Malgré l'amélioration des soins
prénatals au cours des cinq dernières années, la
mortalité maternelle reste élevée au Mali, comme dans le
reste des pays de la région, avec des taux se situant autour de 500
décès maternels pour 100 000 naissances vivantes [5]. Les
résultats de l'EDSM-IV suggèrent que le comportement
procréateur, mais aussi les conditions sanitaires, continuent à
constituer un risque important de mortalité dans un pays où la
fécondité reste encore très élevée. La
fécondité précoce, les grossesses rapprochées, le
manque de soins prénatals et l'absence d'assistance à
l'accouchement sont autant de facteurs qui font courir aux femmes des risques
élevés de décès lors de l'accouchement.
A cet égard, au Mali, comme dans les autres pays de
l'Afrique au Sud du Sahara, pour parvenir à une réduction de la
mortalité maternelle, des efforts devraient être entrepris
principalement dans deux domaines [5] :
· La disponibilité des soins prénatals et la
possibilité d'accoucher dans les établissements sanitaires,
surtout en zone rurale ;
· L'éducation des femmes, des familles et des
agents de santé pour détecter les grossesses à hauts
risques et, en particulier, les accouchements de femmes très jeunes.
En outre, des programmes éducatifs devraient insister
sur le fait que les femmes enceintes à risque doivent être
conduites dans des établissements équipés pour prendre en
charge les cas d'accouchement avec complications. Par rapport aux
résultats des enquêtes précédentes, on constate une
amélioration régulière de la proportion de femmes ayant
effectué un suivi prénatal.
En effet, entre, l'EDSM-III de 2001 et l'EDSM-IV de 2006, la
proportion de femmes ayant effectué au moins une visite prénatale
auprès de personnel formé est passée de 58% à
70%.
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Thèse de Médecine - Nelly A.
GBESSEMEHLAN
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
En ce qui concerne le stade de la grossesse auquel a eu lieu
la première visite, on constate que, dans 30% des cas, la
première visite s'est déroulée à moins de quatre
mois de grossesse. Dans 23% des cas, la première visite prénatale
a eu lieu entre 4 et 5 mois de grossesse et, dans 13% des cas, elle a eu lieu
relativement tard, entre 6 et 7 mois de grossesse. Enfin, on constate que dans
3% des cas, les femmes ont attendu le dernier stade de la grossesse pour
effectuer la première visite prénatale.
Le nombre médian de mois de grossesse à la
première visite s'établit à 4,3 d'où la
consultation du premier trimestre semble tardive. Cette consultation
ne permet de dépister les situations à risque qu'après le
début de la grossesse. Certains couples ou certaines femmes repartent
angoissés lorsque ces facteurs de risques sont évoqués
[24].
Pour mémoire, la grossesse se divise en quatre
périodes : la phase préembryonnaire, embryonnaire,
foetale et néonatale.
La période pré-embryonnaire débute
dès la conception, alors que la femme ne connait pas encore sa
grossesse. L'oeuf se segmente et a des échanges avec son environnement.
Tout élément exogène peut donc engendrer des
lésions. La nicotine par exemple peut à ce stade provoquer des
troubles du développement.
La phase embryonnaire (organogenèse) débute
dès le 13ème jour après la conception. Le risque
tératogène est maximal. Les facteurs sont parfois maternels tels
qu'une pathologie préexistante (épilepsie, diabète),
l'état nutritionnel (carence, sous ou surpoids), ou l'âge. Les
consultations au cours du premier trimestre de la grossesse interviennent donc
trop tard dans le développement de l'embryon. Elle ne permet pas une
bonne prévention des risques malformatifs.
Pour mémoire, la fermeture du tube neural se situe
28Jours après la conception. Une supplémentation en acide folique
débutée lors de la première consultation de grossesse ne
protège pas d'une anomalie. Ce retard de la
Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
première consultation prénatale constitue un
facteur limitant dans la surveillance correcte de la grossesse [24].
En effet parmi les 70% qui effectuent au moins une visite
prénatale, nombre d'entre elles n'y reviennent plus assurer la
continuité des soins prénatals. C'est ce que Béninguisse
et Nikiéman appellent déperdition des soins prénatals
[6].
Par exemple au Tchad, la probabilité pour une femme
ayant effectué la troisième visite prénatale d'effectuer
une visite supplémentaire demeure faible d'où une
probabilité de déperdition de 40% [8].
La déperdition des soins prénatals constitue une
menace pour la santé de la femme. Elle nécessite une attention
particulière.
Cette piste de recherche a été jusqu'ici
ignorée des études antérieures se rapportant à
l'utilisation des services de santé maternelle. C'est ainsi que cette
étude se propose d'évaluer des connaissances et attitudes des
femmes vis-à-vis des soins prénatals afin de formuler des
recommandations dans le but de contribuer à la réduction de la
morbi-mortalité materno-foetale au niveau du quartier de
Médina-coura de la Commune II du District de Bamako.
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Thèse de Médecine - Nelly A.
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Evaluation des connaissances et attitudes des femmes
vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura
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vis-à-vis des soins prénatals dans la Commune II du District de
Bamako : Cas du quartier de Médina-coura