Accords de partenariat économique et système agricole centrafricain( Télécharger le fichier original )par Hermas Guy Socrate Dieu Béni DJAMAWA ENDJIKPENO Université de Bangui République Centrafricaine - Maà®trise 2009 |
1.4.Analyse synthétique des impacts des APE sur le système agricoleDe nos analyses précédentes, nous allons donc faire dans les lignes qui suivent, une analyse synthétique sur le sens de l'impact de la libéralisation des échanges centrafricains par les APE. Cette analyse a donc pour but de dégager les impacts qui pourront résulter de la libéralisation des échanges centrafricains. Ces impacts seront analysés en termes d'effet positif, d'effet nul, ou encore en termes d'effet faible, effet moyen et effet fort.
Nous désignons aussi par les expressions telles que : faible, moyen et fort le sens de la concurrence qui opposera les produits locaux aux produits importés de l'Union Européenne. Le tableau ci-dessous va donc nous permettre d'analyser le sens de l'impact de la libéralisation des échanges sur le système agricole centrafricain. Tableau 28 : sens de l'impact sur le système agricole
Source : Nous mêmes Sur l'ensemble du système agricole centrafricain, l'insertion de la réciprocité par l'entremise des APE en RCA, aura ainsi un impact positif sur le système de production caractérisé par la baisse des prix des facteurs des productions, des intrants et fertilisants. Tandis que sur le système de culture, les impacts seront nuls pour l'agriculture vivrière36(*) mais négatifs pour l'agriculture d'exportation suite au démantèlement du Stabex. Sur le secteur d'élevage, l'impact est ici mesuré en termes d'enjeu, c'est-à-dire en termes de risques que peut courir ce secteur dans la situation de la libéralisation des échanges. Le tableau ci-dessous nous présentera les effets générés par la libéralisation des échanges dans le contexte des APE sur le secteur d'élevage centrafricain. Tableau 29 : Sens de l'impact des APE sur l'élevage centrafricain
Source : Nous mêmes Du tableau ci-dessus, l'impact des APE sera très dangereux sur la volaille locale. A long terme les centrafricains seront totalement dépendants de volailles importées à bas prix et à meilleure qualité. Cette dépendance va donc orienter la préférence des ménages centrafricains vers la consommation de poulets importés. Ainsi, lorsque le prix du kilogramme de poulet sera inférieur à celui de la viande bovine, il y aura substitution de viande bovine au poulet et le secteur d'élevage37(*) en général sera ainsi concurrencé. En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, nous allons donc évaluer l'impact de la réciprocité sur ce secteur en vue notamment de déterminer le sens de leurs effets sur l'ensemble des unités de production de ce secteur. Le tableau ci-dessous nous présentera donc les effets qui pourront résulter de la libéralisation des échanges sur le secteur agroalimentaire. Tableau 30 : Sens de l'impact des APE sur le secteur agroalimentaire
Source : Nous même Du tableau ci-dessus, l'analyse du classement des effets générés par l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine présente des risques pour l'ensemble du secteur agroalimentaire. En effet dans le court terme, le sucre ainsi que la bière centrafricaine seront fortement concurrencées par ceux qui sont importés de l'extérieur ; à moyen et long terme, ces unités de production ne peuvent donc pas résister à la concurrence et cèderont donc le marché aux produits importés. La libéralisation aura un effet moyen sur l'huile de palme et le café moulu à court terme ; en effet dans cette espace de temps, les ménages centrafricains continuent encore de consommer ces produits. Mais à moyens et long terme, la différence de qualité entre ces deux produits par rapport à ceux importés provoquera la baisse de leurs consommations au profit des mêmes produits importés à meilleure qualité. Seule la cigarette ne va pas connaître un effet inverse de la libéralisation car les fumeurs centrafricains sont déjà habitués aux cigarettes locales et ne changera pas rapidement leurs préférences pour les cigarettes importées. Au total, l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine provoquera une compétition entre les produits locaux et les produits importés. Cette compétition va donc provoquer la perte de vitesse de toutes des unités de production du secteur agroalimentaire dans un espace de long terme alors que ce secteur est créateur de la valeur ajoutée en République Centrafrique par ses consommations intermédiaires ainsi que les nouveaux emplois crées. De tout ce qui précède, il convient maintenant de faire une analyse synthétique à long terme des impacts en vue notamment de voir de manière générale les effets résultant de la mise en oeuvre des APE dans le système économique centrafricain. Le tableau ci-dessous nous permet donc de voir très concrètement le sens des effets générés par les APE sur chaque variable économique du secteur agricole centrafricain. Tableau 31 : Analyse synthétique des APE sur le secteur agricole centrafricain.
Source : Nous-mêmes X négatif X Neutre X positif X Nul Il ressort du tableau ci-dessus que la sommation négative des effets des APE est très élevée par rapport à la sommation des autres effets ; après cela vient celle des effets nuls. Les effets positifs, exprimés en valeur restent encore insignifiants pour équilibrer les deux autres effets. Ceci nous montre très concrètement que l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine va générer des effets à la fois positifs, nul mais beaucoup plus négatifs sur le système agricole. Au terme des analyses ci-dessus, nous sommes conduit aussi à évaluer les impacts des APE sur le niveau général des prix des produits alimentaires locaux ou importés en vue notamment de faire une comparaison des différences des prix en situation de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine. 1.3.1.Incidence des APE sur les prix des produits alimentaires Centrafricaine.Pour mesurer l'incidence des APE sur les prix des produits alimentaires centrafricains, il est nécessaire de connaître tout d'abord le taux des droits de douane pratiqué par la RCA sur les produits alimentaires importés de l'Union Européenne. Ainsi, à titre de rappel, il convient de noter que le tarif douanier appliqué par la RCA sur les produits alimentaires importés en provenance de l'Union Européenne varie entre 37,9% à 66,59%. Cela signifie que tous les produits alimentaires de l'UE importés par la RCA vont subir, à leur entrée sur le marché centrafricain et selon leur catégorie, une taxe douanière dont le taux s'élève respectivement comme indiqué ci-haut. Ainsi, avec le démantèlement des droits de douane centrafricains dans le cadre des APE, les taxes douanières pratiquées par la RCA sur les produits importés de l'Union Européenne vont être démantelées et cela aura donc une incidence en terme de baisse sur la variation des prix sur le marché local centrafricain. De tout ce qui précède, nous allons donc mettre en évidence dans les deux tableaux qui va suivre, l'impact des APE d'une part sur les prix des produits alimentaires substituables et d'autre part sur les prix des produits alimentaires non substituables. Le premier tableau ci-dessous nous permettra donc de voir très concrètement la variation des prix des produits alimentaires substituables dans la situation d'insertion des APE en République Centrafricaine. Tableau 32 : impact des APE sur les prix des produits alimentaires substituables*
Source : Nous même à partir des données (prix) de la BEAC et du taux (douanier) de la direction des douanes * Le concept de substitution ici évoqué concerne les produits locaux qui peuvent être substitués par les mêmes produits de l'UE. Par exemple, le poulet local et le poulet importé. La cinquième colonne du tableau ci-dessus nous permet de faire une comparaison entre les prix des produits alimentaires locaux en situation des APE et les prix des produits alimentaires importés dans cette même situation. Ainsi, avec l'instauration des APE en République Centrafricaine, le prix du poulet va passer de 3000 FCFA à 1025 FCFA soit une baisse de 55% de son prix initial ; ainsi un poulet actuel vaudra deux poulets en situation d'insertion des APE avec encore une marge supplémentaire de 950 FCFA. Le kilogramme du poisson (chinchards) qui coûte actuellement 1200 FCFA baissera très sensiblement avec les APE pour s'établir à 410 FCFA soit une nette différence de 790 FCFA sur son prix initial; ainsi, un kilogramme du poisson actuel vaudra deux kilogrammes en situation des APE avec encore une marge de 380 Fcfa de plus. Les ménages centrafricains achèteront en situation des APE une boîte de tomate concentrée à 55 Fcfa au lieu de 150 Fcfa auparavant soit un net surplus de 95 Fcfa sur leur pouvoir d'achat. Le prix unitaire de l'oeuf importé s'établira à 45 Fcfa avec les APE soit une réduction de 64% de son prix initial. Le prix du kilogramme de riz importés coûtera 170 Fcfa avec les APE contre 500 Fcfa auparavant soit une nette différence de 330 Fcfa représentant ainsi un surplus du pouvoir d'achat pour les ménages. Globalement, la dernière colonne du tableau ci-dessus nous montre très concrètement la différence ou encore l'écart des prix entre les produits alimentaires locaux et les produits alimentaires importés en situation de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine. Cette différence conduira donc les ménages centrafricains à substituer progressivement les produits locaux par les produits importés. Cette situation à long terme constitue donc un véritable facteur de dépendance totale des ménages centrafricains vis-à-vis des produits alimentaires importés. De cette analyse des prix des produits alimentaires substituables, le tableau ci-dessous va donc nous présenter la variation des prix des produits alimentaires non substituables en situation d'insertion des APE dans l'économie centrafricaine. Tableau 33 : Impact des APE sur les prix des produits alimentaires importés non substituables
Source : Nous même à partir des données de la BEAC (prix) et de la direction des douanes centrafricaines (taux de droit de douane). L'examen de la cinquième colonne du tableau ci-dessus nous montre très concrètement que les prix des produits alimentaires non substituables vont baisser très sensiblement avec les APE. En effet, la Sardine coûtera 155 Fcfa avec les APE contre 450Fcfa auparavant soit une baisse de 65,5% de son prix initial. De même le kilogramme de la farine baisera avec les APE à 180 Fcfa contre 530 Fcfa auparavant. Le lait concentré va voir une chute de son prix passant de 850 Fcfa à 290 Fcfa soit une baisse de 65,9%. Le nescafé dont le prix actuel est de 1000 Fcfa la boîte coûtera 335 Fcfa avec les APE représentant ainsi un surplus de 675 Fcfa sur le pouvoir d'achat des ménages. Le prix du vin rouge passera de 800 Fcfa à 270 Fcfa avec les APE soit un surplus de 530 Fcfa sur l'unité de vin acheté. Ceci nous montre qu'une unité de vin actuel vaudra trois unités de vin avec les APE. Globalement ces baisses des prix des produits alimentaires vont augmenter très sensiblement le pouvoir d'achat des ménages centrafricains et constituera donc un réel surplus pour les consommateurs centrafricains. En résumé, les deux tableaux ci-dessus mettent en évidence la baisse des prix des produits alimentaires en situation des APE. Cette baisse va donc générer des effets qui peuvent être analysés comme suit :
* 36 Parmi les produits vivriers, le riz connaîtra une concurrence avec le riz importé. * 37 La même analyse peut se faire pour les activités halieutiques (pêches). En effet, la baisse du prix des poissons importés (chinchards) en situation du démantèlement des droits de douane provoquera une baisse des activités des pêcheurs centrafricains. Comme nous n'avons pas eu des données disponibles sur la situation des activités halieutiques, nous ne pouvons donc pas faire une analyse scientifique des impacts sur ce secteur.
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