La psychologue rencontre donc les personnes dont le staff social
a mis en évidence un désir ou un besoin de consultation.
Mme Jammet répartit de plus en plus son temps
d'activité professionnelle au niveau des consultations dans les
unités de soins pour deux grandes raisons :
- elle estime s'y trouver toute la raison d'être de sa
fonction de psychologue hospitalier.
- ces dernières années le nombre de personnes
demandant un suivi psychologique à l'hôpital de jour est en
diminution : certains jours, il y a très peu de consultations
programmées sur son carnet de consultations.
L'analyse de ce phénomène de diminution des
demandes de consultation à l'hôpital de jour permet d'avancer
plusieurs hypothèses explicatives :
> les nouveaux traitements (tri-thérapies) ont
considérablement modifié le rapport des personnes à la
séropositivité et à la maladie;
> les différentes consultations infirmières
(en box ou d'observance) sont réalisées par des soignants
formés à la relation d'aide qui apportent un soutien
psychologique de qualité probablement suffisant à nombre de
personnes. Les médecins participent également au soutien
psychologique des patients dans une relation beaucoup plus symétrique
qui autorise la personne à exprimer son ressenti ;
> certaines personnes préféreraient
être suivies en extra-hospitalier : l'hôpital les renvoie à
un contexte angoissant (résultats d'examens etc... ) qui n'est pas
propice au travail sur soi. Nombre de patients m'ont demandé si je
consultais en ville et ont exprimé que si tel avait été le
cas, ils auraient souhaité alors s'engager dans un travail
psychothérapeutique. Les nouveaux locaux de l'hôpital de jour
prévoient un bureau de psychologue dans l'unité même ce qui
risque de ne pas aller dans le sens de ce que souhaitent les patients...
Ces consultations sont cliniques au sens étymologique
puisqu'elles ont lieu dans la chambre du patient « au pied du lit »
du patient...
La thérapeute s'assure toujours d'un moment ou d'un lieu
qui feront que le voisin de chambre ne sera pas présent à ce
moment.
Soit elle se présente en disant que les
infirmières lui ont transmis que la personne souhaitait la rencontrer.
Elles les invite alors à exprimer ce qui les amène à
souhaiter rencontrer la psychologue ;soit elle vient se présenter
spontanément et incarner ainsi la possibilité offerte de
rencontrer une psychologue dans l'unité de soin.
Certaines consultations sont programmées en fonction de
l'annonce d'une « mauvaise nouvelle » par les médecins
(annonce de résultats de biopsies e faveur d'un cancer ; annonce de
maladie grave et chronique telle le Sida par exemple).
Les médecins s'efforcent de dire les mauvaises
nouvelles quand la personne peut avoir sa famille auprès d'elle ; ils
évitent les annonces la veille d'un week-end et la thérapeute
laisse un peu de temps mais pas trop pour aller voir la personne et la soutenir
dans cette épreuve.
Il s'agit d'éviter la phase primaire de choc qui
sidère souvent les facultés psychiques des personnes tout en
étant présente pour soutenir la personne dans cette
épreuve...
Il arrive parfois que l'accident de santé crée
un temps d'arrêt, une pause, une rupture dans un déroulement
temporel « anesthésié », une occasion capable de fonder
une volonté de changement chez la personne hospitalisée. La
psychologue s'efforce alors de séparer cette demande de travail sur soi
de la position de malade et propose aux personnes de consulter un psychologue
en extra-hospitalier.