d'élèves, qui étaient
en cours de recherche des solutions de problèmes. Lors de cette phase de
recherche qui est faite d'essais, de tâtonnements, d'intuitions, les
élèves peuvent faire preuve d'une grande
ingéniosité et révéler des qualités souvent
insoupçonnées. Ils sont très actifs, et mettent en oeuvre
de nombreuses stratégies (Sauter, [19]). Cette phase de recherche doit
être généralement suivie par une phase
rédactionnelle qui synthétise la solution du problème.
C'est cette phase qui bien souvent, pose problème aux
élèves qui se retrouvent enfermés dans des règles
de syntaxe et de grammaire. Ils ne peuvent rien écrire malgré une
recherche très importante, s'ils jugent leurs résultats non
présentables, leur solution non conforme au modèle attendu, ainsi
ils s'autocensurent et il ne reste alors aucune trace de leur véritable
recherche (Sauter, [19]). L'enseignant se retrouve alors obligé
d'évaluer un travail incomplet qui ne sera jugé que sur le
résultat final et pour lequel la recherche effectuée par les
élèves ne sera pas prise en compte.
C'est suite à ces observations qu'est née la
narration de recherche. Le principe est simple : il s'agit de demander à
l'élève en situation de recherche d'un problème
d'être son propre observateur et de mettre par écrit les
différentes étapes de sa recherche. Un contrat est passé
avec l'enseignant : l'élève s'engage à raconter sur sa
copie toutes les étapes de sa recherche, les
erreurs qu'il a pu commettre, la façon dont lui sont
venues les idées, sans se mettre des barrières dues à
l'expression écrite, et en échange le professeur s'engage
à porter son évaluation sur cette recherche sans
privilégier le résultat final. C'est une pratique
pédagogique qui permet de ne pas défavoriser les
élèves fournissant un travail important sans pour autant parvenir
au bon résultat. Les élèves sont en effet jugés sur
le travail fourni et pas uniquement sur le produit fini.
1.2 Objectifs et déroulement
La narration de recherche présente plusieurs objectifs
pour l'enseignant comme pour ses élèves. Elle permet tout d'abord
de développer la curiosité et l'esprit critique des
élèves ; ils sont en effet dans une situation de recherche
innovante et motivante qui peut leur donner le goût de faire des
mathématiques. Elle permet également de faciliter le passage
à l'écrit en mathématiques, les élèves
doivent en effet rédiger leurs recherche de manière correcte, ils
prennent ainsi conscience de l'importance de la rédaction pour la
résolution de problèmes mathématiques. Les narrations de
recherches permettent également aux élèves d'appliquer et
de consolider certaines règles mathématiques permettant de mettre
en place un raisonnement ; ce sont des règles qui avant n'avaient un
sens qu'en mathématiques pour les élèves, il vont
constater que ces règles ont également d'autres utilités.
Enfin, les narrations de recherche permettent aux enseignants une meilleure
connaissance du niveau de leurs élèves, elles permettent une
analyse en profondeur de leurs difficultés, de leurs points forts et de
leurs points faibles. Le professeur est ainsi plus à même
d'adapter son enseignement en fonction du niveau et des difficultés de
ses élèves.
Voici à présent quelques critères
permettant le bon fonctionnement de la narration de recherche (Sauter, [19]).
Tout d'abord, le sujet proposé doit être assez court et simple, la
réponse ne doit pas être évidente et le sujet doit piquer
la curiosité des élèves afin de leur donner envie de
trouver la solution. Il serait en effet dommage de laisser de côté
quelques élèves à cause d'un texte trop compliqué
ou trop long, la narration de recherche doit rester accessible à tous
les élèves, même ceux qui présentent des
difficultés de lecture et d'expression. De la même façon,
il serait dommage que les bons élèves ne puissent pas
réaliser correctement cet exercice à cause d'un
énoncé dont la solution est trop simple. Chaque
élève, quel que soit son niveau, doit pouvoir réaliser
correctement et dans les meilleures conditions possibles la narration de
recherche. Quelques exemples de sujets pourront être lus
en annexe 9.
Une deuxième chose importante pour le bon
déroulement de la narration de recherche concerne la consigne qui est
donnée aux élèves. C'est en effet cette consigne qui va
guider les élèves dans leur démarche. Il faut donc que
cette consigne soit précise et claire, sans être trop longue. Lors
de la première narration de recherche avec les élèves, qui
doit de préférence avoir lieu en classe, il faut bien expliquer
les règles du jeu aux élèves. Mireille Sauter (Sauter,
[19]) suggère d'introduire cet exercice avec la consigne orale suivante
:
" Je vous propose un problème où vous aurez
tous beaucoup de choses à m'écrire. Pourquoi ? Et bien tout
simplement parce que je vous demande de ne pas vous contenter de me donner la
réponse mais de me raconter en détail tout ce que vous avez fait
pour la trouver ou pour essayer de la trouver. Vous me décrirez vos
essais, toutes les pistes que vous avez essayées même si elles
n'ont abouti à rien. Toute mon attention ira sur la qualité et la
persévérance de votre recherche. Je ne tiendrai pas compte de
l'orthographe ou de la syntaxe. J'attacherai plus d'importance à la
précision de cette narration qu'au résultat trouvé
lui-même."
Cette consigne qui est relativement claire regroupe en effet
les traits principaux de l'exercice demandé : la narration des
recherches sans se bloquer à cause des difficultés de
français, et l'importance apportée à la recherche
effectuée lors de la notation. Les élèves doivent bien
comprendre qu'ils ne seront pas notés suivant qu'ils trouvent ou non la
réponse à la question, mais bien sur les recherches qu'ils auront
effectuées pour essayer de trouver cette réponse. Il faut leur
faire comprendre que même s'ils ne trouvent pas de solution au
problème, ils pourront avoir une bonne note à condition de
montrer, grâce à leur narration, qu'ils se sont donnés la
peine de chercher des moyens d'arriver au résultat.
Cette consigne orale doit être accompagnée d'une
consigne écrite sur l'énoncé du sujet afin de mettre sur
papier les attentes pour que les élèves y aient accès
à tout moment. Par exemple, la consigne suivante peut apparaître
(Sauter, [19]) :
" Raconte sur ta feuille les différentes
étapes de ta recherche, les remarques, les aides, les observations que
tu as pu faire et qui t'ont fait changer de méthode ou qui t'ont permis
de trouver. Ce serait bien si tu pouvais joindre tous tes brouillons
numérotés, donner des précisions sur la durée et
l'organisation de ton travail. "
Les consignes sont vraiment importantes lors de la
réalisation d'une narration de recherche, notamment lors de la
première narration de recherche des élèves. C'est en effet
un exercice qu'ils n'ont pas l'habitude de faire et qui bouscule leurs
habitudes mathématiques. Ils étaient
jusqu'alors évalués sur un résultat, la
conclusion d'une recherche personnelle. Grâce à cet exercice, leur
recherche personnelle pourra être mise en valeur, ce qui n'était
pas le cas auparavant.
Lors de la réalisation de narration de recherche, une
autre étape très importante est le compte-rendu en classe. C'est
en effet pendant ce compte rendu que les élèves vont comprendre
les critères qui entrent en jeu pour réaliser une bonne narration
de recherche. C'est également l'occasion de valoriser les
élèves en difficulté (Sauter, [19]) en exposant à
la classe les bonnes idées qu'ils ont pu avoir sans oublier de les
citer. Ce compte-rendu permet de regrouper toutes les idées qu'ont eues
les élèves afin qu'ils puissent construire eux-mêmes une
solution au problème en regroupant toutes ces idées. C'est par
ailleurs l'occasion de valoriser le travail personnel des élèves
; lorsque les narrations de recherches sont réalisées à la
maison, les élèves peuvent se faire aider de leur parents ou
autres, mais ils doivent vite se rendre compte que de cette manière
leurs copies deviennent moins intéressantes car ils auront
effectués moins de recherches (Sauter, [19]). Les élèves
doivent comprendre que pour ce type d'exercice, une aide extérieure
risque de les handicaper et non de les avantager. Il faut également
veiller lors de ce compte rendu à ne pas trop mettre en avant la
solution du problème, mais bien les démarches de recherche qui
ont permis d'y arriver. Les élèves doivent bien avoir en
tête que la solution en elle-même n'est pas très importante,
qu'elle n'est pas l'objectif principal de l'exercice.
1.3 Critères d'évaluation
Corriger un travail de rédaction ne fait pas partie des
habitudes du professeur de mathématiques. C'est pourquoi il est
impératif lors de la correction de narrations de recherche de
définir les critères d'évaluation bien précis.
Habituellement, l'évaluation porte sur un acquis de connaissances et de
compétences ; pour les narrations de recherche, l'évaluation
porte plutôt sur la persévérance des élèves,
leur volonté de trouver ou tout du moins de chercher la solution. Pour
évaluer une narration de recherche, deux aspects sont à retenir :
la recherche de la solution et la narration, c'est-à-dire le
récit qui est le moyen de comprendre la recherche (Sauter, [19]).
Pour détailler les critères d'évaluation
concernant la narration puis la recherche, je vais m'inspirer des idées
de Mireille Sauter (Sauter, [19]).
1.3.1 Critères pour une bonne narration
Une première chose à évaluer lors de la
réalisation de narrations de recherche concerne la narration.
L'élève doit raconter ses recherches sous forme d'un
récit, sans toutefois que la syntaxe, l'orthographe ou la grammaire ne
constituent un obstacle à sa rédaction. Voici donc quelques
éléments qui sont à souligner et à encourager par
le correcteur des copies :
- Le style d'écriture : Les phrases doivent
s'enchaîner, être faciles à lire. Le texte doit
être rédigé correctement et non en style
télégraphique. La présentation doit être
claire et soignée.
- La précision du récit : Il ne s'agit pas
simplement d'écrire les recherches effectuées
linéairement, ces recherches doivent être décrites et
commentées avec le plus de précision possible.
- La chronologie du récit : Les narrations de recherche
étant réalisées par les élèves à la
maison, le récit doit comporter des indications concernant le temps
passé à chaque phase de recherche, des connexions logiques qui
expliquent pourquoi l'élève a changé de méthode.
- La sincérité du récit :
l'élève s'implique personnellement, fait part de ses doutes, de
ses hésitations, décrit ses erreurs. Il emploie le "je",
mentionne s'il a reçu des aides extérieures. C'est là que
la relation enseignant-élève joue un rôle
déterminant ; l'élève doit être mis en confiance
pour raconter ses échecs, tout ce qui lui passe par la tête, il ne
doit plus s'autocensurer. (Sauter, [19]).
1.3.2 Critères pour une bonne recherche
Le second paramètre entrant en compte lors de
l'évaluation d'une narration de recherche concerne bien
évidemment la qualité de la recherche. Voici donc quelques
critères permettant d'évaluer au mieux cette recherche.
- Une interrogation sur l'énoncé : Il est
important que les élèves comprennent bien l'énoncé
et la question posée. En effet, la mauvaise compréhension ou la
mauvaise interprétation d'un texte peut être à l'origine de
blocages chez certains élèves. On retrouve ici l'importance de
proposer des sujets dont l'énoncé est simple et bref.
- Des essais : Les élèves ne doivent pas se
contenter d'essayer une seule méthode pour essayer de résoudre le
problème. Ils doivent essayer plusieurs pistes et
apporter des informations sur les diverses méthodes
abordées.
- Des vérifications : Chaque résultat ou
solution éventuelle proposée par les élèves doit
être vérifié. Ces vérifications permettent une prise
de conscience des erreurs et donc un changement de stratégie.
- Une certaine cohérence : Notamment dans le
raisonnement et dans l'enchaînement des actions.
- Des argumentations : Chaque action, chaque méthode
doit être argumentée. En particulier en classe de
6ème ou 5ème, la narration de recherche est
un outil qui permet d'introduire la démonstration.
- Un esprit critique : L'élève doit se poser le
plus de questions possible lorsqu'il émet des conjectures ; il doit
s'interroger sur la validité de ses résultats, faire des
vérifications.
2) Pourquoi les narrations de recherche en zone
difficile ?
2.1 Un excellent outil de motivation
Dans le développement de la partie
précédente, nous avons pu expliciter l'importance de susciter la
motivation des élèves, en particulier en zone difficile. Il est
impératif d'installer les élèves dans des activités
susceptibles de les motiver, de créer ou d'augmenter chez eux l'envie de
faire des mathématiques. Il est également difficile de construire
en zone difficile des situations où les élèves produisent
du langage, verbal ou écrit, c'est pourquoi il est intéressant de
pouvoir leur proposer une activité mathématique motivante qui
mobilise des outils de langage (Groupe ZEP IREM, [11]). La pratique de
narration de recherche donne aux élèves un espace de
liberté qui leur permet de communiquer dans un langage naturel, moins
contraignant qu'un langage spécifique aux mathématiques. Lorsque
les élèves effectuent des narrations de recherche, ils n'ont pas
besoin de formaliser ce qu'ils écrivent, ils rédigent comme
l'idée leur vient. Ceci permet de ne pas bloquer les
élèves qui ne sauraient pas comment rédiger et donc de ne
pas les mettre à l'écart. Ils peuvent au même titre que les
autres effectuer l'exercice malgré leurs difficultés. Si ces
élèves ne se sentent pas laissés de côté,
s'ils sentent qu'ils sont capables de réaliser l'activité
proposée au même titre que tous les autres élèves,
ils ne se démotiveront pas et s'intéresseront davantage aux
mathématiques. Il s'agit principalement de développer la
curiosité et l'esprit critique des élèves, les mettre
dans
des situations de recherche motivantes, qui leur donnent le
goût de faire des mathématiques. (Sauter, [19]). Ce type
d'exercice oblige les élèves à ne pas être passifs
comme ils pourraient l'être sur d'autres types d'exercices en attendant
simplement la solution par exemple. Ici, ils doivent produire quelque chose ;
ils sont de plus motivés par la recherche à effectuer, il y a une
sorte de défi à relever et en général les
élèves apprécient cette recherche. En zone difficile, cela
met tous les élèves sur un pied d'égalité. Il faut
faire en sorte que les situations de narration de recherche suscitent chez les
élèves le désir de chercher et leur donne du plaisir
à faire des mathématiques. De ce fait, cette pratique favorise la
réussite personnelle et scolaire des élèves en les
motivant, en les stimulant, en les amenant à adopter des attitudes de
chercheurs qui s'interrogent et conjecturent, sans crainte du jugement
porté puisque l'effort de recherche est plus valorisé que
l'obtention de solutions. Ces modifications d'attitudes des
élèves pour entrer dans une tâche scolaire, cet
éveil pour l'activité mathématique dans des classes de
zone difficile, où la motivation est souvent difficile à
créer et à maintenir, proviennent de la nouveauté et de
l'originalité de la méthode, ainsi que du fait que les
énoncés répondent à un appétit
d'énigmes qu'ont les élèves (Groupe ZEP IREM, [11]). Il
est vrai que ces problèmes n'offrent pas de solution immédiate,
il faut donc chercher pour trouver. Lors du bilan en classe, il faut absolument
valoriser les élèves en difficulté en ne perdant aucune
occasion de citer telle procédure intéressante, telle question
pertinente trouvée dans leurs copies (Groupe ZEP IREM, [11]). C'est un
type d'exercice qui permet en effet de mettre en avant les efforts des
élèves, leurs bonnes idées et leurs recherches. Si un
élève en difficulté a eu une bonne idée, il faut
absolument la faire ressortir aux yeux de la classe, de cette façon
l'élève en question se sentira valorisé et cela lui
donnera envie de recommencer. L'idée de la valorisation des
élèves est ici présente. De plus, même les
élèves qui ne trouvent pas la bonne réponse peuvent avoir
une bonne note, ce qui donne une motivation supplémentaire aux
élèves en difficulté qui ne baisseront pas les bras au
premier obstacle. Tous ces facteurs conduisent à augmenter la motivation
des élèves, ce qui est en zone difficile absolument
nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l'année
scolaire. C'est pourquoi les narrations de recherche constituent un bon moyen
de donner envie aux élèves de travailler, de leur faire
apprécier les mathématiques, c'est un moyen de les
intéresser à cette matière. C'est par conséquent un
excellent outil de motivation.
2.2 Une évaluation plus adaptée
L'évaluation classique en mathématique consiste
la plupart du temps à évaluer un résultat et dans certains
cas quelques étapes du raisonnement qui conduisent à ce
résultat. Mais en aucun cas il est possible d'évaluer toutes les
phases de raisonnement des élèves, les différentes
réflexions, remarques, stratégies qui les ont conduits à
utiliser ce raisonnement et à trouver ce résultat. Le soucis que
pose cette évaluation pour des élèves, et encore plus pour
des élèves en difficulté, est que s'ils ne trouvent pas le
bon résultat, ou même un raisonnement permettant de trouver ce
résultat, l'évaluation ne pourra pas être positive. Cette
évaluation ne rend pas compte des efforts des élèves, du
temps qu'ils passent à essayer de résoudre un problème.
Ainsi, cette évaluation ne fait pas de différence entre un
élève qui aura passé du temps à raisonner pour
résoudre un problème, mais sans succès, et un
élève qui n'aura même pas fait l'effort de chercher. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle autant d'élèves se
découragent et ne cherchent même plus à faire d'efforts de
recherche, puisque la plupart du temps ces derniers ne sont pas
récompensés. En zone difficile et face à des
élèves en difficulté, ce constat est encore plus probant.
Beaucoup trop d'élèves sont découragés à
cause de cette évaluation, ils travaillent mais n'obtiennent pas de bons
résultats alors ils finissent par arrêter de travailler. Ceci
entraîne également que ces élèves qui ne font plus
l'effort de raisonner perdent petit à petit des capacités
mathématiques. En mathématiques, l'esprit a besoin d'être
stimulé régulièrement, sinon certains réflexes
disparaissent et le raisonnement devient de moins en moins aisé.
C'est pourquoi l'évaluation grâce à la
narration de recherche est, à mon sens, indispensable en zone difficile.
C'est en effet une évaluation qui permet d'apprécier le travail
de recherche des élèves, sans se focaliser uniquement sur le
résultat. Ainsi, même des élèves présentant
de grandes difficultés peuvent obtenir de bonnes notes. Un nouveau
contrat s'instaure dans la classe entre les élèves, ainsi
qu'entre les élèves et l'enseignant, avec un autre statut de
l'erreur (Groupe ZEP IREM, [11]). À la différence de ce dont les
élèves ont l'habitude, le principe de l'erreur ne réside
plus simplement dans une mauvaise réponse ou un faux résultat,
l'erreur devient le fait de ne pas chercher de solutions ou de ne pas
argumenter ses recherches. C'est une nouvelle vision de la pratique des
mathématiques ainsi que de son évaluation. Les narrations
cherchent ainsi à casser cette « performance scolaire » chez
les élèves et plus spécialement ceux de zone difficile, de
vouloir trouver à toute vitesse la solution d'un problème, sans
chercher à savoir si le raisonnement utilisé a du sens, pour la
présenter à l'enseignant qui pourra la valider (Groupe ZEP IREM,
[11]). La narration de recherche est un
outil qui permet également de réactiver, ou de
consolider, l'esprit mathématique des élèves et ceci ne
pourra être que bénéfique pour la suite de l'année
scolaire et de leurs études. Ils vont en effet s'habituer à
réaliser un raisonnement mathématique faisant appel à leur
sens critique et à leurs capacités de réflexion. Ils
pourront grâce à cela être plus performants lors de la
réalisation d'exercices ou d'évaluations plus classiques. Les
narrations de recherches présentent également un
intérêt non négligeable pour le professeur. En prenant en
compte l'élève dans sa singularité, cette pratique
amène l'enseignant à modifier le regard qu'il porte sur
l'évaluation, elle permet ainsi de créer une
différenciation pédagogique nécessaire en zone difficile
(Groupe ZEP IREM, [11]). En effet, ce qui sera évalué lors d'une
narration de recherche ne sera pas le résultat, mais la recherche de
l'élève. Cette recherche peut être très
différente suivant les élèves et oblige donc le professeur
à considérer chaque élève individuellement lors de
la correction des copies. La différentiation pédagogique
intervient dans le sens où les bons élèves travaillent
autant que les moins bon, et les moins bons ne sont pas pénalisés
pour autant. Cela permet également de mettre en avant des
difficultés particulières propres à chaque
élève. L'enseignant peut alors évaluer les
difficultés de chacun, plus précisément qu'avec une
évaluation classique. En effet, le raisonnement de chaque
élève étant détaillé, il est plus
aisé de cibler d'où proviennent exactement les
difficultés.
3) Quelques expérimentations de narration de
recherche
Lors de mon stage en responsabilité, j'ai
souhaité mettre en place une séance de narration de recherche
dans chacune de mes classes ainsi qu'une séance bilan. N'ayant jamais
réalisé ni même assisté à ce genre de
séances, cette expérience fut totalement nouvelle pour moi.
3.1 Choix du sujet et analyse a priori
Durant le stage, j'ai travaillé avec mes deux classes
de quatrième sur le chapitre des puissances. J'ai donc cherché un
sujet de narration de recherche en lien avec les puissances, afin de donner une
certaine logique à ma progression. Je voulais proposer aux
élèves à la fois un sujet se rapportant au chapitre en
cours, mais sans pour autant les enfermer dans ce thème. Le sujet que
j'ai choisi (cf. annexe 10) est en lien direct avec les puissances de part son
énoncé mais ne s'appuie pas cependant sur des connaissances
poussées sur ce thème. Les premières
questions sont accessibles par tous les élèves
qui peuvent ainsi démarrer l'activité proposée. Je
souhaitais en effet qu'aucun élève se retrouve bloqué
dès la première question et que chacun puisse fournir une
réponse aux premières questions posées. Les
premières questions avaient également pour vocation de faire
comprendre le fonctionnement du raisonnement aux élèves. Je
souhaitais que grâce aux premiers calculs du chiffre des unités,
ils remarquent une certaine logique dans le raisonnement. J'espérais
également que grâce à ces questions, les
élèves aient l'idée de continuer à calculer
quelques puissances pour trouver le chiffre des unités de
136, 137 et qu'ils puissent de cette façon trouver
une stratégie pour effectuer ces calculs, qu'ils remarquent par exemple
qu'il était inutile d'effectuer toute l'opération et qu'il
suffisait de multiplier le chiffre des unités par 3 pour obtenir celui
de la puissance suivante. J'avais également prévu, dans le cas
où certains élèves resteraient complètement
bloqués, de les guider en leur suggérant de s'intéresser
aux chiffres des unités qu'ils avaient déjà
calculés, afin qu'ils puissent remarquer la répétition
d'un cycle de quatre chiffres et ainsi poursuivre leur raisonnement sur cette
voie.
Concernant le déroulement de la séance, j'avais
prévu une première phase de réflexion individuelle, de 15
minutes environ, puis une phase de travail en groupe de deux de 15 ou 20
minutes suivant l'avancée des élèves. J'espérais
ainsi que chaque élève développe une ou plusieurs
stratégies afin de mettre en commun plusieurs idées de
raisonnement durant la phase de travail en groupe, favorisant ainsi la
résolution du problème.
J'espérais vraiment que le sujet puisse
intéresser les élèves, piquer leur curiosité afin
de les motiver à chercher la solution. J'espérais
également réussir à être assez claire dans les
consignes données aux élèves, cet exercice étant
nouveau pour eux comme pour moi. Je souhaitais qu'ils comprennent clairement
les consignes de l'exercice car il n'est pas évident de bouleverser les
habitudes des élèves qui ne connaissent pas du tout ce genre
d'évaluation. En effet, il est difficile pour un élève
soumis depuis le début de sa scolarité à une
évaluation des mathématiques portant sur le résultat,
d'assimiler qu'une évaluation va porter sur le travail fourni, sur la
réflexion et le raisonnement qu'ils auront eu et non sur le
résultat final. J'avais donc prévu de noter les travaux des
élèves, en leur annonçant en début de
séance, en divisant la note en deux parties : une première note
portant sur le travail individuel et une seconde note portant sur le travail en
groupe.
3.2 Déroulement de la séance
J'ai donc commencé cette séance en
annonçant aux élèves qu'aujourd'hui ils allaient
réaliser un nouveau type d'exercice qu'ils n'avaient jamais
rencontré auparavant. Un exercice dans lequel, contrairement à ce
dont ils étaient habitués, ce qui serait mis en avant serait la
recherche effectuée et non pas uniquement le résultat. J'ai
essayé de leur expliquer le plus clairement possible que tout le monde
pourrait avoir une bonne note à condition de jouer le jeu, de vraiment
faire un effort de recherche durant la séance. J'ai, le mieux que j'ai
pu, mis en avant le fait que ce qui était important n'était pas
de trouver la solution au problème, mais bien la recherche et le
raisonnement permettant ou non de mener à ce résultat ; le but
étant de faire apparaître sur la copie un maximum de choses.
Thibault m'a alors demandé s'il pouvait écrire n'importe quoi sur
la copie, s'il suffisait de la remplir pour avoir une bonne note, ce à
quoi j'ai répondu que ce qui figurait sur la copie devait tout de
même avoir un lien avec le problème posé et que le but de
l'exercice était d'en chercher la ou les solutions. Loïc a alors
demandé la confirmation que s'il fournissait pendant la séance un
travail sérieux, et même s'il ne trouvait pas la solution, il
aurait une bonne note ; ce à quoi j'ai acquiescé. J'ai ensuite
précisé aux élèves que tout ce qui apparaissait sur
leur feuille devait être commentée, je leur ai en fait
expliqué que ce qui allait figurer sur leurs copies devait me permettre
de comprendre le cheminement de leur raisonnement, que chaque démarche
devait donc être commenté, qu'il fallait qu'ils expliquent
pourquoi ils choisissaient une méthode en particulier, pourquoi cette
méthode fonctionnait ou non, et cætera.
J'ai ensuite distribué les sujets et j'ai lu
l'énoncé avec eux. Il s'est avéré utile de rappeler
ce à quoi correspondait le chiffre des unités qui semblait ne pas
faire partie du vocabulaire de certains élèves. J'avais sur le
sujet re-précisé les critères d'évaluation ainsi
que ce qui devait figurer sur les copies des élèves et qui serait
donc évalué. Les élèves avaient ainsi accès
à tout moment aux consignes sans avoir besoin de me demander à
nouveau. Je n'avais pas pensé à préciser quels outils
étaient autorisés pour résoudre l'exercice et quand Joris
me l'a demandé, il a eu l'air surpris que tous les outils, cahiers de
cours, d'exercices et même la calculatrice soient autorisés.
Presque tous les élèves ont alors sorti leur calculatrice pour
calculer les premières puissances et répondre ainsi à la
première question. Au bout de quelques minutes, Élodie
complétement désemparée m'a interpellée pour me
signaler que sa calculatrice ne donnait pas le résultat de
132011 et qu'elle ne pouvait par conséquent pas
répondre à la question. Beaucoup d'élèves on eut
une réaction similaire, et j'ai été assez
étonnée de voir à quel point les élèves
étaient pris au dépourvu lorsque leur calculatrice ne
pouvait plus les aider, mais également de la confiance
absolue qu'ils avaient en leur calculatrice : « si elle ne peut pas
calculer alors moi non plus ». Suite à cela, quelques
élèves n'ont plus cherché à résoudre le
problème, ils ont complètement laissé l'exercice de
côté en étant convaincu qu'il n'admettait pas de solutions
étant donné que la calculatrice ne pouvait pas en trouver.
Même en essayant de les remotiver, de leur assurer que la réponse
existait bel et bien, je n'ai pas réussi réellement à les
remettre au travail. La perspective d'une mauvaise note ne les a pas plus
motivés et je me suis trouvée dépourvue de solutions. Cela
dit, ça n'a pas été le cas de tous les
élèves et une majorité a continué à chercher
la solution. Lors de la phase de recherche individuelle, certains
élèves, Juliette notamment, avaient déjà bien
avancé dans la recherche en ayant remarqué la
répétition des chiffres des unités, il ne lui restait plus
qu'à trouver une stratégie permettant de savoir sur lequel de ces
chiffres allait tomber 132011. Je l'ai donc encouragée
à continuer dans cette voie, sans lui donner d'indices étant
donné l'avancement de son raisonnement. En circulant dans les rangs,
j'ai pu aider quelques élèves ne trouvant pas de pistes pour
avancer en leur disant notamment qu'il fallait remarquer quelque chose
concernant la répétition des chiffres des unités. S'en est
suivie la phase de travail en groupe, les élèves ont eux
même choisi leur partenaire. Je ne voulais pas leur imposer dans la
mesure où l'exercice était déjà suffisamment
perturbant pour eux de part sa nouveauté. Il y a eu une phase de «
flottement » durant laquelle chaque membre des binômes a
expliqué à l'autre membre sa réflexion et le travail qu'il
avait déjà effectué, puis les binômes se sont remis
au travail. Dans certains groupes, le fait de travailler à deux et de
profiter des idées qu'avait pu avoir un autre élève a
été un déclic et la réunion des idées a
permis une avancée considérable de la réflexion. Florine
et Inès par exemple qui n'avaient pas eu énormément
d'idées lors de la recherche individuelle se sont mises ensemble pour la
phase de travail à deux et ont d'un seul coup eu beaucoup
d'idées. Même si toutes n'aboutissaient pas, leur copie
était très riche car pleine de pistes de recherches. Dans
d'autres groupes en revanche, surtout lorsque la première phase n'avait
pas été productive, la mise en commun n'a pas été
concluante ; certains groupes se sont contentés uniquement de refaire
à deux les premiers calculs, sans chercher à aller plus loin. Ils
s'étaient mis en tête que l'exercice était trop difficile
pour eux et n'ont pas réussi à surmonter cette difficulté.
Dans un autre ordre d'idée, certains élèves ont bien
travaillé pendant la séance, mais n'avaient visiblement pas bien
compris le principe de la narration de recherche : la copie de Loïc par
exemple était pleine de calculs sans aucune explication, sans aucune
phrase justifiant sa démarche.
Je mets en annexe 11 quelques copies d'élèves
commentées.
3.3 Analyse a posteriori
Suite à cette séance et à son
déroulement, voici les remarques que je me suis faite.
La première concerne les consignes que j'ai
données aux élèves. Je pense ne pas avoir assez
insisté sur l'importance de commenter les étapes de recherches
apparaissant sur la copie, sur le fait que tout ce qui est écrit doit
être justifié, commenté et doit permettre une
compréhension immédiate par le lecteur du raisonnement
effectué. Ceci explique, je pense, des copies comme celles de Loïc
dans lesquelles rien n'est commenté ni justifié. Loïc a
simplement retenu que s'il travaillait sérieusement pendant la
séance, il aurait une bonne note ; il n'a en revanche pas compris la
démarche proposée par la narration de recherche.
Ma deuxième remarque concerne l'utilisation de la
calculatrice. Je n'avais pas imaginé qu'une telle réaction
était possible de la part des élèves, qu'ils pouvaient
à ce point louer les résultats de leur machine jusqu'à
penser qu'elle était en quelque sorte plus intelligente qu'eux. Cela
dit, c'est une remarque intéressante car elle montre aux
élèves les limites de la calculatrice. Je pense cependant que si
je devais refaire cette séance, je n'autoriserai pas l'utilisation de la
calculatrice, et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord pour les raisons
évoquées plus haut, en effet si la calculatrice bloque certains
élèves dans leur réflexion, il est
préférable de ne pas l'envisager afin d'éviter ce genre de
réaction. La seconde raison pour laquelle je n'autoriserai pas la
calculatrice est que lors des premiers calculs du chiffre des unités de
133, 134 et 135, le fait d'utiliser la
calculatrice ne permet pas aux élèves de voir le fonctionnement
des opérations. En faisant l'opération à la main, ils
peuvent se rendre compte que pour obtenir le chiffre des unités il n'est
pas nécessaire d'effectuer l'opération en entier, mais simplement
de multiplier le chiffre des unités ici par 3. Taper une
opération sur la calculatrice n'offre pas la possibilité aux
élèves de constater ce fonctionnement. L'utilisation de la
calculatrice pour cet exercice ne favorise pas, bien au contraire, le
développement d'un raisonnement. Il serait en revanche
intéressant de montrer aux élèves, lors de la correction
en classe, que la calculatrice n'effectue pas l'opération
132011 afin d'évoquer les limites de leur machine.
Ma troisième remarque porte sur le travail en groupe.
J'ai choisi de laisser les élèves se mettre comme ils le
souhaitaient par groupe de deux. Il aurait sans doute été plus
judicieux de faire moi même les groupes en fonction du travail
effectué lors de la recherche individuelle.
En effet, lors de la séance, les élèves
qui avaient bien travaillé individuellement se sont mis pour la plupart
avec des élèves ayant également bien travaillé
individuellement, et les élèves n'ayant pas fourni beaucoup de
travail se sont également réunis. Les groupes formés
étaient donc soient des groupes de deux personnes motivées soit
des groupes de deux personnes pas réellement motivées. Certes les
groupes motivés ont bien travaillé pendant la deuxième
phase de travail, mais les autres groupes n'ont pas fait grand chose. J'avais
peur en formant les groupes de bloquer des élèves en les faisant
travailler avec une personne qu'ils n'appréciaient pas
particulièrement. Je ne voulais pas que le travail à deux soit
empêché par de mauvaises relations. Cela dit, même si au
bout de quatre semaines de stage je ne connaissais pas parfaitement les
élèves, j'étais capable de connaître quelques
affinités. J'aurais donc dû, grâce à l'observation
que j'ai effectuée lors de la recherche individuelle, constituer des
groupes hétérogènes, tout en faisant attention aux
affinités de chacun. Cela aurait en effet permis de mettre chaque groupe
au travail grâce à un élément « pousseur
». Si chaque groupe avait été constitué d'un
élève ayant bien avancé lors de la phase de recherche
individuelle et d'un élève ayant moins avancé, ils
auraient pu tous se mettre au travail sérieusement durant la seconde
phase de recherche et ainsi éviter les configurations de groupes n'ayant
fourni aucun travail.
Malheureusement, tous les élèves n'ont pas
compris l'enjeu que leur proposait la narration de recherche et certains ont
baissé les bras trop tôt face à un exercice à
première vue trop difficile à résoudre. C'est vraiment
dommage, car ce sont des élèves qui auraient largement pu
profiter de ce type d'évaluation. Cependant je suis consciente que Rome
ne s'est pas faite en un jour, et que la narration de recherche doit se mettre
en place sur toute une année scolaire. C'est une activité qui
doit être réalisée régulièrement pour que les
élèves puissent en comprendre parfaitement le fonctionnement.
3.4 Le bilan en classe
La séance qui a suivie la narration de recherche a
été consacrée au bilan et à la correction en classe
de l'exercice. J'ai tout d'abord rappelé le sujet de l'exercice aux
élèves afin que tout le monde ait bien en tête
l'énoncé. J'ai essayé de mettre en avant les idées
proposées par plusieurs élèves, qu'elles aient abouties ou
non, afin de souligner le fait que ces élèves avaient fourni un
travail très satisfaisant même sans avoir trouvé la
solution de l'exercice. J'ai de plus essayé de valoriser les
élèves n'ayant habituellement pas d'excellents résultats
comme Inès ou Lise afin que ces élèves comprennent que cet
exercice leur permettait de produire un
travail très correct. Je voulais également par
ce biais montrer à l'ensemble des élèves de la classe que
la narration de recherche était un exercice accessible à tout le
monde et pas uniquement aux « bons » élèves comme
pourrait l'être l'évaluation classique en mathématiques. Je
souhaitais que chacun comprenne que cet exercice n'était pas régi
par les mêmes règles que les exercices qu'ils avaient l'habitude
d'effectuer, et que contrairement à ces exercices, la narration de
recherche permettait de mettre en valeur le travail personnel, la
quantité de ce travail qui n'apparait habituellement pas sur les copies.
J'espère avoir, grâce à ces exemples donnés en
classe, réussi à convaincre un maximum d'élèves des
multiples intérêts que présentaient les narrations de
recherche.
J'ai suite à cela commencé la correction de
l'exercice lui même, je pense en effet qu'il est important que tous les
élèves aient une solution au problème, ne serait-ce que
pour leur montrer que ce problème admettait bien une solution. Pour
débuter la correction, j'ai demandé à plusieurs
élèves d'expliquer à leurs camarades les pistes qu'ils
avaient trouvées. Thibault a ainsi expliqué comment il avait
remarqué la répétition de quatre chiffres des
unités et la raison pour laquelle on pouvait affirmer que ces quatre
chiffres allaient continuer à se répéter
perpétuellement. Juliette a ensuite poussé un peu plus loin la
réflexion en expliquant que pour trouver quel était le chiffre
des unités de 132011, il fallait trouver sur lequel des
quatre chiffres on allait tomber en comptant jusqu'à 2011. Je souhaitais
que les élèves soient actifs lors de la correction, qu'ils ne
recopient pas simplement ce que j'allais écrire au tableau ; je voulais
qu'ils construisent eux-même cette solution. Lors de la suite de la
correction, j'ai tout de même guidé un peu le raisonnement des
élèves, mais toutes les réponses sont venus d'eux. Ils ont
eu l'idée de diviser 2011 par 4, et de s'intéresser au reste (pas
immédiatement, mais après quelques tâtonnements). Ils ont
pu de cette façon constater qu'ils étaient capables de construire
cette solution, qu'elle leur était accessible. Même si ces classes
n'étaient pas réellement les miennes et même si ces
élèves ne referont sûrement pas de narrations de recherche
au cours de l'année scolaire, il me tenait à coeur de mener cette
séance comme je l'aurais menée si ces classes avaient
été les miennes, comme si j'allais refaire des narrations de
recherche par la suite.
J'ai finalement choisi de ne pas noter les productions des
élèves, trop d'entre elles étant trop maigres pour obtenir
une note satisfaisante. C'était de plus la première fois que les
élèves réalisaient ce type d'exercice et tous n'avaient
sans doute pas bien compris le véritable enjeu. Je pense par ailleurs
que la séance bilan leur a permis de mieux cibler les attentes de ce
type
d'exercice et qu'une seconde narration de recherche aurait
été plus satisfaisante. Je me suis cependant appliquée
à commenter chaque copie en rappelant à chaque
élève tout le bénéfice qu'un travail sérieux
aurait pu leur apporter. J'ai attribuée une note « fictive »
aux meilleures copies afin d'encourager leurs auteurs et ces mêmes
auteurs ont bénéficié de points supplémentaires
pour le prochain contrôle. Il me semblait tout de même important de
récompenser et d'encourager les élèves ayant produit un
travail sérieux.
3.5 Le ressenti des élèves
À la fin de la séance « bilan », j'ai
demandé aux élèves de m'écrire sur papier ce qu'ils
avaient pensé de la narration de recherche, s'ils avaient aimé ou
non, pourquoi ils avaient apprécié, pourquoi ils n'avaient pas
apprécié, s'ils aimeraient recommencer... Ces réponses se
trouvent en annexe 12.
Le constat que j'ai pu effectuer a été le
suivant : la plupart des élèves qui disent ne pas avoir
aimé la narration de recherche donne pour raison la difficulté de
l'exercice. Ils ont trouvé le sujet trop compliqué, certains
même disent qu'ils n'ont pas aimé car il fallait
réfléchir. C'est, je trouve, assez révélateur de la
vision que ces élèves ont des mathématiques. Pour eux, les
mathématiques se résument à apprendre des choses par coeur
et à les appliquer sans forcément comprendre ces notions. C'est
à ces élèves que s'adresse la narration de recherche, afin
de réveiller leur capacité à raisonner. Pour moi, il n'y a
presque rien à apprendre par coeur en mathématiques, la
compréhension des notions et des raisonnements doit permettre de
retrouver tous les résultats. La narration de recherche oblige les
élèves à raisonner et ne leur demande pas simplement
d'appliquer une formule ou un théorème. C'est un bon moyen pour
ces élèves de revenir aux fondamentaux des mathématiques,
d'effectuer et de construire un raisonnement et par conséquent de
modifier leur vision des mathématiques, en l'améliorant. Les
élèves qui disent avoir plutôt apprécié la
narration de recherche sont pour la plupart des élèves qui ont
fourni un travail satisfaisant. Plusieurs facettes de l'exercice ont plu
à ces élèves. Tout d'abord le fait de travailler en
autonomie leur a donné une certaine importance. En effet, ils
travaillent par eux-mêmes, ils n'ont pas nécessairement besoin de
demander de l'aide pour progresser dans l'exercice. Ils sentent ainsi qu'ils
ont la capacité de réussir un exercice et se sentent
valorisés par cette capacité. Une autre raison pour laquelle ces
élèves ont apprécié ce travail est le fait que la
notation ne portait pas uniquement sur le résultat. Ils n'avaient pas la
pression supplémentaire due à la peur de ne pas trouver le bon
résultat, la
bonne solution. Ils ne se sentaient pas oppressés par
le fait de devoir à tout prix trouver la bonne réponse et cela
leur a permis de travailler dans des conditions moins stressantes. D'autres ont
beaucoup apprécié le travail en groupe, je pense que le fait de
choisir son binôme a beaucoup joué dans cette appréciation.
Cela leur a permis de mettre en commun leurs idées et de pouvoir avancer
plus rapidement.
C'est en conclusion une expérience très positive
que je n'hésiterai pas à renouveler à l'avenir. Je pense
que cette pratique permet d'apporter beaucoup, autant aux élèves
qu'aux enseignants et qu'elle devrait se développer davantage notamment
dans les établissements difficiles.
Conclusion
Avant ce stage et avant de rédiger ce mémoire,
je n'avais jamais vraiment réalisé l'importance de la relation
entre les élèves et l'enseignant. Je savais bien sûr que
cette relation était importante mais je n'imaginais pas qu'elle puisse
avoir autant d'impact sur les conditions d'enseignement. Lors de mes recherches
bibliographiques tout d'abord, j'ai pu apprendre un certain nombre de choses
concernant ces relations, notamment ce qui concerne la confiance que l'on porte
en nos élèves, mais également sur l'importance de
valoriser ces élèves. Lors du stage en responsabilité,
j'ai pu constater l'effet réel de ces deux axes principaux grâce,
en particulier, à des élèves comme Kevin ou Dylan qui
m'ont fait prendre conscience de l'importance du dialogue et de la relation de
confiance. Même si tout cela est vrai pour n'importe quel
établissement scolaire, je pense que ces notions de confiance et de
valorisation prennent encore plus leur sens dans des établissements
difficiles. Bien souvent, les élèves de ces établissements
ne retrouvent pas dans leur environnement familial ces deux points
particuliers, c'est pourquoi il est très important qu'ils puissent les
ressentir à l'école. Je souhaiterai m'appliquer dans mon
enseignement futur à faire sentir à chaque élève
que je suis là pour lui, que j'ai confiance en ses capacités
à réussir et qu'il peut également me faire confiance.
Grâce à ce mémoire j'ai également
découvert les narrations de recherche. Je n'en avais jamais entendu
parler jusqu'alors, ce fut donc une découverte complète pour moi.
Cette pratique pédagogique m'a tout de suite plu principalement
grâce à l'alternative qu'elle propose à nos
élèves en terme d'évaluation. Je pense en effet que pour
trop d'élèves l'évaluation classique en
mathématiques est source de blocages et d'échecs. Elle ne met pas
en valeur le travail réel fourni par les élèves mais
seulement le résultat auquel ils aboutissent, s'ils y arrivent. La
narration de recherche permet d'offrir à chaque élève
l'opportunité d'être évalué sur le travail fourni.
Il me paraît en effet plus juste qu'un élève ayant beaucoup
travaillé, même sans aboutir au bon résultat, puisse
être évalué sur la totalité de son travail. Je me
suis donc passionnée pour les narrations de recherche et j'ai pu,
à la fin de mon stage, en faire une expérimentation. Ce fut une
expérience très positive, certains élèves en
difficultés se sont sentis soulagés de ne pas être
évalués uniquement sur le résultat et ont donc fourni un
travail très satisfaisant. Lorsque je serai enseignante, et plus
particulièrement si j'enseigne en zone difficile, je souhaiterai mettre
en place dans mes classes dès le début de l'année des
narrations de recherche. Je pense que c'est une pratique qui devrait devenir
indispensable, ne serait-ce
que pour redonner envie aux élèves de faire des
mathématiques. Si l'évaluation actuelle des mathématiques
ne permet pas à tous les élèves d'avoir des
résultats satisfaisants, je pense que la narration de recherche peut
remettre tout le monde sur un pied d'égalité. De plus, de bons
résultats sont toujours un facteur de motivation pour les
élèves. C'est pourquoi j'aimerai dans mon enseignement donner une
grande place à la narration de recherche qui, je l'espère,
permettra de mobiliser un maximum d'élèves en leur donnant envie
de faire des mathématiques. Aujourd'hui le socle commun au palier 3
propose les deux compétences suivantes à valider : «
Raisonner, argumenter, pratiquer une démarche expérimentale ou
technologique, démontrer » et « Présenter la
démarche suivie, les résultats obtenus, communiquer à
l'aide d'un langage adapté ». Je pense que la narration de
recherche est une opportunité à saisir par les enseignants afin
d'évaluer au mieux ces compétences, et qu'il serait dommage de
passer à côté.
Bibliographie
[1] BONAFE, Freddy, CHEVALIER, Arlette, COMBES, Marie-Claire,
DEVILLE, Alain, DRAY, Liliane, ROBERT, Jean-Pierre, SAUTER, Mireille. Les
narrations de recherche de l'école primaire au lycée.
Co-édition de l'IREM de Montpellier et de l'APMEP, 2002. 168 pages.
ISBN 2-912846-27-7
[2] CHABERT-MENAGER, Geneviève, Des
élèves en difficulté, Paris: L'Harmattan, 1996.
Enseigner aujourd'hui: gérer la diversité, p. 53-56. ISBN
2-7384-4077-0
[3] CHABERT-MENAGER, Geneviève, Des
élèves en difficulté, Paris: L'Harmattan, 1996.
Absence de motivation, p. 120-123. ISBN 2-7384-4077-0
[4] CHABERT-MENAGER, Geneviève, Des
élèves en difficulté, Paris: L'Harmattan, 1996.
Quelles mesures pour quel contexte? p. 142-150. ISBN 2-7384-4077-0
[5] DE GAUDEMAR, Jean-Paul, Directeur de l'enseignement
scolaire. Organisation pédagogique des établissements.
Éducation prioritaire: des objectifs et des méthodes pour lutter
contre la fracture scolaire et élaborer des contrats de réussite
scolaire. Bulletin Officiel n°33 du 11 septembre 2003. Disponible sur
http://www.education.gouv.fr/bo/2003/33/MENE0301905C.htm
[6] DO, Chi-Lan, ALLUIN, François. Les
représentations de la grande difficulté scolaire par les
enseignants. Les dossiers enseignement scolaire, mars 2007. p. 70-76.
Disponible sur
http://media.education.gouv.fr/file/91/3/4913.pdf
[7] FICHEL, Jean-Pierre, JAUFFRET, Brigitte, MEGARD, Marie,
RAYNAL, Martine. Enseigner en ZEP. Témoignages de trois professeurs
de collèges de Marseille et d'Avignon. Modifié en août
2008. Disponible sur
http://www.maths.ac-aixmarseille.fr/ipr/zep/ZEP_temoignages.pdf
[8] FRETE, Catherine. Enseigner en ZEP, un défi pour
les enseignants en collège. Mis en ligne le 21 octobre 2010.
Disponible sur
http://www.suite101.fr/content/enseigner-en-zep-undefi-pour-les-enseignants-en-college-a19649
[9] GERARD, Patrick. Education prioritaire. Principe et
modalités de la politique de l'éducation prioritaire.
Bulletin Officiel n°14 du 6 avril 2006. Disponible sur
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/14/MENE0600995C.htm
[10] GIRMENS, Yves. Maths et éducation prioritaire.
2000. Disponible sur
http://www.educationprioritaire.education.fr/dossiers/maths/bonnes-feuilles/dis-fais-moi-undessin.html#hautDepage
[11] Groupe ZEP/Sesamath, Irem de Montpellier. Pourquoi des
narrations de recherche en ZEP? 2004. Disponible sur
http://cii.sesamath.net/mathadoc/narration//narrations_zep.PDF
[12] GUILLAUME, François-Régis. Enseigner en ZEP:
est-ce encore le même métier? Éducation &
formations, n°61, octobre-décembre 2001. Disponible sur
http://media.education.gouv.fr/file//44/7/5447.pdf
[13] GUYON, Régis, WAVELET, Jean-Michel, GRANDSERRE,
Sylvain, DESOMBRE, Caroline, DELELIS, Gérald, MADIOT, Pierre,
ZAKHARTCHOUK, Jean-Michel, BAUTIER, Élisabeth, RAYOU, Patrick, DELARUE
Francis, CASANOVA, Rémi, ETIENNE, Richard, JAUSET, Francis, MOY,
Corinne, Graig AME 33, BOURREAU, Jean-Pierre, SANCHEZ, Michèle,
LESCOUARCH, Laurent, GOIGNOUX, Roland, HIRIBARREN, Anne, CASTINCAUD, Florence,
FLOCH'HLAY, Sylvie, GRAU, Sylvie, HARDYENGELSON, Gabrielle, MOTHES, Patricia,
DEPUTIER, Florence, PERRAUDEAU, Michel, FOUQUE, Julien, GALLET, Corinne,
DABERT, Élisabeth, DABERT, Thierry, BARRY, Valérie, DUBERT,
François. Travailler avec les élèves en difficulté.
Cahiers pédagogiques, mars 2010, n°480. p. 9-56
[14] IGEN. Les travaux écrits des
élèves en mathématiques au collège et au
lycée. Créé en 2008. Disponible sur
http://www.pedagogie.acnantes.fr/1221459025067/0/fiche___document/&RH=1253731337524
[15] IREM de Paris 7. Expériences de narration de
recherche en mathématiques. Paris: ACL, les Éditions du
Kangourou, 2002. 96 pages. ISBN 2-87694-100-7
[16] PELTIER-BARBIER, Marie-Lise. Enseigner en ZEP,
difficultés des élèves, difficultés pour les
professeurs, le cas des mathématiques. Décembre 2007.
Disponible sur
http://www.ac-reims.fr/carep/conferences/Peltier-maths-en-zep-07.pdf
[17] PERRIN-GLORIAN, Marie-Jeanne. Que nous apprennent les
élèves en difficulté en mathématiques?
Repères, octobre 1997, n°29. p. 43-66
[18] REYNAUD, Sandrine, GUICHENUY, Robert, VALLAS, Gilles,
MARVIN, Yannick, AUVRAY, Sophie, MAMDOUH, Valérie, HEUTTE, Pascal,
BOUDET, Michel, THOMAS, Jean-Louis. Des pistes pour changer le collège,
Élèves en difficulté. Cahiers
pédagogiques, Mai 2002, n°404. p. 58-64
[19] SAUTER, Mireille. Narration de recherche: une nouvelle
pratique pédagogique. Repères, janvier 1998, n°30.
p. 9-21
[20] TERRAN, Jean-Pierre. Enseigner en ZEP, un métier
différent. Mis à jour en août 2008. Disponible sur
http://www.maths.ac-aix-marseille.fr/ipr/zep/EnseignerZEP%20.pdf
Annexes
Annexe 1
Activité - La rumeur court...
Marion a entendu parler d'une rumeur qui court au
collège. Le premier avril, elle envoie un mail à ses trois
meilleures amies pour les en informer. Le 2 avril, chacune de ses trois amies
envoie le même mail à trois nouvelles personnes, les informant
ainsi de la rumeur. La diffusion de la rumeur se poursuit de la même
manière : dès qu'une personne est informée, elle l'apprend
à trois autres le lendemain.
Combien de personnes apprendront la rumeur le 30 avril
?
Vous pourrez commencer par calculer le nombre de personnes
informées de la rumeur les premiers jours du mois d'avril:
1er avril
|
|
5 avril
|
|
2 avril
|
|
6 avril
|
|
3 avril
|
|
7 avril
|
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4 avril
|
|
8 avril
|
|
Afin de trouver le nombres de personnes informées de la
rumeur le 30 avril, on va utiliser un tableur.
Dans la colonne A, on note les jours du mois d'avril.
Dans la colonne D, on calcule le nombres de personnes qui sont au
courant de la rumeur.
Note ici le nombre inscrit dans la 30ème case
:
Quelle opération permet de calculer le nombre de personnes
informées de la rumeur le 3
avril ?
Le 8 avril ?
Le 15 avril ?
Le 30 avril ?
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Annexe 6
Fred, Amélie et Dimitri préparent un exposé
sur le
système solaire pour leur club d'astronomie. Ils ont
trouvé les données suivantes :
· Distance de la Terre au Soleil : S = 149 600 000
km;
· Distance de la Terre à Pluton : p = 5766 x
106 km;
· Distance de la Terre à Saturne : s = 1,425
milliards
de km.
Peut-on comparer facilement ces longueurs? Pourquoi?
|
Annexe 7
La planète Neptune a une superficie de 7 640 800 000
km2. La planète Jupiter a une superficie de 6,14 x
1010 km2.
La planète Saturne a une superficie de 43,466 milliards de
km2.
Quelle planète a la plus grande superficie? Quelle
planète a la plus petite superficie? Justifie tes réponses.
Annexe 8
Interrogation de cours
Lorsque c'est possible, écris chaque nombre sous la forme
an, où n est un entier relatif.
23 x 53 =
5-3
36 + 3-5 =
(4,3)-2 x (4,3)2 =
Écris chaque nombre sous la forme 10n
où n est un entier relatif.
1 000 000 = 0,000 01 =
Écris chaque nombre sous forme décimale.
10-3 = 107 =
Annexe 9
Exemples de sujets de narration de recherche : Sujet 1
: Niveau 3ème
Construire deux carrés de telle sorte que le
deuxième ait une aire double de celle du premier.
Sujet 2 : De la 6ème à
la 1ère
Étant donné quelques points placés sur une
feuille, combien peut-on tracer de segments différents joignant deux
quelconques de ces points ?
Compléter le tableau suivant :
|
Si j'ai...
|
Je peux tracer...
|
1 point
|
0 segment
|
2 points
|
1 segment
|
3 points
|
3 segments
|
4 points
|
6 segments
|
5 points
|
|
6 points
|
|
7 points
|
|
12 points
|
|
20 points
|
|
108 points
|
|
n points (n est un entier positif)
|
|
Sujet 3 : De la 3ème à
la 1ère
A et B sont deux points donnés. On souhaite construire en
utilisant seulement une règle non graduée (dont les
extrémités sont rongées...) et un compas, le point C
vérifiant les trois conditions suivantes :
1) C appartient à la droite (AB)
2) C n'appartient pas au segment [AB]
3) AC = 1 4 AB
|
Sujet 4 : Niveau 2nde
Vous disposez d'un cube de 10 cm d'arête et vous
désignez par A un de ses sommets. Déterminez tous les points du
cube situés à 15 cm du point A.
|
Sujet 5 :
Paul possède une certaine somme d'argent lorsqu'il part
faire ses achats.
Dans le premier magasin, il dépense la moitié de ce
qu'il possède, plus 1 €.
Dans le deuxième magasin, il dépense la
moitié de ce qui lui reste, plus 1 €.
Paul entre dans un troisième magasin, et là, il
dépense la moitié de de l'argent qui lui reste, plus 1 €.
Enfin il fait son dernier achat dans un quatrième magasin
où il dépense la moitié de ce qui lui reste, plus 1 €
, et il s'aperçoit alors qu'il a dépensé toutes ses
économies.
Combien d'argent Paul possédait-il au départ ?
|
Sujet 6 :
Un petit garçon raconte ses vacances.
« Il y a eu 11 jours de pluie ; pendant ces 11 jours, quand
il pleuvait le matin, il faisait beau l'après-midi, et s'il pleuvait
l'après-midi, il avait fait beau le matin ».
Au total ce petit garçon a eu 9 matinées et 12
après-midi sans pluie. Peux-tu trouver combien de jours de vacances a eu
ce petit garçon ?
|
Annexe 10
Si je calcule 131, le chiffre des unités est 3.
Si je calcule 132 le chiffre des unités est 9.
Quel est le chiffre des unités de 133,
134, 135 ?
Quel est le chiffre des unités de 132011 ?
|
Vous raconterez sur votre feuille :
- Les différentes étapes de votre recherche (vous
pouvez minuter le temps, joindre vos brouillons...)
- Les observations que vous avez pu faire et qui vous ont fait
progresser ou changer de méthode (il vaut mieux chercher seul
mais...)
- La façon dont vous expliquerez votre solution à
un (ou une) camarade que vous devez convaincre.
L'évaluation ne portera pas sur la nature de la solution
(juste, fausse, incomplète...) mais sur les trois points
évoqués ci-dessus.
Annexe 11 Copie d'Émilien
Pour une première réalisation, Émilien a
plutôt bien compris le principe de la narration de recherche. Il
écrit tout ce qu'il fait mais par contre il n'explique pas assez ses
démarches. Sa copie permet d'expliquer ses
calculs, mais sans
justifier la raison de tel ou tel raisonnement.
Il s'est tout de même bien plié au jeu de la
narration de recherche en cherchant
activement une solution à la question posée.
Copie de Joris
Cette copie est beaucoup plus sommaire ; il semble que Joris
n'ai pas réellement compris le principe de l'exercice demandé. En
réalité, Joris a fait des calculs sur une feuille de brouillon
pour arriver à la conclusion que les chiffres se
répétaient, mais il n'a pas joint son brouillon à la
copie. Cette réaction montre que les habitudes qu'ont les
élèves sont difficiles à déloger et à
modifier.
55
Copie de Juliette
La copie de Juliette est particulièrement
satisfaisante, en effet Juliette explique clairement son raisonnement et ses
démarches. Elle laisse apparaître une méthode qui n'a pas
abouti, c'est d'ailleurs dommage qu'elle n'explique pas d'avantage pourquoi
elle a abandonné cette voie. Juliette s'est invertie dans la recherche
durant toute la séance et n'a pas hésité à poser
des questions pour progresser.
Copie de Lory
Lory fait partie des élèves qui ont «
confiance » en leur calculatrice, elle pense donc que 132011 ne peut pas
exister étant donné que sa calculatrice ne le calcule pas. Sa
copie est tout de même intéressante car elle essaye d'argumenter
malgré tout son raisonnement contrairement à d'autres
élèves qui ont simplement dit que c'était impossible. Ceci
montre que Lory a tout de même intégré un des enjeux de la
narration de recherche : l'argumentation.
Copie de Quentin
Cette copie est également relativement satisfaisante,
même si là encore, il manque les commentaires et l'argumentation
des différentes méthodes de recherche. La conclusion est la
même que celle de Juliette car ces deux élèves ont
travaillé ensemble durant la seconde partie de la séance. Dans la
première phase de travail, on peut remarquer que Quentin a
travaillé uniquement avec sa calculatrice en essayant de
décomposer les opérations afin d'obtenir une suite
d'opérations égale à 132011 et
réalisable par sa calculatrice. Le constat est flagrant, la calculatrice
a fermé certaines pistes de réflexions pour Quentin qui n'avait
pas envisagé de résoudre l'exercice sans.
Copie de Lise et Camille
Cette copie manque également beaucoup de
rédaction. La partie recherche est bien présente en revanche.
Malgré un travail sérieux de la part de ces deux
élèves, leur copie montre bien, encore une fois, qu'il n'est pas
évident de modifier les habitudes des élèves qui en
mathématiques ne sont pas habitués à réaliser ce
genre de travail. C'est un travail de longue haleine qui doit s'effectuer tout
au long de l'année. Cette copie reflète également le
« danger » que représente la calculatrice : en effet elle
renvoie ici une écriture scientifique qui n'est d'aucune aide pour
résoudre cet exercice et qui peut donc induire les élèves
en erreur.
62
Copie d'Inès et Florine
Dans la première partie de leur recherche commune,
Inès et Florine ont réellement fourni un travail
intéressant en essayant de trouver un lien entre les chiffres
présents dans un nombre et le chiffre des unités de ce nombre.
C'est tout à fait le travail attendu lors d'une narration de recherche :
envisager différentes pistes de recherche. Même si là aussi
la rédaction manque, la recherche est très satisfaisante.
Après avoir constaté que ce raisonnement ne fonctionnait pas,
Inès et Florine se sont rabattues, et c'est bien dommage, sur la
calculatrice qui ne leur a pas été d'une grande aide. Elle leur a
cependant fourni une autre piste de recherche.
Annexe 12
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