3.3.Analyse de la compétitivité des produits
agricoles centrafricains
La compétitivité d'un produit désigne
l'aptitude de ce produit à faire face à la concurrence des autres
produits. Au niveau de la nation, la compétitivité traduit la
capacité de cette nation à conserver ou à augmenter les
parts de ses marchés face à la concurrence
étrangère.
Plusieurs facteurs permettent d'analyser la
compétitivité d'un produit. Entre autre nous pouvons
considérer : les technologies utilisées, les volumes et
quantités des produits ainsi que les prix de vente. C'est donc
précisément sur ces facteurs que nous analyserons la
compétitivité des produits agricoles centrafricaine.
Sur le plan technologique, La RCA est moins compétitive
par rapport à plusieurs autres pays ACP notamment les pays de la CEMAC.
La technologie dont nous évoquons ici désigne l'ensemble des
moyens et outils de production agricole utilisés. En effet, comme nous
l'avions déjà présenté dans la section
précédente, les principaux outils ou moyens de production
agricole centrafricains restent globalement archaïques et rudimentaires.
Leur utilisation influe très négativement sur la
compétitivité du système agricole de la manière
suivante.
1) Affaiblissement de la compétitivité
en terme de volume
Le volume des produits agricoles exporté par RCA reste
insignifiant par rapport à la demande extérieure des
différents marchés dont elle en dispose des
préférences. Le faible volume résulte notamment des
faibles rendements des différentes cultures dues à l'usage des
outils non appropriés. Ainsi, en faisant donc une analyse de
l'évolution de production des différentes cultures pendant une
période décennale, on sera persuadé que ces productions
évoluent dans une tendance orientée globalement vers la baisse,
ceci notamment à cause de la faiblesse des facteurs technologiques.
Tableau 23: Evolution des principales
productions des différentes cultures.
Produits
|
1990
|
1995
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Moyenne
|
Cultures d'exportation
|
|
|
|
|
|
|
|
Coton graine
|
93.3
|
32.3
|
24.5
|
32.9
|
2.2
|
1.5
|
31.12
|
cafés coque
|
31.1
|
11.2
|
16.8
|
18
|
10.2
|
5.4
|
15.45
|
Tabac
|
0.5
|
0.2
|
0.2
|
0.1
|
0.2
|
0.2
|
0.023
|
Culture vivrière
|
|
|
|
|
|
|
|
Manioc
|
547.3
|
491.6
|
500
|
561.1
|
563.2
|
564.3
|
537.92
|
Mil/sorgho
|
30.2
|
33.0
|
41.8
|
50.3
|
52.2
|
53.1
|
43.55
|
Arachide
|
80.5
|
85.5
|
104
|
121.9
|
127.8
|
133.6
|
108.33
|
Maïs
|
51.1
|
70.8
|
100.7
|
107
|
113
|
119
|
93.6
|
Sésame
|
21.0
|
28.6
|
37.4
|
39.4
|
41.1
|
42.8
|
35.05
|
Riz
|
7.8
|
10.0
|
22.7
|
25.3
|
27.4
|
29.7
|
20.48
|
Courge
|
12.8
|
27.9
|
15.7
|
24.2
|
25.5
|
26.8
|
22.15
|
|
Sources : base des
données BEAC 2003.
La production agricole d'exportation évolue en terme
de baisse depuis l'année de base 1990. Cette baisse a été
très accentuée pour la culture de coton, puis celle du
café qui sont les principaux produits d'exportation centrafricaine.
La production vivrière connaît pour sa part des
fluctuations tantôt en hausse tantôt en baisse. Globalement ces
productions, faute de la faiblesse de la technologie n'ont pas connu une
évolution en terme absolue. Cette situation provoque donc la baisse du
volume des produits exportés qui a pour corollaire l'affaiblissement
total de la compétitivité du volume des produits agricoles
exportés par la RCA sur les marchés extérieurs.
2) Affaiblissement de la compétitivité
en termes de prix
Faute de technologie appropriée, les produits
exportés par la RCA sont restés peu diversifiés et sont
vendus à l'état brut à l'extérieur. Cette situation
réduit donc les possibilités du pays à envisager
l'exportation des produits manufacturés.
Outre cette faiblesse technologique, nous pouvons aussi y
ajouter la faiblesse des infrastructures notamment routières qui influe
très négativement sur la compétitivité prix. Cette
faiblesse de la compétitivité prix sur le marché
extérieur s'explique notamment par la dégradation chronique des
routes qui ne favorise pas l'acheminement rapide des produits à
l'extérieur. Ceci provoque ainsi une hausse de leur coût de
revient à l'exportation rendant ainsi très chers les prix de
vente par rapport au prix du marché réduisant par la même
occasion les revenus des produits exportés. Notons aussi que
l'affaiblissement de la compétitivité prix des produits agricoles
peut s'expliquer aussi par le simple fait de l'éloignement du pays par
rapport au port (car le port le plus proche, celui du douala, se situe à
1600 km de Bangui la capitale de la RCA).
Au total, la faiblesse de la technologie agricole
utilisée en RCA a pour corollaire la baisse des rendements des cultures.
Cette baisse réduit donc le volume des productions d'exportation. Cette
situation, ajoutée aussi à la dégradation
considérable des infrastructures routières auxquelles on y
associe aussi la situation d'enclavement du pays provoque d'une part la
faiblesse de la compétitivité des produits agricoles
exportés et d'autre part la faiblesse du système agricole en
général. Ainsi, le système agricole centrafricain n'est
donc pas un système compétitif.
Au terne de cette étude qui a objet principal l'analyse
de la compétitivité du système agricole
centrafricain ; pour la réaliser, nous avions tout d'abord
orienté notre analyse sur le système de production agricole qui
regroupe l'ensemble des moyens de production agricole utilisé, puis nous
avions aussi analysé le système de culture qui fait l'état
des principales cultures pratiquées en RCA. Il ressort de notre analyse
que le système de production agricole centrafricain n'est pas un
système compétitif cela s'explique notamment par la faiblesse de
la technologie agricole utilisée. De même, le système de
culture reste encore un système traditionnel à cause notamment du
manque de la diversification des produits agricoles.
Ces insuffisances analysées respectivement au niveau du
système de production et du système de culture ajoutée
aussi à la dégradation des principales infrastructures de base
agricoles provoquent donc l'affaiblissement de la compétitivité
du système agricole centrafricain réduisant ainsi la
compétitivité de l'agriculture centrafricaine par rapport aux
agricultures des autres pays ACP. Ainsi, à l'état actuel de ce
niveau de développement de l'agriculture centrafricaine que nous venons
ici d'analyser, le pays ne pourra non plus faire face à des
éventuelles concurrences extérieures.
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