- Par rapport à la réalisation
des CPN chez les femmes enceintes, on a eu
l'excellente surprise de constater que 92,6% des femmes l'ont
fait, par contre Adam a trouvé dans son étude un taux de 99,2%.
Parmi la population utilisatrice des services prénatals, une large
majorité ne revient plus à la prochaine visite assurer la
continuité des soins. La déperdition des soins prénatals
constitue ainsi un blocage à la lutte contre la mortalité
maternelle et périnatale. Cette étude vise à identifier
les facteurs associés à ce phénomène de
façon à améliorer la santé maternelle et infantile
dans la commune II du district de Bamako.
- Par rapport aux résultats des
enquêtes précédentes, on constate une
amélioration régulière de la proportion de
femmes ayant effectué un suivi
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
prénatal. En effet, la proportion de femmes ayant
effectué au moins une visite prénatale est de 92,6% dans notre
étude. Ce taux était de 70% au cours l'EDSMIV.
Pour être efficace, les soins prénatals doivent
être effectués à un stade précoce de la grossesse
et, surtout, ils doivent se poursuivre avec une certaine
régularité jusqu'à l'accouchement. L'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) recommande, au moins, quatre visites
prénatales, à intervalles réguliers tout au long de la
grossesse. 52,6% des gestantes ont effectué au moins les quatre visites
recommandées. Dans 40% des cas, elles n'ont effectué qu'une
à trois visites prénatales contre 34% au cours de l'EDSM-IV et,
dans 7,4% des cas, elles n'ont effectué aucune visite.
En ce qui concerne le stade de la grossesse auquel a eu lieu
la première visite, on constate que dans 47% des cas, la première
visite s'est déroulée à moins de trois mois de grossesse
contre 30% au cours de l'EDSM-IV et dans 53% des cas elle s'est
déroulée à plus de trois mois contre 70% au cours
l'EDSM-IV.
- Par rapport à la connaissance des
mères sur les soins prénatals, l'intérêt
des consultations prénatales en termes d'impact sur la
santé de la mère et de l'enfant (prématurité,
faible poids de naissance, mortinatalité) [25] est l'objet de
controverses depuis quelques années. Ce travail ne vise pas à
évaluer cet impact, mais essentiellement l'apport des consultations
pré et post natales sur les connaissances et les pratiques
préventives qui, indirectement, devraient avoir un impact sur la
santé de la mère et de l'enfant. Nous avons
démontré que les consultations prénatales (par le biais de
l'éducation sanitaire) améliorent d'une manière
significative les connaissances des mères en rapport avec
l'intérêt du suivi prénatal, de la planification familiale,
et des visites post natales.
De même au niveau des pratiques, les mères
informées qui connaissent l'intérêt et le nombre requis des
visites prénatales ont effectivement une surveillance prénatale
plus adéquate que les femmes qui l'ignorent. Ces
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Thèse de Médecine - Nelly A.
GBESSEMEHLAN
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
constatations concordent avec celles d'une étude
publiée en 1993 où les auteurs [26] rapportent que 83,5% des
femmes qui perçoivent l'intérêt des visites
prénatales, consultent au cours de leur grossesse contre 29,1% seulement
des femmes qui ne perçoivent pas l'intérêt.
Pour ce qui a trait au degré de connaissances des
mères, nos résultats sont similaires à ceux
rapportés dans la région de Kalaâ Kébira en 1989
[27]. En effet, la population des femmes qui ignore l'intérêt des
visites prénatales, est de 24,8% dans notre série et de 7,6 %
dans l'étude de Kalaâ Kébira [27].
Par rapport au nombre minimum requis de visites
prénatales, 46,28% des femmes de notre cohorte connaissent ce nombre
minimum, une proportion de 59% a été rapportée en 1999
dans le Sahel Tunisien [28]. Une proportion similaire de 63,6 % a
été rapportée en 1995 dans les circonscriptions sanitaires
de Monastir et de Ksar Hellal [29]. En 1989 à Kalaâ Kébira
[27] cette proportion était de 34,5%.
En matière de contraception, la majorité des
femmes connaît l'intérêt de celle-ci mais seulement 35,1% de
notre série adoptaient une méthode contraceptive au moment de
notre enquête. Les visites des femmes dans les formations sanitaires pour
une raison de santé quelconque, que ce soit pour elles-mêmes ou
pour leurs enfants, constituent des occasions à ne pas manquer par les
prestataires pour discuter avec elles de la planification familiale. Le niveau
d'instruction apparait comme le facteur le plus déterminant de
l'utilisation contraceptive.
La consultation prénatale (CPN) permet de prendre les
mesures appropriées pour que l'accouchement se déroule au bon
moment (programmer si nécessaire), au bon endroit (référer
s'il le faut), et dans les meilleures conditions (considérer les
particularités de chaque parturiente) [30].
La première CPN (CPN1) doit ainsi être faite
relativement tôt en début de grossesse pour permettre une
quatrième CPN actuellement proposée par la Division de la
Santé de la Reproduction [31].
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
Ainsi, le retard à la CPN1 constitue un facteur
limitant de la surveillance correcte de la grossesse [32]. Dans notre
étude 53% avaient réalisé leur CPN1 à plus de trois
mois. L'influence de l'ignorance des risques pouvant survenir au cours du
premier trimestre de grossesse s'explique par les croyances et pratiques qu'il
importe de changer par des messages d'éducation pour la santé
[28]. L'influence de la grossesse non attendue (non désirée)
pourrait s'expliquer par la honte et la crainte ainsi que par l'espoir de son
interruption spontanée ou clandestinement provoquée avant qu'elle
ne soit visible. Elle remet à jour les besoins non satisfaits en
contraception [34]. Les femmes cachent leur grossesse sur la base de concepts
mystiques. Le profil social agit sur le retard de la CPN1 par
l'intermédiaire de trois éléments : l'âge, le nombre
d'accouchements, et l'illettrisme. L'influence de l'âge est
différente selon la situation considérée. Avant 18 ans,
les femmes ont en général plus de grossesses hors mariage,
condamnées par la société. Après 34 ans, se pose le
problème de rivalité entre coépouses, mais aussi la honte
pour une femme de continuer sa vie reproductive [31]. Le nombre d'accouchements
intervient par le biais du sentiment de culpabilité de la femme envers
le système de santé qui prône la planification familiale
[33]. L'illettrisme intervient par le biais de l'ignorance qu'il entretient
[28].
Nous avons constaté par ailleurs que certaines femmes
au cours de notre enquête sont demandeuses d'informations sur la
santé préconceptionnelle et aussi compte tenu du retard de la
CPN1 observé, cette demande doit être prise en compte.