Conclusion Générale
La présente étude qui touche à son terme
a eu comme centre de préoccupation l'analyse de l'évolution de la
conception et de la pratique de la dot dans les communautés Luba,
Manianga et Yansi de la Commune de Kimbaseke. Cette préoccupation a
été traduite en terme d'un questionnement :
nous nous sommes demandée si la conception et de la pratique de la
dot dans les trois ethnies retenues pour cette étude (Luba, Manianga et
Yansi) qui coexistent dans la Commune de Kimbaseke depuis des décennies,
induisent des convergences ou les divergences. En outre, quelles sont les
conditions, les facteurs et les agents à la base de cette convergence ou
divergence ?
A la lumière des faits observés dans la Commune
de Kimbanseke, nous avons avancé l'hypothèse selon laquelle en
dépit de la diversité culturelle et de quelques
particularités qui spécifient chacune des trois ethnies soumises
à l'observation, il y aurait à ce jour une convergence dans la
conception et la pratique de la dot. La situation socio-économique,
l'urbanisation et le contact culturel qu'elle favorise seraient à la
base de cette convergence.
Pour vérifier cette hypothèse, nous avons
recouru à la méthode dynamiste. A la suite des
présupposés de cette méthode, nous avons cerné
à travers ce travail l'évolution de la conception et de la
pratique de la dot dans la ville de Kinshasa en nous appuyant sur les
expériences des Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de
Kimbaseke. Cette évolution orientée dans le sens de convergence
ou de divergence en dégageant aussi bien les facteurs, les conditions et
les agents qui ont oeuvré dans la perspective de la convergence que ceux
qui s'y opposent.
Au service de cette méthode, nous avons mis à
contribution les techniques ci- après : la technique documentaire,
du questionnaire et de l'échantillonnage.
L'analyse des données récoltées au cours
de nos investigations a confirmé notre hypothèse. En effet, nous
avons trouvé que les trois ethnies retenues pour cette étude
conservent encore quelques pratiques de la dot de leurs terroirs respectifs. Il
s'agit notamment de la « mbuji wa nyima » chez les Baluba,
de « kinzonzi » chez les Manianga et de la remise du bouc
au gendre chez les Yansi. Ce « conservatisme » tient
à la conscience d'identité et d'altérité que ces
communautés ont développée suite à leur coexistence
dans un même environnement social.
Avec la dynamique actuelle, il reste à résoudre
l'épineuse équation de la conciliation entre tradition et «
modernité ». Faut-il ranger ces usages jugés d'un certain
âge, au placard des reliques de notre prestigieux patrimoine, comme le
souhaitent les adeptes des églises de réveil ou les jeunes ?
Cette question met en perspective les mutations qui caractérisent la
société congolaise actuelle, dont l'issue se veut multiple et non
téléologique.
En dépit de ce conservatisme, certains aspects de la
conception et de la pratique de la dot dans les trois communautés ont
été soumis à la pression de l'environnement
socio-culturel généré par l'urbanisation ou la
modernité. C'est ainsi que chez les Baluba, par exemple, la
« mbuji wa nyima » fait toujours partie des biens dotaux
quand bien même la future épouse ait déjà connu des
hommes avant le mariage.
En outre, nous avons que l'évolution enregistrée
dans ces trois milieux socio-culturels a instauré la convergence dans
la conception et la pratique de la dot. Raison pour laquelle nous constatons
qu'à ce jour la dot est perçue comme une obligation biblique et
juridique que un simple usage coutumier. Elle est en outre
considérée comme une compensation et un honneur fait à la
famille de l'épouse.
En plus certaines pratiques se généralisent dans
toutes les ethnies, notamment la pré-dot, l'établissement de la
liste des biens dotaux malencontreusement appelée
« facture » et la dollarisation de la dot avec toutes les
conséquences qui en résultent.
Toute cette évolution fonde notre espoir de la
fondation d'une nation surtout avec le mariage interethnique qui facilite le
brassage culturel dont le Congo a besoin aujourd'hui pour conjurer le
démon de division qui hante et déchire la RDC. C'est à ce
prix que le Congo résistera comme nation dans le concert des nations.
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