1.2. Impact des APE sur le système de culture
centrafricain
L'analyse du système de culture que nous avions fait
dans le chapitre précédent est très vaste ; ceci,
notamment pour une meilleure compréhension de ses composantes et de son
système de fonctionnement. Mais notre présente analyse en ce qui
concerne l'évaluation des impacts des APE, sera portée plus
précisément sur la culture vivrière et sur la culture de
rente.
1.2.1. Impact des APE sur l'agriculture
vivrière
Nous évaluerons ces impacts de deux
manières ; d'une part, l'analyse se fera sous l'angle des effets
des produits alimentaires importés par rapport aux produits vivriers
locaux et d'autre part l'analyse se portera aussi sur les effets du
démantèlement des droits de douanes sur les cultures
vivrières.
Il convient de noter que l'insertion de la
réciprocité dans les termes de l'échange entre l'UE et la
RCA analysée dans le contexte de la culture vivrière ne
présente pas assez des effets néfastes. En effet, les produits
alimentaires européens importés ne peuvent non plus concurrencer
les produits vivriers locaux car ces derniers constituent la base des produits
alimentaires des centrafricains (manioc, riz, maïs, mil/sorgho,
légumes).
Quant au démantèlement de droit de douane sur
les produits alimentaires importés de l'UE, cela va certes engendrer des
pertes des recettes publiques au titre du non paiement des droits et taxes de
douane devant être perçus sur ces produits. Nous allons
démontrer ici que ces pertes peuvent être aussi compensées
d'une autre manière. En effet, l'augmentation des importations des biens
de consommation en provenance de l'UE suite au démantèlement des
droits de douane provoquera la baisse sensible du prix de ces biens. Cette
baisse augmentera le surplus du consommateur centrafricain et va donc se
traduire par un accroissement du pouvoir d'achat des ménages et donc
corrélativement de la demande supplémentaire des produits de
consommation locale. Cette hausse de la demande de produits de consommation,
analysée dans l'optique keynésienne, va donc susciter des
nouvelles offres de ces produits ; ainsi, les producteurs locaux vont donc
augmenter le volume de leur production en vue de répondre à cette
demande supplémentaire. Pour augmenter le volume de leurs productions,
ces agriculteurs vont donc améliorer leurs techniques culturales en
abandonnant par exemple la culture manuelle pour s'orienter progressivement
vers la culture attelée et en utilisant aussi des outils de production
appropriés, des fertilisants en grandes quantités. La
conséquence directe de cette situation sera non seulement l'augmentation
du volume de la production locale, mais aussi l'amélioration ou le
progrès du système de culture centrafricain. Cette situation
donnera donc l'opportunité à la RCA de pouvoir diversifier ses
productions agricoles et d'envisager la production des biens de consommation
dont elle en dispose des avantages compétitifs et comparatifs sur les
autres marchés.
Pour que cette situation ici présentée puisse se
réaliser, il ne faut pas que le surplus du consommateur soit
accaparé par les commerçants importateurs ou distributeurs
autrement le démantèlement du droit de douane ne pourra pas
stimuler la demande locale mais va augmenter seulement la plus value de ces
commerçants. En effet, le surplus du consommateur pourra être
accaparé par le commerçant malgré le
démantèlement des droits de douane lorsque ce dernier
achète les produits importés à bas prix mais les revend au
prix initialement avant le démantèlement. Pour que cette
situation ne puisse pas se produire, des mécanismes de contrôle
des prix doivent être mis en place en vue notamment de contrôler
les prix pratiqués par les commerçants locaux.
Au total, les APE ne vont pas générer des effets
négatifs sur l'agriculture vivrière centrafricaine car la plupart
des produits alimentaires de l'UE importés par la RCA n'ont pas un
caractère de produits de substitution aux produits locaux mais servirons
plutôt des produits de complémentarité.
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