PARTIE 3 :
EFFET DE L'APPORT DE MATIERES
ORGANIQUES SUR LES SERVICES
ECOSYSTEMIQUES LIES A LA PRODUCTION
VEGETALE ET A LA QUALITE DES SOLS DE
« TANETY » MIS EN CULTURE.
CHAPITRE 1 : PRODUCTION VEGETALE SUR UN « TANETY
» MIS EN CULTURE AVEC APPORT D'INTRANTS ORGANIQUES
1.1. Introduction
La concomitance de l'accroissement de la demande de biomasse
végétale et de la crise environnementale globale est porteuse
d'enjeux scientifiques considérables au plan national comme au plan
mondial. Cette conjonction requiert notamment le renforcement des approches
systémiques et intégratives et des capacités d'innovation.
D'une part, les différentes facettes de la crise environnementale,
changements climatiques, érosion de la biodiversité, invasions
biologiques, compétition pour les usages du sol, tension sur les
ressources en eau, dégradation de la qualité des sols,
interrogent sur la durabilité, la robustesse et l'adaptabilité
des systèmes de production, sur leurs impacts écologiques et sur
leur capacité à générer des services
environnementaux. D'autre part, l'évolution démographique
mondiale et les crises alimentaires, suscitent un accroissement global de la
demande de biomasses végétales pour des utilisations
diversifiées, en premier lieu pour l'alimentation humaine et animale,
mais aussi pour des usages énergétiques. (Bazoumana, 2009).
A Madagascar, la demande croissante en riz et l'augmentation
de la pression foncière sur les terres inondées, liées
à la croissance démographique (2,8% par an) et la diminution des
rendements, conduisent au développement d'une riziculture pluviale sur
les ferralsols des « tanety » (ou collines). Les
rizicultures aquatiques (irriguées et bas-fonds) représentent
encore près de 80% des superficies rizicoles et 90% de la production
(Rakotoarisoa, 2007) ; les rizicultures pluviales ne représentant
qu'environ 15% des superficies (20% en comptant les surfaces de
tavy24) et moins de 10% de la production.
Les principales contraintes des ferralsols de «
tanety » sont la toxicité de l'aluminium, la carence en
phosphore et en calcium. Ces terres représentent en outre le principal
potentiel d'accroissement des superficies cultivées et de la production
agricole dans de nombreux pays tropicaux. (Rabeharisoa, 2004).
Dans l'agglomération d'Antananarivo et de sa
périphérie, dominées par des systèmes de culture
à base rizicoles et maraichers des bas fonds et de
céréales des « tanety », les techniques de
gestion de la fertilité pratiquées par les agriculteurs
conduisent à un épuisement rapide des sols (N'Dienor, 2006 ;
Yemefack et al., 2004). En Afrique de l'Ouest, des recherches qui ont
été menées à partir des années 50 ont
privilégié une conception économique en visant
principalement une amélioration de la composante chimique de la
24 Tavy : culture itinérante sur
abatis-brûlis pratiquée sur la façade orientale de
l'île
fertilité. Ainsi, les gouvernants ont
prôné l'emploi massif des engrais minéraux pour
améliorer de façon significative les rendements. Dans les
années 70, la crise énergétique, l'acidification des sols,
la dégradation pluviométrique, vont remettre en cause ce type de
gestion de la fertilité en recherchant une économie maximum
d'engrais fondée entre autres sur une valorisation des intrants locaux
dont la matière organique. La valorisation des résidus de
récolte et l'intégration agriculture-élevage alors
fortement encouragées, participaient de cette économie d'engrais.
A partir des années 90, la prise en compte par les Etats de la
préservation de l'environnement, va opérer un changement radical
dans l'approche des agrosystèmes en ce qui concerne l'importance du sol
qui est considéré comme partie intégrante et vitale de la
biosphère, l'objectif à atteindre qui n'est plus la «
maximisation » du rendement, mais son « optimisation » qui prend
en compte la quantité et la qualité des récoltes, et la
protection de l'environnement. Les acquis de la Recherche tropicale sur la
gestion des MO et la maîtrise de l'azote (notamment la réduction
des pertes de N) dès les années 70, ont pu être très
rapidement mis en cohérence et valorisés au profit de cette
nouvelle approche pour une agriculture durable respectueuse de l'environnement
(Ganry et Thuriès, 2005). De nombreux travaux ont montré le
rôle multiple de la MO dans l'aptitude du sol à produire
durablement des récoltes en quantité et en qualité
(Koulibaly et al., 2009) ; (Raharinosy, 1983b) ; (Labioui et
al., 2006) ; (Mvondo et al., 2003) ; N'Dienor, 2006 ), dans la
diminution du risque. En ce qui concerne le risque « sécheresse
», on a montré, en conditions expérimentales dans le Nord du
Sénégal, que lorsque les sols sont fumés
régulièrement par le fumier composté, la sécheresse
même sévère (pluviométrie comprise entre 200 mm et
300 mm), permet une production végétale d'environ 1 t
ha-1 alors qu'en milieu paysan la production est souvent nulle.
Cette expérimentation a été mise en place
afin de tester l'effet de la qualité et de la quantité d'apport
des différents apports organiques exogènes sur la croissance des
plantes, la production de biomasses et des rendements des maïs grains sur
des ferralsols de « tanety » à Madagascar.
Les objectifs sont de comparer l'effet des terreaux
d'Andralanitra (produits de criblage de déchets urbains) sur la
production végétale par rapport au fumier et à une
matière plus riche (compost à base de déchet d'abattoir,
de sciure de bois et de déchets verts).
1.2 Matériels et méthodes 1.2.1.
Site d'étude
Le dispositif expérimental a été mis en
place sur la station expérimentale de la société
privée « Vohitra Environnement ». Le site est
situé à Lazaina, Fokontany Ambolotara, à 12 km au Nord
Est d'Antananarivo, dans la commune d'Ambohimanga, district d'Anjozorobe,
région
Données climatiques (année 2006-2007)
Données climatiques (année 2007-2008)
d'Analamanga à une altitude de 1274 m, une latitude de
18°46'54.47»S et une longitude 47°32'3.46»E (Google
Earth).
1.2.1.1. Sols
Les parcelles sont caractérisées par des sols de
« tanety », non cultivées depuis plus de trente ans.
Les sols étudiés sont caractérisés par une texture
à dominance d'argile. La teneur moyenne d'argile étant de 32,9%.
Ce site présente un faible taux de matière organique de l'ordre
de 37,1 mg .g-1, un pH de 6,59. Les caractéristiques physico
chimiques des sols sont données dans le tableau 2.14 (partie 2). Ce sol
est insuffisamment pourvu en éléments nutritifs tels que l'N et
le P. Les apports d'engrais sont donc nécessaires.
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