I. INTRODUCTION
Dans les sociétés africaines, la naissance
constitue l'un des facteurs qui conditionnent le statut social d'une femme. La
venue d'un enfant est toujours source de multiples réjouissances.
Attendre un enfant, le mettre au monde, pouvoir le serrer contre soi, sont les
voeux de toute femme [1].
La grossesse, si elle est bien menée, aboutit à
une naissance vivante et constitue pour la femme un critère de
valorisation sociale. Cependant, pour des milliers de femmes, une naissance
n'est pas toujours la cause d'allégresse qu'elle devrait être. En
effet, elle peut être, une grande souffrance à l'issue souvent
fatale [1].
A l'aube du nouveau millénaire, dans un monde qui
connaît une croissance économique traversée par des crises
de valeurs éthiques et des progrès technologiques sans
précédent, il y a toujours un nombre alarmant de femmes qui
meurent au cours de la grossesse et de l'accouchement [1].
En 1996, il a été rapporté que chaque
minute, chaque jour, quelque part dans le monde, une femme meurt de
complications de la grossesse et ou de l'accouchement [2].
Chaque année, plus de 150 millions de femmes sont
sujettes à des grossesses dans les pays en développement.
Près de 500 000 d'entres elles meurent de causes reliées à
la grossesse et 50 millions souffrent d'une complication grave de la grossesse
qui, faute de soins obstétricaux qualifiés, risquent
d'entraîner un décès ou une pathologie grave [2].
Au Mali, les femmes en âge de procréer (15- 49
ans) représentent 21,28% de la population [3]. Dans ce groupe, le taux
de mortalité maternelle est de 582 pour 100 000 [4].
La consultation prénatale (CPN) est une activité
préventive dont le but essentiel est d'assurer la réduction de la
mortalité périnatale et maternelle, de même que
l'éducation sanitaire des mères. Maillon essentiel dans la lutte
contre
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
la mortalité maternelle, la consultation prénatale
doit s'efforcer de prendre en charge l'ensemble des femmes enceintes.
1.1. Enoncé du problème
La majorité des études menées jusqu'ici
concernant les soins prénatals dans le district de Bamako n'ont
concerné que l'évaluation de la qualité de la consultation
prénatale. Les résultats de l'EDSM IV (2001-2006)
révèlent que la proportion de femmes ayant effectué au
moins une visite prénatale auprès du personnel qualifié
est passée de 58% à 70%. Malgré l'amélioration des
soins pré natals au cours des cinq (5) dernières années la
mortalité maternelle reste élevée au Mali [5]. En effet
parmi les 70% des femmes qui effectuent au moins une visite prénatale,
nombre d'entres elles n'y reviennent plus assurer la continuité des
soins prénatals. C'est ce que Béninguisse et Nikiéman
appellent déperdition des soins prénatals [6]. Les études
concernant le dynamisme d'utilisation des soins prénatals ont
été laissées pour compte. La majorité des femmes
qui suivent les soins prénatals ne les font pas en général
de manière régulière [7] pourtant, l'un des
intérêts de la consultation prénatale (CPN) est d'aider
à la préparation d'un accouchement sous assistance
médicale (avec éventuellement des soins obstétricaux
d'urgence) dont l'efficacité pour la lutte contre la mortalité
maternelle a été empiriquement démontrée. [8]
Par exemple au Tchad, la probabilité pour une femme
ayant effectué la troisième visite prénatale d'effectuer
une visite supplémentaire demeure faible (0,60) d'où une
probabilité de déperdition de 0,40 (1-0,60) [8].
La déperdition des soins prénatals n'est pas
souhaitable parce que chaque période de la grossesse comporte son lot de
risques avec une culmination à la fin de la grossesse, période
à laquelle il est estimé que les deux tiers des
décès maternels surviennent (Abou Zahr, cité par
Beninguisse et Nikièma, 2005) [6].
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Thèse de Médecine - Nelly A.
GBESSEMEHLAN
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
Pour être efficaces, les soins prénatals doivent
être reçus à un stade précoce et, ce surtout, ils
doivent se poursuivre avec une certaine régularité jusqu'à
l'accouchement [6].
L'Organisation Mondiale de la Santé recommande au moins
quatre (4) visites prénatales à intervalle régulier tout
au long de la grossesse [9]. Compte tenu de la montée galopante de la
pandémie du VIH/SIDA, l'irrégularité des soins
prénatals contribuerait à compromettre la prévention de la
transmission de la mère-enfant [9].
La couverture prénatale si elle atteint des niveaux
appréciables dans certaines régions du monde demeure encore
insuffisante dans les pays en voie de développement.
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