Accords de partenariat économique et système agricole centrafricain( Télécharger le fichier original )par Hermas Guy Socrate Dieu Béni DJAMAWA ENDJIKPENO Université de Bangui République Centrafricaine - Maà®trise 2009 |
2.2.4. Les Accords de Partenariat Economique et l'Agriculture des pays ACPFaire la relation entre les APE et l'agriculture des pays ACP nous amène ainsi à analyser les dispositions des conventions de Lomé vis-à-vis de l'agriculture des pays ACP afin de les comparer avec celles des APE en vue notamment de voir leur portée en matière de promotion de l'agriculture des pays ACP. Pour faire cette analyse, nous voulons tout d'abord donner un aperçu général sur l'état et le rôle de l'agriculture dans les pays ACP. En effet, l'importance de l'agriculture dans les pays ACP relève d'une part au fait qu'elle constitue la principale source d'alimentation pour ces pays, et assure en même temps leur sécurité alimentaire. Elle utilise 7O% de la population active et génère une grande part du PIB (40 à50%). D'autre part elle constitue aussi le principal objet du commerce extérieur de ces pays en leur facilitant la rentrée des devises par les recettes des exportations de leurs produits agricoles. C'est pourquoi pour garantir ces recettes d'exportation des fluctuations des cours mondiaux, un mécanisme compensatoire dénommé Stabex a été donc mis en place par la convention de Lomé I en vue de compenser les déficits contractés par les pays ACP suite des fluctuations des cours mondiaux des produits agricoles. Dans ce cadre, la RCA a bénéficié elle aussi des ressources de ce mécanisme compensatoire en ce qui concerne ses exportations des produits primaires. En effet, les dotations de Stabex dont elle a reçu couvrant les trois conventions de Lomé s'élève à un montant de 44.249.944 écus dont : 70% de cette dotation reçus dans le cadre de Lomé III, 12% dans le cade de Lomé II et 18% de transfert en Lomé I. L'ensemble de ces dotations a été reparti dans les filières de production comme suit : la filière café a bénéficié de 57% de ce montant suivi de coton 38% et 5% dans le bois. Le tableau ci-dessous nous présente l'évolution du montant de transfert des ressources de Stabex bénéficié par la RCA dans le cadre des conventions de Lomé. Tableau 4 : Evolution des transferts de la dotation du Stabex en RCA.
Source : Division des statistiques et des études économique (DSEE). (Dépouillement des conventions de transfert) Le tableau ci-dessus nous montre que les exportations des produits agricoles centrafricain s'articulent principalement autour de trois produits à savoir : le café, le coton et le bois; lesquels sont couverts par le Stabex dans le cadre des conventions de Lomé. Ces trois produits entrent donc sur le marché de l'Union Européenne en franchise de droit de douane en vertu des règles de préférences non réciproques. Ces trois produits bénéficient aussi chacun d'une structure propre de stabilisation du revenu au producteur selon le cas :
Le tableau ci-dessous va nous permettre de mieux appréhender la part de chaque produit de base centrafricain couvert par le Stabex durant les trois conventions de Lomé. Tableau 5 : Part de chaque produit de base centrafricain couvert par le Stabex.
Source : DSEE BEAC. L'analyse des données du tableau ci-dessus nous montre que la moyenne de la part du café couvert par le Stabex est plus de deux fois élevée que celle du coton. Cette situation peut être expliquée notamment par la baisse continuelle du volume des exportations du coton dans les exportations totales des produits primaires centrafricains. En effet, la moyenne de la part de la couverture du café par le Stabex sous le régime de Lomé s'élève à 22,28% contre 9,92% du coton et 16,19% pour le Bois. Les autres produits 52% englobent tous les restes de divers produits exportés par la RCA que nous ne pouvons les mentionner ici produits par produits. En partant des ces produits agricoles centrafricains couverts par le Stabex il serait donc nécessaire que nous analysions aussi les variations des recettes d'exportation de ces produits couvert par ce système. Tableau 6: Variation des recettes d'exportation des produits de base Centrafricain couvert par le Stabex (1975 - 1990)
Source : DSEE. Du tableau ci-dessus, il y a transfert des ressources de Stabex lorsque la variation des recettes d'exportation d'un produit est négative. Au total, les conventions de Lomé cherchent par différents moyens (STABEX SYSMIIN, Préférences non réciproque) à consolider et à stimuler la promotion de l'agriculture des pays ACP. Ceci nous amène donc à établir un lien positif entre les objectifs poursuivis par ces conventions et l'agriculture des pays ACP. En ce qui concerne le lien pouvant exister entre les APE et l'Agriculture des pays ACP, nous allons faire une comparaison entre les objectifs poursuivis par ces accords par rapport aux conditions de développement de l'agriculture des pays ACP. Pour rappel, les APE sont fondés sur des principes de base qui cherchent en toute priorité à établir une zone de libre échange entre les pays ACP et l'UE, et à supprimer progressivement les droits de douane entre ces deux parties. Cette suppression de droit de douane va aussi de pair avec le démantèlement du Stabex et du Sysmin : mécanismes de stabilisation des recettes d'exportation des produits agricoles des pays ACP. Eu égard à ces nouvelles dispositions, nous pouvons donc constater que les APE constituent un risque majeur pour la promotion de l'agriculture des pays ACP. Ce risque, peut être analysé comme suit :
baisse des revenus de l'Etat de 12% et une hausse du chômage de 15%.12(*) Au total, nous pouvons donc constater que contrairement aux conventions de Lomé qui cherchent à promouvoir le développement agricole des pays ACP, les nouvelles dispositions des APE constituent quant à elles un risque majeur pour la promotion du développement agricole de ces pays. Ce risque se caractérise par le démantèlement du Stabex, l'annulation des préférences non réciproques et l'instauration du libre échange dans les rapports commerciaux entre l'UE et les pays ACP. Au terme de notre analyse, il convient de montrer que les fondements historiques des APE trouvent leur origine dans les conventions de Lomé signés en 1975, dont l'objectif principal est de favoriser le développement des pays ACP par la promotion des exportations de leurs produits primaires. C'est précisément dans cet esprit que le Stabex a donc vu le jour suivi des préférences non réciproques qui sont accordées aux pays ACP pour diversifier leurs exportations. Au terme de leur échéance en 2000, et compte tenu de leur inefficacité en matière de développement des pays ACP, les conventions de Lomé furent donc remplacées par l'accord de Cotonou. Ce dernier modifie les dispositions commerciales des relations ACP-UE par l'introduction des APE dans leurs rapports commerciaux en vue de libéraliser leurs échanges. L'analyse des principes de base des APE présente des risques potentiels pour la promotion du développement de l'agriculture des pays ACP. * 12 Marchés tropicaux et méditerranéens. Mai 2007 : l'Union Européenne met la pression. |
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