Accords de partenariat économique et système agricole centrafricain( Télécharger le fichier original )par Hermas Guy Socrate Dieu Béni DJAMAWA ENDJIKPENO Université de Bangui République Centrafricaine - Maà®trise 2009 |
1.1.2. Les principales technologies agricoles centrafricainesLa technologie agricole centrafricaine à la différence des outils de production que nous venons d'analyser concerne plus précisément les techniques de traitement des semences ainsi que les techniques de conservation des produits agricoles. En ce qui concerne les semences, leur technique de traitement reste encore traditionnelle. Alors qu'il y avait un institut de recherche agronomique dans le pays au cours des années précédentes, nous pouvons noter depuis lors que les qualités des semences ne sont pas encore améliorées si bien que sur une vaste étendue cultivée, nous pouvons constater des rendements insuffisants et voire même insignifiants. Jusque lors, la plupart des cultivateurs centrafricains ignore toujours les véritables causes de l'insuffisance de leur récolte ou du rendement de leur production agricole. En ce qui concerne la technique de conservation des produits agricoles, elle reste elle aussi totalement traditionnelle. En effet, pour conserver les produits agricoles d'une période à une autre, les cultivateurs exposent ces produits au soleil pour les faire sécher et ce, avec tous les risques d'humidification et de fermentation par les moisissures. Ce genre de technologie agricole n'a donc pas pu permettre aux agriculteurs centrafricains de conserver aussi longtemps leurs produits agricoles. Ceci provoque souvent la périssabilité des certains produits agricoles (tomates, fruits, légumes...) dans une situation de surproduction ou de mévente. 1.1.3. Analyse des intrants agricoles CentrafricainsEn économie, on désigne généralement par intrants les moyens ou les facteurs de production de manière globale; mais en agriculture, les intrants désignent plus particulièrement les substances chimiques (tels que les fertilisants) utilisées pour accroître rapidement la croissance et le développement des plantes et /ou des animaux. Pour la production animale, les intrants désignent aussi l'ensemble des produits adaptés à l'alimentation des bétails qui peuvent favoriser leur croissance ; cela englobe également les traitements vétérinaires reçus par les bétails contre des éventuelles maladies. C'est donc précisément sur la base de cette petite nuance que nous allons situer notre présente analyse qui sera portée plus précisément sur le concept d'intrant en agriculture. En ce qui concerne la production animale, les principaux intrants utilisés par les pasteurs peuls pour leurs bétails sont constitués essentiellement par le natron, le sel et dans une très moindre mesure par quelques produits vétérinaires. Ces types d'intrants utilisés sont restés dans leur ensemble dépourvus des éléments nutritifs devant non seulement favoriser la croissance des bétails mais aussi rendre meilleure la qualité de leur viande. Pour la production végétale, les principaux intrants utilisés sont des fertilisants et notamment l'engrais. Mais il convient de noter que l'usage de ce dernier en RCA reste très faible alors que selon les recherches scientifiques, il y'a une très forte corrélation entre le rendement agricole et la consommation d'engrais20(*) : en effet le rendement agricole à l'hectare augmente très vite à mesure que l'usage des fertilisants tels que les engrais devient de plus en plus important. Une étude réalisée par FIDA en 2001 sur les données relatives à l'utilisation des fertilisants pour les pays de la sous région nous révèle que les cultivateurs centrafricains ont un accès très limité à l'usage de l'engrais par rapport aux autres cultivateurs de la sous région. Cela s'explique notamment par le fait que la quantité d'engrais rapportée à la superficie arable totale est de 0,6kg par hectare en RCA contre 5,0 kg/ha au Cameroun, 7kg/ha pour le Burkina Faso, 8kg/ha pour le Mali, 15kg/ha pour le Bénin et 22kg/ha pour la Côte d'Ivoire21(*) En faisant la comparaison de ces données, nous constatons très rapidement que la RCA est le seul pays de la sous région à utiliser les fertilisants agricoles dans une très moindre mesure. Le graphique ci-dessous va nous présenter la part de la consommation de l'engrais pour certains pays de la sous région dont la RCA. Graphique 1 : Consommation d'engrais par pays (kg/ha)
0 5 10 15 20 25 Source : Fonds International de Développement Agricole (FIDA) 2001. Ce graphique nous montre effectivement que les cultivateurs centrafricains ont un accès très limité à l'usage des engrais pour leurs cultures. Cette faible utilisation des fertilisants agricoles dans l'agriculture centrafricaine réduit non seulement le volume des productions agricoles mais affaiblis aussi la compétitivité des cultivateurs centrafricains par rapport aux autres cultivateurs des pays de la sous région. Parmi les diverses causes du faible usage des fertilisants, nous pouvons évoquer en premier lieu la dégradation des investissements publics de l'Etat réalisés dans le secteur agricole en vue de renforcer les capacités des facteurs de production. Le tableau ci-dessous va donc nous montrer l'évolution des dépenses d'investissement réalisé par l'Etat pour soutenir les moyens de production dans le secteur agricole depuis presque pendant une période décennale. Tableau 9 : Evolution des dépenses d'investissement de l'Etat (en milliards de FCFA): années 1997-2003.
Source : Ministère du plan et de la coopération internationale, Division des Programmes et Projets 2003. Les données du tableau ci-dessus nous indiquent effectivement que l'Etat réalise très peu d'investissements dans le secteur agricole en vue de renforcer les performances du système de production. Cette situation, combinée avec l'accès limité des producteurs centrafricains à l'usage des fertilisants, auquel nous pouvons y ajouter aussi l'emploie des outils de production archaïques et rudimentaires provoque ainsi un affaiblissement total du système de production centrafricaine. Cette faiblesse entrave donc l'évolution des principales productions agricoles qui ne pourront être compétitifs par rapport aux productions agricoles des autres pays. Au total, les principales conclusions de cette analyse nous révèlent que le système de production agricole centrafricain n'est pas un système compétitif car toutes ses composantes22(*) que nous venons d'analyser précédemment restent non seulement archaïques mais totalement traditionnelles et ne peuvent donc pas accroître efficacement la productivité du travail ainsi que le rendement des principales cultures pratiquées. Ces conditions nous amènent donc à revoir dans la section qui va suivre le fonctionnement du système de culture centrafricaine. * 20 Rapport sur l'agriculture dans la sous région de la CEDEAO. Pages 18. Étude réalisée par FIDA. mai 2004. * 21 Aho. G. croissance pro pauvre. PNUD 2005. La faiblesse de l'agriculture centrafricaine. Pages 98. * 22 Dans le contexte centrafricain, les principales composantes du système de production sont : moyens de production outils agricoles, technologies et intrants utilisés. |
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