Hygiène des mains auprès des infirmiers
en activités des soins Enquête menée dans quelques
hôpitaux de référence de Kinshasa
Nsobani L.D. (*), Mfunyi C. (**), Tshitadi M.A.
(**)
(*)CEllule pour la Promotion des Pratiques d'HYgiène,
Institut Supérieur en Sciences Infirmières (ISSI-CEPPHY)
(**) Sections techniques de laboratoire et Sciences
infirmières, Institut Supérieur des Techniques Médicales
de Kinshasa
Résumé
Le présent travail a eu pour objectif
l'évaluation du niveau d'hygiène des mains et les raisons non
observance de cette pratique dans les services de Chirurgie, Pédiatrie
et Gynéco-obstétrique de quatre hôpitaux de
référence de Kinshasa dans le cadre du projet initié par
l'ISSI sur « amélioration de l'hygiène hospitalière
et communautaire de Kinshasa et du Bas-Congo », par le mise en place de la
CEPPHY. Pour ce faire, 94 infirmiers ont été observés et
interviewés suivant le questionnaire préétabli et 44
échantillons ont aussi été prélevés sur les
mains et les bagues des infirmiers ayant accepté.
L'analyse a montré qu'au total de 12 services de quatre
hôpitaux, 55,3% ont l'eau courante, 71,3% ont des robinets dans les
services mais, tous non adaptés ; 74,5% ont des lavabos
réservés pour le lavage des mains, aucune poubelle
réservée pour recueillir les serviettes à usage unique et
23,4% des services ont des protocoles affichés sur l'hygiène des
mains. En outre, seulement 38,3% des infirmiers se lavent les mains (contre
61,7% qui ne se lavent) avant l'administration des soins avec le pain de savon
(en brique), 64% et 60% des staphyloccus aureus ont été
isolés respectivement sur les mains et sur les bagues de ces infirmiers.
La solution hydro-alcoolique est encore méconnaissable dans ces
hôpitaux. Pour ces infirmiers, les raisons de non observance sont les
suivantes : port de gants (59,6%), négligence et absence de la SHA
(57,4%) et la distance au point d'eau (50%).
Sur un total de 94 infirmiers, d'abord, 71,3% sont du sexe
féminin, 25,5% sont dans les tranches de 34 ans et de 34 à 38 ans
avec un écart-type de 7,6 ans mais (à l'ge > 44 ans, IC
à 95%, p0,00) ; 27,7% sont dans la tranche d'ancienneté de 12
à 18 ans avec un écart-type de 6,8 ans ; 48,9% ont un niveau
d'instruction A2 ; 83,3% ont suivi une seule fois la formation en
hygiène et 30,9% se servent de l'aide pour se verser de l'eau pour le
lavage de mains en cas d'usage de la bassine. Ensuite, le statut privé
(oil la gestion n'est pas à 100% de l'Etat) est influencé sur les
hôpitaux de l'Etat (OR : 6,22 ; IC 95% [1,49-29,89] ; p=0,007) et le
niveau A3 (OR : 11,67 ; IC 95% [0,88+331,63] ; p=0,04). Enfin, les infirmiers
ont de bonnes connaissances et affichent une bonne attitude sur
l'hygiène mais la pratique est mauvaise (IC à 95%, p=0,027).
En conclusion, nos résultats suggèrent
qu'à Kinshasa, en dépit des connaissances que les
infirmières ont sur l'hygiène des mains, leur niveau de pratique
de l'hygiène des mains est défectueux et les bagues constituent
un réservoir microbien.
Mots-clés : Hygiène des mains,
hôpitaux de référence, Kinshasa. Introduction
Le concept d'hygiène des mains est un processus du
traitement des mains par un savon liquide non médicamenteux ou par un
produit (savon ou gel ou solution) ayant un spectre d'activité
antimicrobien ciblé sur les micro-organismes de la flore cutanée
(surtout) transitoire afin de prévenir leur transmission"[1].
L'hygiène des mains est avant tout une politique visant à
prévenir l'infection nosocomiale (IN) car, le manuportage est un facteur
déterminant dans la transmission de l'IN (50 à 85% des IN sont
manuportées). Et c'est un aspect important des précautions «
standard » dites jadis universelles. Le lavage des mains, suite aux
travaux de Semmelweis, est reconnu depuis plus d'un siècle comme une
mesure efficace de prévention des infections. De nombreuses
épidémies hospitalières dues à la contamination par
les mains traduisent bien son importance [2].
Ainsi, l'hygiène des mains constitue le premier moyen
de lutte contre l'IN sur les plans historique et de l'efficacité. C'est
la barrière déterminante pour limiter les IN à
transmission interpersonnelle. Il doit intervenir chaque fois que des soins
sont effectués successivement d'un patient à l'autre. Ceci
suppose aussi un effort pour
modifier les habitudes architecturales et mettre à la
disposition du personnel, dans chaque chambre, le matériel
nécessaire pour la réalisation de l'hygiène des mains [2].
L'émergence des infections du site opératoire et le manque de
quasi-totalité des intrants et des moyens dans les hôpitaux pose
la problématique l'hygiène des mains en termes apocalyptiques.
Le propre de la main, c'est d'tre souvent sale. La main
récolte (abrite une flore transitoire et une flore résidente, en
l'absence de lavage des mains, cette flore peut atteindre un stade critique
inquiétant) et transmet les germes. Aussi, la main comme le premier
instrument du soin, elle touche, intervient, soigne, nettoie. Cette main qui
entretient est un vecteur élevé et potentiel de microorganismes,
mrme si paradoxalement, c'est bien elle qui secourt ou qui guérit.
L'hygiène des mains se fait par lavage (eau+savon) et par friction avec
une solution hydro-alcoolique (SHA) [3-4].
Dans cette problématique, les hôpitaux de
Kinshasa présentent une dimension tout à fait particulière
manquant presque tout (eau courante, savon liquide, robinet, serviette à
usage unique, poubelle appropriée, protocoles et la solution
hydro-alcoolique).
Cette enqu~te a été menée en vue
d'évaluer concrètement le niveau d'hygiène des mains dans
les hôpitaux de référence de la ville de Kinshasa en
partenariat avec la CEPPHY, projet sur l'amélioration de
l'hygiène hospitalière et communautaire de Kinshasa et du
Bas-Congo.
Matériel et méthodes
1. Sites et type d'étude
Cette enquête avait ciblé les services de
gynécoobstétrique, chirurgie générale et
pédiatrie de quatre établissements de référence de
la ville de Kinshasa, à savoir : Centre Hospitalier Roi Baudouin
1er de Masina, Centre Hospitalier de Kingasani II, Centre de
Santé Mère et Enfant de Ngaba et la Clinique Emeraude. Celle-ci
était une étude CAP (connaissances, attitude et pratique).
2. Données collectées
La collecte des données était menée par
une équipe de deux enquêteurs et entre les mois de novembre 2008
au février 2009. Le travail des enquêteurs consistait à
noter le fruit de leur observation et interview, ainsi que les réponses
aux questions fournies par les infirmiers rencontrés sur les lieux
ciblés suivant un formulaire de collecte préétabli. Cette
enqu~te était constituée d'un échantillonnage non
probabiliste de convenance de 94 infirmiers et 44 échantillons
prélevés sur les mains (pour les enqu~tés ayant
accepté pendant qu'ils étaient pr~ts à administrer les
soins). Ainsi, les tubes stériles à usage unique, les
écouvillons stériles, l'eau physiologique à 0,9%, bon de
prélèvement, tampon d'ouate et alcool à 70°,
seringues et aiguilles stériles, gants, un stylo, marqueur pour
l'identification, cellulose stérile pour s'essuyer les mains et
boîte isotherme pour le transport des échantillons ont
utilisés.
Pour l'identification des germes, la galerie Api était
utilisée car, elle est très performant et très fiable,
facile à manipuler et grâce à ses divers caractères
biochimiques et elle parvienne à identifier plusieurs microorganismes en
24 heures. Les milieux des cultures utilisés : milieu de transport de
type Swabs, milieu d'enrichissement bouillon au Coeur Cervelle, Mac
Conkey-gélose, Mannitol Salt Agar (MSA), Trypcase-soja-gélose,
Hektoen-gélose et Columbia-gélose. Les analyses ont
été effectuées à l'aide du logiciel Excel 2007 et
EPI-INFO version 6 et SPSS version 13.0. Les tests de Khi-carré et de
Fisher (p bilatérale) ont été appliqués à
l'Intervalle de Confiance (IC) de 95%.
Résultats
1. Profil des hôpitaux et des
enquêtés
Au total de 94 infirmiers, 71,3% sont du sexe féminin,
25,5% sont dans les tranches de 34 ans et de 34 à 38 ans avec un
écart-type de 7,6 ans mais (à l'ge > 44 ans p=0,00) ; 27,7%
sont dans la tranche d'ancienneté de 12 à 18 ans avec un
écart-type de 6,8 ans ; 48,9% ont un niveau d'instruction A2, (et pour A
3 à 15,8%, p=0,00) ; 83,3% ont suivi une seule fois la formation en
hygiène et 30,9% se servent de l'aide pour se verser de l'eau pour le
lavage de mains en cas d'usage de récipient. Au total de
12 services de quatre hôpitaux, 55,3% ont l'eau
courante, 71,3% ont des robinets dans les services mais, tous non
adaptés ; 74,5% ont des lavabos réservés pour le lavage
des mains, aucune poubelle réservée pour recueillir les
serviettes et 23,4% ont des protocoles affichés sur l'hygiène des
mains.
|